Michel Bignon

Michel Bignon (34) : doyen des X

Dossier : TrajectoiresMagazine N°756 Juin 2020
Par Bernard LEROUGE (52)
Par Christian MALDIDIER (54)

Notre cama­rade Michel Bignon, doyen de notre com­mu­nauté poly­tech­ni­ci­enne, avait été inter­viewé en 2014 à l’occasion de ses 100 ans et de la pre­mière fête des pro­mo « 10 N + 4 » (voir La J&R du 31 mars 2014). Nous avons voulu le revoir alors qu’il vient de fêter, le 21 févri­er, ses 105 ans !

Comme il l’affirme : « J’ai été conçu avant la déc­la­ra­tion de la guerre de 14 ! » 

Nous avons donc ren­con­tré notre cama­rade dans sa rési­dence des Hes­pérides Auteuil-Mirabeau. Accueil très chaleureux. Notre cama­rade, mal­gré son âge, a l’œil vif et l’esprit alerte. Il par­le claire­ment et avec autorité. Sur le plan per­son­nel : mar­ié, 6 enfants, 12 petits-enfants, 21 arrière-petits-enfants et un arrière-arrière en préparation ! 

Notre cama­rade était bilingue « de nais­sance », grâce à une grand-mère anglaise. Son goût, ses études, ses expéri­ences l’ont amené à par­ler d’autres langues : le latin et le grec (la sec­tion lit­téraire des études d’antan !), l’allemand (la langue des « bons élèves » à l’époque). Il y a ajouté l’arabe (son expéri­ence mil­i­taire) et quelques autres dont l’hébreu (nous avons eu droit à une réc­i­ta­tion du pre­mier ver­set de la genèse en hébreu…). Il avoue mod­este­ment quelques faib­less­es de mémoire, en par­ti­c­uli­er les noms pro­pres, mais les con­férences qu’il a don­nées dans sa rési­dence démon­trent plutôt le contraire !

Bignon ne cache pas qu’il n’est pas sor­ti de l’X dans un bon rang, ce qui l’a con­traint à « choisir » l’artillerie. Un sou­venir qui l’a mar­qué : la pre­mière fois que, jeune lieu­tenant, il a exer­cé un com­man­de­ment en l’absence de son cap­i­taine à un moment déli­cat. Il se définit comme un réal­iste : on pour­rait dire qu’il ne sait rien faire (qu’il n’a pas de spé­cial­ité), mais qu’il a tout fait. Un séjour au Liban pen­dant la Deux­ième Guerre mon­di­ale ; un choix peut-être con­testable, mais fidèle à ses engage­ments ! C’est ce qui lui a valu, après la guerre, de com­mencer une car­rière civile dans une société d’ingénierie (Heurtey), ce qui lui a per­mis d’intervenir dans divers pro­jets (fab­rique de tôles, instal­la­tions de Lacq, raf­finer­ie de Grand­puits, Eurodif), et dans des posi­tions de con­seil dans des struc­tures divers­es (dans le nucléaire, le solaire). Ses con­nais­sances en langues lui ont sou­vent fait jouer le rôle d’interprète. Une vie pro­fes­sion­nelle riche et variée.

Sur le plan per­son­nel, il a exer­cé trois man­dats au con­seil munic­i­pal de La Celle-Saint-Cloud (Yve­lines), comme con­seiller ou pre­mier adjoint. Il a égale­ment par­ticipé à la créa­tion d’un fes­ti­val de musique à l’abbaye de Salagon (près de For­calquier), tou­jours vivant.

Notre cama­rade, qui n’est pas facile à ramen­er vers les ques­tions qu’on lui pose, par­le avec plaisir des sept con­férences qu’il a faites devant les rési­dents des Hes­pérides (une chaque année). La var­iété des sujets abor­dés, son aisance à par­ler, encore debout durant une heure et demie, sont à soulign­er. Il a ain­si abor­dé l’Islam, son expéri­ence de tra­ver­sée du Sahara à dos de chameau durant la guerre, mais aus­si le Big Bang (un sujet qu’il ne con­nais­sait que super­fi­cielle­ment au départ), le change­ment cli­ma­tique (il l’accepte, mais ne croit guère qu’il soit dû à la seule action de l’homme), l’énergie renou­ve­lable (avec un esprit très cri­tique), le stock­age de l’énergie, le yoga, qu’il a pra­tiqué (il fait encore par­fois la « salu­ta­tion au soleil »), et enfin l’hindouisme… Une palette de con­nais­sances impressionnante !

Bignon n’a pas une opin­ion très pos­i­tive des jeunes généra­tions, mais leur souhaite d’être réal­istes. Là, on retrou­ve notre cama­rade, fidèle à ses engage­ments et très cri­tique sur l’efficacité des gou­verne­ments… dans le monde entier !

Une bonne 106e année, Michel Bignon et, bien sûr, au-delà… 

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