Louis I, II, III… XIV…

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°694 Avril 2014Par : Michel-André LÉVY (81)Rédacteur : Bertrand FITOUSSI (84)Editeur : Éditions Jourdan – 2014

Qui a numéroté les rois de France ? Étrange­ment il y a bien là une vraie ques­tion. En effet, pen­dant des siè­cles les rois ont été nom­més sans leur numéro et saint Louis était ain­si pour ses con­tem­po­rains le roi Louis et non pas Louis IX.

Pour­tant Louis XIV était bien con­nu de son vivant comme Louis XIV. Que s’est-il donc passé entre-temps, com­ment les numéros sont-ils apparus ? La réponse à cette ques­tion n’est pas con­nue, et comme Michel-André Lévy est un esprit curieux, tou­jours en alerte, il a refusé d’admettre que cette numéro­ta­tion soit une évi­dence par construction.

Il a donc décidé (quelle étrange idée!) de con­sacr­er une par­tie de ses loisirs pen­dant des années à éplucher les archives pour recon­stituer le proces­sus de sa mise en place. Proces­sus qui recèle bien des sur­pris­es. La rai­son prin­ci­pale en est l’imparfaite con­nais­sance qu’avaient du passé ceux qui ont dû le fouiller pour y dénom­br­er tous les rois prénom­més Louis, Clo­vis ou Dagob­ert (on sait qu’il met­tait sa culotte à l’envers, mais quel était son numéro ?).

D’où des mal­adress­es, des hési­ta­tions et finale­ment des erreurs. Cette numéro­ta­tion a même fait l’objet de manip­u­la­tions, car elle recou­vre des enjeux poli­tiques majeurs (numérot­er les rois c’est en écrire la liste, c’est donc écrire l’Histoire de France). La ques­tion des numéros des rois, si cen­trale et pour­tant si mécon­nue, est donc pré­texte à un par­cours his­torique à tra­vers les siè­cles et à tra­vers les rois.

Par­cours à la fois éru­dit et distrayant car avec Michel-André l’humour n’est jamais très loin, comme un arrière-plan qui le suit partout. Il sait, en out­re, nous admin­istr­er de dis­crètes piqûres de rap­pel quand il le faut, au cas où nous n’aurions pas tout retenu de nos cours d’histoire.

Finale­ment le pari est réus­si, et nous en apprenons beau­coup tout en nous amu­sant à suiv­re des inves­ti­ga­tions d’une grande rigueur intellectuelle.

Poster un commentaire