Sarah Lamaison (X12), fondatrice de Dioxycle, lauréate du prix Jeunes Talents France 2020 de la fondation L’Oréal et de l’Unesco.

L’innovation technologique, passion indéfectible des polytechniciennes

Dossier : 50 ans de féminisation de l'XMagazine N°777 Septembre 2022
Par Cécile THARAUD (X84)
Par Sarah LAMAISON (X12)
Par Anne-Sophie CARRESE (X95)
Par Chloé CLAIR (X97)

Et si les poly­tech­ni­ci­ennes avaient un rôle par­ti­c­uli­er à jouer pour relever les défis de l’innovation tech­nologique ? Qua­tre témoignages ; une réflex­ion partagée autour de notre pas­sion pour l’innovation, de nos par­cours com­pos­ites et de notre respon­s­abil­ité socié­tale ; enfin une cer­taine vision de notre rôle envers les jeunes généra­tions de poly­tech­ni­ci­ennes et de futures femmes ingénieures.

En cinquante ans, les femmes poly­techniciennes ont mon­tré leur présence pas­sion­née dans l’innovation tech­nologique : recherche ou inno­va­tion pro­duit, grand groupe ou start-up, struc­ture publique ou privée, finance­ment pub­lic ou cap­i­tal-risque, elles se sont notam­ment illus­trées par leur capac­ité créa­tive, man­agéri­ale, et un cer­tain goût pour les évo­lu­tions fer­tiles d’un côté à l’autre de l’écosystème d’innovation. Com­bi­en de fois avons-nous enten­du : « Votre par­cours n’est pas clas­sique ! » Pourquoi « pas clas­sique » ? Eh bien, maman et « quand même » dirigeante, femme et « même » poly­tech­ni­ci­enne, technophile et « pour­tant » femme, « en même temps » sci­en­tifique et créa­trice d’entreprise ; pro­fes­sion­nelle « non seule­ment » du secteur pub­lic « mais aus­si » du secteur privé, des grands groupes ou des start-up… bref, aventurières… ! 

Pour ce numéro anniver­saire, nous avons souhaité vous livr­er nos réflex­ions et inter­ro­ga­tions autour de ce qui nous rap­proche : une pas­sion indé­fectible pour l’innovation tech­nologique et des par­cours pro­fes­sion­nels com­pos­ites. Un signe de fab­rique des poly­tech­ni­ci­ennes serait-il la fac­ulté de créer, non seule­ment aux inter­faces dis­ci­plinaires, mais aus­si aux inter­faces sec­to­rielles, struc­turelles et fonctionnelles ? 

Quatre parcours ponctués de « traversées »

Sarah Lamaison (X12)

Dioxy­cle a pris son essor début 2021, s’inspirant des mécan­ismes de la pho­to­syn­thèse : la con­ver­sion, sous l’action de la lumière et à tem­péra­ture ambiante, du CO2 en sucres, ces « car­bu­rants du vivant ». Nous dévelop­pons des élec­trol­y­seurs per­me­t­tant de con­ver­tir le CO2 issu des procédés indus­triels en car­bu­rants et pro­duits chim­iques val­oris­ables. Notre but est donc dou­ble : aider les indus­triels à réduire leur empreinte car­bone de manière économique­ment viable, en val­orisant le CO2 au lieu de le séquestr­er, et pro­pos­er des pro­duits de com­mod­ité issus du CO2 plutôt que du pétrole.

Si je retrace le par­cours qui m’a amenée à me trans­former de chercheuse en entre­pre­neuse, je dois dire que j’ai été guidée par la néces­sité d’agir en urgence pour l’environnement, à une échelle sig­ni­fica­tive. Après un mas­ter en économie de l’environnement, de l’énergie et des trans­ports, et un bref pas­sage par le corps des Ipef, je suis par­tie à Cam­bridge faire un sec­ond mas­ter, par la recherche, dans le domaine de la pho­to­syn­thèse arti­fi­cielle, avant d’effectuer une thèse – Col­lège de France et Stan­ford. J’ai eu la chance de tra­vailler avec des sci­en­tifiques qui m’ont beau­coup inspirée, et de crois­er la route d’entrepreneurs tout aus­si inspi­rants qui m’ont mon­tré la voie pour trans­former une inno­va­tion sci­en­tifique en amorce de tech­nolo­gie com­mer­ciale. C’est ain­si que, après ma sou­te­nance de thèse en sep­tem­bre 2020 et un post-doc­tor­at à Stan­ford, j’ai cofondé Dioxy­cle, en France. Nous avons eu la chance d’être soutenus par Bpifrance avec le prix i‑Lab en 2020, puis par le pro­gramme Break­through Ener­gy Fel­lows, fondé par Bill Gates, qui sou­tient des inno­va­tions de rup­ture dans les secteurs dif­fi­ciles à décar­bon­er — un pro­gramme dans lequel nous sommes très heureux d’apporter une touche européenne !

Anne-Sophie Carrese (X95)

Je suis man­ag­ing part­ner chez Ela­ia, société de cap­i­tal investisse­ment européenne de pre­mier plan, dotée d’un fort ADN tech­nologique. Nous soutenons des entrepre­neurs tech­nologiques dis­rup­tifs aux ambi­tions glob­ales, de la créa­tion de la start-up aux phas­es de forte crois­sance. Depuis vingt ans, notre engage­ment est de délivr­er de la per­for­mance dans le respect de nos valeurs, notam­ment la diver­sité : par­ité hommes-femmes dans l’équipe, diver­sité d’âges, de par­cours. Ela­ia est elle-même une société en crois­sance : depuis mon arrivée il y a cinq ans, nous avons presque triplé, avec cinq nou­veaux fonds sous ges­tion et une présence dans trois pays.

J’ai précédem­ment con­tribué au démar­rage de qua­tre activ­ités d’investissement en dix ans chez Bpifrance, après un début de car­rière au min­istère de la Défense, comme ingénieure d’essai sur le moteur de l’avion Rafale. C’est ma pas­sion pour l’innovation qui a con­duit mes évo­lu­tions de car­rière et, surtout, la chance de ren­con­tr­er des per­son­nes inspi­rantes qui m’ont fait con­fi­ance. Être une femme X ouvre beau­coup de portes ; pour moi il faut avoir la curiosité et l’audace d’essayer.

Chloé Clair (X97)

Je dirige namR, une start-up inno­vante dans l’intelligence des don­nées au ser­vice de la tran­si­tion écologique, depuis novem­bre 2020. Con­crète­ment, namR pro­duit des don­nées pre­mi­um qui car­ac­térisent les bâti­ments, les ter­ri­toires et l’environnement, afin que toutes les par­ties prenantes autour des bâti­ments et des villes puis­sent avoir accès à des infor­ma­tions fiables et com­plètes pour men­er leurs pro­jets de tran­si­tion énergé­tique et écologique, à grande échelle. Pour pro­duire ces don­nées géolo­cal­isées, nous util­isons aus­si bien des tech­niques de machine learn­ing que des savoir-faire experts : ther­mi­ciens, cli­ma­to­logues, énergéti­ciens, géomaticiens.

Avant de faire récem­ment ce « grand saut dans la tech », j’ai passé quinze ans dans les métiers du BTP, à l’international, en direc­tion tech­nique, sur chantier pour Bouygues Con­struc­tion, puis dans le comex de Vin­ci Con­struc­tion. Cela en ayant suivi des études assez longues après l’X, qui m’ont menée à devenir à la fois ingénieure civ­il et envi­ron­nement et archi­tecte DPLG. Ce qui m’a tou­jours guidée dans mes choix de car­rière ? La curiosité pour de nou­veaux champs d’applications tech­niques : sim­u­la­tions aérauliques au sein d’espaces de vie, con­cep­tion envi­ron­nemen­tale des bâti­ments, effi­cac­ité énergé­tique, intel­li­gence arti­fi­cielle, big data, etc. Et l’atout pour y aller en toute con­fi­ance ? La con­vic­tion qu’il est tou­jours pos­si­ble d’explorer de nou­veaux domaines tech­niques et tech­nologiques grâce à une solide base de maths et de science !

Cécile Tharaud (X84)

De mon côté, je voulais soign­er. Ayant fait l’X et non médecine, je « soign­erais » au tra­vers de l’innovation tech­nologique. Or, à l’époque, presque pas de biolo­gie à l’X : je fais donc une thèse en géné­tique. Le MBA de l’Insead me donne une idée de ce qui se passe entre la recherche et le marché, puis je vais « appli­quer » ces trois for­ma­tions si dif­férentes dans l’industrie phar­ma­ceu­tique – trois ans. Oui, mais le patient à l’époque est bien loin du quo­ti­di­en des indus­triels, et la recherche bien loin du mar­ket­ing ! Alors j’entre dans le tout jeune secteur de la biotech­nolo­gie ; dans une fonc­tion stratégique, la pro­priété intel­lectuelle ; puis pen­dant dix ans de man­age­ment dans les biotech­nolo­gies, je me con­fronte à la rugosité de l’interface entre recherche publique et recherche privée, inter­face pour­tant si féconde, et tout juste incon­tourn­able en matière d’innovation tech­nologique. Alors, à 40 ans, je « change de côté » et je décide de con­tribuer à guider vers les patients les décou­vertes des chercheurs : pen­dant une dizaine d’années, je trans­forme et je développe le trans­fert de tech­nolo­gie (Inserm Trans­fert) et le fonds d’amorçage (Inserm Trans­fert Ini­tia­tive) de l’Inserm (Insti­tut nation­al de la san­té et de la recherche médi­cale). J’ai alors réal­isé que j’avais trou­vé ma place : l’interface ! Où il m’était demandé de met­tre en mou­ve­ment la syn­thèse de mes études et de mon début de car­rière, très com­pos­ites. Pro­mou­voir l’innovation pour trans­former le monde, aux inter­faces cul­turelles, sec­to­rielles, tech­nologiques ou généra­tionnelles, est devenu mon méti­er ; ceux qui me con­nais­sent m’ont sou­vent enten­due dire que « la vie est un prob­lème aux lim­ites », asser­tion pseu­do-philo­soph­ico-math­é­ma­tique dont j’ai fait ma bous­sole… Aujourd’hui, dans la même logique, je codirige Poly­tech­nique Ven­tures, fonds d’amorçage ins­tigué par les alum­ni pour soutenir et accom­pa­g­n­er les start-up issues de l’écosystème de l’École.


Un message aux jeunes polytechniciennes et aux lycéennes ? Pourquoi pas vous ? 

L’innovation tech­nologique est une terre d’ambition, de con­nais­sance, de joie pro­fonde et d’humanisme. En admet­tant que les femmes inspirées par les sci­ences dures aient fait par le passé fig­ure d’exception, une bonne nou­velle : le XXIe siè­cle est un siè­cle de con­ver­gence entre les sci­ences dures, la biolo­gie et les sci­ences humaines. L’innovation tech­nologique n’est pas une terre d’aridité, mais bien une terre de civil­i­sa­tion. Et un creuset d’émotions aus­si pro­fondes qu’incroyables ! Fon­cez, vous avez tout pour y réus­sir, et y être heureuses ! 


Pourquoi l’innovation technologique ?

Sarah Lamaison

Mon prin­ci­pal moteur a tou­jours été de pour­suiv­re une mis­sion. J’ai choisi de tra­vailler dans l’innovation tech­nologique, pour servir la tran­si­tion écologique, au vu de la disponi­bil­ité des cap­i­taux pour les deeptechs et en fonc­tion de mes rêves sci­en­tifiques au sor­tir de ma thèse. On voit sou­vent des ser­i­al entre­pre­neurs qui entre­pren­nent dans de nom­breux domaines, je crois, pour la dynamique, le for­mat créatif de l’entrepreneuriat. Dans mon cas, c’est vrai­ment la tech­nolo­gie, les per­cées sci­en­tifiques dans le domaine de la tran­si­tion énergé­tique, en par­ti­c­uli­er le CCUS (car­bon cap­ture uti­liza­tion and stor­age), qui m’intéressent.

J’aime l’idée d’alterner entre le monde privé des start-up et le secteur académique, pour rester à la fron­tière de la sci­ence, et pouss­er ce qui a un niveau de matu­rité tech­nologique suff­isant vers le marché ; tout en creu­sant ce qui a encore besoin de décou­vertes fon­da­men­tales, en milieu académique. Chez Dioxy­cle, j’adore le fait que nous tra­vail­lons avec des tech­nolo­gies qui ont déjà fait leur preuve dans la recherche publique, mais aux­quelles il faut venir ajouter des briques nou­velles pour éla­bor­er un pro­duit indus­triel robuste et ultra-per­for­mant énergé­tique­ment. Le monde du CCUS (et de l’hydrogène) est fasci­nant ; la fil­ière indus­trielle est en train d’être inven­tée, comme l’a été celle des fer­til­isants au siè­cle dernier avec l’avènement du procédé Haber-Bosch, pour lequel il a fal­lu non seule­ment des per­cées sci­en­tifiques mais aus­si le per­fec­tion­nement d’autres domaines comme la métal­lurgie (pour réalis­er des réac­teurs qui puis­sent sup­port­er les pres­sions d’hydrogène néces­saires). Bref, c’est un moment his­torique qui a besoin d’innovations tech­nologiques – le choix était facile !

“L’anthropologie, la biologie, la chimie, les maths, la physique, la spiritualité sont inséparables.”

Cécile Tharaud

L’X m’a mon­tré la fécon­dité des approches mul­ti­dis­ci­plinaires et la puis­sance des con­ver­gences tech­nologiques. Jusque-là émer­veil­lée par la vie, j’ai été fascinée par la tech­nolo­gie lors d’un stage d’option au CEA, en réso­nance mag­né­tique nucléaire. Et, comme je voulais « com­pren­dre la vie », j’ai écrit mon mémoire en SHS… sur la mort, et décou­vert les dia­logues entre cul­ture et biolo­gie, entre ordre et désor­dre, entre vie et chaos, entre la Terre, le cos­mos et l’humain… J’ai pleuré en lisant Pri­gogine, Morin, Jacquard et Mon­od ; j’ai com­pris que l’anthropologie, la biolo­gie, la chimie, les maths, la physique, la spir­i­tu­al­ité étaient insé­para­bles. J’ai acquis la con­vic­tion que la con­nais­sance et la tech­nolo­gie étaient sœurs jumelles. Et je me suis pas­sion­née pour le dia­logue entre tech­nolo­gie et civil­i­sa­tion. La lec­ture de Braudel m’a éclairée sur le lien étroit entre tech­nolo­gie, économie et civil­i­sa­tion… Mon fil d’Ariane est né à l’École et je le suis tou­jours, avec peut-être un peu moins de naïveté, mais tou­jours autant d’enthousiasme : Poly­tech­nique Ven­tures a jusqu’ici financé une tech­nolo­gie de recy­clage pour notam­ment l’une des indus­tries les plus pol­lu­antes, le BTP ; une tech­nolo­gie bio­médi­cale à base de microflu­idique pour soign­er le can­cer de manière per­son­nal­isée ; un procédé de microélec­tron­ique au ser­vice de l’imagerie de demain ; le développe­ment de microréac­teurs nucléaires de 4e généra­tion pour décar­bon­er la chaleur indus­trielle ; une nou­velle méthodolo­gie de cyber­sécu­rité au ser­vice de l’intelligence arti­fi­cielle ; une robo­t­ique tri­dimensionnelle inno­vante pour opti­miser la logis­tique en smart city ; un ser­vice de numéri­sa­tion et décar­bon­a­tion du traf­ic maritime… 

Anne-Sophie Carrese

Mon équipe et moi ren­con­trons des inven­teurs, et les accom­pa­gnons pour struc­tur­er une équipe qui saura créer une start-up avec spin-off des brevets, dans laque­lle nous investis­sons ; le par­cours de Sarah en est un par­fait exemple !

Je suis con­va­in­cue que tech is the new gold : la deeptech est indis­pens­able pour con­stru­ire le monde de demain et il est stratégique d’y inve­stir pour sur­vivre. En finançant tôt ces sociétés tech­nologiques, nous accé­dons à des pro­jets qui dis­posent de plus de temps pour attein­dre leur matu­rité ; et surtout nous con­tribuons à ce que les inven­tions ne restent pas let­tre morte. La décou­verte académique a besoin d’être trans­for­mée en inno­va­tion pour, au-delà de la con­nais­sance, apporter son util­ité. Les tech­nolo­gies numériques sor­tent ren­for­cées de la crise san­i­taire, avec une adop­tion accélérée et d’importants mon­tants de liq­uid­ité disponibles. Ela­ia a adap­té sa stratégie d’investissement en se posi­tion­nant encore plus tôt, dès la créa­tion de sociétés qu’elle accom­pa­gne ensuite plusieurs années. Nous vivons un moment d’accélération exceptionnel ! 

Tra­vailler dans les tech­nolo­gies inno­vantes m’a tou­jours pas­sion­née, comme ingénieure en début de car­rière– je garde des sou­venirs émus de mes essais sur Rafale – ou comme investis­seur aujourd’hui ; je vois en primeur le monde chang­er… et j’y contribue ! 

Chloé Clair

Comme Anne-Sophie, tra­vailler dans l’innovation pour « vivre au cœur du réac­teur », voilà ma vision des métiers que j’ai embrassés. « Voir le monde chang­er et faire chang­er le monde. » Comme Sarah, je suis guidée par la néces­sité de la tran­si­tion écologique et énergé­tique. Des grands groupes du bâti­ment à la start-up numérique que je dirige aujourd’hui, je me suis tou­jours lev­ée le matin avec deux idées en tête : sauver la planète par l’innovation tech­nologique et emmen­er mes équipes dans cette pas­sion de la trans­for­ma­tion par la tech­nolo­gie. Et aus­si une troisième, en réal­ité, un ques­tion­nement : où sont les femmes autour de moi ? Si rares que j’ai gardé des ami­tiés extra­or­di­naires avec celles que j’ai ren­con­trées dans ma car­rière d’ingénieure, certes ; mais, aujourd’hui, une des mis­sions que je me suis don­nées est bien d’encourager les jeunes filles et les jeunes femmes à entr­er dans cette danse enthousiasmante !


L’innovation technologique, un creuset de valeurs et d’émotions ?

Cécile Tharaud Sarah Lamaison Anne-Sophie Carrese Chloé Clair

Cécile : ser­vice, générosité, créa­tion, décep­tions, rages, joie, human­ité, émerveillement…

Sarah : quête de vérité, pas­sion, admi­ra­tion pour les créa­teurs, de con­cepts sci­en­tifiques, de pro­duits tech­nologiques, de pro­grès humain…

Anne-Sophie : plaisir, con­fi­ance, doute, humil­ité, engage­ment, fierté, ent­hou­si­asme, excellence… 

Chloé : con­fi­ance, recon­nais­sance, courage, énergie, partage, urgence, agilité, transmission… 


Pourquoi ces parcours composites ?

Sarah Lamaison

Je crois qu’on ne peut pas par­ler d’un sujet sans avoir tra­vail­lé ses fon­da­men­taux. J’ai choisi de faire de la recherche pour com­pren­dre ce qu’on peut vrai­ment deman­der à la sci­ence quand on par­le d’innovation. Com­bi­en de temps, quels efforts sont néces­saires pour décou­vrir un nou­veau con­cept ? Quel effort représente l’amélioration des per­for­mances d’un sys­tème ? Quelle dis­tance depuis les résul­tats de recherche jusqu’au pro­duit tech­nologique ? Quels enjeux régle­men­taires et éco­nomiques ? Dans le domaine du CCUS, nous faisons face à beau­coup d’enjeux régle­men­taires et économiques, d’où le besoin d’aller chercher d’autres con­nais­sances dans tous ces domaines. J’ai voulu créer une entre­prise pour m’imposer cette urgence de pro­duire une solu­tion qui passe à l’échelle indus­trielle, qui se vende et, se ven­dant à grande échelle, ait un réel impact. 

Chloé Clair

Maîtrisant l’approche tech­nologique, j’ai voulu appren­dre à en déploy­er les impacts avec la puis­sance dont sont capa­bles les grands groupes indus­triels ; je l’ai fait avec bon­heur ! Puis j’ai souhaité vivre l’innovation à vitesse accélérée, avec la sen­sa­tion d’une urgence plané­taire à laque­lle seule une col­lab­o­ra­tion entre le pro­fes­sion­nal­isme et l’expérience des grands groupes, et l’énergie créa­trice des start-up, saurait répondre. 

Poly­tech­ni­ci­ennes, nous avons très tôt appris les codes pro­fes­sion­nels, his­torique­ment – accep­tons-le sere­ine­ment – empreints d’une cer­taine logique mas­cu­line. Femmes de tech­nolo­gie, nous avons vite appris à maîtris­er ces codes, dans des con­textes très divers ; la mul­ti­dis­ci­pli­nar­ité et la respon­s­abil­ité nous y ont guidées. Femmes dans un monde mas­culin, nous avons appris à par­ler toutes les langues et dévelop­pé un tal­ent pour l’adaptabilité. Ce qui nous donne à notre tour un accès naturel à des par­cours com­pos­ites : rich­es d’efficacité et d’expérience humaine, oui, ils sont peut-être l’une de nos spécificités ! 

Cécile Tharaud

Comme Sarah, j’ai cru com­pren­dre au cours de ma thèse qu’une approche effi­cace en matière d’innovation demandait d’apprendre à faire le tour des dif­férentes dimen­sions qui struc­turent le pro­duit final. Ain­si, en une quin­zaine d’années dans le secteur bio­médi­cal, j’avais expéri­men­té la recherche fon­da­men­tale, la ges­tion de pro­jets, le développe­ment de nou­veaux pro­duits, la pro­priété intel­lectuelle, le man­age­ment, et approché plusieurs faces du juridique, du régle­men­taire et du finance­ment. Ce qui a fait pour moi une dif­férence, je crois que c’est d’avoir tra­vail­lé une capac­ité de curiosité, d’écoute et de col­lab­o­ra­tion ; plus générale­ment, une cer­taine con­fi­ance dans la puis­sance des liens, des cor­re­spon­dances, de toutes sortes. Fon­da­men­tale­ment, je rêvais d’un nou­v­el human­isme, j’observais la flam­boy­ance des péri­odes où sci­ences, arts et let­tres se « par­laient », je m’inspirais du fonc­tion­nement du vivant – je réfléchis­sais à l’entreprise à tra­vers le prisme des théories de l’évolution, de la biolo­gie cel­lu­laire et des neu­ro­sciences… Une approche peut-être fémi­nine du monde économique et managérial !

“Nous, femmes, cultivons par essence la capacité à sortir des cadres !”

Anne-Sophie Carrese

Je crois que nous, femmes, cul­tivons par essence la capac­ité à sor­tir des cadres et une cer­taine lib­erté de parole et d’action. Cette lib­erté nous propulse naturelle­ment dans ces tra­ver­sées que nous décrivons : nous allons où nous sen­tons qu’il est néces­saire d’aller, pour réalis­er l’important, l’efficace, le rentable. Alors notre mes­sage aux généra­tions suiv­antes : lais­sez-vous guider par vos envies et vos con­vic­tions, l’École vous aura for­mées à con­cili­er excel­lence et agilité. Il vous reste à être vous-mêmes, à oser audace et courage ! Allez vers l’inconnu, vers ce qui est dur, car c’est là que l’on apprend, que l’on pro­gresse, que l’on se dépasse… 

Et les enfants dans tout ça ? Cer­taine­ment le déclencheur de quelques « zigza­gs » pro­fes­sion­nels – soyons réal­istes. Mais aus­si : une puis­sance créa­tive, une capac­ité d’adaptation ; la force du prag­ma­tisme, le sens des pri­or­ités, un entraîne­ment à l’organisation et à la résilience ; la garantie d’une curiosité et d’un émer­veille­ment renou­velés ; le sens de la mis­sion, le goût de l’évolution et l’apprivoisement du risque. 

Une conclusion ?

Les car­rières non linéaires et la diver­sité des par­cours sont dev­enues un atout ; les soft skills des femmes, dont leur sens de l’intérêt com­mun, leur capac­ité d’écoute et leur tal­ent de médi­a­tion, leur exi­gence et leur pro­fes­sion­nal­isme, leur créa­tiv­ité et leur agilité, leur adapt­abil­ité, leur sens du résul­tat, sont main­tenant recher­chées ; la puis­sance rem­place le pou­voir ; le diplôme nous a per­mis de créer les bases de la con­fi­ance en une nou­velle généra­tion de pro­fes­sion­nelles à qui nous espérons que toutes les portes sont en train d’irréversiblement s’ouvrir : celles des tech­nolo­gies d’avenir et celles de la puis­sance d’agir, pour trans­former le monde en un monde meilleur ! 

Poster un commentaire