L’impressionnisme et la musique

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°521 Janvier 1997Par : Michel FLEURY (71)Rédacteur : Alain BONARDI (86)

Après plusieurs années de tra­vail, Michel Fleury (71), directeur artis­tique de con­certs, cri­tique musi­cal et musi­co­logue, con­nu pour ses travaux sur le début du XXe siè­cle, nous livre aujourd’hui le fruit de sa recherche dans un ouvrage inti­t­ulé L’impressionnisme et la musique.

L’ambition de l’auteur est non seule­ment de défendre le con­cept de “ musique impres­sion­niste ”, reliée à la pein­ture et à la lit­téra­ture de la fin du XIXe siè­cle et du début du XXe siè­cle, mais aus­si de faire con­naître com­pos­i­teurs et oeu­vres s’en récla­mant, au-delà des seuls noms de Rav­el et Debussy. Sa démarche repose sur la mise en com­mun entre les arts de procédés, de critères et de sujets : par un raison­nement analogique artic­ulé autour de “ cor­re­spon­dances ” très baude­lairi­ennes, Michel Fleury définit un champ de con­ver­gences tech­niques, séman­tiques et esthé­tiques entre pein­ture, lit­téra­ture et musique dites “ impres­sion­nistes ”. Son analyse, éten­due et fouil­lée, s’intéresse aus­si bien à la caté­gorie de couleur en pein­ture et en musique qu’à “ l’esthétique du rêve et des loin­tains ” comme source d’inspiration.

L’auteur mon­tre à juste titre com­bi­en le sen­ti­ment de “ flou ” pro­pre à l’art impres­sion­niste, fondé sur le déploiement de la sug­ges­tion rem­plaçant la descrip­tion, ne sig­ni­fie pas que la con­struc­tion de l’oeuvre est ellemême floue ou nég­ligée ; bien au con­traire, ce type de pièces exige une archi­tec­ture rigoureuse et précise.

L’ouvrage est organ­isé en deux grandes par­ties : la pre­mière, con­sacrée à la musique impres­sion­niste, abor­dée en tant que musique de la couleur, musique de la sug­ges­tion, et comme ampli­fi­ca­tion de l’instant sus­pendu ; la deux­ième est con­sacrée aux thèmes de l’impressionnisme musi­cal comme la nature, les mythes païens ou les mys­tères chré­tiens, avec pour cha­cun des analy­ses d’oeuvres s’y rap­por­tant, ce qui don­nera au lecteur l’envie de décou­vrir des musiques qu’il con­naît peu ou pas.

Alliant éru­di­tion et sen­si­bil­ité, cet ouvrage, acces­si­ble à tous les mélo­manes, se présente comme une vaste somme argu­men­taire, utile aux par­ti­sans d’une musique “ impres­sion­niste ” comme à ses détracteurs, et de manière plus générale, à tous ceux que la con­ver­gence des arts, notam­ment entre pein­ture et musique, intéresse, qu’ils la jugent naturelle ou prob­lé­ma­tique, quelle que soit la valid­ité qu’ils accor­dent aux notions de temps pic­tur­al et d’espace musical.

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