L’hydrogène renouvelable, vecteur de la décarbonation des usages

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°780 Décembre 2022
Par Jean-Philippe OLIVIER

L’hydrogène renou­ve­lable, ou vert, a voca­tion à rem­plac­er les éner­gies fos­siles forte­ment émet­tri­ces de gaz à effet de serre afin de décar­bon­er l’industrie, mais aus­si la mobil­ité lourde. Dans ce cadre, H2V développe depuis 2016 des pro­jets de sites de pro­duc­tion d’hydrogène de grande enver­gure et se posi­tionne comme un pio­nnier sur une fil­ière en plein essor depuis quelques années. Le point avec Jean-Philippe Olivi­er, directeur général de Sam­fi Invest dont H2V est fil­iale.

Quel est le positionnement de H2V dans le monde de l’hydrogène ?

H2V est une société de la hold­ing Sam­fi Invest. Créée par l’entrepreneur nor­mand Alain Sam­son, Sam­fi Invest opère notam­ment dans la logis­tique (Trans­port Mal­herbe) et les éner­gies renou­ve­lables (éolien et solaire). Plus par­ti­c­ulière­ment, H2V a vu le jour en 2016 avec deux ambi­tions fortes : mas­si­fi­er la pro­duc­tion de l’hydrogène renou­ve­lable à par­tir de l’électrolyse de l’eau et con­tribuer à l’accélération du pas­sage à l’échelle afin d’atteindre un coût de l’hydrogène plus abor­d­able et plus attrac­t­if. Con­crète­ment, H2V est un pro­duc­teur d’hy­drogène qui développe des usines de pro­duc­tion mas­sive d’hy­drogène renou­ve­lable pour abor­der les deux prin­ci­paux marchés de l’hydrogène : la décar­bon­a­tion de l’industrie et la mobil­ité lourde. Notre objec­tif est de déploy­er des pro­jets de 100 à 600 mégawatts. Aujourd’hui, le plus impor­tant élec­trol­y­seur en opéra­tion en Europe, plus pré­cisé­ment en Alle­magne, fait 6 mégawatts, alors que le plus gros au monde en activ­ité est au Cana­da et per­met de pro­duire 20 mégawatts. 

Au-delà, H2V a un posi­tion­nement atyp­ique sur le marché de l’hydrogène. Nous avons lancé la société en 2016, bien avant l’essor et l’intérêt actuel pour l’hydrogène. Nous nous posi­tion­nons comme un « pure play­er » avec une stratégie unique : pro­duire de l’hydrogène à un coût le plus faible pos­si­ble. Enfin, de par notre appar­te­nance au groupe Sam­fi Invest, nous cou­vrons aus­si bien l’amont de la chaîne de valeur de l’hydrogène grâce à l’activité de pro­duc­tion d’énergies renou­ve­lables de la hold­ing et, en aval, au tra­vers du trans­porteur Trans­port Mal­herbe, qui dis­pose d’une flotte de 1 500 camions qui, à terme, a voca­tion à fonc­tion­ner à l’hydrogène.

En misant sur l’hydrogène renouvelable, votre activité s’inscrit et contribue à la décarbonation des usages et à la lutte contre le réchauffement climatique. En quoi l’hydrogène renouvelable est-il une alternative pertinente dans ce cadre ? 

Au cours des dernières années, il y a eu un regain d’intérêt notable pour l’hydrogène renou­ve­lable aus­si appelé hydrogène vert ou bas car­bone. De nom­breux pro­jets ont été lancés et nous assis­tons aujourd’hui au pas­sage à l’échelle de plusieurs d’entre eux. 

La fil­ière hydrogène a voca­tion à accélér­er son développe­ment dans le monde entier. La France et l’Europe doivent donc se posi­tion­ner et mobilis­er les moyens tech­niques, économiques et poli­tiques pour la développer.

“H2V a un positionnement atypique sur le marché de l’hydrogène. Nous avons lancé la société en 2016, bien avant l’essor et l’intérêt actuel pour l’hydrogène. Nous nous positionnons comme un « pure player » avec une stratégie unique : produire de l’hydrogène à un coût le plus faible possible.”

Plus par­ti­c­ulière­ment, l’hydrogène renou­ve­lable intéresse forte­ment les indus­triels qui ont recours aux éner­gies fos­siles et à des procédés chim­iques qui déga­gent du CO2 et qui doivent, dans le con­texte cli­ma­tique actuel, réduire leurs émis­sions et adopter des alter­na­tives qui génèrent moins de gaz à effet de serre. 

En par­al­lèle, l’hydrogène renou­ve­lable va aus­si être amené à jouer un rôle cen­tral dans le développe­ment de la mobil­ité décar­bonée de demain, notam­ment au niveau de la mobil­ité lourde. Le rem­place­ment du diesel par l’hydrogène per­me­t­tra, par ailleurs, de réduire les nui­sances sonores de la mobil­ité. En effet, l’hydrogène a voca­tion à ali­menter des piles à com­bustible qui elles-mêmes ali­mentent des motori­sa­tions élec­triques qui ont la par­tic­u­lar­ité d’être silen­cieuses. Un véri­ta­ble avan­tage en milieu urbain et péri-urbain !

Comment cela se traduit-il concrètement ? Pouvez-vous nous donner des exemples ?

H2V a dévelop­pé deux pro­jets phares au cours des deux dernières années. Le pre­mier pro­jet, en Nor­mandie, est en en phase de développe­ment suite à l’obtention début 2022 de toutes les autori­sa­tions néces­saires. Fin 2021, nous avions cédé le pro­jet à un leader du secteur qui va pour­suiv­re le développe­ment du site ain­si que son exploita­tion. Le démar­rage de l’usine est fixé en 2025 et compte déjà par­mi ses clients Total­En­er­gies et Exxon. Notre sec­ond pro­jet à Dunkerque a pour objec­tif de dévelop­per une usine d’une capac­ité de pro­duc­tion de 500 mégawatts. L’enquête publique vient de se ter­min­er et nous espérons obtenir le per­mis d’exploitation à la fin de l’année pour un démar­rage de l’exploitation à hori­zon 2025. 

Nous sommes aus­si mobil­isés par d’autres pro­jets dans le Grand Est, à Thionville, afin notam­ment d’approvisionner en hydrogène le réseau Moza­Hyc. Début 2022, nous avons égale­ment lancé un pro­jet sur le port de Fos à Mar­seille pour une capac­ité totale de pro­duc­tion de 600 mégawatts. 

Dans cette démarche, quels sont les principaux enjeux qui persistent et comment y faites-vous face ? 

Le prin­ci­pal enjeu tourne autour du finance­ment afin de pou­voir dévelop­per des pro­jets de cette enver­gure. C’est un savoir-faire que nous avons dévelop­pé et que nous avons ren­for­cé depuis 2016 grâce aux exper­tis­es et aux com­pé­tences de nos col­lab­o­ra­teurs. Enfin, il s’agit aus­si de pou­voir dévelop­per des pro­jets qui nous per­me­t­tent d’avoir des coûts de l’hydrogène les plus com­péti­tifs pos­si­bles pour accom­pa­g­n­er l’essor de ce marché et de ce secteur qui attirent de plus en plus d’acteurs.

En parallèle, quels sont les sujets et projets qui vous mobilisent actuellement ? 

Aujourd’hui, nous nous intéres­sons aux débouchés de la pro­duc­tion d’hydrogène et explorons les usages futurs des molécules d’hydrogène comme les car­bu­rants de syn­thèse. Nous dévelop­pons, en out­re, une activ­ité de sta­tions-ser­vice à hydrogène dans le cadre du déploiement de la mobil­ité décar­bonée avec un focus sur la France. Dans cette démarche, nous nous appuyons sur une fil­iale dédiée, Dis­try, avec pour objec­tif de déploy­er une cen­taine de sta­tions à moyen terme. 

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