Portrait de Patrick SIMON, polytechnicien promotion

Patrick Simon (88), l’humain d’abord

Dossier : TrajectoiresMagazine N°735 Mai 2018
Par Pierre LASZLO

S’ils étaient nom­breux comme lui, la planète serait en de bonnes mains ! De plus, il est d’une per­son­nal­ité attachante. Lorsqu’il vous grat­i­fie de sa con­fi­ance, il s’ouvre com­plète­ment à son interlocuteur.

Atten­tif au choix des mots, il est par­fois un peu répéti­tif, voire pro­lixe ; ce qui par­ticipe de son car­ac­tère très chaleureux.

Séduit par l’élégance des maths

Ses par­ents étaient l’un et l’autre fonc­tion­naires des impôts. Après un sec­ondaire à Camille-Sée, le lycée des Parisiens du 15e arrondisse­ment, il entra en pré­pa à Saint-Louis.

Il con­serve un sou­venir ébloui de son enseignant de maths, Mon­sieur Abelan, « un per­son­nage très sin­guli­er, qui affec­tion­nait des solu­tions limpi­des et élé­gantes aux prob­lèmes, et dont les cours étaient d’une grande clarté ».

À l’École, il fit par­tie de la sec­tion de voile. Il con­serve beau­coup d’amis par­mi ses cama­rades de la 88. Il reste imprégné du stage de trois mois qui le con­duisit, en sec­onde année, dans le lab­o­ra­toire de chimie de Mait­land Jones, à Princeton.

De la Loire au Brésil

Dessin : Lau­rent SIMON

Entré à l’EDF, après quinze ans dans des postes de ges­tion opéra­tionnelle — dont la cen­trale de Corde­mais, en Loire-Atlan­tique, dont il fut le directeur adjoint —, il reçut une affec­ta­tion extrême­ment moti­vante, au Brésil de 2008 à 2014, comme PDG de Norte Fluminense.

Il conçut d’emblée son rôle comme étant d’apporter une bouf­fée d’air frais à EDF Brésil. Il y géra cette cen­trale ther­mique brésili­enne, proche de Rio de Janeiro, ali­men­tée au gaz naturel : elle four­nit non seule­ment 20 % de la con­som­ma­tion de cet État, mais est aus­si la cen­trale la plus per­for­mante d’Amérique latine.

Patrick Simon a tou­jours tenu à ren­dre exem­plaire le fonc­tion­nement des cen­trales de pro­duc­tion d’énergie élec­trique. Atten­tif aux règles de bonne ges­tion envi­ron­nemen­tale, comme à la respon­s­abil­ité sociale des entre­pris­es, son action s’inscrit dans la durée, dans le long terme : le développe­ment durable, « c’est le moteur prin­ci­pal de ce que je fais ».

Diriger avec l’humain

Il avait sous ses ordres à Norte Flu­mi­nense 100 per­son­nes, dont deux expa­triés. Il mit son point d’honneur à resser­rer les liens entre la direc­tion et le per­son­nel. À son sens, c’est seule­ment ain­si qu’on peut con­stru­ire un pro­jet de long terme. Il tint à faire com­pren­dre et respecter par les Européens les émi­nentes qual­ités des Brésiliens.

“Le développement durable, c’est le moteur principal de ce que je fais”

Patrick Simon conçoit en effet son rôle de patron comme, pri­or­i­taire­ment, être humain. Il n’avait pas seule­ment l’obsession de la per­for­mance et du résul­tat. Il tint à associ­er ses col­lab­o­ra­teurs à la réus­site des pro­jets. Il eut grand souci de la val­ori­sa­tion des per­son­nes. Les prob­lèmes humains ren­con­trèrent sa générosité fon­cière et, à plusieurs repris­es, il vint au sec­ours de mem­bres de son per­son­nel, en détresse pour divers­es raisons.

C’était déjà le cas lors de sa pre­mière expéri­ence de com­man­de­ment, lorsqu’il a encadré une sec­tion de sol­dats pro­fes­sion­nels pen­dant son année militaire.

La réus­site du seg­ment brésilien de sa car­rière est quan­tifi­able : une enquête mon­di­ale auprès des 130 000 employés de la multi­na­tionale française mit Norte Flu­mi­nense au pre­mier rang, pour la sat­is­fac­tion de ses tra­vailleurs, avec 97 % d’opinions favorables !

Le Brésil et les Brésiliens ? Il y trou­va une cul­ture très dif­férente, qu’il réus­sit à vivre de l’intérieur. Comme d’autres, il fut séduit par la vital­ité des Brésiliens et leur joie de vivre. Il s’intéressa beau­coup à l’histoire de ce pays — il est épris d’histoire — tant anci­enne que contemporaine.

Ce fut pour lui un dou­ble enrichisse­ment : vivre au Brésil lui fit pren­dre con­science de la chance d’être né français, celle de vivre dans un pays aus­si dévelop­pé, aus­si avancé.

Vers les renouvelables

Depuis jan­vi­er 2017, il est le directeur général d’EDP Renew­ables, qui gère 470 MW d’actifs éoliens répar­tis sur 44 parcs en France et en Belgique.

Cette société développe égale­ment un porte­feuille de pro­jets de plusieurs cen­taines de mégawatts. Ici aus­si, son prin­ci­pal défi porte sur l’humain : con­stru­ire une équipe motivée, soudée, dont il aime qu’elle pro­gresse chaque jour en apprenant de nou­velles compétences.

Patrick Simon coïn­cide avec son temps : il affec­tionne, dans ses écrits et ses pro­pos, la notion d’accélération. Est-elle com­pat­i­ble avec le développe­ment durable, autre axe de ses ambi­tions pro­fes­sion­nelles ? On peut tabler sur lui pour nav­iguer au mieux entre ces deux sources de tension.

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