Les technologies de pointe au service de la gestion des risques

Groupama Assurances Mutuelles, dont Olivier Péqueux (X95) est le directeur général adjoint, innove pour répondre aux défis climatiques et économiques. L’assureur utilise des technologies avancées pour optimiser la gestion des risques et soutenir le secteur agricole dans sa transition vers des pratiques durables.
Comment Groupama Assurances Mutuelles adapte-t-elle ses stratégies de gestion des risques face aux défis économiques et climatiques ?
La gestion des risques est au cœur du métier de l’assureur. Pour Groupama, cela passe par plusieurs outils essentiels.
- La mutualisation des risques : elle permet de répartir les risques, rendant supportables ceux qui seraient insurmontables pour un assuré isolé.
- La diversification des risques : en tant qu’assureur généraliste, Groupama est présent dans divers domaines de l’assurance et sur plusieurs marchés, renforçant sa capacité d’absorption des risques.
- La réassurance : cet outil, utilisé depuis longtemps, élargit la mutualisation à l’échelle mondiale, particulièrement pour les sinistres climatiques majeurs.
- Des fonds propres : Groupama dispose de plus de 10 milliards d’euros de fonds propres pour absorber les aléas, répondant à des exigences réglementaires strictes.
- Une gestion financière prudente : équilibrer les durations à l’actif et au passif, avec des limites de risque, est essentiel pour une gestion efficace.
Face à l’accélération des risques climatiques, Groupama innove notamment avec des cat bonds pour compléter ses dispositifs de réassurance classique.
Les analyses prospectives deviennent cruciales, intégrant les tendances récentes dans les tarifs et modélisant les scénarios futurs. Les projections montrent une augmentation de la sinistralité, notamment due à la grêle et la sécheresse. Nous devons anticiper l’évolution des risques à horizon 2040-2050, malgré les incertitudes : la Caisse Centrale de Réassurance estime une augmentation de la sinistralité de 40 % à 2050, et de 60 % en intégrant l’évolution des enjeux assurés.
De quelle manière l’IA et le Big Data sont-ils utilisés par Groupama pour anticiper les crises et optimiser la prise de décision ?
La gestion des risques a évolué ces dernières années en intégrant des sujets tels que la durabilité, la résilience IT, ainsi que les risques cyber et la qualité des données, des aspects abordés par la directive DORA au niveau européen. Cette évolution nécessite l’acquisition de nouvelles compétences humaines et le renforcement de la digitalisation des fonctions de l’entreprise. Ainsi, un enjeu majeur consiste à enrichir les compétences techniques et métiers par le biais de la formation et du recrutement, notamment dans l’utilisation de modèles d’intelligence artificielle, la modélisation des risques émergents et l’automatisation du suivi des risques.
Des investissements importants sont réalisés pour constituer des bases de données, qui ne se limitent pas aux données de nos portefeuilles mais intègrent également des sources externes. Ces données enrichissent les analyses déployées par l’intelligence artificielle, permettant des applications concrètes variées. Dans le secteur de l’assurance, par exemple, nous avons développé des algorithmes prédictifs pour détecter les fraudes, notamment dans le domaine du remboursement des soins d’optique. Bien que la détection de fraude et le scoring soient des pratiques anciennes, l’augmentation des données disponibles et les outils d’intelligence artificielle nous permettent de progresser. Un enjeu réside dans la collaboration avec les pouvoirs publics, en particulier dans des domaines où l’assureur est le principal gestionnaire du risque. Dans d’autres secteurs, là où la gestion des risques est partagée avec l’assurance maladie, l’enjeu est de développer une coopération entre les sphères assurancielles privées et la sécurité sociale.
Nous utilisons également des outils d’IA et de Big Data pour automatiser des processus, notamment des tâches répétitives et chronophages comme le traitement des mails entrants. Cela permet d’identifier les intentions des clients et de les orienter vers la bonne cible ou de leur apporter une réponse directe. L’automatisation s’étend aussi à l’expertise, avec des analyses automatiques de photos de dégâts automobiles pour évaluer les dommages par exemple.
La personnalisation des offres et l’optimisation des portefeuilles grâce à l’IA permet de créer des scores d’appétence pour proposer des produits susceptibles d’intéresser les clients, économisant ainsi le temps des équipes commerciales en leur permettant de faire des propositions ayant de fortes chances d’obtenir une réponse favorable.
L’IA joue également un rôle crucial en cybersécurité. G2S, l’entreprise de Groupama chargée de nos infrastructures IT, développe des solutions d’IA pour qualifier et réduire les interventions des analystes qui évaluent et avèrent les menaces. La lutte contre les cyberattaques, qui utilisent aussi des outils d’IA, est une course technologique où nous employons l’IA pour améliorer l’efficacité de nos gestionnaires.
Groupama accompagne aussi des startups via le programme Volt’Terre, collaborant avec une quinzaine d’entre elles, dont la moitié sont spécialisées dans l’IA. Ces collaborations couvrent divers domaines, comme l’analyse des conversations téléphoniques et les outils de souscription pour la gestion des risques en portefeuille. En outre, nous avons mis en place un fonds d’investissement pour soutenir ces startups par des co-investissements dans leur développement.

Groupama est l’assureur de référence du monde agricole : quelles mesures avez-vous mises en place pour atténuer les effets de la sinistralité climatique sur les agriculteurs ?
Nous avons lancé en 2005 une offre d’assurance multirisque climatique et, depuis l’année dernière, nous avons été, avec d’autres acteurs, à l’avant-garde d’une réforme majeure visant à renforcer la couverture des agriculteurs par ces assurances. Cette réforme implique une collaboration étroite avec les pouvoirs publics pour organiser la couverture multirisque climatique.
En tant qu’assureur de proximité, nous menons des actions de prévention et de protection adaptées aux agriculteurs. Nos réseaux de préventeurs travaillent directement avec les agriculteurs pour identifier les risques potentiels, mettre en place des mesures de prévention appropriées et les inciter à adopter des pratiques bénéfiques pour réduire les risques.
De plus, nous avons établi un partenariat avec une filiale de Météo France, permettant aux collectivités et aux agriculteurs de disposer de plans communaux de sauvegarde et de recevoir des alertes en temps réel concernant les risques climatiques. Nous avons également généralisé la géolocalisation du portefeuille des risques sur nos bâtiments agricoles, ce qui nous permet de mieux évaluer les risques spécifiques à chaque zone et de mettre en œuvre des mesures de prévention ciblées.
Nous avons innové en développant des couvertures pour des produits qui n’étaient pas précédemment assurés, comme l’assurance des prairies, grâce à une couverture indicielle. Ce projet, réalisé en partenariat avec Airbus, utilise des images satellites pour créer des indices qui mesurent la production des prairies. L’indemnisation est entièrement automatisée sur la base de ces indices. Ce contrat s’est fortement développé ces dernières années.
Nous avons également introduit des solutions plus spécifiques, comme des sondes à forage connectées. Nous estimons que ces dispositifs ont permis d’éviter des millions d’euros de sinistres chaque année pour les assureurs, et nous encourageons leur adoption.
Par ailleurs, nous proposons des couvertures spécifiques pour soutenir le développement d’activités d’énergie renouvelable, qui constituent une source importante de diversification de revenus pour les agriculteurs, notamment avec les panneaux photovoltaïques et la méthanisation. Ces investissements étant conséquents, nous les accompagnons sur ce sujet complexe en leur offrant une garantie indispensable compte tenu des montants engagés. Enfin, nous utilisons également l’IA et le Big Data pour anticiper les risques dans le secteur agricole.
En collaborant étroitement avec nos partenaires et en innovant constamment, nous restons déterminés à offrir aux agriculteurs les outils nécessaires pour surmonter les défis climatiques et garantir la pérennité de leurs activités.


