Les scores ESG, gadgets ou précieux outils ?

Les scores ESG, gadgets ou précieux outils ?

Dossier : La finance durableMagazine N°804 Avril 2025
Par Mathieu JOUBREL (X17)

La finance durable a connu une crois­sance remar­quable ces der­nières années, reflé­tant une prise de conscience crois­sante des ques­tions envi­ron­ne­men­tales, sociales et de gou­ver­nance (ESG) dans le monde finan­cier. Au cœur de cette évo­lu­tion, les scores ESG se sont impo­sés comme un outil essen­tiel pour éva­luer la per­for­mance extra-finan­cière des entre­prises. Cepen­dant, leur uti­li­sa­tion ne fait pas l’unanimité, sus­ci­tant des débats sur leur fia­bi­li­té et leur per­ti­nence pour la prise de déci­sion d’investissement. Mal­gré ces contro­verses, les scores ESG demeurent un ins­tru­ment clé pour orien­ter les flux finan­ciers vers une éco­no­mie plus durable. Leur capa­ci­té à syn­thé­ti­ser des infor­ma­tions com­plexes en indi­ca­teurs com­pa­rables offre un point d’entrée pré­cieux pour les inves­tis­seurs et les entre­prises. En dépit de leurs imper­fec­tions, les scores ESG peuvent cata­ly­ser une trans­for­ma­tion posi­tive du sys­tème finan­cier, à condi­tion d’être constam­ment remis en ques­tion et employés avec discernement.


Qu’est-ce qu’un score ESG ?

Les scores ESG sont des agré­ga­tions d’indicateurs envi­ron­ne­men­taux, sociaux et de gou­ver­nance ser­vant de sup­port aux déci­sions d’investissement, en com­plé­ment d’une ana­lyse finan­cière. Leur déve­lop­pe­ment oblige à choi­sir ces indi­ca­teurs, à les mesu­rer et à déve­lop­per des règles d’agrégation per­ti­nentes en fonc­tion de l’objectif pour­sui­vi par cha­cun des scores. Ceux-ci peuvent par exemple cher­cher à mieux inté­grer les risques cli­ma­tiques, à éva­luer l’impact d’un inves­tis­se­ment sur un sujet extra-finan­cier spé­ci­fique, ou encore à réduire le risque d’écoblanchiment. Les scores ESG sont sou­vent cri­ti­qués pour leur com­plexi­té, leur opa­ci­té et leurs diver­gences. À titre d’illustration, Stel­lan­tis N.V. se voit notam­ment attri­buer le score de 86100 par Refi­ni­tiv, BB par MSCI et 22,2÷100 par Sus­tai­na­ly­tics, ce qui n’appelle pas une inter­pré­ta­tion évi­dente sans une bonne com­pré­hen­sion des don­nées et des méthodes de nota­tion sous-jacentes.


Les scores ESG ont joué un rôle cata­ly­seur dans l’intégration des enjeux extra-finan­ciers au sein des pro­ces­sus d’investissement et de ges­tion des entre­prises. Cette évo­lu­tion a engen­dré une trans­for­ma­tion pro­fonde des pra­tiques de repor­ting et de ges­tion des risques. Kot­san­to­nis et Sera­feim (2019) mettent en évi­dence que les entre­prises ont consi­dé­ra­ble­ment aug­men­té la quan­ti­té et la qua­li­té des infor­ma­tions extra-finan­cières divul­guées, pas­sant d’une moyenne de 20 indi­ca­teurs en 2000 à plus de 100 en 2020 pour les entre­prises du For­tune 500.

Selon une enquête menée par BNP Pari­bas en 2023, 76 % des inves­tis­seurs estiment que le chan­ge­ment cli­ma­tique et la décar­bo­na­tion sont des élé­ments assez impor­tants pour influen­cer leur stra­té­gie d’investissement. Cette prise en compte accrue des indi­ca­teurs extra-finan­ciers se reflète éga­le­ment dans les choix des inves­tis­seurs ins­ti­tu­tion­nels, avec 69 % des socié­tés de ges­tion consi­dé­rant désor­mais les cri­tères ESG comme fai­sant par­tie des prio­ri­tés pour créer de la valeur dans leur stra­té­gie d’investissement.

Illustration 1 : exemple d’agrégation de métriques brutes en score ESG.
Illus­tra­tion 1 : exemple d’agrégation de métriques brutes en score ESG.

Un point de départ pour l’analyse

Les scores ESG se sont impo­sés comme un outil limi­té mais essen­tiel de com­pa­rai­son et de bench­mark des per­for­mances extra-finan­cières des entre­prises. Ils per­mettent aux inves­tis­seurs d’évaluer et de com­pa­rer rapi­de­ment les per­for­mances ESG rela­tives des entre­prises, faci­li­tant ain­si la prise de déci­sion d’investissement. Cette capa­ci­té de com­pa­rai­son est par­ti­cu­liè­re­ment pré­cieuse dans un contexte où la dura­bi­li­té devient un fac­teur clé de la per­for­mance à long terme des entre­prises. Selon une étude de Mor­gan Stan­ley publiée en décembre 2024, 81 % des inves­tis­seurs ins­ti­tu­tion­nels estiment que les entre­prises ayant de solides pra­tiques ESG sont plus rési­lientes en période de crise.

Cepen­dant, il est cru­cial d’adopter une approche nuan­cée dans l’utilisation de ces scores. Gib­son Bran­don et al. (2021) mettent en garde contre une inter­pré­ta­tion trop sim­pliste, sou­li­gnant la néces­si­té de com­prendre les métho­do­lo­gies sous-jacentes et les limites de ces éva­lua­tions. Les scores ESG doivent être consi­dé­rés comme un point de départ pour une ana­lyse plus appro­fon­die, plu­tôt que comme une mesure défi­ni­tive de la dura­bi­li­té d’une entre­prise. En inté­grant ces scores dans un pro­ces­sus d’investissement plus large, qui tient compte des spé­ci­fi­ci­tés sec­to­rielles et des objec­tifs à long terme, les inves­tis­seurs peuvent exploi­ter effi­ca­ce­ment cet outil pour orien­ter leurs déci­sions vers des inves­tis­se­ments plus durables et poten­tiel­le­ment plus performants.

Un levier d’engagement

L’analyse extra-finan­cière est aus­si un puis­sant levier pour l’engagement action­na­rial. Comme le sou­lignent Dim­son et al. (2015), l’utilisation de ces scores per­met aux inves­tis­seurs d’identifier les domaines d’amélioration poten­tielle et d’engager un dia­logue ciblé avec les entre­prises sur des sujets ESG spé­ci­fiques. Une étude de Dyck et al. (2019) a consta­té que l’engagement des inves­tis­seurs ins­ti­tu­tion­nels, gui­dé par les éva­lua­tions ESG, a conduit à des amé­lio­ra­tions signi­fi­ca­tives des pra­tiques envi­ron­ne­men­tales et sociales des entre­prises, en par­ti­cu­lier dans les pays où la régle­men­ta­tion ESG est moins développée.

La caco­pho­nie des don­nées ESG

Les scores déve­lop­pés par les agences de nota­tion pré­sentent de grandes diver­gences et, com­bi­nés à leur manque de trans­pa­rence, sont presque impos­sibles à com­pa­rer et à com­prendre cor­rec­te­ment. De nom­breux ges­tion­naires d’actifs déve­loppent des modèles de nota­tion internes pro­prié­taires pour com­pen­ser cette opa­ci­té et jus­ti­fier leur enga­ge­ment ESG. Le pro­blème de la mul­ti­pli­ci­té des scores et des métho­do­lo­gies est qu’ils rendent le pay­sage des nota­tions ESG encore plus dif­fi­cile à lire et reflètent les désac­cords entre inves­tis­seurs qui affectent les prix des actifs (Fama et French 2007).

La question des données sous-jacentes

L’une des prin­ci­pales conclu­sions de l’étude de Berg et al. (2020) est que la diver­gence n’est pas seule­ment due à des dif­fé­rences d’opinions, mais aus­si à des dif­fé­rences dans les don­nées sous-jacentes. Les gérants ont ten­dance à mesu­rer des fac­teurs de dura­bi­li­té simi­laires à l’aide d’indicateurs et d’approches dif­fé­rents. Cette diver­gence de mesure est le prin­ci­pal fac­teur expli­quant la diver­gence glo­bale des nota­tions ESG. S’il est cer­tai­ne­ment bon d’avoir des diver­gences d’opinions et de ne pas pres­crire sys­té­ma­ti­que­ment quels aspects extra-finan­ciers sont les plus impor­tants, les diver­gences de mesure sont clai­re­ment problé­matiques. Les gérants peuvent avoir des pré­fé­rences dif­fé­rentes en matière de nota­tion ESG, mais celles-ci doivent s’exprimer de manière maî­tri­sée et jus­ti­fiable dans leur métho­do­lo­gie, et ne pas dépendre des sources de don­nées sous-jacentes dont ils n’ont ni le contrôle ni la pleine compréhension.

Illustration 2 : corrélations entre les notations ESG des principales agences de notation extra-financière au niveau du score global (ESG) et des dimensions environnementale (E), sociale (S) et de gouvernance (G). SA, RS, VI, A4, KL et MS sont des abréviations pour Sustainalytics, RobecoSAM, Vigeo Eiris, Asset4, KLD et MSCI, respectivement.
Illus­tra­tion 2 : cor­ré­la­tions entre les nota­tions ESG des prin­ci­pales agences de nota­tion extra-finan­cière au niveau du score glo­bal (ESG) et des dimen­sions envi­ron­ne­men­tale (E), sociale (S) et de gou­ver­nance (G).
SA, RS, VI, A4, KL et MS sont des abré­via­tions pour Sus­tai­na­ly­tics, Robe­co­SAM, Vigeo Eiris, Asset4, KLD et MSCI, respectivement.

La diversification des notations

Il n’existe pas de nota­tion par­faite qui sau­ra satis­faire tous les inves­tis­seurs, et ceux-ci cherchent à déve­lop­per des cadres d’analyse adap­tés à leur style d’investissement, à leurs convic­tions et à leur clien­tèle. Selon l’étude The Playing Field de Squa­re­Well Part­ners, trente des cin­quante plus grands ges­tion­naires d’actifs au monde ont créé leurs propres métho­do­lo­gies de nota­tion extra-finan­cière. En outre, 38 d’entre eux uti­lisent au moins deux four­nis­seurs de don­nées et de nota­tions ESG pour ali­men­ter leurs stra­té­gies d’investissement res­pon­sable. Les don­nées brutes qui ali­mentent les nota­tions ESG envoient sou­vent des signaux plus forts sur les per­for­mances futures que la nota­tion ESG glo­bale elle-même.

Comprendre les méthodologies

Les notes ESG sont, par nature, sub­jec­tives, car elles peuvent répondre à des pré­oc­cu­pa­tions dif­fé­rentes de la part des gérants qui les uti­lisent. Contrai­re­ment à une nota­tion de cré­dit, les nota­tions ESG ne sont pas « véri­fiables » direc­te­ment par un évé­ne­ment tel que le défaut d’une entre­prise. Elles reflètent les convic­tions du gérant qui les exprime en fonc­tion de sa thèse d’investissement res­pon­sable. La recherche de la per­for­mance, de l’impact ou de l’atténuation des risques par le biais de l’analyse ESG n’est pas sus­cep­tible d’aboutir au même résul­tat. Il serait absurde d’examiner les entre­prises à tra­vers le même prisme avec des objec­tifs aus­si dif­fé­rents. Ain­si, la com­pré­hen­sion des don­nées sous-jacentes, des pon­dé­ra­tions et des hypo­thèses qui sous-tendent les métho­do­lo­gies de chaque four­nis­seur de nota­tion ESG peut se révé­ler plus inté­res­sante que la note finale.

L’inévitable et nécessaire divergence

Cer­tains acteurs appellent à une conver­gence des nota­tions afin d’apporter au mar­ché de la clar­té et une véri­table mesure de la per­for­mance extra-finan­cière des entre­prises pour mieux gérer leurs efforts dans ce domaine. Mal­gré la voix don­née par les médias à ces pré­oc­cu­pa­tions concer­nant l’absence de consen­sus sur les nota­tions extra-finan­cières, tous les pro­fes­sion­nels de la finance ne consi­dèrent pas cette diver­gence comme pro­blé­ma­tique. Elle reflète plu­tôt la valeur ajou­tée de chaque gérant et de son approche de nota­tion ESG et leur per­met de se dif­fé­ren­cier sur le mar­ché. Les varia­tions métho­do­lo­giques consti­tuent leur pro­po­si­tion de valeur et res­te­ront pro­ba­ble­ment dis­tinc­tives pour cha­cun d’entre eux à l’avenir. Le large éven­tail de modèles de nota­tion entrant sur le mar­ché n’est pas nui­sible en soi, car chaque inves­tis­seur peut se sen­tir concer­né par dif­fé­rents aspects des per­for­mances ESG d’une entre­prise et donc lui attri­buer une note différente.

Une richesse plus qu’une faiblesse

Même dans le domaine de l’analyse finan­cière tra­di­tion­nelle, où les don­nées sont plus objec­tives, res­treintes et faci­le­ment acces­sibles, on observe des diver­gences signi­fi­ca­tives dans les inter­pré­ta­tions et les déci­sions d’investissement. Les ana­lystes finan­ciers, mal­gré l’accès à des infor­ma­tions simi­laires et l’objectif com­mun de maxi­mi­ser le ren­de­ment, pro­duisent sou­vent des pré­vi­sions et des recom­man­da­tions diver­gentes. Cette diver­si­té d’approches per­met aux inves­tis­seurs de se démar­quer pour poten­tiel­le­ment sur­per­for­mer le mar­ché et est essen­tielle à son fonc­tion­ne­ment effi­cace. Dans ce contexte, il serait para­doxal d’attendre un consen­sus par­fait des ana­lyses extra-finan­cières, qui traitent de ques­tions sou­vent plus com­plexes et subjectives.

“La diversité des approches ESG est une richesse plus qu’une faiblesse.”

La diver­si­té des approches ESG, plu­tôt que d’être per­çue comme une fai­blesse, devrait être consi­dé­rée comme une richesse, offrant une plu­ra­li­té de pers­pec­tives sur des sujets mul­ti­di­men­sion­nels. S’il est plus que sou­hai­table de déve­lop­per et d’imposer des stan­dards de repor­ting pour s’entendre sur les don­nées ESG brutes, les scores ESG n’ont pas plus voca­tion à être conçus ou res­treints par les régu­la­teurs que les prix aux­quels les gérants doivent ache­ter ou vendre leurs pro­duits financiers.

Avoir accès à la cuisine

Les pro­blèmes les plus cri­tiques pro­viennent du manque de trans­pa­rence concer­nant les métho­do­lo­gies, les biais et les hypo­thèses qui sous-tendent les notes ESG. Sans une com­pré­hen­sion claire de ce qui dif­fé­ren­cie deux approches dif­fé­rentes, la com­pa­rai­son de deux émet­teurs avec des notes telles que « 72100 » ou « BB » ne four­nit que peu d’informations. Les inves­tis­seurs ont besoin d’un contexte per­ti­nent pour com­pa­rer les entre­prises à leurs pairs et com­prendre com­ment cette note a été obte­nue. Ces deux notes ne mesurent pro­ba­ble­ment pas les mêmes fac­teurs et ne conviennent pas à la même uti­li­sa­tion par les inves­tis­seurs. Mal­heu­reu­se­ment, qu’il s’agisse des notes des agences de nota­tion ou de celles cal­cu­lées en interne par les inves­tis­seurs, ce contexte fait sou­vent défaut ou est inexistant.

La porte de la cuisine est fermée

Le coût du déve­lop­pe­ment et de la main­te­nance des métho­do­lo­gies de nota­tion dis­suade la plu­part des pro­prié­taires de notes de les divul­guer de manière trans­pa­rente et au niveau de chaque émet­teur. Les ges­tion­naires d’actifs four­nissent des nota­tions agré­gées au niveau des fonds et les agences de nota­tion publient des métho­do­lo­gies dont la com­plexi­té rend les com­pa­rai­sons dif­fi­ciles. Elles manquent sou­vent de clar­té quant aux points de don­nées exacts qui ont été esti­més ou com­mu­ni­qués et uti­lisent par­fois des algo­rithmes d’intelligence arti­fi­cielle com­plexes dont les méca­nismes ne sont que par­tiel­le­ment explicables. 

Tous ces élé­ments entravent la com­pa­ra­bi­li­té des notes ESG et, par consé­quent, leur inté­gra­tion dans les pro­ces­sus d’investissement res­pon­sable. La com­mu­ni­ca­tion autour des scores ESG est éga­le­ment pro­blé­ma­tique en l’absence de consen­sus et de points de réfé­rence sur le mar­ché. Cer­taines ini­tia­tives cherchent à appor­ter de la visi­bi­li­té au sec­teur en com­pa­rant les signaux dis­po­nibles pour obte­nir une éva­lua­tion objec­tive du posi­tion­ne­ment de chaque entreprise.

Mais les produits sont utiles

La diver­si­té des scores ESG offre aux ges­tion­naires d’actifs une richesse d’informations sup­plé­men­taires à inté­grer dans leurs déci­sions d’investissement, allant bien au-delà des simples cor­ré­la­tions court-ter­mistes sou­vent mises en avant. La com­plexi­té inhé­rente à l’établissement de liens entre les scores ESG et les per­for­mances finan­cières des entre­prises est accen­tuée par la faible cor­ré­la­tion entre les scores ESG eux-mêmes. Une méta-ana­lyse réa­li­sée par Friede et al. (2015), por­tant sur plus de 2 000 études, a révé­lé qu’environ 90 % d’entre elles observent une rela­tion posi­tive entre per­for­mances finan­cières et extra-finan­cières, sou­li­gnant ain­si la per­ti­nence des cri­tères ESG dans l’évaluation glo­bale des entreprises.

Une arme imparfaite mais révolutionnaire

Cette diver­si­té des scores peut être inter­pré­tée comme un signal en lui-même. Une entre­prise béné­fi­ciant d’un fort consen­sus du mar­ché avec des scores ESG en crois­sance constante peut être consi­dé­rée comme un inves­tis­se­ment rela­ti­ve­ment sûr. À l’inverse, des scores très diver­gents entre dif­fé­rents ges­tion­naires peuvent indi­quer une ano­ma­lie non cap­tée par le mar­ché, qu’il s’agisse de green­wa­shing, d’un défaut de repor­ting ou d’un chan­ge­ment récent de poli­tique RSE non encore inté­gré par tous les acteurs. 

Tout comme les inves­tis­seurs s’appuient sur les don­nées des mar­chés finan­ciers telles que le prix ou la vola­ti­li­té d’une action, il est légi­time qu’ils intègrent une vision glo­bale des ana­lyses extra-finan­cières pro­duites par les acteurs du mar­ché. Les émet­teurs cotés, quant à eux, sur­veillent ces signaux pour ajus­ter leur stra­té­gie et inter­agir avec leurs action­naires. Dans ce contexte, la diver­gence des scores ESG déve­lop­pés en interne par les ges­tion­naires d’actifs recèle une infor­ma­tion unique, non cap­tu­rée ailleurs sur les mar­chés finan­ciers, offrant ain­si une pers­pec­tive sup­plé­men­taire sur la per­for­mance et les risques des entreprises.

Tout en nuance, un pouvoir transformateur

Mal­gré des inquié­tudes de green- et de social-washing, les inves­tis­seurs mani­festent une atten­tion crois­sante aux enjeux ESG et éla­borent des stra­té­gies d’investissement de plus en plus sophis­ti­quées pour les inté­grer. Il serait impru­dent de négli­ger leur intel­li­gence col­lec­tive : les ana­lyses qu’ils pro­duisent sont encore impar­faites, mais elles influent sur les déci­sions d’investissement et, par exten­sion, sur le com­por­te­ment glo­bal du mar­ché. Même si les métho­do­lo­gies d’évaluation ESG sont encore en cours de matu­ra­tion, elles consti­tuent déjà des indi­ca­teurs pré­cieux des ten­dances et des attentes du mar­ché en matière de durabilité. 

Plu­tôt que de reje­ter en bloc les scores ESG en rai­son de leurs imper­fec­tions, il convient de les consi­dé­rer comme des outils en constante évo­lu­tion, reflé­tant l’apprentissage col­lec­tif du mar­ché en matière de finance durable. Cette pers­pec­tive per­met non seule­ment d’anticiper les mou­ve­ments du mar­ché, mais aus­si de contri­buer acti­ve­ment à l’amélioration des pra­tiques ESG des entre­prises, ali­gnant ain­si les objec­tifs finan­ciers sur les impé­ra­tifs de dura­bi­li­té à long terme.


Références

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