Les musiques de l’humanité

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°530 Décembre 1997Par : Michel MALHERBE (50) et Amaury ROSA de POULLOISRédacteur : M. D. INDJOUDJIAN (41)

Les auteurs constatent avec nous tous que la musique enva­hit notre vie quo­ti­dienne. Pour eux il s’agit sou­vent d’un “ bruit de fond anes­thé­siant sinon hyp­no­tique ”. Je suis per­son­nel­le­ment plus sévère : la seule fois de ma vie où j’ai ten­té de fomen­ter une grève, c’était pour inci­ter les ven­deurs d’un maga­sin d’alimentation luxueux à exi­ger la sup­pres­sion au moins par­tielle de ce bruit de fond fati­gant. Il est signi­fi­ca­tif que j’ai échoué !

Nos auteurs s’interrogent sur cette bana­li­sa­tion extrême, mais res­tent per­sua­dés que “ la musique reste un huma­nisme ”. Essayons de par­ta­ger leur optimisme.

Leur objec­tif me paraît d’ailleurs être sur­tout d’appeler l’attention, par des infor­ma­tions don­nées sous une forme agréable, sur les ins­tru­ments et les musiques sou­vent mal connues – et ce non pas par par­ti pris d’exotisme, mais en rai­son de la richesse artis­tique et humaine que dévoile une extrême diversité.

L’ouvrage ne se veut pas une ency­clo­pé­die de la musique ; il offre un choix qui réus­sit fort bien à cap­ter et à rete­nir notre atten­tion. Aus­si serait-il injuste de repro­cher aux auteurs la briè­ve­té de cer­tains para­graphes : ce qui est dit, par exemple, sur quelques ins­tru­ments occi­den­taux me paraît répondre seule­ment au désir de faire res­sor­tir suc­cinc­te­ment les dif­fé­rences avec des ins­tru­ments décrits ailleurs plus en détail parce que nous les connais­sons en géné­ral incom­pa­ra­ble­ment moins bien. Une remarque ana­logue pour­rait être for­mu­lée, par exemple sur le jazz.

Le plan et le conte­nu du livre sont propres à don­ner une idée d’ensemble de ce que repré­sente aujourd’hui la musique et plus par­ti­cu­liè­re­ment en France.

C’est pour­quoi, après trois par­ties consa­crées aux ins­tru­ments, aux dif­fé­rentes musiques du monde et aux genres du dis­cours musi­cal, une der­nière par­tie (Musique et Socié­té) donne sur les métiers de la musique et l’activité éco­no­mique cor­res­pon­dante des infor­ma­tions inté­res­santes et utiles, ordres de gran­deur à l’appui.

Des annexes de carac­tère un petit peu plus tech­nique et deux lexiques com­plètent uti­le­ment l’ouvrage.

Lorsque, dans l’annexe “ La science de la musique ”, les auteurs citent le remar­quable Trai­té d’harmonie d’Arnold Schoen­berg, peut-être n’insistent- ils pas assez sur le fait que les concepts de tona­li­té, d’harmonie, de mélo­die, de rythme, ain­si que leur impor­tance rela­tive, n’ont à peu près aucun carac­tère abso­lu, mais sont étroi­te­ment dépen­dants de la culture musi­cale dont l’auditeur, le com­po­si­teur ou l’exécutant est imprégné.

Et si, en consé­quence, la satis­fac­tion éprou­vée à l’audition d’une œuvre n’est pas tou­jours immé­diate, l’ouvrage de Michel Mal­herbe et Amau­ry Rosa de Poul­lois a le mérite de nous don­ner bien des rai­sons de nous ouvrir à d’autres musiques que celles de notre tra­di­tion et de notre culture et de nous aider peut-être à accé­der à de nou­velles satisfactions.

Poster un commentaire