Les drogues de l’autre coté du miroir

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°735 Mai 2018Par : Édouard VALENSI (58)Rédacteur : Christian MALDIDIER (54)Editeur : L’Harmattan, 2017 - 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

Ce qu’Édouard Valen­si nous pro­pose c’est une mono­gra­phie sur la drogue, la drogue, porte du bon­heur, mais un bon­heur de plomb, et l’enfer pour chaque drogué et pour la société.

Car, toutes les drogues, à court ou à plus long terme, ont un impact négatif et per­sis­tant sur le cerveau. Nous sommes en présence d’un chiffre d’affaires mon­di­al de 300 G$, dont 2 % pour les pro­duc­teurs, le reste tombant dans les mains du grand ban­ditisme. On est dans un marché d’offre et de demande où les prix n’ont aucune sig­ni­fi­ca­tion économique. De plus, cette masse d’argent ne béné­fi­cie pas à l’économie mon­di­ale. En France, 5 mil­lions de con­som­ma­teurs, dont un nom­bre crois­sant d’adolescents, pour un coût de 4 G€, prin­ci­pale­ment du cannabis. Des gou­verne­ments lax­istes, dans un pays où les opin­ions se parta­gent à égal­ité (50 % pour la légal­i­sa­tion, 50 % con­tre), dont le cre­do est « pas de scan­dale ». Notre cama­rade décrit dans le détail l’organisation des trafics : des réseaux dont la par­tie la plus impor­tante prend place dans le silence coupable de gou­verne­ments « accueil­lants ». Proches des con­som­ma­teurs, ce sont de véri­ta­bles petites entre­pris­es qui tra­vail­lent en util­isant les ser­vices d’un per­son­nel sous-payé, au con­tact des clients, qua­si en con­di­tions de servi­tude et de pau­vreté ; ce qui, de plus, ne règle pas le prob­lème dif­fi­cile des quartiers sen­si­bles. Mais il ne faut pas oubli­er que la drogue est un instru­ment de pou­voir. À l’échelon mon­di­al, la lutte con­tre le traf­ic n’est pas au niveau où elle devrait être. On s’est attaqué à des per­son­nes et non à des réseaux. Toutes les solu­tions qui ont été mis­es en œuvre n’ont pas don­né les résul­tats qu’on en attendait (répres­sion, inter­cep­tion de car­gaisons, dépé­nal­i­sa­tion, salles de shoot, créa­tion de réseaux offi­ciels). Il faut pass­er à la vitesse supérieure et s’attaquer aux réseaux. C’est une oblig­a­tion impéra­tive qui demande une volon­té de l’État, volon­té qui n’existe pas aujourd’hui. Au niveau de l’Europe, tous les pays n’ont pas une approche iden­tique du prob­lème. Or, nous avons la chance de dis­pos­er de deux organ­i­sa­tions effi­caces, Europol et Euro­just, équipées des out­ils infor­ma­tiques et sci­en­tifiques de plus en plus sophis­tiqués. Le tra­vail, qui doit être, d’abord, un tra­vail de ren­seigne­ment, per­me­t­trait de porter aux trafics des coups cer­tains. Un livre pas­sion­nant qui nous incite à inten­si­fi­er la lutte con­tre un des grands fléaux actuels. Nous avons réus­si à baiss­er la mor­tal­ité sur les routes, nous devri­ons pou­voir obtenir des résul­tats con­tre les trafics ?

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