Les assureurs sont face à la gestion des risques

Dossier : Dossier FFEMagazine N°703 Mars 2015
Par Virak NOU (00)
Par Sylvestre FREZAL (00)

Quelles sont les évolutions de fond du marché de l’assurance ?

Virak NOU : La pre­mière rup­ture majeure est finan­cière. Nous sommes dans un envi­ron­nement de taux bas qui frag­ilise les assureurs et com­plex­i­fie leur pilotage.

A PROPOS DE PARI

PARI (Programme sur l’Appréhension des Risques et des Incertitudes) est une chaire de recherche portée par l’Institut Europlace de Finance, avec l’ENSAE/CREST et Sciences Po.
Son objectif est d’identifier le champ de pertinence de nos concepts et outils d’appréhension des risques.
Elle est financée par ACTUARIS, La Financière de la cité, Generali et le Groupe Monceau.

La sec­onde est régle­men­taire, avec l’arrivée de Solv­abil­ité 2 qui boule­verse les règles du jeu de solv­abil­ité et de rentabilité.

Et la dernière est tech­nologique dans la mesure où le big data crée de nou­velles attentes de la part des assurés, et pour­rait faire explos­er le marché au prof­it des GAFA.

Comment réagir ?

Sylvestre FREZAL : Une réflex­ion de fond est néces­saire, sur les plans con­ceptuel et tech­nologique, car nos méth­odes d’appréhension des risques ne sont pas adap­tées à ce nou­v­el environnement.

His­torique­ment, les assureurs savent mutu­alis­er : ils gèrent la masse et noient l’aléa dans la loi des grands nom­bres. Ils ont une vision agrégée, sta­tis­tique, des risques ; il va fal­loir bas­culer dans une appréhen­sion indi­vid­u­al­isée : une ges­tion de l’aléa et non sim­ple­ment de l’hétérogénéité.

Les outils probabilistes, en actuariat et en finance mathématique, sont faits pour cela, non ?

S. F : Ils sont per­ti­nents lorsqu’on observe un grand nom­bre d’occurrences, lorsque l’espérance peut s’incarner dans une moyenne. C’est val­able pour un assureur qui cal­cule un tarif, ou une banque qui tar­i­fie une option.

À PROPOS D’ACTUARIS

Filiale d’ADDACTIS Group, ACTUARIS est un des leaders européens en actuariat-conseil et premier éditeur de logiciels actuariels.
Il intervient auprès de plus de 200 organismes assureurs et se développe à l’étranger via sa filiale ADDACTIS Worldwide.

Mais avec le big data, les assurés souhaiteront du con­seil préven­tif. L’assureur va devoir faire une « révo­lu­tion quan­tique », chang­er sa posi­tion d’observateur, pass­er d’une vision macro à une vision individuelle.

Bref com­pren­dre et expli­quer la nature de l’imprévisible et de sa quantification.

V. N : Au niveau financier, les taux sont désor­mais trop bas pour que l’on puisse se per­me­t­tre de gér­er les aléas des marchés dans le temps en les mutu­al­isant. Les assureurs n’auront plus d’amortisseurs et seront sur la corde raide.

Cela impose de repenser les out­ils d’allocation d’actif, qui jusqu’ici repo­saient sur des grandeurs sta­tis­tiques issues de cal­culs stochastiques.

Quel est l’objectif de l’association entre PARI et ACTUARIS ?

V. N : Nous avons créé PARI pré­cisé­ment pour iden­ti­fi­er les lim­ites de nos out­ils actuels d’ap­préhen­sion des risques, délim­iter leur champ de per­ti­nence, et le cas échéant trou­ver des alternatives.

Cela mobilis­era prin­ci­pale­ment deux champs dis­ci­plinaires : l’épisté­molo­gie, pour com­pren­dre leur per­ti­nence intrin­sèque, et la soci­olo­gie, pour com­pren­dre la façon dont ils sont util­isés, puis ain­si iden­ti­fi­er l’éventuel « mis­match » (ou décalage).

S. F : Et cela doit porter ses fruits dans la com­préhen­sion et le pilotage des les poli­tiques pru­den­tielles, dans l’al­lo­ca­tion stratégique d’ac­t­ifs et les solu­tions d’as­sur­ance de demain.

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