L’épidémiologie humaine

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°619 Novembre 2006Par : Sous la direction d’Alain-Jacques Valleron (63) Avec la collaboration de plusieurs auteurs dont Daniel Schwartz (37), Guy Thomas (71), Jean-Christophe Thalabard (69), Khashayar Pakdaman (85), Henri Leridon (62)Rédacteur : JR

L’épidémiologie a obte­nu des résul­tats majeurs à par­tir des années cin­quante avec par exemple la décou­verte du rôle can­cé­ri­gène du tabac ou l’identification des fac­teurs de risques car­dio­vas­cu­laires. Depuis les années 1980, la demande en épi­dé­mio­lo­gie change : volon­té de connaître avec pré­ci­sion, et sou­vent en temps réel, mor­bi­di­té, mor­ta­li­té de la popu­la­tion, et expo­si­tion aux dif­fé­rents fac­teurs de risques aux­quels elle est sou­mise ; pré­vi­sion des risques émer­gents et recherche des moyens opti­maux pour les contrô­ler ; éva­lua­tion de risques très faibles, notam­ment envi­ron­ne­men­taux, mais concer­nant de très grandes popu­la­tions et pou­vant de ce fait avoir des consé­quences notables de san­té publique.

Com­ment faire face à cette demande scien­ti­fique et sociale crois­sante en épi­dé­mio­lo­gie ? C’est pour répondre à cette ques­tion que l’Académie des sciences a sus­ci­té ce rap­port sur l’épidémiologie humaine.

Le rap­port ana­lyse l’état des forces fran­çaises et démontre qu’il y a un défi­cit en termes d’effectifs, de cher­cheurs et de labo­ra­toires. Il sou­ligne l’absence d’informations épi­dé­mio­lo­giques a prio­ri élé­men­taires. En miroir, il constate qu’il existe de gigan­tesques bases de don­nées médi­cales, construites dans des buts ges­tion­naires, et actuel­le­ment mal valo­ri­sées, qui pour­raient être uti­li­sées par la recherche. Il insiste sur le besoin de créer des obser­va­toires épi­dé­mio­lo­giques puis­sants dont le coût est analysé.

L’analyse de ces très grandes bases de don­nées néces­site de faire appel à des tech­niques sta­tis­tiques inno­vantes ; le rap­port montre aus­si que l’épidémiologie moderne néces­site le recours à d’autres champs des mathé­ma­tiques tels le cal­cul des pro­ba­bi­li­tés, l’analyse numé­rique, la théo­rie de sys­tèmes com­plexes, la modé­li­sa­tion en général.

Le rap­port décrit, à tra­vers le cas des patho­lo­gies les plus fré­quentes (mala­dies infec­tieuses, car­dio­vas­cu­laires, démences, vieillis­se­ment, can­cers), com­ment l’épidémiologie se déve­loppe en lien intime avec les dif­fé­rentes dis­ci­plines bio­lo­giques, notam­ment la géno­mique ; il rap­pelle l’importance des sciences humaines et sociales en épi­dé­mio­lo­gie, sans les­quelles le déter­mi­nisme de la plu­part des mala­dies est incom­pré­hen­sible. Le défi est donc d’organiser sans com­pro­mis les mul­ti­dis­ci­pli­na­ri­tés nécessaires.

Le rap­port exa­mine enfin le rôle de l’épidémiologie en tant que science et sup­port de la déci­sion médi­cale et de la San­té publique, et ses dif­fi­cul­tés à faire pas­ser ses conclu­sions dans la pra­tique, notam­ment dans le domaine de l’enseignement.

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