L’énergie nucléaire a‑t-elle un avenir ?

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°594 Avril 2004Par : Hervé Nifenecker (55)Rédacteur : Jean-Marc JANCOVICI (81)

Her­vé Nife­ne­cker est conseiller scien­ti­fique de l’IN2P3, l’Institut natio­nal de phy­sique nucléaire et de phy­sique des par­ti­cules (labo­ra­toire du CNRS), et res­pon­sable de l’activité “ Éner­gie ” de la Socié­té fran­çaise de physique.

Peut-on répondre à une telle ques­tion en 60 pages d’un for­mat “ mini-poche ”, qui consti­tue le stan­dard de la col­lec­tion des “ Petites Pommes du Savoir ” ? C’est le pari – auda­cieux – fait par l’auteur, qui de ce fait a négo­cié comme il a pu avec cette maxime bien connue des vul­ga­ri­sa­teurs : une expli­ca­tion simple est fausse, et si elle ne l’est pas elle est incompréhensible.

Il n’est pas beau­coup ques­tion de nucléaire dans toute la pre­mière par­tie de l’ouvrage, qui est en fait sur­tout consa­crée aux contraintes du sys­tème éner­gé­tique : le chan­ge­ment cli­ma­tique, l’épuisement des éner­gies fos­siles com­modes d’emploi et peu chères à l’extraction, les limi­ta­tions des éner­gies renou­ve­lables, et le désir de ceux qui ne connaissent pas l’abondance d’y accé­der. Sans grande sur­prise, la conclu­sion est que le nucléaire est incon­tour­nable si nous enten­dons à la fois conser­ver un mode de vie pas très éloi­gné de l’actuel, et per­mettre à ceux qui ne l’ont pas encore d’y accé­der, sans faire sau­ter la marmite.

Ce n’est que dans la deuxième par­tie que l’auteur rentre vrai­ment dans le vif du sujet, c’est-à-dire qu’il com­mence vrai­ment à évo­quer le nucléaire. Quelques pages rapides pour rap­pe­ler ce qu’est cette éner­gie, puis l’auteur va direc­te­ment vers la ques­tion qu’il estime cen­trale : l’avenir du nucléaire, qui pour lui ne fait aucun doute compte tenu de ce qui a été expo­sé avant, passe obli­ga­toi­re­ment par le déve­lop­pe­ment de ce que l’on appelle la sur­gé­né­ra­tion. C’est en effet la seule filière tech­nique à même d’assurer quelques mil­lé­naires de fonc­tion­ne­ment pour un nucléaire civil plus lar­ge­ment employé qu’aujourd’hui. Suivent enfin des élé­ments de réponse à quelques ques­tions (déchets, sûre­té), trop som­maires pour le curieux, mais qui visent à don­ner l’essentiel au lec­teur pres­sé, et ne cher­chant pas le long débat contra­dic­toire. En effet, le for­mat rete­nu (60 pages for­mat “ micro ”) ne per­met pas la prolepse !

Cela étant, pour qui n’est pas oppo­sé par prin­cipe au recours à l’énergie nucléaire, ce livre a le mérite d’expliquer sim­ple­ment et rapi­de­ment à la fois les limi­ta­tions en termes de res­sources du nucléaire actuel – son prin­ci­pal incon­vé­nient, mécon­nu du grand public, mais bien connu des spé­cia­listes – et les “ voies de recours ” qui per­met­traient de contour­ner cet obs­tacle, et qui sont pré­ci­sé­ment au cœur des études sur le nucléaire de qua­trième génération.

Ce n’est pas à pro­pre­ment par­ler une intro­duc­tion au prin­cipe de cette éner­gie, mais plu­tôt un plai­doyer, rapide à lire et bien argumenté.

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