Recyclage des plastiques

Le recyclage des plastiques, un nouveau gisement d’emplois en Europe

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°763 Mars 2021

En 2018, la Chine a fer­mé ses fron­tières à l’importation de déchets plas­tiques. Ce boule­verse­ment du marché au niveau mon­di­al s’est accom­pa­g­né simul­tané­ment d’une prise de con­science quant aux excès de l’usage de plas­tiques à usage unique. Si tout doit être fait pour engager une baisse de la con­som­ma­tion de matière, il n’en reste pas moins que son usage est omniprésent — et que la crise de Covid-19 a de sur­croît démon­tré les excep­tion­nelles qual­ités tech­niques, san­i­taires voire économiques du plas­tique. Cela souligne l’enjeu du recy­clage des plas­tiques, encore trop peu dévelop­pé. Un recy­clage au fort poten­tiel envi­ron­nemen­tal, mais aus­si économique et social, cette indus­trie pou­vant être créa­trice d’emplois en France et en Europe.

Un enjeu : doubler le taux de recyclage en Europe

Le plas­tique a des car­ac­téris­tiques qui expliquent l’intérêt qu’on lui porte — résis­tance et dura­bil­ité — mais aus­si les risques qu’ils com­por­tent lorsque sa fin de vie est mal gérée et qu’il devient un pol­lu­ant dans la nature. Il est aus­si con­som­ma­teur de ressources fos­siles non renou­ve­lables. Deux raisons qui jus­ti­fient la néces­sité de son meilleur recy­clage. Et c’est là que le bât blesse. Il n’était que de 32,5 % en 2019. Face au défi, l’Europe s’est dotée d’une stratégie ambitieuse visant à attein­dre 60 % de plas­tiques recy­clés en 2025. Un coup de pouce pour les métiers du recy­clage en par­ti­c­uli­er, qui pour­raient accéder à un gise­ment de déchets de qual­ité, et pour l’économie européenne en général, avec 200 000 emplois à la clé.

Recruter localement

Car encour­ager le recy­clage, c’est con­solid­er, en Europe, une véri­ta­ble fil­ière indus­trielle et tout un écosys­tème d’acteurs ancrés au coeur des ter­ri­toires. Le recy­clage des plas­tiques est d’autant plus per­for­mant au niveau envi­ron­nemen­tal que les déchets ne sont pas trans­portés sur des dis­tances excessives.

C’est aus­si sus­citer un nou­veau besoin d’emplois qual­i­fiés, indis­pens­able pour saisir cette for­mi­da­ble oppor­tu­nité qui per­me­t­tra à l’Europe de sécuris­er son appro­vi­sion­nement en matières pre­mières. La trans­for­ma­tion de la matière pre­mière sec­ondaire exige une tech­nic­ité spé­ci­fique, avec un grand nom­bre de métiers qui restent encore à inven­ter, les pro­fils issus de la plas­turgie n’ayant pas les com­pé­tences req­ui­s­es. Veo­lia, qui table sur un dou­ble­ment de la taille de son activ­ité recy­clage des plas­tiques, prévoit ain­si de dou­bler ses effec­tifs dédiés à cette activ­ité dans les prochaines années et d’organiser un pro­gramme de for­ma­tion ad hoc, pour faire émerg­er les com­pé­tences dont il a besoin.

Faire sauter les verrous

Le développe­ment du recy­clage des plas­tiques devra faire sauter deux prin­ci­paux ver­rous. Un ver­rou cul­turel : le pro­duit recy­clé est perçu comme low-cost et peu qual­i­tatif, et l’industrie reste large­ment réfrac­taire à l’usage du recy­clé plutôt que de la matière vierge. 

C’est pourquoi Veo­lia s’emploie pour sa part à amélior­er la tech­nic­ité des pro­duits recy­clés, pour qu’ils rem­pla­cent — en mieux ! — la matière vierge.

Un ver­rou économique : dans une pure logique de marché, le prix de la matière recy­clée est indexé à celui de la matière vierge — donc du cours très volatil du pét­role. Pour le décor­rel­er et pou­voir con­stru­ire une indus­trie du recy­clage durable, l’obligation d’utiliser des recy­clés là où c’est pos­si­ble est un bon moyen. Les bouteilles PET sont déjà con­cernées, l’UE imposant d’y injecter au moins 25 % de matière recy­clée dès 2025.

Multiplier les boucles de valorisation

La pres­sion des citoyens et des con­som­ma­teurs, asso­ciée aux nou­velles dis­po­si­tions régle­men­taires, per­me­t­tra de créer de nou­velles boucles cir­cu­laires. Comme celle créée en France par Veo­lia avec les jar­diner­ies Botan­ic, Poétic et l’entreprise d’insertion Elise, pour recy­cler les pots hor­ti­coles qui ne peu­vent être réu­til­isés : ramenés en mag­a­sin, ils sont recy­clés par Veo­lia puis reven­dus par la même enseigne. Ou encore celle organ­isée à Ham­bourg. L’association de Veo­lia d’Unilever, de la vile, de la chaîne de drogueries Bud­ni et des experts en matéri­aux de l’Université de tech­nolo­gie, a per­mis de met­tre en rayons une bouteille de déter­gent en plas­tique PEHD 100 % recy­clé provenant de la col­lecte munic­i­pale. La nou­velle économie des plas­tiques n’a pas fini de faire des boucles… 

Rédigé par Sven Saura


En bref

Veo­lia ambi­tionne de recy­cler 610 000 tonnes/an de déchets plas­tiques dans le monde en 2023, avec une forte présence en Asie et en Europe. Son exper­tise dans le domaine lui per­met de traiter plusieurs types de résines pou­vant être réu­til­isées par ses clients indus­triels, comme le PEE, le PEHD ou encore le PP. Le groupe met son exper­tise au ser­vice du développe­ment de grades de haute qual­ité per­me­t­tant l’accès à de nou­veaux usages tech­niques comme l’automobile ou san­i­taire comme l’alimentaire. Inve­stir dans une chaîne d’approvisionnement en plas­tique pour­rait aider à récupér­er les 95 % estimés de la valeur des embal­lages en plas­tique — soit env­i­ron 113 Md$ — per­dus chaque année par l’économie mondiale.


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