Livre : LE PULL-OVER DE BUCHENWALD par Bertrand Herz (51)

Le pull-over de Buchenwald

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°705 Mai 2015Par : Bertrand HERZ (51)Rédacteur : Hubert LÉVY-LAMBERT(53), président de X-MonumentEditeur : Éditions Tallandier – 2015 – 2, rue Rotrou, 75006 Paris.

Sous-titré J’avais 14 ans dans les camps de la mort, ce livre con­stitue ce que l’on appelle dans un autre con­texte un com­ing out. Déporté à Buchen­wald à l’âge de 14 ans avec ses par­ents qui n’en sont pas revenus, Bertrand Herz a en effet gardé pour lui pen­dant près d’un demi-siè­cle ses ter­ri­bles souvenirs.

Il n’en a pas par­lé en pré­pa, ni à l’X, ni à ses col­lègues, ni même à sa femme et à ses enfants. Comme beau­coup de vic­times de la Shoah, il a essayé d’oublier et de ne pas se singulariser.

Né en 1930 de Willy Herz, ingénieur chez Alsthom, com­man­dant d’une bat­terie d’artillerie à Ver­dun, et de Louise Lam­bert, Bertrand passe une enfance heureuse au Vésinet.

Réfugiés en 1942 à Toulouse, les Herz sont arrêtés le 5 juil­let 1944 par la police alle­mande comme juifs et aus­sitôt expédiés à Buchen­wald où ils arrivent le 6 août.

Un des plus jeunes déportés, Bertrand voit son père mourir sous ses yeux, puis apprend la mort de sa mère mais il survit mirac­uleuse­ment – peut-être grâce à un pull-over échangé par son père con­tre du tabac ? – aux sévices quo­ti­di­ens des camps de con­cen­tra­tion jusqu’à l’arrivée des Améri­cains qui libèrent Buchen­wald le 11 avril 1945.

Il se retrou­ve à l’hôtel Luté­tia, lieu de tran­sit de tous les déportés retour d’Allemagne et est pris en charge avec son frère et sa sœur par une tante et un oncle qui les traiteront comme leurs enfants.

Un demi-siè­cle après, après une car­rière d’informaticien dans dif­férents organ­ismes publics et privés, Bertrand est rat­trapé par son passé et accepte de devenir prési­dent du Comité inter­na­tion­al Buchen­wald Dora (CIBD). Il par­ticipe à ce titre, le 5 juin 2009, à une céré­monie avec Elie Wiesel aux côtés de Barack Oba­ma et d’Angela Merkel (voir La Jaune et la Rouge, août-sep­tem­bre 2009, p. 102).

Ce livre émou­vant est à lire par ceux qui ont con­nu la guerre comme par les jeunes généra­tions qui ont du mal à com­pren­dre ce que pensent les Français juifs des événe­ments récents de Brux­elles, Copen­h­ague, Paris, Sar­celles, Sarre-Union, Toulouse et ailleurs.

Il témoigne pour tous ceux qui ne sont pas revenus des camps de la mort, dont les noms sont inscrits au Mémo­r­i­al de la Shoah, rue Geoffroy‑l’Asnier.

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