“Le monde change et la pratique du droit doit aussi changer !”

Dossier : Vie des EntreprisesMagazine N°737 Septembre 2018
Par Xavier NORLAIN

Dites-nous-en plus sur votre métier d’avocat d’affaires ? Comment a‑t-il évolué au cours des dernières années ?

Depuis les années 80, notre méti­er a con­sid­érable­ment évolué notam­ment parce que le droit des affaires d’une manière générale s’est large­ment démoc­ra­tisé. En effet, la con­nais­sance du client s’est dévelop­pée et des presta­tions de ser­vices intel­lectuelles qui pou­vaient avoir une valeur ajoutée il y a 15 ans appa­rais­sent aujourd’hui comme des ser­vices de base. Pour des cab­i­nets comme les nôtres, il n’est donc plus viable d’avoir un posi­tion­nement général­iste. L’enjeu est de se dis­tinguer en pro­posant des ser­vices à très forte valeur ajoutée qui s’appuient non seule­ment sur une grande exper­tise mais égale­ment sur une forte approche sec­to­rielle. Par ailleurs, nous devons pou­voir pro­pos­er des presta­tions con­nex­es. Il s’agit générale­ment d’outils des­tinés aus­si bien aux clients qu’aux col­lab­o­ra­teurs. Chez DLA Piper, nous avons par exem­ple une plate­forme acces­si­ble sur la base d’un abon­nement autour de la ques­tion de la cyber-sécu­rité pour per­me­t­tre à nos clients de suiv­re non seule­ment les évo­lu­tions lég­isla­tives et règle­men­taires, mais surtout d’avoir accès à des infor­ma­tions sur ce marché, ses enjeux tech­nologiques et économiques, ses acteurs, etc… Nous menons ain­si une véri­ta­ble réflex­ion stratégique autour de la rela­tion client et de ses enjeux. Un autre exem­ple est la pub­li­ca­tion par le bureau de Paris du « Guide Du Numérique » qui reflète nos exper­tis­es juridiques et nos réflex­ions plus générales autour de la dig­i­tal­i­sa­tion. C’est le fruit d’un tra­vail col­lab­o­ratif avec des start-ups, des groupes indus­triels et leurs départe­ments de R&D.

Plus particulièrement, qu’en est-il de la digitalisation ?

Elle nous per­met d’apporter de la valeur ajoutée à nos presta­tions et de pro­fes­sion­nalis­er nos fonc­tions sup­ports. De plus en plus de cab­i­nets, comme DLA Piper, se posi­tion­nent sur des out­ils dig­i­taux pour ratio­nalis­er et indus­tri­alis­er les proces­sus à faible valeur ajoutée, tou­jours dans cette optique de nous con­cen­tr­er sur la réelle plus-val­ue que nous pou­vons offrir à nos clients. Au niveau des due dili­gence, par exem­ple, nous dévelop­pons l’utilisation du logi­ciel KIRA qui va nous per­me­t­tre de gag­n­er en réac­tiv­ité et en com­péti­tiv­ité en automa­ti­sant un cer­tain nom­bre de tâch­es à très basse valeur ajoutée tra­di­tion­nelle­ment assignées aux avo­cats juniors. Nous util­isons aus­si le logi­ciel « EXARI » qui per­met de génér­er automa­tique­ment des con­trats com­mer­ci­aux basiques néces­si­tant juste un paramé­trage sim­ple par l’avocat.

Comment vous adaptez-vous à cette digitalisation qui est décrite comme une 2e révolution industrielle pour les cabinets d’avocats ?

Cette dig­i­tal­i­sa­tion de nos métiers néces­site une adap­ta­tion cul­turelle et des investisse­ments. L’enjeu est de sen­si­bilis­er les avo­cats aux évo­lu­tions que con­naît leur secteur d’activité. Le monde change et la pra­tique du droit doit aus­si chang­er ! En par­al­lèle, il faut être en mesure de bien choisir ses out­ils et de met­tre en place les for­ma­tions adéquates. Il faut ensuite pou­voir ratio­nalis­er ces nou­veaux procédés et nos ser­vices en ter­mes de coûts et d’honoraires. Il faut enfin s’assurer que ces out­ils dig­i­taux n’auront pas d’effets sec­ondaires regret­ta­bles sur notre pra­tique. Prenons par exem­ple les logi­ciels pré­dic­tifs. Ils se basent sur des déci­sions de jus­tice passées pour prédire les déci­sions futures. Cela laisse peu de place à la créa­tiv­ité et cristallise le droit, qui a pour­tant aus­si voca­tion à évoluer avec la société. 

Et pour conclure ?

Une fois l’expertise et la con­nais­sance sec­to­rielle acquis­es, c’est l’expérience qui joue le rôle de vecteur de dif­féren­ci­a­tion. Dans ce con­texte, la for­ma­tion des jeunes tal­ents et le développe­ment de leur créa­tiv­ité doivent être une pri­or­ité pour des cab­i­nets comme les nôtres afin de pou­voir jus­ti­fi­er auprès de nos clients notre valeur ajoutée et nos hon­o­raires correspondants. 

EN BREF
• Un cab­i­net inter­na­tion­al mul­ti­ser­vice spécialisé
• 4 500 avo­cats dans le monde
• 320 col­lab­o­ra­teurs en France, dont 190 avocats
• 2.5 mil­liards d’euros de chiffre d’affaires
• 72 bureaux répar­tis dans 48 pays à tra­vers le monde 

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