Le luxe Une réinvention permanente

Le luxe, une réinvention permanente

Dossier : Le luxe et ses paradoxesMagazine N°805 Mai 2025
Par Yves CAUCHON (X97)

Enfin un dos­sier sur l’industrie du luxe dans La Jaune et la Rouge ! Récem­ment, je ren­con­trais un X78. Sans le savoir, il m’offrait la par­faite accroche pour la pré­face : « Et dans quoi offi­cies-tu ? », me demande-t-il, avec le tutoie­ment d’usage ; « Dans l’industrie du luxe ! », dis-je, enthou­siaste ; « Ah… » et, après quelques secondes de réflexion, « Il y a bien des X qui deviennent prêtres… » Est-ce à dire que notre indus­trie aurait à voir avec le sacré ? Sans aller jusqu’à cet extrême (mais nous pour­rions y réflé­chir), il semble para­doxal à beau­coup que des poly­tech­ni­ciens y tra­vaillent. C’est, en réa­li­té, le moindre para­doxe de notre secteur.

« Le super­flu, chose très néces­saire », écri­vait Vol­taire (Le Mon­dain – 1736). L’industrie du luxe crée, manu­fac­ture, dis­tri­bue à l’échelle inter­na­tio­nale des biens et des ser­vices pré­cieux et de qua­li­té, acces­sibles seule­ment à une mino­ri­té, qui ne cor­res­pondent à aucune néces­si­té. Prin­ci­pa­le­ment fran­çaise et ita­lienne, elle crée une très tan­gible richesse natio­nale. Elle est un agent de rayon­ne­ment et d’influence de la France dans le monde. Dans le même temps, cette dis­tri­bu­tion glo­bale de pro­duits ou ser­vices consi­dé­rés comme excep­tion­nels et inac­ces­sibles implique que ces mêmes pro­duits et ser­vices demeurent rare­ment l’apanage d’une mino­ri­té. Une telle ten­sion para­doxale entre exclu­si­vi­té et bana­li­sa­tion cata­lyse une réin­ven­tion per­ma­nente, une force créa­tive qui carac­té­rise cette indus­trie, s’exprimant dans les objets pro­duits, dans les expé­riences offertes et dans le dia­logue constant avec le monde des arts et de la culture.

“Le superflu, chose très nécessaire.”

Pour les experts du luxe, il est facile de poser de nom­breux autres para­doxes, appa­rents ou réels : intem­po­ra­li­té et mode, tra­di­tion et dis­rup­tion, créa­ti­vi­té et ratio­na­li­té éco­no­mique, objets tan­gibles et désir, arti­sa­nat et repro­duc­tion indus­trielle, super­flui­té et res­pon­sa­bi­li­té, art et com­merce, cool et pres­tige, dis­tri­bu­tion glo­bale et per­ti­nence locale, etc. Répondre à ces para­doxes est l’objectif prin­ci­pal des lea­ders de l’industrie et le creu­set même de la dési­ra­bi­li­té des marques. Graal suprême ! Cou­plée à l’exclusi­vité, la dési­ra­bi­li­té assure la pros­pé­ri­té des mai­sons de luxe.

Nous avons deman­dé à des pro­fes­sion­nels de l’industrie, majo­ri­tai­re­ment Xe et X, de nous en par­ler, de pré­sen­ter leurs acti­vi­tés et leurs métiers, en réflé­chis­sant aux para­doxes décrits ci-des­sus. Il n’y a pas de plus puis­sant sti­mu­lant pour la réflexion. Nous avons éga­le­ment vou­lu mon­trer la diver­si­té de notre sec­teur : ses dif­fé­rents savoir-faire, ses métiers, ses acteurs, des géants du CAC 40 aux PME fami­liales. Il fau­drait en réa­li­té un deuxième, voire un troi­sième dos­sier, pour cou­vrir la grande diver­si­té des acti­vi­tés du luxe, par exemple l’hôtellerie, non abor­dée ici. Nous espé­rons que vous éprou­ve­rez autant de plai­sir à lire le dos­sier que nous en avons eu à le pré­pa­rer et qu’il éclai­re­ra pour­quoi des cama­rades ont déci­dé un jour de rejoindre cette indus­trie à la jonc­tion de la créa­ti­vi­té, des savoir-faire et du commerce.

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