Le dynamisme de l’économie américaine : une simple question d’attitude ?

Dossier : Les X en Amérique du NordMagazine N°617 Septembre 2006
Par Thomas Le DIOURON (94)

Ayant eu l’op­por­tu­nité de vivre et de tra­vailler pen­dant plusieurs années à l’é­tranger — notam­ment au Japon et aux Etats-Unis — j’ai tou­jours été par­ti­c­ulière­ment sen­si­ble à la manière avec laque­lle chaque cul­ture peut réa­gir dif­férem­ment dans des sit­u­a­tions sem­blables. L’ob­ser­va­tion de ces dif­férences au quo­ti­di­en per­met de se con­stru­ire une assez bonne com­préhen­sion de la men­tal­ité de chaque peu­ple, et au delà, d’i­den­ti­fi­er les forces et les faib­less­es rel­a­tives telles qu’elles ont pu être façon­nées par les envi­ron­nements cul­turels et socio-économiques. Je me pro­pose d’il­lus­tr­er cette pseu­do-méth­ode en me con­cen­trant sur le monde du tra­vail aux Etats-Unis et en analysant com­ment le rap­port au tra­vail y est différent.

Le système éducatif

Il faut d’abord con­stater que notre com­porte­ment au tra­vail est forte­ment influ­encé par ce que nous avons vécu à l’é­cole. Le rôle du sys­tème édu­catif, du moins sous une per­spec­tive économique, est essen­tielle­ment de pro­duire de futurs tra­vailleurs, et la manière dont le moule édu­catif aura façon­né et fil­tré ses tra­vailleurs con­di­tion­nera leurs com­porte­ments dans le monde du travail.

Les dif­férences, dès le plus jeune âge, sont fon­da­men­tales : dans le sys­tème français, on pose un prob­lème pré­cis à l’élève, on lui four­nit des out­ils et son objec­tif est d’ar­riv­er à la solu­tion à par­tir de ces out­ils — notez qu’il s’ag­it générale­ment d’une solu­tion unique. Les élèves ne tra­vail­lent pas ensem­ble sur le prob­lème, mais seuls. En pra­tique ils sont en con­cur­rence puisque celui qui y parvient le plus rapi­de­ment est récom­pen­sé tan­dis que celui qui n’y parvient pas est perçu en sit­u­a­tion d’échec. Les erreurs par rap­port à la solu­tion sont sanc­tion­nées, et on décompte des points par rap­port à une note max­i­male théorique.

Ce sys­tème, qui fil­tre une classe d’âge pour en sélec­tion­ner les meilleurs exé­cu­tants, les élèves les mieux appliqués et les plus dis­posés à jouer le jeu du sys­tème, con­duit à une hiérar­chi­sa­tion de la pop­u­la­tion des futurs tra­vailleurs, de sorte que, dès sa sor­tie du sys­tème sco­laire, cha­cun est à peu près fixé sur son futur statut et ses pré­ten­tions. On préjuge ain­si du poten­tiel des indi­vidus. Ceux qui ont le mieux résolu leurs exer­ci­ces à l’âge de vingt ans se retrou­vent de manière qua­si-sys­té­ma­tique aux postes de respon­s­abil­ité de la société.

A l’in­verse de sanc­tion­ner l’er­reur, le sys­tème améri­cain va récom­penser la créa­tiv­ité, favoris­er l’ex­pres­sion et encour­ager la prise de risque. L’ac­qui­si­tion de con­nais­sances, notam­ment dans les petites class­es, est sec­ondaire par rap­port au développe­ment de com­pé­tences comme l’é­coute et le respect de l’autre, la con­fi­ance en soi ou l’ar­gu­men­ta­tion d’une opin­ion. Dans ce cadre, des dis­ci­plines sco­laires qui ne sont absol­u­ment pas dis­crim­i­nantes en France devi­en­nent ici prépondérantes : les activ­ités sportives, l’ex­pres­sion artis­tique, la par­tic­i­pa­tion à la vie com­mu­nau­taire à tra­vers des char­ités ou des actions environnementales.

Des sta­tis­tiques pré­cis­es exis­tent et classent le niveau sco­laire dans chaque pays du monde, par exem­ple en se bas­ant sur la pro­por­tion d’une classe d’âge de chaque pays à pou­voir résoudre une équa­tion du sec­ond degré. De mémoire les meilleurs élèves sont asi­a­tiques (coréens et hongkon­gais), les français sont plutôt bien placés et les améri­cains sont ridi­culisés dans les pro­fondeurs du classe­ment. Ce que ne voit pas ce type d’é­tudes, c’est juste­ment les dif­férences de com­porte­ment qui, indépen­dam­ment des con­nais­sances, con­di­tion­nent les évo­lu­tions futures de ces élèves dans le monde du tra­vail. Pour car­i­ca­tur­er à l’ex­trême, le stéréo­type du français qui réus­sit bien dans son sys­tème sco­laire c’est Agnan, le célèbre pre­mier de la classe du Petit Nico­las, tan­dis que le stéréo­type améri­cain est un gail­lard ath­lé­tique, au savoir certes peu ency­clopédique mais en tout cas bien dans sa peau, grand com­mu­ni­cant et plein de con­fi­ance en lui.

Des choix permanents

En tout domaine, la diver­sité de l’of­fre fait que l’améri­cain est sans cesse con­fron­té à des choix. C’est d’abord vrai au quo­ti­di­en pour de la con­som­ma­tion courante : la con­cur­rence com­mer­ciale est si vive que les tar­i­fi­ca­tions et les presta­tions offertes changent en con­tinu, et le con­som­ma­teur, con­stam­ment sol­lic­ité, est fréquem­ment appelé à remet­tre en ques­tion ces choix, que ce soit pour sa com­pag­nie d’as­sur­ance, sa banque ou son four­nisseur de télévi­sion câblée…

Mais cette omniprésence du choix existe aus­si à un niveau beau­coup plus fon­da­men­tal : par exem­ple on choisit dans quelle école on place ses enfants par­mi une dizaine d’é­coles pos­si­bles dans chaque quarti­er ; les critères de choix sont : les tar­ifs (l’é­cole est bien sûr payante), les moyens mis à dis­po­si­tion, la poli­tique d’en­seigne­ment, l’ex­péri­ence des enseignants et le statut social des autres par­ents. On choisit de la même manière sa paroisse, c’est-à-dire la com­mu­nauté à laque­lle on choisit d’appartenir.

L’é­tu­di­ant améri­cain choisit entre effectuer des études longues (du type PhD) et acquérir rapi­de­ment une expéri­ence pra­tique, quitte à se rep­longer plus tard dans les études (pour un MBA par exem­ple). Il choisit son uni­ver­sité en fonc­tion de ce qu’il est prêt à inve­stir en frais de sco­lar­ité. A la pre­mière embauche, il n’est pas tant jugé sur son niveau d’é­tude que sur la per­ti­nence et la cohérence des choix qu’il a fait.

Devenu tra­vailleur, c’est lui et non son employeur qui choisit ce qu’il va vers­er en coti­sa­tions sociales (les assur­ances san­té, chô­mage et retraite fonc­tion­nent prin­ci­pale­ment par des verse­ments volon­taires). S’il juge ses revenus insuff­isants, la flex­i­bil­ité du marché du tra­vail lui per­met de choisir de tra­vailler durant ses temps libres, par exem­ple en prenant un deux­ième emploi en com­plé­ment. S’il juge ses con­nais­sances trop lim­itées par rap­port à ses aspi­ra­tions, il est alors libre d’obtenir un diplôme en cours du soir, ou de quit­ter son emploi pour repren­dre ses études. On le voit son statut n’est pas néces­saire­ment figé et con­di­tion­né par ce qu’il a accom­pli l’an­née de ses vingt ans.

A l’op­posé, le sys­tème français ne stim­ule pas vrai­ment l’e­sprit de déci­sion et d’indépen­dance. Au plus valide-t-on des choix uni­verselle­ment accep­tés ; par exem­ple on ne choisit pas vrai­ment d’aller en classe pré­para­toire puis dans une école d’ingénieur, le sys­tème nous y con­duit naturelle­ment en fonc­tion de nos « per­for­mances » sco­laires. Et même le « choix » de l’é­cole d’ingénieur est large­ment influ­encé par le classe­ment des écoles. Plus tard dans l’en­tre­prise le salaire et les évo­lu­tions de car­rière sont plus ou moins dic­tés par une « grille », elle aus­si uni­verselle­ment acceptée.

Faire des choix en per­ma­nence c’est autant d’oc­ca­sion de s’as­sumer en tant qu’in­di­vidu et de se dis­tinguer des autres. Il en résulte pour l’améri­cain un sen­ti­ment d’a­gir sur sa des­tinée tan­dis que le français pour­ra vite se sen­tir pris­on­nier d’un sys­tème qui dicte ses choix, même si ce sys­tème le traite bien.

Une différente valorisation du travail

Cette dynamique améri­caine des choix a aus­si une impor­tante com­posante finan­cière. En France, un salarié va con­céder de manière oblig­a­toire une part non nég­lige­able de son salaire en coti­sa­tions sociales et impôts et obtenir en échange un accès qua­si­ment gra­tu­it aux presta­tions fon­da­men­tales telles que la san­té, l’é­d­u­ca­tion, la prévoy­ance retraite, etc. Le reste de son salaire, il l’u­tilise prin­ci­pale­ment pour réalis­er trois fonc­tions : se loger, se nour­rir et se divertir.

Le salarié améri­cain va subir en pro­por­tion moins de prélève­ments oblig­a­toires sur son salaire, cepen­dant sa respon­s­abil­ité finan­cière est bien plus grande que celle de son homo­logue français : avec la somme virée sur son compte ban­caire il doit notam­ment pay­er l’é­cole de ses enfants ($1,000 par mois et par enfant dès l’é­cole mater­nelle!), pay­er ses frais médi­caux, met­tre de côté pour assur­er ses vieux jours (pen­sion plan) et pour pay­er l’u­ni­ver­sité à ses enfants (col­lege fund), sans oubli­er bien enten­du se loger, se nour­rir et se divertir.

Cette forte respon­s­abil­ité finan­cière se traduit logique­ment par une impor­tante val­ori­sa­tion du tra­vail. En France, tout au moins dans l’u­nivers des cadres où évolue la plu­part de nos cama­rades poly­tech­ni­ciens, le monde du tra­vail est avant tout un espace de struc­tura­tion et de déploiement de la per­son­nal­ité, un ter­rain d’ac­tion et d’oc­ca­sions de con­quête de la recon­nais­sance et de l’es­time de soi. L’aspect financier y est certes impor­tant en tant qu’indi­ca­teur quan­ti­tatif du degré de recon­nais­sance, mais en pra­tique le cadre qui gagne moins que ses col­lègues n’a pas une vie bien dif­férente. Aux Etats-Unis, cet aspect financier devient prépondérant puisqu’il con­di­tionne des élé­ments fon­da­men­taux tels que l’ac­cès à des presta­tions médi­cales ou la pos­si­bil­ité d’en­voy­er ses enfants à l’université.

De cette mesure de la per­for­mance par l’ar­gent découle une toute autre per­cep­tion de la nature du temps passé au tra­vail. Les rap­ports entre col­lègues sont cor­diaux mais générale­ment super­fi­ciels et dénués d’é­mo­tion­nel. Cha­cun se con­cen­tre sur son objec­tif indi­vidu­el et respecte le temps des autres : on ne perd pas de temps à bavarder, les paus­es café sont cour­tes et les réu­nions expédiées. Le résul­tat est impres­sion­nant d’efficacité.

Cette approche intéressée par l’ar­gent a le mérite de sim­pli­fi­er le rap­port au tra­vail et d’en ôter une grande part de sub­jec­tiv­ité. Le revenu obtenu est directe­ment lié à deux fac­teurs prin­ci­paux : la nature du tra­vail (elle-même liée au niveau de com­pé­tence de l’in­di­vidu) et le temps passé à tra­vailler. Pour accroitre ses revenus, il suf­fit donc de mon­ter en respon­s­abil­ité ou d’aug­menter son temps de tra­vail. Pour cette dernière solu­tion, les pos­si­bil­ités ne man­quent pas et sont peu lim­itées par les régle­men­ta­tions : on peut ain­si facile­ment tra­vailler en heures sup­plé­men­taires, pren­dre un autre « job » pen­dant son temps libre ou ses vacances, ou encore créer une société et la gér­er en plus de son travail.

En France, les con­trats de tra­vail inter­dis­ent générale­ment de cumuler plusieurs emplois. Le sys­tème de coti­sa­tions sociales, lié à une activ­ité, n’ac­cepte pas de cou­vrir une activ­ité sup­plé­men­taire. Les activ­ités libérales sont elles-mêmes si régle­men­tées, notam­ment au niveau des charges et des horaires d’ou­ver­ture des com­merces, qu’elles offrent à peine plus de flex­i­bil­ité que les activ­ités salariées.

Nous avons donc deux envi­ron­nements fort dif­férents qui con­di­tion­nent la notion de val­ori­sa­tion du tra­vail. Dans le cas français, le tra­vail, en con­ti­nu­ité de l’é­d­u­ca­tion, est une com­posante fon­da­men­tale de struc­tura­tion de la société. Sa valeur est une notion forte­ment sub­jec­tive et les pos­si­bil­ités pour un indi­vidu d’a­gir pour faire évoluer cette valeur sont large­ment lim­itées par la com­plex­ité des mécan­ismes régle­men­tant la durée du tra­vail et les presta­tions sociales.

Dans le cas améri­cain, le tra­vail est sim­ple­ment une source de revenus dont la valeur est dic­tée par une loi de l’of­fre et de la demande. La flex­i­bil­ité du sys­tème donne notam­ment à cha­cun la lib­erté de pou­voir accroitre ses revenus en fonc­tion des efforts sup­plé­men­taires qu’il est prêt à fournir. En échange de cette lib­erté, l’améri­cain accepte une cer­taine pré­car­ité de l’emploi. La perte d’un emploi est perçue comme une con­séquence directe d’un marché du tra­vail régi par l’of­fre et la demande. Elle met en évi­dence le besoin con­stant de se remet­tre en cause et d’a­juster ses com­pé­tences sur un marché com­péti­tif. La courte durée d’in­dem­ni­sa­tion des chômeurs con­stitue en out­re une forte inci­ta­tion à se réa­juster rapi­de­ment. Pour repren­dre une for­mule fréquem­ment employée, « la France a des amor­tis­seurs là où les Etats-Unis ont des ressorts ».

L’entreprenariat

Au-delà de la con­di­tion salar­i­ale, ces valeurs que sont l’in­no­va­tion, le dynamisme, l’ini­tia­tive privée, le goût du risque et la recherche du prof­it sont surtout de for­mi­da­bles moteurs de créa­tion d’en­tre­prise. A l’op­posée de la con­cep­tion française de l’é­tat jacobin, ordon­na­teur de l’é­conomie et qui a favorisé une cul­ture de grande entre­prise et de fonc­tion­nar­i­at, la vision améri­caine place l’en­tre­pre­neur au cen­tre de la société. Pour Thomas Jef­fer­son, c’é­tait même un des fonde­ments de la nation améri­caine : « La meilleure des sociétés est celle qui se com­pose du plus grand nom­bre pos­si­ble d’en­tre­pre­neurs indépen­dants […] seuls respon­s­ables de l’or­gan­i­sa­tion de leur tra­vail et ne rece­vant par là même d’or­dre d’au­cun mortel ».

En France, « se met­tre à son compte » représente générale­ment une rup­ture par rap­port au sys­tème par défaut qu’est le salari­at et cela com­porte une forte con­no­ta­tion de risque et d’in­cer­ti­tude. Aux Etats-Unis, c’est le résul­tat d’une démarche naturelle vers une sit­u­a­tion d’indépen­dance totale — c’est une manière d’ac­quérir sa lib­erté. Créer une entre­prise est d’ailleurs une sim­ple for­mal­ité admin­is­tra­tive (il suf­fit de pass­er un coup de télé­phone et de pay­er $400 par carte ban­caire pour enreg­istr­er une société) et les ban­ques pro­posent facile­ment des finance­ments. « Ten­ter sa chance » y est beau­coup plus acces­si­ble que cela ne l’est en France, dans les men­tal­ités comme dans les faits. L’échec n’y est pas red­outé de la même manière et il est courant de voir altern­er des sit­u­a­tions indépen­dantes avec des péri­odes d’ac­tiv­ité salariée.

Con­traire­ment à l’im­age de l’en­tre­pre­neur français, patron de PME, plutôt con­ser­va­teur et qui gère son affaire en bon père de famille, l’en­tre­pre­neur améri­cain se place aux avant-postes de l’é­conomie améri­caine dont il sym­bol­ise la moder­nité. Sa vital­ité, sa capac­ité à s’in­ve­stir et son esprit pio­nnier représen­tent un immense poten­tiel de crois­sance pour l’é­conomie américaine.

Conclusion

Dans les lignes qui précè­dent, j’ai présen­té nos tra­vailleurs améri­cains comme des indi­vidus sans com­plexe, con­fi­ants, respon­s­abil­isés dans leur choix et motivés. A l’in­verse, j’ai car­i­caturé le français en un indi­vidu rescapé des fil­tres suc­ces­sifs d’une édu­ca­tion-sanc­tion, qui aurait suivi des voies toutes tracées pour finale­ment mérit­er d’être posi­tion­né dans telle ou telle case d’un sys­tème dont il est un acteur pas­sif. Je con­cède que cette vision est par­tiale et large­ment incom­plète. Elle exclue les atouts français (citons l’e­sprit cartésien, la richesse cul­turelle, le souci d’é­gal­ité) et masquent les lim­ites améri­caines (l’ar­ro­gance, le désert cul­turel, l’in­di­vid­u­al­isme et l’im­por­tance exces­sive de l’argent).

Cette approche, bien que grossière et exagérée, apporte cepen­dant l’é­clairage suiv­ant sur le monde de l’en­tre­prise aux Etats-Unis : l’améri­cain est le pro­duit d’un sys­tème édu­catif qui favorise les inter­ac­tions et encour­age l’ini­tia­tive, d’un envi­ron­nement qui lui impose de pren­dre des déci­sions et de les assumer, de con­traintes finan­cières et sociales et d’une mesure de la per­for­mance par l’ar­gent qui le motivent à se con­cen­tr­er sur l’ef­fi­cac­ité de son tra­vail. Cette atti­tude et le rap­port au tra­vail qui en découle sont des atouts con­sid­érables pour l’é­conomie américaine.

Commentaire

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Ariellerépondre
19 décembre 2013 à 23 h 40 min

Très bien vu
Je con­firme ton analyse.
Petit détail : oui, l’é­cole publique gra­tu­ite existe bien aux Etats-Unis, mes enfants y sont allés, et elle peut-être de bonne qualité.

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