dialogue actionnarial

Le dialogue actionnarial, un engagement continu

Dossier : La finance durableMagazine N°804 Avril 2025
Par Jean-Pierre CLAMADIEU

Engie est une entre­prise majeure du pay­sage indus­triel fran­çais ain­si qu’un acteur essen­tiel de la tran­si­tion éner­gé­tique. Son expé­rience du dia­logue avec ses action­naires est donc signi­fi­ca­tive des bonnes pra­tiques en la matière. Son pré­sident en témoigne.

Le dia­logue avec ses action­naires est essen­tiel pour une entre­prise comme Engie. Résul­tat de notre his­toire et d’une volon­té forte de déve­lop­per un action­na­riat fidèle, il vise à per­mettre aux inves­tis­seurs de mieux com­prendre notre stra­té­gie, nos acti­vi­tés et nos résul­tats. Plus que de com­mu­ni­ca­tion, laquelle est bien sûr néces­saire, il s’agit bien ici d’un véri­table dia­logue, car nous essayons de com­prendre les attentes de nos inter­lo­cu­teurs pour y appor­ter les réponses les plus pré­cises et les mieux argumentées.

Identifier ses interlocuteurs

Ces inter­lo­cu­teurs, qui sont-ils ? Chez Engie, l’actionnariat est très diver­si­fié : outre les inves­tis­seurs ins­ti­tu­tion­nels, nous avons la chance de pou­voir comp­ter sur un peu plus de 500 000 action­naires indi­vi­duels, dont envi­ron 70 à 80 % résident en France, l’essentiel des autres action­naires en Bel­gique. Ces der­nières années, nous avons obser­vé une aug­men­ta­tion du nombre de nos action­naires indi­vi­duels et sur­tout l’arrivée de jeunes inves­tis­seurs, sen­sibles aux sujets cli­ma­tiques, de diver­si­té et de marque employeur. En seule­ment deux ans, notre action­na­riat indi­vi­duel a pro­gres­sé de 23 %.

Un dialogue nécessaire

Ce dia­logue est-il néces­saire ? Incon­tes­ta­ble­ment, oui. Je suis convain­cu qu’il faut main­te­nir un dia­logue per­ma­nent et aus­si nour­ri que pos­sible avec les action­naires. Cela contri­bue à une meilleure com­pré­hen­sion de la stra­té­gie et des objec­tifs de l’entreprise, tout en ren­for­çant leur confiance et leur fidé­li­té. L’écoute réci­proque, le débat, la trans­pa­rence sont néces­saires pour un dia­logue de qualité.

Cer­tains inves­tis­seurs nous inter­pellent avec des demandes pré­cises qu’ils nous adressent direc­te­ment ou, quel­que­fois, en s’organisant en coa­li­tions. Ces retours sont très utiles car ils nous conduisent à enri­chir notre com­mu­ni­ca­tion sur des sujets com­plexes, à la rendre plus intel­li­gible et à par­ta­ger avec plus de clar­té et de péda­go­gie nos stra­té­gies à moyen et long terme. C’est un inves­tis­se­ment impor­tant : je m’y implique per­son­nel­le­ment, tout comme Cathe­rine Mac­Gre­gor, notre direc­trice géné­rale. Nos équipes ESG et rela­tions inves­tis­seurs nous appuient et démul­ti­plient ces efforts. Ce dia­logue a beau­coup évo­lué ces der­nières années, en par­ti­cu­lier dans trois domaines.

Le rôle du numérique

D’abord, le recours crois­sant au numé­rique pour amé­lio­rer la qua­li­té des échanges, par exemple en matière de vote et de ques­tions-réponses lors de l’assemblée géné­rale. Engie a mis en place une pla­te­forme numé­rique pour per­mettre de poser de manière fluide des ques­tions avant l’AG, en plus du dis­po­si­tif légal des ques­tions écrites. Au cours de nos deux der­nières assem­blées, deux séances de ques­tions-réponses ont eu lieu en direct avec les action­naires pré­sents en salle et les inter­nautes, l’une d’entre elles étant exclu­si­ve­ment consa­crée aux sujets « cli­mat » qui sou­lèvent un inté­rêt croissant.

Un dialogue diversifié

Deuxième évo­lu­tion, le déve­lop­pe­ment du dia­logue action­na­rial en dehors des assem­blées. Les échanges en amont des assem­blées per­mettent de mieux com­prendre les inter­ro­ga­tions de nos action­naires, qu’ils soient indi­vi­duels ou ins­ti­tu­tion­nels, mais aus­si celles de nos sala­riés action­naires, qui repré­sentent chez Engie envi­ron 4 % du capi­tal du groupe. Ain­si chaque année, je ren­contre les vingt ou trente pre­miers inves­tis­seurs ins­ti­tu­tion­nels, les agences de conseils en vote (proxy advi­sors), notam­ment dans le cadre d’un « road­show » de gou­ver­nance mené en février et en mars. 

J’ai aus­si un ren­dez-vous annuel avec le comi­té consul­ta­tif des action­naires d’Engie, les repré­sen­tants des action­naires sala­riés et les prin­ci­pales asso­cia­tions et fédé­ra­tions d’actionnaires indi­vi­duels. C’est l’occasion d’échanger sur la stra­té­gie et les pers­pec­tives du groupe et sur les enjeux de l’assemblée géné­rale à venir. Et cela ne s’arrête pas là. Nous ren­con­trons les action­naires indi­vi­duels au cours de plu­sieurs réunions au fil de l’année à notre siège, en pro­vince et à Bruxelles. Notre équipe rela­tions action­naires s’attache à expli­quer les acti­vi­tés du groupe, notre stra­té­gie, nos per­for­mances et nos pers­pec­tives de crois­sance. Elle par­ti­cipe éga­le­ment aux démarches de place pour rendre l’investissement en Bourse plus accessible.

Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance

Troi­sième évo­lu­tion, les sujets ESG et sur­tout cli­ma­tiques sont désor­mais au centre des attentes : les action­naires portent une atten­tion crois­sante à la qua­li­té, l’exhaustivité et l’homogénéité des repor­tings per­met­tant d’appré­hender la per­for­mance extra-finan­cière de l’entreprise. Il ne suf­fit plus que les ges­tion­naires d’actifs reven­diquent un vague « ali­gne­ment ESG » : ils doivent dis­po­ser de don­nées solides, d’outils et d’approches spé­cia­li­sés dans des domaines tels que le cli­mat et la diver­si­té, l’équité et l’inclusion (DEI). La ques­tion des stan­dards de repor­ting est dès lors très impor­tante. C’est dans ce contexte qu’a été créé l’International Sus­tai­na­bi­li­ty Stan­dards Board, avec l’objectif de défi­nir un réfé­ren­tiel recon­nu dans les diverses régions du monde. 

En Europe, la direc­tive CSRD va éga­le­ment dans ce sens, en visant à don­ner des infor­ma­tions sur les thé­ma­tiques ESG per­ti­nentes, com­pa­rables et fiables. Engie s’est enga­gé acti­ve­ment dans la mise en œuvre de cette direc­tive et les pre­mières publi­ca­tions dans ce nou­veau for­mat sont atten­dues en 2025. Le sui­vi des per­for­mances « cli­ma­tiques » (et plus lar­ge­ment extra-finan­cières) des socié­tés peut se révé­ler très com­plexe, ce qui rend néces­saire de déve­lop­per un lan­gage com­mun et de rendre ain­si les prin­ci­paux concepts et ins­tru­ments de repor­ting acces­sibles à l’ensemble des action­naires. Une conver­gence des approches et l’émergence d’un réfé­ren­tiel mon­dia­le­ment recon­nu consti­tue­raient un pro­grès majeur !

Des efforts exemplaires

Engie a été l’une des pre­mières socié­tés du CAC 40 à consul­ter ses action­naires sur sa stra­té­gie cli­mat, qui a été mas­si­ve­ment approu­vée (97 %) lors de l’assemblée géné­rale 2022. Depuis lors, nous rece­vons de nom­breux com­men­taires posi­tifs des inves­tis­seurs sur la qua­li­té et la pré­ci­sion des infor­ma­tions que nous par­ta­geons au sujet de la mise en œuvre de cette stra­té­gie cli­mat ; et chaque année nous écou­tons avec atten­tion les retours de ceux qui nous demandent de faire preuve de plus de trans­pa­rence ou de pédagogie.

“Une préoccupation croissante concernant la biodiversité, l’eau ou encore l’économie circulaire.”

Nous consta­tons par ailleurs, depuis quelques années, une pré­oc­cu­pa­tion crois­sante concer­nant d’autres sujets comme la bio­di­ver­si­té, l’eau ou encore l’économie cir­cu­laire, en par­ti­cu­lier venant des inves­tis­seurs euro­péens. Engie s’est sai­si de ces sujets de manière pré­coce et a défi­ni des poli­tiques (eau, bio­di­ver­si­té, forêts, éco­no­mie cir­cu­laire…) que le groupe n’a de cesse d’améliorer. Notre rap­port inté­gré com­prend aujourd’hui un cahier « nature » qui reprend tous ces élé­ments. Un exemple par­mi d’autres, depuis 2023, 100 % de notre bio­masse est tra­çable et conforme à la régle­men­ta­tion euro­péenne sur le bois (ou équi­valent) dans tous les cas, de sorte qu’elle soit conforme à la taxo­no­mie européenne.

Des résultats très positifs

Enfin, ce dia­logue a‑t-il des suites concrètes ? La réponse à cette ques­tion est réso­lu­ment posi­tive. C’est en réponse à la demande d’un col­lec­tif d’investisseurs euro­péens repré­sen­té par le Forum pour l’investissement res­pon­sable en 2023 que nous nous sommes par exemple enga­gés à remettre à jour notre stra­té­gie cli­mat tous les trois ans et à la pré­sen­ter pour un vote consul­ta­tif à nos actionnaires.

En ce début d’année 2025, nous ter­mi­nons avec le conseil d’administration et l’équipe de direc­tion le tra­vail de remise à jour de cette stra­té­gie enga­gée au prin­temps der­nier et nous la pro­po­se­rons au vote de nos action­naires après une démarche d’explication. Ce sera un moment impor­tant pour Engie qui, rap­pe­lons-le, s’est don­né comme « rai­son d’être » d’être un lea­der de la tran­si­tion éner­gé­tique et cli­ma­tique. En défi­ni­tive, l’engagement action­na­rial prend tout son sens lorsqu’il est conduit avec cette volon­té de dia­logue construc­tif. Il devient alors fac­teur de pro­grès : en inté­grant les pers­pec­tives de leurs action­naires, les entre­prises peuvent amé­lio­rer non seule­ment leur per­for­mance éco­no­mique, mais aus­si leur impact sur la socié­té et la planète !


Pour aller plus loin : 

Docu­ment d’enregistrement uni­ver­sel 2024.

ENGIE – Rap­port inté­gré 2024

Docu­ment de réfé­rence 2023

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