Le dialogue actionnarial, un engagement continu

Engie est une entreprise majeure du paysage industriel français ainsi qu’un acteur essentiel de la transition énergétique. Son expérience du dialogue avec ses actionnaires est donc significative des bonnes pratiques en la matière. Son président en témoigne.
Le dialogue avec ses actionnaires est essentiel pour une entreprise comme Engie. Résultat de notre histoire et d’une volonté forte de développer un actionnariat fidèle, il vise à permettre aux investisseurs de mieux comprendre notre stratégie, nos activités et nos résultats. Plus que de communication, laquelle est bien sûr nécessaire, il s’agit bien ici d’un véritable dialogue, car nous essayons de comprendre les attentes de nos interlocuteurs pour y apporter les réponses les plus précises et les mieux argumentées.
Identifier ses interlocuteurs
Ces interlocuteurs, qui sont-ils ? Chez Engie, l’actionnariat est très diversifié : outre les investisseurs institutionnels, nous avons la chance de pouvoir compter sur un peu plus de 500 000 actionnaires individuels, dont environ 70 à 80 % résident en France, l’essentiel des autres actionnaires en Belgique. Ces dernières années, nous avons observé une augmentation du nombre de nos actionnaires individuels et surtout l’arrivée de jeunes investisseurs, sensibles aux sujets climatiques, de diversité et de marque employeur. En seulement deux ans, notre actionnariat individuel a progressé de 23 %.
Un dialogue nécessaire
Ce dialogue est-il nécessaire ? Incontestablement, oui. Je suis convaincu qu’il faut maintenir un dialogue permanent et aussi nourri que possible avec les actionnaires. Cela contribue à une meilleure compréhension de la stratégie et des objectifs de l’entreprise, tout en renforçant leur confiance et leur fidélité. L’écoute réciproque, le débat, la transparence sont nécessaires pour un dialogue de qualité.
Certains investisseurs nous interpellent avec des demandes précises qu’ils nous adressent directement ou, quelquefois, en s’organisant en coalitions. Ces retours sont très utiles car ils nous conduisent à enrichir notre communication sur des sujets complexes, à la rendre plus intelligible et à partager avec plus de clarté et de pédagogie nos stratégies à moyen et long terme. C’est un investissement important : je m’y implique personnellement, tout comme Catherine MacGregor, notre directrice générale. Nos équipes ESG et relations investisseurs nous appuient et démultiplient ces efforts. Ce dialogue a beaucoup évolué ces dernières années, en particulier dans trois domaines.
Le rôle du numérique
D’abord, le recours croissant au numérique pour améliorer la qualité des échanges, par exemple en matière de vote et de questions-réponses lors de l’assemblée générale. Engie a mis en place une plateforme numérique pour permettre de poser de manière fluide des questions avant l’AG, en plus du dispositif légal des questions écrites. Au cours de nos deux dernières assemblées, deux séances de questions-réponses ont eu lieu en direct avec les actionnaires présents en salle et les internautes, l’une d’entre elles étant exclusivement consacrée aux sujets « climat » qui soulèvent un intérêt croissant.
Un dialogue diversifié
Deuxième évolution, le développement du dialogue actionnarial en dehors des assemblées. Les échanges en amont des assemblées permettent de mieux comprendre les interrogations de nos actionnaires, qu’ils soient individuels ou institutionnels, mais aussi celles de nos salariés actionnaires, qui représentent chez Engie environ 4 % du capital du groupe. Ainsi chaque année, je rencontre les vingt ou trente premiers investisseurs institutionnels, les agences de conseils en vote (proxy advisors), notamment dans le cadre d’un « roadshow » de gouvernance mené en février et en mars.
J’ai aussi un rendez-vous annuel avec le comité consultatif des actionnaires d’Engie, les représentants des actionnaires salariés et les principales associations et fédérations d’actionnaires individuels. C’est l’occasion d’échanger sur la stratégie et les perspectives du groupe et sur les enjeux de l’assemblée générale à venir. Et cela ne s’arrête pas là. Nous rencontrons les actionnaires individuels au cours de plusieurs réunions au fil de l’année à notre siège, en province et à Bruxelles. Notre équipe relations actionnaires s’attache à expliquer les activités du groupe, notre stratégie, nos performances et nos perspectives de croissance. Elle participe également aux démarches de place pour rendre l’investissement en Bourse plus accessible.
Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance
Troisième évolution, les sujets ESG et surtout climatiques sont désormais au centre des attentes : les actionnaires portent une attention croissante à la qualité, l’exhaustivité et l’homogénéité des reportings permettant d’appréhender la performance extra-financière de l’entreprise. Il ne suffit plus que les gestionnaires d’actifs revendiquent un vague « alignement ESG » : ils doivent disposer de données solides, d’outils et d’approches spécialisés dans des domaines tels que le climat et la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI). La question des standards de reporting est dès lors très importante. C’est dans ce contexte qu’a été créé l’International Sustainability Standards Board, avec l’objectif de définir un référentiel reconnu dans les diverses régions du monde.
En Europe, la directive CSRD va également dans ce sens, en visant à donner des informations sur les thématiques ESG pertinentes, comparables et fiables. Engie s’est engagé activement dans la mise en œuvre de cette directive et les premières publications dans ce nouveau format sont attendues en 2025. Le suivi des performances « climatiques » (et plus largement extra-financières) des sociétés peut se révéler très complexe, ce qui rend nécessaire de développer un langage commun et de rendre ainsi les principaux concepts et instruments de reporting accessibles à l’ensemble des actionnaires. Une convergence des approches et l’émergence d’un référentiel mondialement reconnu constitueraient un progrès majeur !
Des efforts exemplaires
Engie a été l’une des premières sociétés du CAC 40 à consulter ses actionnaires sur sa stratégie climat, qui a été massivement approuvée (97 %) lors de l’assemblée générale 2022. Depuis lors, nous recevons de nombreux commentaires positifs des investisseurs sur la qualité et la précision des informations que nous partageons au sujet de la mise en œuvre de cette stratégie climat ; et chaque année nous écoutons avec attention les retours de ceux qui nous demandent de faire preuve de plus de transparence ou de pédagogie.
“Une préoccupation croissante concernant la biodiversité, l’eau ou encore l’économie circulaire.”
Nous constatons par ailleurs, depuis quelques années, une préoccupation croissante concernant d’autres sujets comme la biodiversité, l’eau ou encore l’économie circulaire, en particulier venant des investisseurs européens. Engie s’est saisi de ces sujets de manière précoce et a défini des politiques (eau, biodiversité, forêts, économie circulaire…) que le groupe n’a de cesse d’améliorer. Notre rapport intégré comprend aujourd’hui un cahier « nature » qui reprend tous ces éléments. Un exemple parmi d’autres, depuis 2023, 100 % de notre biomasse est traçable et conforme à la réglementation européenne sur le bois (ou équivalent) dans tous les cas, de sorte qu’elle soit conforme à la taxonomie européenne.
Des résultats très positifs
Enfin, ce dialogue a‑t-il des suites concrètes ? La réponse à cette question est résolument positive. C’est en réponse à la demande d’un collectif d’investisseurs européens représenté par le Forum pour l’investissement responsable en 2023 que nous nous sommes par exemple engagés à remettre à jour notre stratégie climat tous les trois ans et à la présenter pour un vote consultatif à nos actionnaires.
En ce début d’année 2025, nous terminons avec le conseil d’administration et l’équipe de direction le travail de remise à jour de cette stratégie engagée au printemps dernier et nous la proposerons au vote de nos actionnaires après une démarche d’explication. Ce sera un moment important pour Engie qui, rappelons-le, s’est donné comme « raison d’être » d’être un leader de la transition énergétique et climatique. En définitive, l’engagement actionnarial prend tout son sens lorsqu’il est conduit avec cette volonté de dialogue constructif. Il devient alors facteur de progrès : en intégrant les perspectives de leurs actionnaires, les entreprises peuvent améliorer non seulement leur performance économique, mais aussi leur impact sur la société et la planète !
Pour aller plus loin :
Document d’enregistrement universel 2024.