Le développement international de l’École se poursuit

Dossier : ExpressionsMagazine N°635 Mai 2008Par : Pauline Serraz

« Les syner­gies doivent être ren­for­cées entre les démarches entre­prises pour déve­lop­per la dimen­sion inter­na­tio­nale de la for­ma­tion et les col­la­bo­ra­tions scien­ti­fiques des labo­ra­toires du centre de recherche, explique Éli­sa­beth Cré­pon, direc­trice des Rela­tions exté­rieures. Une tra­duc­tion concrète de cette approche inté­grée est la créa­tion de pro­grammes de mas­ters joints avec des par­te­naires uni­ver­si­taires étran­gers. L’École vient ain­si de créer avec Cal­tech un mas­ter joint dans le domaine de la méca­nique des fluides. »

L’Inde, un fort potentiel de partenariats

L’Inde, qui déve­loppe une poli­tique de par­te­na­riat avec des entre­prises inter­na­tio­nales, offre un fort poten­tiel de coopé­ra­tion. La demande du monde éco­no­mique et l’excellent niveau des « Indian Ins­ti­tute of Tech­no­lo­gies » (IIT, équi­va­lents des grandes écoles d’ingénieurs fran­çaises) font de l’Inde un véri­table enjeu pour les éta­blis­se­ments d’enseignement supé­rieur et de recherche fran­çais. Tou­te­fois, les étu­diants indiens qui partent volon­tiers à l’étranger – 160 000 tous les ans – pri­vi­lé­gient les pays anglo-saxons tels que la Grande- Bre­tagne et les États-Unis.

L’X est une réfé­rence en nanotechnologie

« Une pre­mière mis­sion ins­ti­tu­tion­nelle a per­mis d’initier des échanges avec les plus pres­ti­gieux éta­blis­se­ments indiens à Del­hi, Mum­bai (Bom­bay), Chen­nai (Madras) et Ban­ga­lore. Deux autres mis­sions ont confor­té ces accords et les ont éten­dus à Kol­ka­ta (Cal­cut­ta) et à Kan­pur. L’École a accueilli en 2007 cinq étu­diants indiens dans ses pro­grammes de for­ma­tion, quatre dans son nou­veau « Pro­gramme de stages » et six ensei­gnants- cher­cheurs afin d’explorer de pos­sibles col­la­bo­ra­tions dans les domaines de l’enseignement et de la recherche. L’objectif est d’intensifier ces échanges en 2008 et d’y asso­cier les entre­prises à tra­vers des par­te­na­riats ciblés », com­mente Éli­sa­beth Crépon.

Des liens forts tissés avec l’Amérique latine

« L’École est pré­sente en Amé­rique latine depuis plu­sieurs années. Des par­te­na­riats ont été noués avec le Bré­sil il y a cinq ans : ils se sont tra­duits par la signa­ture d’accords de double diplôme qui ont ensuite été éten­dus à ParisTech.
Nous explo­rons main­te­nant de nou­veaux pays, comme l’Argentine, où nous sommes en dis­cus­sion avec l’université de Bue­nos Aires pour le recru­te­ment dans le cycle poly­tech­ni­cien et en mas­ter, et le Pérou depuis un an. »

Un accord avec le Pérou
Béné­dicte Bar­rault, adjointe au res­pon­sable du recru­te­ment inter­na­tio­nal à la DRE, indique que « Le Pérou s’inscrit dans le cadre de la poli­tique de déve­lop­pe­ment de l’École en Amé­rique latine.
Les uni­ver­si­tés péru­viennes et leurs étu­diants sont tra­di­tion­nel­le­ment tour­nés vers les États-Unis. Grâce à un jeune ensei­gnant-cher­cheur, nous avons été mis en contact avec trois des meilleures uni­ver­si­tés péru­viennes, la Uni­ver­si­dad Nacio­nal de Inge­niería (UNI), la Uni­ver­si­dad Nacio­nal Mayor de San Mar­cos (San Mar­cos) et la Pon­ti­fi­cia Uni­ver­si­dad Cató­li­ca del Perú (PUCP). Nous avons conclu un accord de coopé­ra­tion. Des liens solides se sont déjà éta­blis, notam­ment avec l’UNI. »

Quelques témoignages

Arko Dat­to, élève indien admis au concours Voie 2 : « J’ai effec­tué mes études dans un « Col­lege » de l’université de Cal­cut­ta, avec une spé­cia­li­té en mathé­ma­tiques. L’École poly­tech­nique est par­ti­cu­liè­re­ment recon­nue dans le domaine des mathé­ma­tiques. L’aspect mul­ti­dis­ci­pli­naire des cours m’intéresse beau­coup. J’aime les mathé­ma­tiques pures, mais je crois que la diver­si­té des connais­sances est néces­saire, notam­ment en langues et huma­ni­tés. La France et l’Europe ont beau­coup à offrir en termes d’éducation supé­rieure, mais l’anglais étant cou­ram­ment uti­li­sé en Inde, par­tir dans ces pays non anglo­phones n’est pas encore évident. Je trouve, enfin, beau­coup de simi­li­tudes dans la vie des Ben­ga­lis et des Fran­çais. Par exemple, on parle beau­coup — prin­ci­pa­le­ment de poli­tique — et l’on reste long­temps à table. »

Des séjours de recherche
« Il existe dif­fé­rentes façons d’initier des par­te­na­riats avec des uni­ver­si­tés étran­gères, selon Syl­vain Fer­ra­ri, res­pon­sable de déve­lop­pe­ment international.
L’une d’elles asso­cie la for­ma­tion et la recherche en s’appuyant notam­ment sur des col­la­bo­ra­tions scien­ti­fiques exis­tantes. Lorsqu’il n’existe pas de pro­jets de recherche com­muns avec l’institution visée, il est indis­pen­sable de créer les condi­tions favo­rables pour l’établissement de liens aca­dé­miques entre les ensei­gnants- cher­cheurs des deux institutions.
C’est l’objectif du nou­veau pro­gramme de stages de la DRE (« Inter­n­ship Pro­gram for Inter­na­tio­nal Stu­dents »), qui a été lan­cé offi­ciel­le­ment cette année. Ce pro­gramme per­met à des étu­diants inter­na­tio­naux d’effectuer un stage dans les labo­ra­toires de l’École, leur pro­jet étant super­vi­sé en anglais. Nous espé­rons ain­si faire connaître l’École à ces étu­diants et leur don­ner l’envie d’y reve­nir pour un mas­ter, une thèse ou un post­doc­to­rat. Le pro­gramme devrait atti­rer une tren­taine d’étudiants en 2008. »

Anir­ban Dhar, Indien, doc­to­rant au Labo­ra­toire de phy­sique et inter­faces des couches minces (PICM) de l’X : « Je suis arri­vé en tant que doc­to­rant en octobre der­nier, après avoir sui­vi un double mas­ter de science et de tech­no­lo­gie à l’université de Cal­cut­ta. Je dési­rais effec­tuer ma thèse en nano­tech­no­lo­gie. Plu­sieurs choix se pré­sen­taient à moi ; je pou­vais soit res­ter en Inde, où j’étais accep­té dans deux IIT, soit par­tir à l’étranger, à l’École poly­tech­nique ou à la Shef­field Uni­ver­si­ty en Angleterre.
L’École poly­tech­nique est une réfé­rence, notam­ment dans le domaine qui m’intéresse, la nanotechnologie.
Son étude est sur­tout théo­rique en Inde tan­dis que l’X me per­met d’avoir une expé­rience pra­tique très moti­vante. Je n’ai plus qu’à apprendre le fran­çais ; il me reste encore trois ans ! »
Ber­nar­do Da Cos­ta, Bré­si­lien, X 2004 en mas­ter de mathé­ma­tiques fon­da­men­tales à Orsay : « Mon choix de venir à l’École poly­tech­nique s’est appuyé sur dif­fé­rents facteurs.
En pre­mier lieu, j’ai com­men­cé l’étude du fran­çais en sixième, que j’ai conti­nuée à l’Alliance fran­çaise. Ensuite, le direc­teur de mon uni­ver­si­té, la Uni­ver­si­dade Fede­ral de Rio de Janei­ro, nous a pré­sen­té les trois accords signés avec des éta­blis­se­ments étran­gers, dont celui avec l’X. Il m’a beau­coup enga­gé dans cette voie par la suite. J’ai alors enta­mé un cur­sus de cal­cul dans un esprit de pré­pa­ra­tion au concours de l’X Voie 2. J’y ai ren­con­tré des pro­fes­seurs bré­si­liens qui avaient effec­tué leur thèse en France et qui m’ont aus­si per­sua­dé que l’École poly­tech­nique me cor­res­pon­dait vrai­ment. Venir ici m’a offert des pos­si­bi­li­tés d’ouverture nou­velles sur des domaines qui m’intéressent beau­coup, tant sur le plan scien­ti­fique qu’humain, par les dif­fé­rents binets dans les­quels j’ai pu m’investir pen­dant ces années. »
Pere Roca i Cabar­ro­cas, cher­cheur au Labo­ra­toire de phy­sique des inter­faces et des couches minces (PICM) : « Le germe de notre col­la­bo­ra­tion avec Kan­pur a démar­ré avec le séjour de Satyen­dra Kumar au labo­ra­toire en 1984 pour un an. À l’époque je venais de com­men­cer ma thèse. Par la suite nos che­mins se sont croi­sés à plu­sieurs reprises : séjours post­doc­to­raux aux États-Unis, visite de M. Kumar au labo­ra­toire en 1999, etc. Cette bonne entente s’est concré­ti­sée par des col­la­bo­ra­tions infor­melles sur le sili­cium micro­cris­tal­lin, nos acti­vi­tés, au PICM et à l’IIT Kan­pur, étant com­plé­men­taires. Ce bagage de plus de vingt ans de col­la­bo­ra­tions va se tra­duire par une col­la­bo­ra­tion ins­ti­tu­tion­nelle grâce à l’action de la DRE, ce qui devrait aus­si faci­li­ter nos échanges. À titre d’exemple un thé­sard du pro­fes­seur Kumar va rejoindre le PICM à par­tir du mois de mars pour un séjour postdoctoral. »

Propos recueillis par Pauline Serraz

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