Le Deutsche Mark et la Bundesbank Le concept monétaire allemand

Dossier : L'AllemagneMagazine N°531 Janvier 1998
Par Otmar ISSING

1. La monnaie et l’institut d’émission

Lorsque le Deutsche Mark fut intro­duit en Alle­magne il y a près de cin­quante ans, per­sonne ne pen­sait qu’il joue­rait un jour un rôle aus­si impor­tant. Dans ce pays ébran­lé par la guerre, il mar­quait un nou­veau départ sur lequel les Alle­mands fon­daient toutes leurs espérances.

Aujourd’­hui, il est l’une des mon­naies les plus stables du monde. Grâce à sa sta­bi­li­té, le Deutsche Mark s’est vu attri­buer le rôle de point d’an­crage dans le Sys­tème moné­taire euro­péen ; à l’é­chelle inter­na­tio­nale il est deve­nu la deuxième mon­naie de pla­ce­ment et de réserve, après le dol­lar amé­ri­cain. L’es­time dont jouit la Deutsche Bun­des­bank, sa répu­ta­tion de garant de la sta­bi­li­té s’ex­pliquent par ces résul­tats remar­quables qui, par ailleurs, ne pou­vaient pas être consi­dé­rés comme évi­dents ; cha­cun sait que les deux mon­naies qui ont pré­cé­dé le Deutsche Mark ont subi un échec retentissant.

L’hy­per­in­fla­tion que l’Al­le­magne a connue après les deux guerres mon­diales, en 1923 et en 1948, a anéan­ti par deux fois, en l’es­pace d’une géné­ra­tion, le patri­moine finan­cier des épar­gnants. Ce sont notam­ment ces expé­riences dou­lou­reuses qui ont dic­té le choix d’un concept et d’une poli­tique moné­taire dont l’i­dée centre doit être et est la sta­bi­li­té monétaire.

2. La monnaie

Après 1945, la pro­duc­tion indus­trielle était qua­si­ment inexis­tante en Alle­magne. Cette situa­tion n’é­tait pas due prin­ci­pa­le­ment à la des­truc­tion de l’ap­pa­reil pro­duc­tif durant la guerre, ni au manque de main-d’œuvre ou de matières pre­mières. Les condi­tions maté­rielles du redé­mar­rage de la pro­duc­tion indus­trielle en Alle­magne de l’Ouest ont été assez vite rééta­blies, grâce à l’at­ti­tude construc­tive des puis­sances alliées notam­ment. Mais cette situa­tion rela­ti­ve­ment bonne de l’é­co­no­mie réelle avait pour contre­par­tie des condi­tions moné­taires et un ordon­nan­ce­ment éco­no­mique extrê­me­ment défavorables.

En recou­rant à la planche à billets pour finan­cer les dépenses d’ar­me­ment et de guerre, on avait accu­mu­lé un énorme excé­dent de liqui­di­tés dont les effets infla­tion­nistes n’ont pu être enrayés qu’à l’aide du contrôle des prix qui avait été déci­dé avant la guerre et fut main­te­nu dans un pre­mier temps par le gou­ver­ne­ment mili­taire, et d’une régu­la­tion très pous­sée. Ces mesures se sont tra­duites par une très forte dis­tor­sion des prix éli­mi­nant, chez les entre­prises, toute inci­ta­tion à produire.

Cette situa­tion était insup­por­table. Il devint très vite évident qu’il fal­lait chan­ger pro­fon­dé­ment l’en­vi­ron­ne­ment éco­no­mique si l’on vou­lait que la pro­duc­tion indus­trielle reparte en Alle­magne de l’Ouest. Une réforme moné­taire et éco­no­mique s’im­po­sait par consé­quent. Pour pré­pa­rer la réforme moné­taire, les Alliés ins­ti­tuèrent en mars 1948 la Bank Deut­scher Län­der, qui est deve­nue plus tard la Deutsche Bun­des­bank. Avec les Lan­des­zen­tral­ban­ken – qui exis­taient déjà à l’é­poque, mais étaient encore juri­di­que­ment auto­nomes -, elle consti­tua tout d’a­bord un sys­tème de banque cen­trale à deux échelons.

Si la réforme moné­taire était l’œuvre des Alliés, la réforme éco­no­mique fut conçue par les Alle­mands. Lud­wig Erhard, qui devait deve­nir plus tard ministre de l’É­co­no­mie, sut faire accep­ter ses pro­jets visant à intro­duire le sys­tème d’é­co­no­mie de mar­ché. Avec le sou­tien des Alliés, il sup­pri­ma les contrôles de prix et les régle­men­ta­tions. Les prix retrou­vèrent alors leur fonc­tion régu­la­trice et l’es­prit d’en­tre­prise put de nou­veau s’ap­pli­quer. Cette situa­tion per­mit enfin aux forces éco­no­miques exis­tantes de se libé­rer. Lud­wig Erhard œuvra en faveur d’une ouver­ture rapide de l’é­co­no­mie alle­mande vers l’ex­té­rieur, ce qui ame­na dès 1958 à la pleine conver­ti­bi­li­té du Deutsche Mark et faci­li­ta la reprise.

Quelques mois plus tard, le 20 juin 1948, la réforme moné­taire fut réa­li­sée sur la base de la loi moné­taire pro­mul­guée par les Alliés. Le Reichs­mark, qui avait per­du toute sa valeur entre-temps, fut rem­pla­cé par le Deutsche Mark. Le suc­cès de la réforme moné­taire fut lar­ge­ment déter­mi­né par la déva­lua­tion radi­cale allant de pair avec la conver­sion moné­taire et qui per­mit d’é­li­mi­ner enfin l’ex­cé­dent de liqui­di­tés. Rétros­pec­ti­ve­ment, on ne peut que se féli­ci­ter de ce que la réforme moné­taire se soit faite presque exclu­si­ve­ment sous la direc­tion et la res­pon­sa­bi­li­té des Alliés, car il n’au­rait pas été pos­sible autre­ment d’ef­fec­tuer une déva­lua­tion moné­taire aus­si radicale.

Les spé­cia­listes d’é­co­no­mie s’ac­cordent pour dire que le fameux « miracle éco­no­mique alle­mand » est impu­table à la conjonc­tion de trois fac­teurs. En pre­mier lieu à la pro­fonde réforme moné­taire et à la poli­tique de sta­bi­li­té menée avec constance par la suite, puis à l’ap­pli­ca­tion rapide des règles de l’é­co­no­mie de mar­ché, y com­pris l’ou­ver­ture à l’ex­té­rieur, et enfin à l’aide géné­reuse des Amé­ri­cains par le biais du plan Marshall.

Même si ce n’est pas uni­que­ment grâce à la réforme moné­taire que la reprise éco­no­mique a eu lieu, le Deutsche Mark est quand même deve­nu rapi­de­ment le sym­bole du recom­men­ce­ment. C’est sans doute l’une des rai­sons qui explique l’at­ta­che­ment des Alle­mands à leur mon­naie, atta­che­ment dont on sou­rit par­fois à l’é­tran­ger. Le Deutsche Mark conti­nue d’être syno­nyme de puis­sance éco­no­mique et de pros­pé­ri­té, comme on a encore pu le voir en 1990 lors la réuni­fi­ca­tion allemande.

3. La Bundesbank

Les Alliés avaient non seule­ment intro­duit une nou­velle mon­naie, mais aus­si jeté les bases d’un nou­vel ordre moné­taire. La « Loi sur la Deutsche Bun­des­bank » adop­tée en 1957 s’ins­pire indé­nia­ble­ment de l’ex­pé­rience du pas­sé et de la légis­la­tion mise en place par les puis­sances occu­pantes et tou­jours en vigueur à cette date. La Loi sur la Bank Deut­scher Län­der par exemple sti­pu­lait déjà que cet ins­ti­tut était indé­pen­dant des ins­tances poli­tiques alle­mandes. Pour ce qui est des déci­sions de poli­tique moné­taire, il ne fut tout d’a­bord res­pon­sable que devant la Com­mis­sion ban­caire des Alliés (Allied Ban­king Com­mis­sion) qui, dès le départ, sou­tint sa poli­tique d’argent rare ; cette obli­ga­tion de rendre compte aux Alliés fut sup­pri­mée dès 1951.

Lors­qu’en 1957 la Bun­des­bank suc­cé­da à la Bank Deut­scher Län­der, le prin­cipe de l’in­dé­pen­dance fut aus­si­tôt repris ; selon l’ar­ticle 12 de la Loi sur la Deutsche Bun­des­bank, l’ins­ti­tut d’é­mis­sion alle­mand n’a pas d’ins­truc­tion à rece­voir du gou­ver­ne­ment fédé­ral. Cette indé­pen­dance ancrée dans la loi a pour­vu la Bun­des­bank de l’au­to­no­mie néces­saire pour assu­mer sa tâche qui, elle, est pres­crite par la loi : en ver­tu de l’ar­ticle 3 de la Loi sur la Bun­des­bank, cette der­nière a pour tâche d’as­su­rer la sau­ve­garde de la monnaie.

Ces deux prin­cipes, à savoir l’in­dé­pen­dance et la sau­ve­garde de la mon­naie, sont deve­nus les par­ti­cu­la­ri­tés mar­quantes de la poli­tique moné­taire allemande.

Les déci­sions de poli­tique moné­taire, comme le choix de la stra­té­gie à suivre ou l’emploi des ins­tru­ments moné­taires, sont prises par le conseil de la banque cen­trale qui est l’or­gane de déci­sion suprême de la Bun­des­bank ; il se com­pose du pré­sident et du vice-pré­sident de la Bun­des­bank ain­si que des autres membres du direc­toire et des pré­si­dents des Landeszentralbanken.

Les membres du direc­toire sont pro­po­sés par le gou­ver­ne­ment fédé­ral – sur avis du conseil de la banque cen­trale – et nom­més par le Pré­sident de la Répu­blique fédé­rale pour huit ans nor­ma­le­ment ; ils ne peuvent être révo­qués que pour des rai­sons qui soient per­son­nelles. Les pré­si­dents des Lan­des­zen­tral­ban­ken sont pro­po­sés, quant à eux, par le Bun­des­rat (conseil fédé­ral). L’in­dé­pen­dance de l’ins­ti­tut d’é­mis­sion alle­mand et de ses res­pon­sables est bien mise en lumière par le carac­tère fédé­ral des organes de la Bun­des­bank et la longue durée des man­dats de leurs membres.

Il est inté­res­sant de voir qu’un nombre crois­sant de pays ont doté leur banque cen­trale d’un sta­tut d’au­to­no­mie, ces der­nières années. Ils ont donc pris en consi­dé­ra­tion ce que de nom­breuses ana­lyses théo­riques et empi­riques ont mon­tré, à savoir que l’in­dé­pen­dance de la banque cen­trale est une condi­tion impor­tante de la sta­bi­li­té monétaire.

Pour la Bun­des­bank, la sau­ve­garde de la mon­naie n’a jamais été seule­ment une tâche impo­sée par la loi, mais consti­tue aus­si un objec­tif éco­no­mi­que­ment utile. Les consé­quences de la poli­tique éco­no­mique menée pen­dant les années soixante-dix ont per­mis enfin de com­prendre que la poli­tique de « l’argent facile » ne sau­rait garan­tir à moyen et long terme ni la crois­sance ni l’emploi. L’i­dée selon laquelle on peut tolé­rer à la longue un taux d’in­fla­tion un peu plus éle­vé en échange d’un chô­mage moins impor­tant était – et reste – utopique.

L’in­dé­pen­dance de la Bun­des­bank et l’o­bli­ga­tion dans laquelle elle est d’as­su­rer la sau­ve­garde de la mon­naie sont deux cri­tères ins­ti­tu­tion­nels impor­tants qui expliquent pour­quoi elle a enre­gis­tré de très bons résul­tats dans la lutte contre l’in­fla­tion. Mais un autre fac­teur a joué là un rôle tout aus­si impor­tant, à savoir que, s’ap­puyant sur la dou­lou­reuse expé­rience qui a été faite durant la pre­mière moi­tié du siècle avec les deux hyper­in­fla­tions que l’on sait, les Alle­mands sont convain­cus que l’in­fla­tion ne peut pas résoudre les pro­blèmes, mais qu’elle en est la cause. La Bun­des­bank savait qu’en axant sa poli­tique moné­taire sur le main­tien de la sta­bi­li­té, elle aurait l’ap­pui d’une très large par­tie de la popu­la­tion. Elle s’est tou­jours sen­tie liée par l’o­bli­ga­tion de faire durer ce consensus.

Cet enga­ge­ment de l’ins­ti­tut d’é­mis­sion envers l’o­pi­nion publique se reflète dans le choix de sa stra­té­gie moné­taire. Depuis plus de vingt ans, la voie sui­vie par la Bun­des­bank avec suc­cès est celle du pilo­tage en fonc­tion de la crois­sance moné­taire. Par le biais de la régu­la­tion des taux moné­taires à court terme et de la liqui­di­té des banques, elle cherche à influen­cer l’é­vo­lu­tion de la masse moné­taire et, en fin de compte, le taux d’inflation.

L’ob­jec­tif de crois­sance moné­taire est cal­cu­lé selon une méthode bien com­pré­hen­sible, à la por­tée du public. Les valeurs concer­nant la crois­sance du poten­tiel de pro­duc­tion réel, l’é­vo­lu­tion esti­mée des prix à moyen terme et le ralen­tis­se­ment ten­dan­ciel de la vitesse de cir­cu­la­tion de la mon­naie sont addi­tion­nées et expri­mées, en tenant compte de la situa­tion moné­taire res­pec­tive, sous forme d’ob­jec­tif de crois­sance pour l’an­née sui­vante. Ain­si, la masse moné­taire devrait croître de 5 % envi­ron en 1997 et 1998.

Pour 1997, la Bun­des­bank a fixé de sur­croît une four­chette-cible de 3,5 à 6,5 %. L’ob­jec­tif de crois­sance moné­taire est annon­cé en début d’an­née pour l’an­née consi­dé­rée, ce qui per­met au public de véri­fier régu­liè­re­ment si la poli­tique moné­taire par­vient à ses fins. Les écarts éven­tuels par rap­port à l’ob­jec­tif fixé ain­si que les déci­sions en matière de taux d’in­té­rêt sont com­men­tés par la Bun­des­bank dans ses com­mu­ni­qués de presse, son rap­port men­suel ou d’autres publi­ca­tions. Cette jus­ti­fi­ca­tion de la poli­tique moné­taire auprès de l’o­pi­nion publique et le contrôle qu’elle implique sont l’un des fac­teurs – et non des moindres – sur lequel se fonde la cré­di­bi­li­té de la Bundesbank.

4. La Bundesbank et l’intégration européenne

Au vu des expé­riences faites par l’Al­le­magne et que l’on vient d’é­vo­quer, il n’est guère sur­pre­nant que les Alle­mands aient du mal à accep­ter l’i­dée d’a­ban­don­ner le Deutsche Mark. Tou­te­fois, le Bun­des­tag et le Bun­des­rat se sont pro­non­cés en faveur de l’U­nion euro­péenne dont ils ont accep­té le trai­té à une très large majorité.

La Bun­des­bank a fait savoir dès le début qu’elle sui­vrait la voie tra­cée par le trai­té de Maas­tricht et qui doit mener à l’U­nion moné­taire euro­péenne. Elle a par­ti­ci­pé étroi­te­ment aux tra­vaux des com­mis­sions spé­ciales créées dans ce but, en par­ti­cu­lier au sein de l’Ins­ti­tut moné­taire euro­péen, afin que la Banque cen­trale euro­péenne puisse être opé­ra­tion­nelle dès le pre­mier jour et pra­ti­quer une poli­tique moné­taire axée sur la stabilité.

Dans le trai­té de Maas­tricht et les sta­tuts de la Banque cen­trale euro­péenne sont ins­crits plu­sieurs élé­ments de nature à doter la banque cen­trale d’une struc­ture favo­ri­sant le main­tien de la sta­bi­li­té, qui ont déjà fait la preuve de leur effi­ca­ci­té et dont l’u­ti­li­té est mon­dia­le­ment recon­nue. Pre­miè­re­ment : l’ob­jec­tif prio­ri­taire du Sys­tème euro­péen de banques cen­trales (SEBC) est le main­tien de la sta­bi­li­té des prix (article 105 du trai­té sur l’U­nion euro­péenne) ; deuxiè­me­ment : le SEBC est indé­pen­dant des gou­ver­ne­ments natio­naux ain­si que des organes de la Com­mu­nau­té (article 107 du trai­té) ; troi­siè­me­ment : il est inter­dit au SEBC d’ac­cor­der des cré­dits aux admi­nis­tra­tions publiques (article 104 du traité).

Ain­si, on a jeté, sur le plan ins­ti­tu­tion­nel, les bases de la sta­bi­li­té de la nou­velle mon­naie com­mune. Par ailleurs, les tra­vaux pré­pa­ra­toires réa­li­sés en pré­vi­sion du choix de la stra­té­gie moné­taire adap­tée et des ins­tru­ments cor­res­pon­dants sont main­te­nant bien avancés.

Il est clair qu’il s’a­git là de condi­tions très impor­tantes pour la sta­bi­li­té de l’eu­ro, mais à long terme, l’U­nion moné­taire ne peut être une réus­site que si la poli­tique moné­taire est sou­te­nue par une poli­tique finan­cière et éco­no­mique vouée elle aus­si à la sta­bi­li­té. Des déci­sions nui­sibles à la sta­bi­li­té, en par­ti­cu­lier dans le domaine de la poli­tique finan­cière, peuvent entraî­ner des évo­lu­tions infla­tion­nistes et finir par obli­ger les res­pon­sables de la poli­tique moné­taire à appli­quer des mesures exer­çant des effets oppo­sés. Une poli­tique moné­taire anti-infla­tion­niste pour­rait alors créer des ten­sions trop fortes.

C’est pour­quoi il est abso­lu­ment indis­pen­sable de contre­car­rer le plus tôt pos­sible et dura­ble­ment toute ten­dance en poli­tique finan­cière qui soit pré­ju­di­ciable à la sta­bi­li­té. Les cri­tères de conver­gence fixés dans le trai­té de Maas­tricht et le pacte de sta­bi­li­té et de crois­sance servent cet objectif.

La capa­ci­té d’un pays à satis­faire dura­ble­ment aux cri­tères de conver­gence peut ser­vir d’in­di­ca­teur per­met­tant de voir quelles sont ses « matu­ri­té et culture » en matière de sta­bi­li­té. En per­sis­tant à récla­mer un res­pect strict des cri­tères de conver­gence, on ne fait pas preuve d’en­tê­te­ment et cela ne veut pas dire non plus que l’on cherche à faire obs­tacle à l’U­nion moné­taire. En fait, si l’U­nion moné­taire était consti­tuée par des pays qui ne sont pas par­ve­nus à atteindre la conver­gence néces­saire, la sta­bi­li­té de l’eu­ro et l’U­nion moné­taire elle-même se trou­ve­raient menacées.

L’im­por­tant n’est pas seule­ment de rem­plir les cri­tères de conver­gence au moment de l’en­trée dans l’U­nion moné­taire, mais – et sur­tout – de satis­faire dura­ble­ment aux exi­gences posées en matière de conver­gence. Puisque les cri­tères de sta­bi­li­té des prix, conver­gence des taux de ren­de­ment du capi­tal et sta­bi­li­té des taux de change dis­pa­raî­tront auto­ma­ti­que­ment dès que l’U­nion moné­taire aura été consti­tuée, le terme de conver­gence durable s’ap­plique essen­tiel­le­ment aux cri­tères budgétaires.

Afin de mieux garan­tir le main­tien d’une poli­tique bud­gé­taire dis­ci­pli­née après le début de l’U­nion moné­taire, les chefs d’É­tat et de gou­ver­ne­ment se sont mis d’ac­cord sur un pacte de sta­bi­li­té lors des Conseils euro­péens de Dublin et d’Am­ster­dam. Les dis­po­si­tions qu’il contient sou­lignent bien l’im­por­tance qui est accor­dée à la dis­ci­pline finan­cière pra­ti­quée de façon durable.

La « culture » de la sta­bi­li­té se mani­feste par une orien­ta­tion cor­res­pon­dante de la poli­tique moné­taire, finan­cière et éco­no­mique. Mieux même, elle s’ex­prime à tra­vers l’ac­cep­ta­tion entière, par les citoyens, de l’in­dé­pen­dance de la banque cen­trale. Du fait qu’en Alle­magne fédé­rale l’au­to­no­mie de la banque cen­trale fait par­tie des prin­cipes qui ont été posés le plus tôt pos­sible et qu’elle consti­tue une des prin­ci­pales condi­tions de la sta­bi­li­té de la mon­naie, les réac­tions sont par­ti­cu­liè­re­ment vives dans ce pays devant une éven­tuelle menace de l’in­dé­pen­dance de la banque centrale.
Tout comme les citoyens, les mar­chés finan­ciers inter­na­tio­naux ne confé­re­ront un rang par­ti­cu­lier à la future mon­naie euro­péenne que s’ils sont sûrs de sa sta­bi­li­té. Seul un euro stable pour­ra concur­ren­cer le dol­lar US comme mon­naie de réserve et de placement.

Biblio­gra­phie

  • Deutsche Bun­des­bank, 50 Jahre D‑Mark, à paraître, Munich 1998.
  • Deutsche Bun­des­bank, La poli­tique moné­taire de la Bun­des­bank. Publi­ca­tion spé­ciale, octobre 1995.
  • Issing, Otmar, Einfüh­rung in die Geld­po­li­tik (Intro­duc­tion à la poli­tique moné­taire), 6e édi­tion, Munich 1996.

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