Le binet X‑Europe à l’Ecole

Dossier : L'EuropeMagazine N°586 Juin/Juillet 2003
Par Aurélien TIGNOL (01)

Sus­citer un intérêt et une prise de con­science sur la con­struc­tion européenne et par­ticiper à l’émer­gence d’une com­mu­nauté d’é­tu­di­ants européens : tels sont les objec­tifs que le binet X‑Europe s’est fixés. Né à l’au­tomne 2002 suite à une propo­si­tion du groupe X‑Europe, il a survécu à l’élec­tion d’une par­tie de ses mem­bres à la Kès grâce à un renou­velle­ment de bonnes volontés. 

Il s’ag­it certes d’une pro­lon­ga­tion au niveau étu­di­ant de l’ac­tiv­ité du groupe X‑Europe mais aus­si d’un binet indépen­dant et à part entière. À nous de savoir prof­iter de cette ambiva­lence orig­i­nale : tir­er par­tie de l’ex­péri­ence et des con­nais­sances de nos aînés, en essayant égale­ment de par­ticiper à leurs activ­ités et de pré­par­er avec eux le futur tout en vivant notre pro­pre aven­ture dans le milieu étudiant. 

Une approche pédagogique et informative…

Je com­mencerai par évo­quer le sec­ond point, assuré­ment le plus dif­fi­cile. Ce binet a ceci de par­ti­c­uli­er qu’il n’est ni ludique ni fes­tif. On le com­prend aisé­ment, aller par­ler de la con­struc­tion européenne après les cours n’est pas for­cé­ment un acte étu­di­ant spon­tané. Le défi n’en est que plus intéres­sant. Un des prin­ci­paux souhaits des mem­bres du binet était d’en savoir plus sur l’Eu­rope, sa con­struc­tion, son fonc­tion­nement, son avenir. 

En con­jec­turant que cette demande devait être celle d’un cer­tain nom­bre d’élèves, nous avons ori­en­té la par­tie péd­a­gogique de notre action dans trois directions : 

  • tout d’abord, combler un manque évi­dent : il n’y avait aucun sémi­naire (cycle de cours et de con­férences) sur l’Eu­rope par­mi ceux pro­posés aux élèves par le départe­ment d’Hu­man­ités et Sci­ences sociales. Grâce à la bonne volon­té de ce dernier, un tel sémi­naire devrait voir le jour à la ren­trée prochaine avec une approche his­torique du sujet, mais posant aus­si la donne du jeu actuel des institutions ; 
  • organ­is­er ensuite des con­férences. Pour qu’elles réu­nis­sent le max­i­mum d’élèves, nous avons décidé de faire appel, bien que cela puisse s’avér­er plus dif­fi­cile et néces­siter plus de temps, à des inter­venants sus­cep­ti­bles de déplac­er les foules par leur notoriété. Nos recherch­es ont com­mencé, et nous espérons qu’elles ren­con­treront un écho favorable ; 
  • enfin, pour rap­procher le binet des élèves, nous avons souhaité met­tre en place des séances d’in­for­ma­tions régulières sur des sujets pré­cis. Organ­isées et menées par des élèves, nous nous tournerons, lorsque la com­plex­ité des sujets se sera accrue, vers de “plus grands spécialistes”. 

… dans un souci constant d’ouverture sur l’espace européen…

Cepen­dant, par la nature même du sujet qui nous occupe, nous ne souhaitons pas rester repliés sur la com­mu­nauté poly­tech­ni­ci­enne. C’est pourquoi notre sec­ond objec­tif est de par­ticiper à l’émer­gence d’un réseau d’as­so­ci­a­tions étu­di­antes autour d’un pro­jet com­mun, objec­tif qui se veut con­struc­tif, vivace et durable. Nous souhaitons en pos­er les bases pour nos suc­cesseurs en espérant qu’il ne restera pas dans le domaine de l’u­topie. Nous croyons en effet que les échanges et les con­tacts inter­cul­turels ren­dront l’idée d’Eu­rope plus préhen­si­ble aux jeunes généra­tions. Peut- être pour­rons-nous aider à dévelop­per un sen­ti­ment d’ap­par­te­nance à une même com­mu­nauté de des­tin, peut-être pour­rons-nous croire en une Europe unie dans sa diversité ? 

… et à travers une coopération entre les générations

J’évo­quais précédem­ment une ambiva­lence orig­i­nale. Le binet X‑Europe est attaché par son nom même à l’as­so­ci­a­tion “d’an­ciens” poly­tech­ni­ciens présen­tée dans ce numéro par son fon­da­teur. Cette rela­tion s’ar­tic­ule à dif­férents niveaux : des liens étroits entre les deux struc­tures, des sou­tiens récipro­ques aux dif­férentes actions menées et des pro­jets communs.

Le binet est ain­si représen­té au niveau du con­seil de l’as­so­ci­a­tion et ses mem­bres sont inscrits à la mail­ing list X‑Europe qui a pour but, out­re de faciliter la com­mu­ni­ca­tion entre les mem­bres, de faciliter l’émer­gence d’un réseau poly­tech­ni­cien à l’échelle européenne. De plus, l’ap­par­te­nance au binet X‑Europe doit se voir comme le début d’un engage­ment en faveur ou au ser­vice de la con­struc­tion européenne, engage­ment pou­vant pren­dre dif­férentes formes dont celle de la pour­suite des activ­ités d’X-Europe. 

Les deux struc­tures s’avèrent ensuite tout à fait com­plé­men­taires. Par leur expéri­ence, leur savoir et le suivi qu’ils mènent des travaux de la Con­ven­tion sur l’avenir de l’Eu­rope, les mem­bres de l’as­so­ci­a­tion con­tribuent à la décou­verte de la con­struc­tion européenne par les mem­bres du binet. Le binet offre, quant à lui, un relais effi­cace en per­me­t­tant notam­ment aux sondages pub­liés sur le site xeurosite.polytechnique.org de touch­er un plus grand nom­bre de personnes. 

Nous avons décidé d’aller plus loin en met­tant ensem­ble sur pied un cycle de con­férences, organ­isé à l’É­cole, et qui fera inter­venir d’an­ciens X, tra­vail­lant dans dif­férents secteurs d’ac­tiv­ité et dont la car­rière a une dimen­sion européenne. Un tel cycle doit per­me­t­tre aux élèves de décou­vrir de l’in­térieur le car­ac­tère con­cret de la com­mu­nauté européenne et d’apercevoir avec un angle d’ap­proche dif­férent les enjeux aux­quels le futur ingénieur sera confronté. 

Le binet s’est fixé à courte échéance des buts qui peu­vent sem­bler ambitieux pour une si petite struc­ture. Cepen­dant, le défi européen était lui aus­si une utopie ambitieuse à sa nais­sance ; mille petits pas lui ont fait voir le jour. 

Con­scients que, demain, l’en­vi­ron­nement dans lequel nos cama­rades et nous-mêmes seront amenés à pren­dre des déci­sions sera mod­elé à Brux­elles plus qu’à Paris, nous espérons sen­si­bilis­er le plus grand nom­bre à l’in­térêt qu’il faut prêter aux déci­sions et prob­lé­ma­tiques com­mu­nau­taires, de peur qu’à en ignor­er les ressorts, ils ne refusent d’être acteurs de leur futur.

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