Christian Scherer, Président Exécutif d’ATR

L’aviation régionale, un marché aux multiples facettes

Dossier : Dossier FFEMagazine N°734 Avril 2018
Par Christian SCHERRER

ATR est aujourd’hui reconnu comme le leader incontesté du marché de l’aviation régionale. Dites-nous-en plus sur votre positionnement ?

Nos avions tur­bo­propulseurs sont opérés par plus de 200 com­pag­nies dans une cen­taine de pays. Les ATR sont, par ailleurs, les avions de moins de 90 places les plus ven­dus au monde. Nos appareils sont recon­nus pour leurs per for­mances envi­ron­nemen­tales, économiques, ain­si que leur flex­i­bil­ité opérationnelle. 

En com­para­i­son à un jet région­al de même capac­ité, l’ATR 72 va, par exem­ple, con­som­mer moitié moins de car­bu­rant et rejeter ain­si 50 % de CO2 de moins dans l’atmosphère, étant moins bruyants, ils sont exploita­bles dans les aéro­ports urbains. 

Autre par­tic­u­lar­ité de nos avions : ils sont capa­bles de se pos­er là ou des jets régionaux ou d’autres tur­bo­propulseurs ne peu­vent pas atter­rir. En 2017, nos avions ont per­mis la créa­tion de plus de 150 nou­velles routes dans le monde entier. 

Depuis votre arrivée à la tête d’ATR Aircraft en 2016, quels sont les principaux sujets qui vous ont mobilisés ?

Notre défi quo­ti­di­en est essen­tielle­ment com­mer­cial. Depuis 2016, nous avons con­nu de beaux suc­cès avec une com­mande de 50 appareils passée par Indi­Go, la prin­ci­pale com­pag­nie indi­enne privée. Nous avons aus­si réus­si à pénétr­er le marché iranien post-embar­go avec une com­mande de 20 appareils pour Iran Air. 

Et après plus de 20 ans, nous sommes sur le point d’introduire les pre­miers ATR neufs sur le sol nord-américain. 

L’innovation est l’autre axe stratégique. En 2017, au-delà de l’amélioration per­ma­nente du pro­duit et des ser­vices, nous avons lancé le seul avion région­al neuf en con­fig­u­ra­tion car­go. Nous livrerons les pre­miers dès 2020 à FedEx qui en exploit­era à terme des dizaines. Avec l’accélération du e‑commerce, l’ATR car­go sera un succès ! 

D’autres inno­va­tions majeures sont en pré­pa­ra­tion, notam­ment une ver­sion adap­tée aux pistes ultras cour­tes ain­si que l’utilisation de la réal­ité aug­men­tée, tech­nolo­gie directe­ment issue des avions de chas­se per­me­t­tant d’opérer dans des con­di­tions de vis­i­bil­ité réduite. 

Sur ce marché en pleine croissance, quels sont vos principaux axes stratégiques ?

Le tur­bo­propulseur est l’outil de trans­port le plus sociale­ment respon­s­able. Nous devons ancr­er cette per­cep­tion. Ain­si, sur les deux prochaines décen­nies, nous prévoyons un marché pour 2 800 turbopropulseurs. 

Par ailleurs, la Chine est en passe de devenir le 1er marché de trans­port aérien or, le trans­port région­al y est encore sous-dévelop­pé. Beau­coup d’obstacles demeurent, à nous de les vain­cre ou de les sur­pass­er pour pénétr­er ce marché d’1,4 mil­liard d’habitants au poten­tiel de développe­ment économique, surtout dans les régions les plus reculées. 

Qu’en est-il des enjeux qui persistent ?

La pénurie de pilotes, indé­ni­able­ment ! Con­scients de cet enjeu, nous investis­sons mas­sive­ment dans les out­ils de for­ma­tion au tra­vers de l’achat de nou­veaux sim­u­la­teurs à Paris, Toulouse et Mia­mi. Fin 2018, une ving­taine de sim­u­la­teurs d’ATR — 600 seront disponibles à tra­vers le monde. 

En par­al­lèle, nous tra­vail­lons avec l’ENAC sur un pro­gramme de for­ma­tion de cadets pour per­me­t­tre aux pilotes débu­tants d’atteindre la qual­i­fi­ca­tion de type ATR en 2 ans. 

Enfin, con­traire­ment à une per­cep­tion bien­tôt obsolète, les avions à hélices tur­bo­propul­sés sont déjà le futur ! L’hélice est le moyen de propul­sion le plus effi­cient et c’est cette effi­cience qui demeure l’objectif majeur des recherch­es entre­pris­es sur les tech­nolo­gies dis­rup­tives comme l’hybridation ou le tout élec­trique qui per­me­t­tront à terme de propulser l’avion région­al de demain. 

Et oui, les hélices sont le futur !
 

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