L’avenir de la médecine du sommeil !

Dossier : 225e anniversaire de l'École polytechniqueMagazine N°749 Novembre 2019
Par Raphaël MICHEL (98)

Une tech­nolo­gie de patch révo­lu­tion­naire inté­grée à un sys­tème de diag­nos­tic com­plet per­met à Onera d’être aus­si pré­cis que sim­ple. Raphaël Michel (98), le CEO et Co-Founder d’Onera Health nous en dit plus sur l’avenir de la médecine du sommeil.

Onera opère dans le domaine de la médecine du sommeil. Dites-nous-en plus sur ce positionnement assez inédit.

Onera est une spin-off d’imec, un cen­tre de recherche sur la nanoélec­tron­ique et le numérique. Notre mis­sion est d’aider le secteur médi­cal à apporter les répons­es indis­pens­ables à des mil­lions de per­son­nes souf­frant de trou­bles du sommeil.
Les sta­tis­tiques mon­trent qu’une per­son­ne sur cinq a du mal à pass­er la journée parce qu’elle n’a pas pu se repos­er la nuit. Les sondages mon­trent qu’a pri­ori, à peu près 80 % des per­son­nes aux États-Unis ont des trou­bles du som­meil qui ne sont pas diag­nos­tiqués et donc pas traités. u’il s’agisse d’insomnie, d’apnée du som­meil, de nar­colep­sie ou d’une foule d’autres trou­bles, les per­son­nes souf­frant de ces affec­tions ne recherchent pas sou­vent un diag­nos­tic appro­prié. Grâce à notre solu­tion et nos offres de ser­vices, les médecins béné­ficieront des résul­tats des tests cor­re­spon­dant à la pré­ci­sion des clin­iques du som­meil con­ven­tion­nelles, tan­dis que les patients se reposeront plus facile­ment sous sur­veil­lance à la mai­son ou dans un cadre médi­cal sug­géré par leur spécialiste.

Dites-nous en plus sur le fonctionnement de vos patchs intelligents de diagnostic du sommeil.

Onera développe un pro­duit de test du som­meil à base de patchs conçu pour rem­plac­er un cer­tain nom­bre de cap­teurs nor­male­ment attachés au vis­age, au cuir chevelu, au tho­rax et aux mem­bres. Notre solu­tion per­me­t­tra aux patients de pass­er chez eux des tests de som­meil con­ven­tion­nels en lab­o­ra­toire. Les don­nées recueil­lies avec une très grande pré­ci­sion seront ensuite envoyées au médecin qui les analy­sera et pro­posera le traite­ment adéquat.
De cette façon, nous con­tribuons à l’évolution des pro­duits médi­caux, qui étaient aupar­a­vant des­tinés aux médecins et non aux patients. La pre­mière étape est donc de pro­pos­er le sys­tème à base de cor­rec­tifs via un mod­èle de ser­vice de diag­nos­tic du som­meil et nous envis­ageons de lancer par la suite des pro­grammes pilotes à tra­vers les États-Unis au cours des prochains mois.

Concrètement, quelles sont les problématiques que vous ciblez ?

Nous dévelop­pons une plate­forme de diag­nos­tic cen­trée sur les patchs de moni­teur et de nom­breux ser­vices associés.

Le pro­duit est présen­té comme une alter­na­tive aux cap­teurs clin­iques volu­mineux, car les patchs intel­li­gents ne sont pas intrusifs et peu­vent être appliqués et portés à la mai­son. Pen­dant trop longtemps, les gens ont évité de chercher ces répons­es car la com­préhen­sion de leurs prob­lèmes était coû­teuse, peu pra­tique ou peu fiable.

Bien­tôt, nos patchs de qual­ité médi­cale per­me­t­tront de diag­nos­ti­quer avec pré­ci­sion les affec­tions liées au som­meil dans le con­fort du lit du patient. Son util­i­sa­tion sera aus­si sim­ple que de porter un panse­ment. Ain­si, nous facili­tons l’accès au diag­nos­tic du som­meil sans com­pro­met­tre la qualité.

Votre actualité est marquée par une récente levée de fonds. Qu’en est-il ? Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés dans ce cadre ?

Nous avons récem­ment réus­si à réu­nir 9,3 mil­lions de dol­lars en finance­ment de série A. Le tour est porté par Jazz Phar­ma­ceu­ti­cals et imec.xpand, avec la par­tic­i­pa­tion sup­plé­men­taire d’imec, de BOM et d’autres investis­seurs anonymes. Cette lev­ée va être util­isée pour le développe­ment de notre patch et des pro­grammes pilotes à venir menés avec des spé­cial­istes de la médecine du som­meil aux États-Unis.

Nous allons béné­fici­er de l’expertise des pneu­mo­logues, des neu­ro­logues, des psy­chi­a­tres, des ORL, des pédi­a­tres et des mil­i­taires en pré­pa­ra­tion à notre com­mer­cial­i­sa­tion sur le marché améri­cain d’ici un an.

Dans le cadre de votre développement, quels sont vos principaux enjeux ?

Notre chal­lenge est de trans­former les proces­sus de diag­nos­tic et de suivi du traite­ment en médecine du som­meil. Le développe­ment de notre patch et de notre mod­èle de ser­vice, a pour objec­tif de don­ner aux clin­i­ciens les moyens de fournir aux patients des soins du som­meil optimaux.

Le prin­ci­pal enjeu est donc d’offrir aux médecins une nou­velle solu­tion qui vient en com­plé­ment des clin­iques du som­meil, parce que cer­tains patients devront prob­a­ble­ment tou­jours aller pass­er une nuit sous leur sur­veil­lance dans un envi­ron­nement médi­cal plus contrôlé.

L’idée est donc d’offrir une alter­na­tive plus sim­ple, plus con­viviale, moins coû­teuse, mais tou­jours selon les stan­dards médi­caux. Les pro­fes­sion­nels de san­té pour­ront ain­si offrir cette option à leurs patients et diag­nos­ti­quer les trou­bles du som­meil à tra­vers un traite­ment personnalisé.

Pour accompagner votre croissance, quels sont les profils que vous recherchez ?

Nous voulons dévelop­per notre équipe de R& D à Eind­hoven, aux Pays-Bas ain­si que notre équipe com­mer­ciale à Palo Alto au cœur de la Sil­i­con Val­ley en Cal­i­fornie. Nous souhaitons recruter dif­férents pro­fils en mar­ket­ing, ventes, développe­ment d’affaires, etc.

Notre ambi­tion est donc de ren­forcer nos com­pé­tences afin de mieux intro­duire le mod­ule de ser­vice Onera sur le marché améri­cain. Ain­si, il nous faut autant d’entrepreneurs que d’X préoc­cupés par ces prob­lé­ma­tiques de santé.

Et pour conclure, un mot à nos lecteurs ?

Je pense qu’il est pri­mor­dial d’oser, de se lancer et de rester curieux. Il faut aus­si garder l’esprit ouvert pour pou­voir saisir les oppor­tu­nités. Le fait d’avoir peur de l’inconnu est tout à fait nor­mal, cepen­dant, il faut appren­dre à sor­tir de sa zone de con­fort et à pren­dre des risques. J e pense que les poly­tech­ni­ciens ain­si que les diplômés des grandes écoles sont très bien équipés pour réus­sir et exceller dans les domaines qui les passionnent.


EN BREF

  • Créé en Cal­i­fornie en 2017 ;
  • Un cen­tre de R&D à Eind­hoven aux Pays-Bas ;
  • 9,3 mil­lions de dol­lars en finance­ment de série A.

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