L’Afrique, un lien qui vient du cœur

Dossier : X-AfriqueMagazine N°640 Décembre 2008

Par­o­di­ant à rebours les fameux Mous­que­taires, les qua­tre respon­s­ables du groupe X‑Afrique n’é­taient que trois, ce jour-là, dans la boîte à claque, pour van­ter avec fer­veur les actions du groupe X‑Afrique. C’est que, ” l’Afrique, on aime ou on n’aime pas. Si l’on aime, la rela­tion devient de ce fait vis­cérale ” comme l’a mon­tré l’en­goue­ment qu’a sus­cité l’élec­tion de Barak Obama.

Africains eux-mêmes, tra­vail­lant en Afrique ou amoureux de l’Afrique, les 250 mem­bres du groupe, dont le quart réside en Afrique, agis­sent dans qua­tre domaines prin­ci­paux (sans compter quelques opéra­tions ponctuelles d’en­traide) : la pro­mo­tion de l’É­cole, l’aide à la venue d’élèves africains, l’in­ser­tion pro­fes­sion­nelle des élèves en Afrique et des réflex­ions et échanges sur l’Afrique. 

Promouvoir l’École

La pro­mo­tion de l’É­cole s’ef­fectue par l’ex­is­tence même du groupe X‑Afrique et sa par­tic­i­pa­tion offi­cielle à de nom­breux événe­ments, dont la fête de l’élec­tion de M. Barak Oba­ma, pré­cise Alain Ducass. ” Je me sou­viens du Con­sumer elec­tron­ic show à Las Vegas où j’ai par­lé de l’Afrique dans la société de l’in­for­ma­tion si bien que le séna­teur de Philadel­phie est venu me saluer et nous avons pu échang­er d’in­téres­santes impres­sions sur l’im­pli­ca­tion des dias­po­ras africaines dans la vie économique. ”


Kina­para Coulibaly (98), coprési­dent Afrique sub­sa­hari­enne, orig­i­naire de Côte‑d’Ivoire, mar­ié, sans enfant, ingénieur chez Schlumberger.
« J’ai tra­vail­lé quelques années en Angleterre. De retour en France, j’ai tenu à m’impliquer dans les activ­ités des anciens élèves et dans un groupe comme X‑Afrique. »

De gauche à droite, Kina­para Coulibaly (98), Alain Ducass (73) et Jean-François Sor­ro (72).

X‑AFRIQUE
c/o AX 5, rue Descartes, 75005 Paris


Hatim Ara­ki (90), coprési­dent Magreb, orig­i­naire du Maroc, diplômé de l’ENSAE, mar­ié, jeune papa, directeur tech­nique de Come & Stay, entre­prise agis­sant dans le domaine de la vente par Internet.


Alain Ducass (73), coprési­dent Europe, ingénieur des Mines, mar­ié, 6 enfants.
« Je suis tombé dans la mar­mite africaine quand j’étais jeune ingénieur pas­sion­né par le développe­ment économique. J’y compte beau­coup d’amis. Le drame, ce sont les gens qui veu­lent tra­vailler et ne le peu­vent pas. Il faut lut­ter con­tre cette injus­tice fon­da­men­tale. Mon méti­er, c’est de créer du boulot. »

Jean-François Sor­ro (72), secré­taire général, ingénieur des Mines, mar­ié, 3 enfants.
« J’ai dirigé une entre­prise au Maroc durant cinq ans et la direc­tion régionale Maghreb d’un groupe durant trois ans. J’en ai gardé un attache­ment fort pour l’Afrique du Nord et toute l’Afrique. L’Afrique et l’Europe doivent resser­rer forte­ment et rapi­de­ment leurs liens cul­turels, économiques et poli­tiques. La France a un rôle clé à jouer et les X africains et français peu­vent apporter un con­cours pré­cieux. »

Favoriser la venue d’élèves africains à l’École

Le prob­lème est d’abord d’or­dre financier. Il faut trou­ver des bours­es pour les étu­di­ants africains. ” Nous étu­dions, avec la Fon­da­tion, un sys­tème de bours­es rem­boursables en cas de non-retour de l’élève dans son pays d’o­rig­ine, tirant leçon de l’ex­em­ple des Maro­cains dont la moitié ne retourne pas au Maroc. ” Reste, en amont, le prob­lème des class­es pré­para­toires, encore très rares en Afrique (où l’on peut citer en exem­ple le lycée Mohammed V de Casablanca).

Deux ini­tia­tives parallèles
L’éphémère groupe « X‑Afrique sub­sa­hari­enne », créé en sep­tem­bre 2002 par Abdourah­mane Cis­sé (2001), et Oueyssi­nou Nakouli­ma (96), s’adressait surtout aux poly­tech­ni­ciens africains. Le groupe X‑Sud, lancé deux mois plus tard par Alain Ducass (73), s’intéressait plus par­ti­c­ulière­ment au codéveloppe­ment avec l’Afrique. Les deux ont rapi­de­ment fusion­né en mars 2003, sous le nom d’X‑Afrique. Rap­pelons qu’il existe des groupes plus spé­ci­fiques, X‑Maroc et X‑Tunisie, dont une par­tie sig­ni­fica­tive des mem­bres adhère à X‑Afrique.

Aider à l’insertion professionnelle

” Il faut, comme le rap­pelle Jean-François Sor­ro, que les anciens élèves soient attirés par un retour dans leur pays et puis­sent accéder à des emplois de bon niveau lorsqu’ils y ren­trent. Un des volets de la solu­tion sem­ble être d’im­pli­quer le plus pos­si­ble les élèves et anciens élèves dans la créa­tion de cen­tres de prof­it en Afrique pen­dant le déroule­ment de leurs études en France. ” Cela a amené à la créa­tion du pro­jet ” Mar­cot­tage ” (voir arti­cle en page suiv­ante), ani­mé par des bénév­oles X‑Afrique ou non. L’analyse de ce pro­jet lancé en 2005 dépasse très large­ment celle du groupe X‑Afrique.

Réfléchir sur l’Afrique

” Nous plaçons beau­coup d’e­spoir dans l’avenir, explique Kina­para Coulibaly. La crise actuelle a démon­tré la ges­tion déplorable de l’Oc­ci­dent et va con­duire à un nou­v­el équili­bre Nord-Sud. ”

Le groupe tra­vaille beau­coup par cour­riel et dif­fuse une let­tre sur Inter­net. Il organ­ise des réu­nions, dont la dernière s’est tenue le 4 décem­bre avec notre cama­rade Stéphane Cie­niewis­ki (95), respon­s­able du Bureau de l’Afrique à Bercy (DGTPF). Il négo­cie des con­ven­tions de parte­nar­i­at avec les pou­voirs publics. Il est surtout très act­if dans le cadre des ” dias­po­ras ” africaines (voir arti­cle en page suiv­ante), et mul­ti­plie les échanges avec des groupes inter­na­tionaux (Maroc Entre­pre­neurs, Africago­ra, Réseau des étu­di­ants algériens des grandes écoles, ” African busi­ness club ”), avec les dif­férentes écoles africaines por­tant le nom de polytechnique.

Propos recueillis par
Jean-Marc Chabanas (58)

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