L’action sociale de la Kès : s’engager pour les autres

Dossier : SolidaritéMagazine N°705 Mai 2015
Par Adeline SOK (12)
Par Camille METZ (12)
Par Nicolas PALIOD (12)

L’ASK organ­ise des maraudes en parte­nar­i­at avec l’association human­i­taire et laïque La Chor­ba. Celles-ci con­sis­tent à ren­con­tr­er des sans-abri dans le but de recréer du lien social.

“ Rencontrer des sans-abri dans le but de recréer du lien social ”

Tous les lundis soirs, deux à trois équipes d’élèves gag­nent Paris pour effectuer des maraudes dans les Ier, XIIe et XIIIe arrondisse­ments. Au total, en 2014, pas moins de 65 élèves ont ten­té l’expérience.

La grande majorité d’entre eux ont beau­coup appré­cié cette action qui per­met d’avoir une autre vision de la vie parisienne.

Les maraudes per­me­t­tent « une ouver­ture à des per­son­nes qui sont présentes dans la vie quo­ti­di­enne mais aux­quelles on ne prête générale­ment pas atten­tion. Il suf­fit en fait de pren­dre du temps pour apporter son aide » selon Igor Sguario (2013), core­spon­s­able de la coor­di­na­tion entre l’ASK et La Chorba.

REPÈRES

Si l’ASK est constituée de 19 personnes, l’ensemble des élèves peuvent participer aux actions qu’elle propose. Tout au long de l’année, les élèves présents sur le campus peuvent s’investir dans des maraudes ou dans du tutorat, participer à des sorties avec des enfants en situation de handicap, aller lire des livres aux enfants de Grigny ou encore consacrer quelques semaines de leurs vacances d’été à un voyage humanitaire au Guatemala, en Bolivie, au Maroc, en Inde ou aux Philippines.
Si le tutorat et les voyages humanitaires impliquent un engagement sur le long terme, en revanche les élèves peuvent s’impliquer plus ponctuellement dans d’autres actions. Une centaine d’élèves par promotion ont déjà fait une maraude et une cinquantaine de tuteurs par promotion consacrent environ deux heures par semaine à des élèves issus de lycées défavorisés.
L’ASK organise également des événements ponctuels comme la récolte de vêtements au sein de l’École au mois de janvier ou encore les journées de sensibilisation au handicap. Une grande partie de la promotion participe à ces événements.

Organiser les maraudes

Les maraudes exi­gent une organ­i­sa­tion qui serait impos­si­ble sans l’association La Chor­ba. Les élèves bénév­oles dis­tribuent un plat chaud, du café et du thé qui ont été pré­parés par l’association.

Les élèves passent donc au local de l’association avant chaque maraude pour charg­er leurs voitures. Ils par­tent ensuite pour qua­tre heures de maraude avec leurs voitures dans leurs rayons d’action.

“ Les maraudes sont devenues, au fil des années, une activité majeure de l’ASK ”

Les arrêts peu­vent dur­er de cinq min­utes à une heure. Les poly­tech­ni­ciens font notam­ment preuve d’une grande capac­ité d’écoute et appor­tent du bien-être aux béné­fi­ci­aires sim­ple­ment en dis­cu­tant avec eux.

En retour, les sans-abri appor­tent égale­ment beau­coup aux X en leur faisant partager leur vision de la vie. La maraude ter­minée, les élèves passent entre une demi-heure et une heure au local de l’association pour échang­er leur expéri­ence avec des maraudeurs plus expéri­men­tés de l’association.

Ce moment con­vivial est sou­vent l’occasion de par­ler de sit­u­a­tions com­pliquées ren­con­trées et qui ont été dif­fi­ciles à gér­er voire à sur­mon­ter pour les élèves.

Cette dis­cus­sion per­met aus­si de rel­a­tivis­er l’expérience vécue par les poly­tech­ni­ciens, notam­ment lors de leur pre­mière maraude.

Panacher les équipes

REPAS CHAUDS

En parallèle des maraudes, l’association La Chorba organise six soirs par semaine une soupe populaire pour plus de six cents personnes. Cela nécessite d’importants stocks de nourriture.
Les polytechniciens et les masters ont la possibilité de participer à la collecte de la Banque alimentaire afin d’aider La Chorba à récolter des dons. Chaque année, 5 à 10 élèves participent à la collecte.

Cette action exige suivi et expéri­ence, que ce soit pour abor­der une per­son­ne sans-abri, pour favoris­er la sécu­rité ou encore pour con­serv­er le lien social qui se crée entre les bénév­oles et les bénéficiaires.

Les équipes de maraudes asso­cient donc des élèves expéri­men­tés à des néo­phytes afin que l’activité reste ouverte à tous les X et mas­ters, notam­ment à ceux qui souhait­ent sim­ple­ment faire une unique maraude pour décou­vrir cette action.

Au-delà de l’aide matérielle et du lien social apporté, les élèves cherchent à ori­en­ter les sans-abri vers l’association La Chor­ba en vue de leur réin­ser­tion. Plusieurs années peu­vent s’écouler avant que cette ori­en­ta­tion ne prenne forme. Le suivi n’en est que plus néces­saire. Les élèves les plus réguliers peu­vent par­ticiper aux réu­nions de coor­di­na­tion des maraudes organ­isées par les mairies d’arrondissement.

Collecter des vêtements

Out­re l’organisation des maraudes, le pôle maraudes de l’ASK organ­ise chaque année, con­join­te­ment avec le pôle événe­men­tiel, une col­lecte de vête­ments entre jan­vi­er et févri­er. Ces vête­ments sont ensuite redis­tribués auprès d’associations comme le Sec­ours pop­u­laire ou directe­ment aux sans-abri ren­con­trés en maraude.

Organ­isée sous forme de com­péti­tion entre sec­tions sportives, cette col­lecte a per­mis en 2014 de rassem­bler près de 2 000 vête­ments, tous don­nés par les élèves ou leurs familles. S’y ajoutent des dons réguliers des élèves poly­tech­ni­ciens le reste de l’année.

Cercle vertueux

Chaque année, la sen­si­bil­i­sa­tion des élèves à la sit­u­a­tion des sans-abri et leur par­tic­i­pa­tion aux maraudes aug­mentent. Cela a amené La Chor­ba à leur con­fi­er de plus en plus de maraudes. Un cer­cle vertueux s’est ain­si mis en place et les X s’ouvrent encore plus qu’auparavant aux prob­lé­ma­tiques sociales.

Les maraudes sont ain­si dev­enues, au fil des années, une activ­ité majeure de l’ASK.

Aidr des personnes en situation de handicap

Étant don­né son car­ac­tère mil­i­taire, l’École ne compte aucun élève en sit­u­a­tion de hand­i­cap (ou du moins recon­nu comme tel) dans ses rangs. Mal­gré cela, c’est une prob­lé­ma­tique qui nous tient à cœur, et sur laque­lle plusieurs mem­bres de l’ASK ont beau­coup tra­vail­lé tout au long de l’année, avec la respon­s­able Égal­ité de chances de l’École.

Le but ? Informer, mais aus­si pro­pos­er à l’ensemble de la pro­mo­tion de s’engager pour aider des per­son­nes en sit­u­a­tion de handicap.

Développer la sensibilisation

Deux gros événe­ments y ont con­tribué en 2014, et en pre­mier lieu l’organisation des « Journées Hand­i­cap ». La pre­mière était axée sur une sen­si­bil­i­sa­tion de type « pro­fes­sion­nelle » avec des ate­liers pro­posés par des entre­pris­es comme Total, L’Oréal ou MBDA qui ont présen­té leurs mis­sions hand­i­cap ain­si que des pos­si­bil­ités d’aménagement de l’espace de tra­vail. Un repas à l’aveugle, quelques con­férences et un spec­ta­cle de Guil­laume Bats, humoriste atteint de la mal­adie des os de verre, sont venus clore cette journée.

Basket HandicapLe lende­main, la sen­si­bil­i­sa­tion s’est faite plus par­tic­i­pa­tive, puisque nous avons pro­posé à l’ensemble de la pro­mo­tion 2012 de par­ticiper à des activ­ités de han­d­is­port, grâce au sou­tien du CSINI : bas­ket-fau­teuil, tir à la cara­bine non-voy­ant, tir à la sar­ba­cane sans pou­voir se lever ni se servir de ses mains, « boc­cia » (pétanque en fau­teuil), escrime en fau­teuil, par­cours à l’aveugle, etc.

Activ­ités com­plétées par la venue d’Un Quart de Plus, asso­ci­a­tion qui pro­pose de par­ticiper à des cours­es en pous­sant une « joélette » dans laque­lle un enfant (lour­de­ment) hand­i­capé est instal­lé, ce qui lui per­met de con­naître aus­si les joies de la course et de la compétition.

“ Proposer à l’ensemble de la promotion de s’engager pour aider des personnes en situation de handicap ”

Pour les volon­taires, cette approche a pu être appro­fondie par une for­ma­tion au hand­i­man­age­ment pro­posée par Com­panieros, qui a per­mis non seule­ment de dépass­er nos préjugés, mais surtout de mieux con­naître les lég­is­la­tions qui exis­tent en France pour les per­son­nes en sit­u­a­tion de hand­i­cap et de savoir com­ment agir dans cer­taines sit­u­a­tions délicates.

En out­re, un groupe d’une quin­zaine d’élèves a pu ren­con­tr­er Jacques Béd­het, ingénieur ayant per­du la vue, qui a pu témoign­er très directe­ment de la façon dont son hand­i­cap a été pris en compte dans l’entreprise où il travaillait.

Soutenir les enfants

Tout au long de l’année, l’ASK pro­pose aus­si aux élèves qui le souhait­ent de venir don­ner un peu de leur temps aux enfants en sit­u­a­tion de hand­i­cap, essen­tielle­ment sous deux formes : soit en les accom­pa­g­nant au cours d’une sor­tie à Paris (par exem­ple à la Cité des Enfants, au don­jon du château de Vin­cennes, etc.), soit en venant partager l’une de nos nom­breuses com­pé­tences artis­tiques dans un étab­lisse­ment médi­co-édu­catif (la Fan­fare y a ain­si ani­mé la Fête de la musique, provo­quant un véri­ta­ble ent­hou­si­asme auprès des enfants dont la plu­part étaient polyhandicapés).

DONNER DE SON TEMPS AUX AUTRES

Paul Kerdraon (2012), responsable du pôle santé de l’ASK, témoigne :
« Je me suis engagé dans la cellule don du sang de l’ASK. Elle a pour but d’apporter de l’aide au Service médical de l’École qui organise quatre dons du sang par an. Notre principal rôle est de communiquer et d’aider à la gestion des inscriptions. Devant la multitude des activités proposées à l’École, il est important de communiquer efficacement pour que les élèves soient informés, motivés et puissent recevoir des réponses s’ils se posent des questions – donner son sang pour la première fois fait souvent peur.
J’ai choisi de m’engager à l’ASK pendant ma scolarité à l’X car il me semblait important de donner un peu de mon temps aux autres après avoir passé deux ans dans le monde assez individualiste des classes préparatoires. En ce qui concerne le choix de la cellule don du sang, il s’agit d’un intérêt personnel pour ce domaine. Je suis donneur universel et étais donneur régulier à mon arrivée à Polytechnique. J’ai toujours été convaincu que beaucoup de gens donneraient leur sang s’ils étaient mieux informés et si on leur rendait l’acte encore plus simple. »

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