« La technologie et la science repoussent chaque jour les frontières  »

« La technologie et la science repoussent chaque jour les frontières »

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°804 Avril 2025
Par Emmanuelle VOISIN

Accé­lé­rer l’accès des inno­va­tions aux patients : voi­ci l’objectif de Voi­sin Consul­ting Life Sciences (VCLS). Ren­contre avec le doc­teur Emma­nuelle Voi­sin, dans un monde où les fron­tières sont sans cesse redes­si­nées grâce aux technologies.

Quelles sont les missions premières de VCLS ?

Nous sommes un par­te­naire stra­té­gique dont la mis­sion est d’accélérer l’accès des inno­va­tions aux patients, et ce dans des mar­chés glo­baux et hau­te­ment régle­men­tés, en col­la­bo­rant étroi­te­ment avec nos clients des sec­teurs Bio­tech, Phar­ma et MedTech.

Nos points d’ancrage sont la science et la tech­no­lo­gie : le fon­de­ment de notre acti­vi­té repose sur le déve­lop­pe­ment d’un pro­duit de san­té fon­dé sur ces deux domaines.

Par la suite, l’étape cru­ciale de notre tra­vail est de tra­duire le résul­tat scien­ti­fique en lan­gage régle­men­taire et médico-économique.

Sur ce, vient se gref­fer le déve­lop­pe­ment pré-cli­nique : fabri­ca­tion, contrôle du pro­duit, essais pré­cli­niques en phar­ma­co­lo­gie, phar­ma­co­ci­né­tique et toxi­co­lo­gie dans des modèles soit in vitro, soit in vivo chez l’animal, ou in sili­co (simu­lés par ordi­na­teur). Arrive ensuite le déve­lop­pe­ment cli­nique et l’évaluation du rap­port bénéfice/risque qui passe par une col­lecte de don­nées robustes dans le but de convaincre les agences com­pé­tentes de l’efficacité et la sécu­ri­té du produit.

En paral­lèle, nous assu­rons une mis­sion de Vigi­lance, c’est-à-dire la sur­veillance de la sécu­ri­té des pro­duits de san­té et la pré­ven­tion du risque d’effet indé­si­rable résul­tant de leur uti­li­sa­tion, que ce risque soit poten­tiel ou avéré.

Votre exper­tise est régie par l’excellence… Nos valeurs sont avant tout internes à l’entreprise : pas­sion du tra­vail, pas­sion d’être ensemble et intel­li­gence col­lec­tive sont nos maîtres mots. Notre exper­tise est régie par des valeurs d’excellence. Nous déli­vrons un résul­tat, qui certes ne peut pas être qua­li­fié de « per­fec­tion » dans ce monde qui va tel­le­ment vite, mais qui répond – plus qu’aux attentes – aux cri­tères régle­men­taires dras­tiques de notre milieu.

La technologie a été un virage dans la recherche médicale. Quand l’avez-vous ressenti ?

La tech­no­lo­gie a com­men­cé à révo­lu­tion­ner le sec­teur il y a plus de trente ans. Lorsque les mathé­ma­ti­ciens et les phar­ma­co­logues, en tra­vaillant conjoin­te­ment, ont pu modé­li­ser les don­nées pré­cli­niques pour pré­dire les résul­tats de phase 1 en cli­nique, il est deve­nu clair que la révo­lu­tion « Modé­li­sa­tion & Simu­la­tion » était en marche ! Depuis des décen­nies, nous consta­tons que la tech­no­lo­gie per­met des avan­cées signi­fi­ca­tives grâce à l’intelligence arti­fi­cielle, la bio­lo­gie syn­thé­tique ou l’utilisation du Big Data. Ces inno­va­tions per­mettent de repous­ser les frontières.

Celle qui m’est le plus chère concerne la modé­li­sa­tion per­met­tant de conduire des essais cli­niques vir­tuels. Il y a eu pen­dant très long­temps (trop long­temps même), un dogme dans notre domaine. Les agences régle­men­taires étaient contre un modèle in sili­co, mais l’Homme lui-même n’est-il pas un modèle ? Depuis plus de dix ans, la fron­tière a explo­sé. Non seule­ment les auto­ri­tés ont recon­nu l’importance de la modé­li­sa­tion, mais en plus elles le plébiscitent.

Au-delà d’un outil, la technologie est un accélérateur… 

La tech­no­lo­gie nous aide évi­dem­ment à navi­guer dans les méandres et les dif­fi­cul­tés. Mais elle per­met aus­si d’accélérer la régle­men­ta­tion qui doit sou­te­nir l’accès de l’innovation aux patients.

“Au-delà d’un outil, la technologie est un accélérateur… Elle permet aussi de faire accélérer le monde de la réglementation qui souvent ne va pas aussi vite qu’elle. Chaque jour, nous sommes obligés de prendre des chemins de traverse, car les process à peine créés sont vites obsolètes.”

Chaque jour, nous sommes obli­gés de prendre des che­mins de tra­verse, avec l’accord des agences, car la régle­men­ta­tion est sou­vent dépas­sée par l’innovation. Alors, à nous d’anticiper la règle, et d’apporter aux Agences les exemples qui leur per­met­tront de répondre aux nou­veaux besoins… C’est alors la science, gal­va­ni­sée par les prouesses tech­no­lo­giques, qui va géné­rer une nou­velle régle­men­ta­tion. Pen­dant cette inter­ac­tion, de nou­velles avan­cées émergent, et créent un cercle ver­tueux entre l’innovation scien­ti­fique et l’innovation régle­men­taire. Tout ce cycle est basé sur le fait d’oser. Prendre des risques, des ini­tia­tives, les mesu­rer pour les contrô­ler : voi­ci les maîtres mots qui per­mettent de sor­tir des sen­tiers bat­tus et d’avancer dans l’intérêt du patient.

Les frontières du XXIe siècle sont-elles figées ?

Nous avons quatre piliers d’expertise : accès au mar­ché et régle­men­ta­tion, déve­lop­pe­ment cli­nique et vigi­lances. Mais notre tra­vail n’est pos­sible qu’en mélan­geant toutes les com­pé­tences et toutes les clés. Rien n’est figé et tout res­semble plu­tôt à un grand puzzle, aux fron­tières exten­sibles à l’infini. Certes, la tech­no­lo­gie repousse sans cesse les contours de notre uni­vers de tra­vail… Mais c’est aus­si le cas de la géo­gra­phie. Qui aurait cru, il y a une dizaine d’années, que les Chi­nois seraient pas­sés direc­te­ment du géné­rique aux thé­ra­pies cel­lu­laires et géniques, ou aux anti­corps mono­clo­naux ? Nos quatre piliers fon­da­teurs sont sans cesse augmentés.

L’IA qui remplace l’humain : réalité ou fantasme ? 

Il faut évi­dem­ment tou­jours mettre un être humain par-des­sus la machine. Mais la machine fera tou­jours gagner un temps pré­cieux à l’homme. Pour prendre un exemple très simple : dans la par­tie phar­ma­ceu­tique, nous devons ana­ly­ser des cen­taines et des cen­taines de cer­ti­fi­cats d’analyse. C’est extrê­me­ment répé­ti­tif et chro­no­phage. L’utilisation d’un algo­rithme per­met de véri­fier si chaque cer­ti­fi­cat cor­res­pond aux spé­ci­fi­ca­tions d’origine.

“La combinaison des innovations entre elles ouvre le champ de tous les possibles… Cette convergence entre toutes les sciences et les technologies est à la fois captivante et formidable.”

La machine valide point par point ce que l’homme lui a appris, ce qu’il aurait lui-même mis trop de temps à faire. Si jamais il y a une alerte, alors le scien­ti­fique prend la main. Soit il confirme l’erreur déce­lée, et gère la situa­tion, soit il passe outre « l’hallucination » de la tech­no­lo­gie. Ce temps gagné est une valeur ajou­tée à mettre au pro­fit de l’accès du patient aux pro­duits de san­té. Je ne crois pas que la machine rem­pla­ce­ra un jour l’Homme : nous aurons tou­jours besoin des neu­rones et de l’intelligence de l’être humain pour avancer.

Quelles sont vos prin­ci­pales attentes ?

La com­bi­nai­son des inno­va­tions entre elles ouvre le champ de tous les pos­sibles. Uti­li­ser plu­sieurs dis­po­si­tifs médi­caux et un médi­ca­ment en un seul pro­duit de san­té met à pro­fit plu­sieurs tech­no­lo­gies pour obte­nir un diag­nos­tic et trai­te­ment : c’est une évo­lu­tion à com­pa­rer à la décou­verte de la poly­thé­ra­pie pour le trai­te­ment du VIH dans les années 1980. Par exemple, une thé­ra­pie génique, encap­su­lée dans un bio poly­mère inno­vant, lui-même admi­nis­tré suite à une déci­sion prise par un algo­rithme… pour être admi­nis­trée à un patient diag­nos­ti­qué in-vitro grâce à l’intelligence arti­fi­cielle : cette conver­gence entre toutes les sciences et les tech­no­lo­gies est à la fois cap­ti­vante et formidable. 

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