La révolution SMART, une formidable opportunité de se réinventer pour les utilities

Dossier : Dossier FFEMagazine N°697 Septembre 2014
Par Michaël SCHACK (78)
Par Stanilas De CREVOISIER (93)

Pour contri­buer à son enga­ge­ment dans le débat sur la tran­si­tion éner­gé­tique, GDF SUEZ a créé une PME interne dédiée aux tech­no­lo­gies smart, Eco­me­te­ring.

Eco­me­te­ring conçoit, déve­loppe et exploite pour le compte des enti­tés de com­mer­cia­li­sa­tion de la branche Éner­gie du groupe des solu­tions inno­vantes, clés en main, pour la maî­trise et le pilo­tage intel­li­gent de l’énergie.

Des par­ti­cu­liers aux pro­fes­sion­nels indus­triels et du ter­tiaire, ces solu­tions sont adap­tées à tous les seg­ments du mar­ché. Expli­ca­tions avec Michaël Schack, Direc­teur Géné­ral d’Ecometering (78), et Sta­nis­las de Cre­voi­sier, Direc­teur Indus­triel (93).

Quel objectif a présidé à la création d’Ecometering ?

Michaël Schack : Les rup­tures tech­no­lo­giques liées à l’internet des objets, au web 2.0, à la pro­duc­tion décen­tra­li­sée d’énergie ain­si que des évo­lu­tions socio­lo­giques accom­pa­gnées de nou­velles règle­men­ta­tions conduisent toutes les grandes uti­li­ties euro­péennes à se remettre en question.

Le groupe GDF SUEZ a créé Ecometering en janvier 2013, PME interne imaginée pour concevoir, développer et exploiter des solutions innovantes pour la maîtrise et le pilotage intelligent d’énergies.

De l’émergence d’un consom­ma­teur qui pro­duit désor­mais une par­tie de l’énergie qu’il consomme – le consom’acteur – nait le besoin d’une palette de nou­veaux ser­vices, allant de la mesure au pilo­tage à dis­tance par exemple.

C’est pour rele­ver ce défi que le groupe a créé Eco­me­te­ring en jan­vier 2013, PME interne ima­gi­née pour conce­voir, déve­lop­per et exploi­ter des solu­tions inno­vantes pour la maî­trise et le pilo­tage intel­li­gent d’énergies.

Ces solu­tions sont com­mer­cia­li­sées aujourd’hui par Elec­tra­bel en Bel­gique, GDF SUEZ Dol­ce­Vi­ta ou GDF SUEZ Ener­gies France sur le ter­ri­toire national.

A titre d’exemple : Ver­tuoz Habi­tat solu­tion pour la répar­ti­tion des frais de chauf­fage au gaz dans le loge­ment col­lec­tif en France, ou le Ther­mo­stat Connec­té Dol­ce­Vi­ta, qui per­met de pilo­ter son chauf­fage au gaz à dis­tance depuis son smart­phone afin de l’adapter à son mode de vie.

Comment se met-on en ordre de bataille pour opérer une telle évolution ?

MS : Avec les éner­gies renou­ve­lables et l’efficacité éner­gé­tique, le smart ener­gy est la troi­sième prio­ri­té de GDF SUEZ en Europe. Pour la mettre en oeuvre, Eco­me­te­ring a été conçue comme un méta-pro­jet, une petite struc­ture à la gou­ver­nance allé­gée. Eco­me­te­ring compte aujourd’hui une cen­taine de col­la­bo­ra­teurs par­mi les­quels figurent nombre de hauts potentiels.

C’est l’agilité et la rela­tive auto­no­mie dont béné­fi­cie Eco­me­te­ring, qui nous per­mettent de prendre des déci­sions rapi­de­ment. Une de nos forces est notre capa­ci­té à déve­lop­per et à faire évo­luer notre éco­sys­tème de partenaires.

Celui-ci nous per­met d’être tou­jours à la pointe de la tech­no­lo­gie en termes de maté­riel et logi­ciel et de déve­lop­per des solu­tions inno­vantes, don­nant un avan­tage concur­ren­tiel au groupe.

Avez-vous trouvé à l’intérieur de l’entreprise tous les moyens humains dont vous aviez besoin pour lancer un tel projet ?

Sta­nis­las de Cre­voi­sier : Dans un tel pro­ces­sus, il est abso­lu­ment indis­pen­sable de bras­ser des per­sonnes pro­ve­nant d’horizons divers pour mul­ti­plier les retours d’expériences et sus­ci­ter un maxi­mum de créa­ti­vi­té. Eco­me­te­ring est donc un mix de per­sonnes issues de dif­fé­rentes enti­tés de GDF SUEZ, ain­si que d’externes, dont je suis, issus du monde des PME inno­vantes ou des start-up technologiques.

Cette double culture est essen­tielle pour trou­ver le bon équi­libre : inno­ver et faire évo­luer les men­ta­li­tés, tout en res­tant fidèle aux valeurs et aux per­sonnes qui com­posent le groupe GDF SUEZ.

Est-ce un avantage d’appartenir à un grand groupe comme GDF SUEZ ?

SdC : Un pre­mier avan­tage est que GDF SUEZ connaît for­mi­da­ble­ment bien tous les métiers de l’énergie. Deuxième avan­tage : nous pou­vons béné­fi­cier des avan­cées tech­no­lo­giques d’autres enti­tés du Groupe.

La sur­face finan­cière d’une grande entre­prise comme GDF SUEZ n’est enfin pas négli­geable com­pa­ré à une petite start-up qui doit se battre en per­ma­nence pour fina­li­ser ses finan­ce­ments. Au total, l’appartenance à GDF SUEZ nous donne une force de frappe humaine, tech­nique et com­mer­ciale extra­or­di­naire, notam­ment en matière de com­mer­cia­li­sa­tion des solu­tions que nous pro­po­sons, qui passe essen­tiel­le­ment par le groupe.

Le lent démarrage de la transition énergétique freine-t-il le développement d’Ecometering ?

SdC : Au jour le jour, cela ne nous empêche pas de tra­vailler tant il est vrai que les pro­jets ne manquent pas. Au-delà, c’est le client qui prime. Qu’on lui pré­sente à un prix accep­table un pro­duit ou un ser­vice répon­dant à un réel besoin, le mar­ché suivra.

Une de nos forces est notre capacité à développer et à faire évoluer notre écosystème de partenaires. Celui-ci nous permet d’être toujours à la pointe de la technologie en termes de matériel et logiciel et de développer des solutions innovantes.

MS : On pré­voit que 50 mil­liards d’objets seront connec­tés dans les cinq ans qui viennent. A l’horizon de deux ou trois ans, vous pour­rez inté­gra­le­ment pilo­ter à dis­tance votre mai­son avec votre smart­phone. Cette évo­lu­tion va chan­ger nos modes de vie. C’est une for­mi­dable oppor­tu­ni­té pour les uti­li­ties de se réinventer.

En tirant à la baisse les prix du charbon et du gaz naturel, les gaz de schiste ne sont-ils pas une menace pour le développement des solutions smart ?

SdC : Là encore il ne faut pas perdre de vue l’évolution iné­luc­table qui est en marche, qu’il s’agisse de l’émergence du consom’acteur qui pro­duit une par­tie de son éner­gie ou, autre exemple, des bâti­ments à éner­gie posi­tive. A terme, on aura de moins en moins besoin de cen­trales pour pro­duire de l’électricité.

Le réseau élec­trique ne ser­vi­ra plus que d’appoint car la pro­duc­tion élec­trique sera locale, les clients consom­mant sur place l’énergie qu’ils pro­duisent et se ven­dant leurs excé­dents les uns aux autres. C’est loin d’être de la science fiction.

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