La retraite mutualiste du combattant

Dossier : ExpressionsMagazine N°599 Novembre 2004Par : Jacques Paillot de Montabert (56)

Son origine

Aux len­de­mains de la Pre­mière Guerre mon­diale, la Chambre » bleu hori­zon » a voté le 4 août 1923 une loi ouvrant un droit à répa­ra­tion aux com­bat­tants, en recon­nais­sance de la Nation pour les sacri­fices qu’ils lui avaient rendus.

Ain­si est née et a été main­te­nue la Retraite mutua­liste du com­bat­tant (RMC), un pro­duit finan­cier excep­tion­nel en matière de retraite com­plé­men­taire volontaire.

Ses aspects exclusifs

Elle est réser­vée aux titu­laires de la carte du com­bat­tant et aux déten­teurs du Titre de recon­nais­sance de la nation (TRN) ain­si qu’à la famille d’un » Mort pour la France » à titre mili­taire (ascen­dants, conjoint, des­cen­dants directs » pupilles de la Nation »). La carte du com­bat­tant est à deman­der à l’Of­fice natio­nal des anciens com­bat­tants (ONAC) du dépar­te­ment de rési­dence. À comp­ter du 1er juillet 2004, quatre mois de pré­sence en AFN lors des opé­ra­tions de guerre suf­fisent pour l’ob­te­nir, au lieu de douze mois jusqu’alors.

Elle béné­fi­cie d’une par­ti­ci­pa­tion finan­cière de l’É­tat allant de 12,5 % à 60 % selon le conflit consi­dé­ré et l’âge du souscripteur.

Elle s’ac­com­mode d’une durée de coti­sa­tion mini­male de dix ans et même – extracourte – de quatre ans pour les sous­crip­teurs âgés de 56 ans ou plus.

Elle peut être per­çue dès l’âge de 50 ans alors que le béné­fi­ciaire a toute chance d’ap­par­te­nir encore – et peut-être pour de nom­breuses années – aux actifs.

Elle peut être sous­crite à tout âge, même avan­cé. La sous­crip­tion, en décembre der­nier, par un de nos cama­rades âgé de 80 ans est loin d’un record…

Les ver­se­ments (appe­lés coti­sa­tions) sont cal­cu­lés en fonc­tion du taux de capi­ta­li­sa­tion en vigueur (2 % en 2004) et des tables d’es­pé­rance de vie du sous­crip­teur. Ils consti­tuent dans l’op­tion dite » capi­tal réser­vé » une somme d’argent boni­fiée par l’or­ga­nisme ges­tion­naire agréé, au titre de la par­ti­ci­pa­tion aux excédents.

Au décès, cette somme est res­ti­tuée, hors droit de suc­ces­sion, aux béné­fi­ciaires dési­gnés (conjoint, héri­tiers légaux, ou toute autre per­sonne choi­sie par le sous­crip­teur). Une autre option dite » capi­tal alié­né » ne res­ti­tue pas le capi­tal mais abonde la rente.

Ses aspects exceptionnels

La rente consti­tuée est ver­sée à vie durant et reva­lo­ri­sée chaque année par l’É­tat au titre du main­tien du pou­voir d’a­chat (1,7 % pour 2004) dans la limite d’un mon­tant dit » pla­fond majo­rable « . Elle est, de plus, boni­fiée par l’or­ga­nisme ges­tion­naire mutua­liste (donc sans but lucra­tif) au titre de la par­ti­ci­pa­tion aux excédents.

La rente n’est pas impo­sable pour la par­tie consti­tuée par l’é­pargne per­son­nelle. Elle reste exclue des pré­lè­ve­ments sociaux (CSG et CRDS).

Dès la pre­mière année, les ver­se­ments (coti­sa­tions) sont inté­gra­le­ment déduc­tibles du reve­nu net imposable.

Les ver­se­ments sont libres (mini­mum 80 € par an), ce qui donne une grande sou­plesse dans la consti­tu­tion de la rente.

Le pro­duit est assu­ré d’une grande péren­ni­té. En effet, le pla­fond majo­rable de la RMC est indexé sur la valeur du point de la pen­sion mili­taire d’in­va­li­di­té (PMI), laquelle s’in­sère dans la grille des trai­te­ments et salaires de la Fonc­tion publique. Lui sont appli­quées les aug­men­ta­tions légales successives.

S’y ajoute une confiance jus­ti­fiée envers l’or­ga­nisme ges­tion­naire, en rai­son des règles pru­den­tielles que lui fixe et contrôle l’État.

Au total

La rente pla­fon­née n’est, certes, pas très éle­vée : 1 579 € pour 2004. Mais la » répa­ra­tion » qu’elle repré­sente doit être appré­ciée en consi­dé­rant tous ses autres avan­tages consti­tu­tifs : éco­no­mies d’im­pôts (IRPP et suc­ces­sion), période d’é­pargne très écour­tée, res­ti­tu­tion du mon­tant des ver­se­ments, reva­lo­ri­sa­tion annuelle, boni­fi­ca­tion par l’or­ga­nisme ges­tion­naire, péren­ni­té du pro­duit, réajus­te­ment annuel du pla­fond majo­rable et par­ti­ci­pa­tion de l’É­tat, dans cer­tains cas, supé­rieure à l’é­pargne personnelle.

En conclusion

Aucun pro­duit finan­cier exis­tant sur le mar­ché ne peut concur­ren­cer la RMC au plan des avan­tages ser­vis. Retraite hors normes, elle est à la fois une assu­rance décès et une assu­rance vie.

Et pour­tant, la RMC est peu connue. Aujourd’­hui, elle est ser­vie à envi­ron 600 000 béné­fi­ciaires alors que les ayants droit poten­tiels sont esti­més à plus de 2 500 000.

Il est aisé de com­prendre que l’É­tat ne fasse pas de publi­ci­té pour la RMC : pour chaque sous­crip­teur, il doit par­ti­ci­per finan­ciè­re­ment à la consti­tu­tion de la rente.

Si le lec­teur de cet article n’est pas concer­né, parce qu’il n’a pas de pas­sé com­bat­tant, qu’il livre au moins cette infor­ma­tion sur la RMC à une de ses rela­tions, ami­cales ou pro­fes­sion­nelles, qu’il sup­pose être un ayant droit qui s’i­gnore. Car, au-delà de l’as­pect stric­te­ment finan­cier, la RMC consti­tue entre les géné­ra­tions de Com­bat­tants une authen­tique chaîne de soli­da­ri­té depuis les » poi­lus » de 14–18, grâce aux sacri­fices des­quels cette RMC existe, jus­qu’aux jeunes com­bat­tants enga­gés dans les conflits les plus récents, en pas­sant par ceux de 39–45, des TOE, d’AFN, d’A­frique, de l’ex-You­go­sla­vie, du Golfe…

Cette spé­ci­fi­ci­té fran­çaise mérite bien d’être mieux connue.

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