Maurice Bernard (48)

La recherche à l’heure de la mondialisation

Dossier : La recherche dans le mondeMagazine N°651 Janvier 2010
Par Maurice BERNARD (48)

Peu avant que ne roule sous l’é­cha­faud la tête de Lavoi­sier, un dépu­té de la Conven­tion s’é­tait excla­mé : » La Répu­blique n’a pas besoin de savants ! » Mais ce refus n’é­tait déjà pas dans l’es­prit du temps puisque, peu après, des membres émi­nents du Comi­té de Salut public, notam­ment Monge et Car­not, ins­pi­rés par l’es­prit des Lumières, pour satis­faire les besoins de la nation fran­çaise en savants, ingé­nieurs, offi­ciers, décident de créer une pépi­nière de talents. Dès 1794, ils ins­ti­tuent l’É­cole poly­tech­nique, l’É­cole nor­male supé­rieure et le Muséum d’his­toire natu­relle. De fait la réus­site scien­ti­fique de ces nou­velles ins­ti­tu­tions fut remar­quable. Les noms des plus grands savants du xixe siècle en témoignent : Gay-Lus­sac, Ara­go, Cau­chy, Corio­lis, Fresnel… 

Depuis ces années, le monde a connu des bou­le­ver­se­ments radi­caux lar­ge­ment dus à ce qui a long­temps été appe­lé » pro­grès scien­ti­fique « . L’o­pi­nion découvre aujourd’­hui que la science ne va pas for­cé­ment de pair avec le pro­grès mais, en même temps, elle demande une mobi­li­sa­tion sans pré­cé­dent de res­sources et de talents pour que la recherche nous four­nisse les réponses aux mille pro­blèmes et menaces aux­quels l’hu­ma­ni­té se trouve confron­tée : la recherche est désor­mais un enjeu majeur. Aujourd’­hui encore, donc, la Répu­blique a besoin de savants. 

La Jaune et la Rouge, en fin d’an­née der­nière, a appor­té un pre­mier éclai­rage sur la recherche en France. Beau­coup s’a­larment et sans doute à juste titre. Ils craignent que notre pays ne sache pas for­mer, rete­nir et uti­li­ser les talents tou­jours plus grands, nom­breux et variés dont un pays moderne a besoin. Ils s’in­quiètent aus­si de la capa­ci­té de nos équipes à trans­for­mer les décou­vertes de labo­ra­toire en inven­tions direc­te­ment exploitables. 

Dans un domaine plus que tout autre mar­qué par la mon­dia­li­sa­tion, la réponse à ces ques­tions et à ces craintes oblige à regar­der ce qui se fait ailleurs, plus par­ti­cu­liè­re­ment dans des pays phares en matière de recherche, et à com­pa­rer les pra­tiques. C’est la démarche pro­po­sée par ce dos­sier. Confron­tée aux défis de demain, la Répu­blique a‑t-elle tous les savants dont elle a besoin ? 

Nous remer­cions cha­leu­reu­se­ment la revue La Recherche et notam­ment son direc­teur scien­ti­fique Jean-Michel Ghi­da­glia (58) qui nous a beau­coup aidés dans la pré­pa­ra­tion des deux dossiers.

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