La planète des peuples

Dossier : Environnement : les relations Nord SudMagazine N°647 Septembre 2009
Par Jérôme PERRIN (74)

Sem­ble acquise la prise de con­science inter­na­tionale des men­aces et des risques sur l’en­vi­ron­nement, la bio­di­ver­sité et le change­ment cli­ma­tique. La mise en oeu­vre de poli­tiques con­certées est en bonne voie, en par­ti­c­uli­er depuis cette année 2009 qui va se con­clure par la Con­férence des Nations unies sur le change­ment cli­ma­tique de Copen­h­ague en décem­bre1.

Il y aura sans aucun doute un accord à Copen­h­ague, voire des engage­ments, sur la réduc­tion des émis­sions de gaz à effet de serre pour laque­lle l’Eu­rope mon­tre la voie depuis l’adop­tion de son ” paquet énergie-cli­mat ” fin 2008. Mais ira-t-on jusqu’à la mise en place d’une véri­ta­ble gou­ver­nance mon­di­ale de l’en­vi­ron­nement appuyée sur une Organ­i­sa­tion mon­di­ale de l’en­vi­ron­nement (OME) qui fasse le pen­dant de celle du com­merce (OMC) ? Il est per­mis d’en douter tant le dilemme envi­ron­nement-développe­ment est loin d’être perçu de manière con­sen­suelle entre les pays qu’on avait cou­tume d’ap­pel­er pays du Nord et pays du Sud, ou pays indus­tri­al­isés par rap­port aux pays en voie de développe­ment, alors que nom­bre de pays du Sud sont passés au stade de pays dits ” émer­gents ” et que cer­tains con­trô­lent main­tenant la crois­sance économique mon­di­ale. En fait comme le dit ci-après Alain Lip­i­etz ” la frac­ture interne au Sud est aujour­d’hui le point focal des débats sur envi­ron­nement et développe­ment dans l’an­cien Sud “.

Or, s’il est clair que le choix n’est plus entre développe­ment et envi­ron­nement pour les pays rich­es et indus­tri­al­isés, la notion de développe­ment durable doit met­tre le sort des pop­u­la­tions les plus vul­nérables au pre­mier plan. Cela néces­site de pren­dre en compte de façon équili­brée les préoc­cu­pa­tions des pays en développe­ment pour met­tre en place une ges­tion raison­née et sol­idaire des ressources agri­coles et minérales, de l’én­ergie et de l’eau en tant que bien pub­lic mon­di­al, des pro­duits chim­iques et indus­triels, de leur trans­port et du recy­clage de leurs déchets, cela en garan­tis­sant la bio­di­ver­sité, la qual­ité de l’en­vi­ron­nement et l’avenir du cli­mat. Il est bon de rap­pel­er ici les Objec­tifs du mil­lé­naire pour le développe­ment (OMD) pris en 2000 par la com­mu­nauté inter­na­tionale. Ces OMD visaient à éradi­quer la pau­vreté en 2015. Par­mi huit objec­tifs l’OMD n° 7 porte explicite­ment sur la préser­va­tion de l’en­vi­ron­nement et se décline en trois cibles :

- 7‑A : ” Inté­gr­er les principes du développe­ment durable dans les poli­tiques et pro­grammes nationaux et invers­er la ten­dance actuelle à la déperdi­tion des ressources naturelles ” ;
- 7‑B : ” Réduire l’ap­pau­vrisse­ment de la diver­sité biologique et en ramen­er le taux à un niveau sen­si­ble­ment plus bas d’i­ci à 2010 ” ;
- 7‑C : ” Réduire de moitié, d’i­ci 2015, le pour­cent­age de la pop­u­la­tion qui n’a pas accès de façon durable à un appro­vi­sion­nement en eau de bois­son salu­bre et à des ser­vices d’as­sainisse­ment de base. ”

Il sem­ble bien qu’on soit encore loin d’at­tein­dre ces cibles, mais l’e­spoir et la sol­i­dar­ité doivent l’emporter sur le cat­a­strophisme et les égoïsmes nationaux et con­ti­nen­taux. OMC, OMD, OME voici trois sigles qui résu­ment la prob­lé­ma­tique com­plexe qu’abor­dent les auteurs des treize arti­cles de ce numéro spé­cial. On pour­rait y rajouter OMF pour le con­trôle des marchés financiers après la crise de ” l’é­conomie-casi­no ” qui a frap­pé de plein fou­et les économies des pays les plus vul­nérables. Mais c’est une autre histoire.

1. Désignée par le sigle COP 15 cette con­férence est la 15e d’une série de COP (Con­fer­ence of the Par­ties) depuis la COP 1 à Berlin en 1995 en pas­sant par la COP 3 à Kyoto en 1997 d’où est né le fameux pro­to­cole éponyme.

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