Cours de dessin à l'extérieur. Ecole polytechnique

La permanence et la diversité des pratiques artistiques

Dossier : L'X et les humanitésMagazine N°701 Janvier 2015
Par Gilles GRESSOT

François-Marie Neveu explique l’indispensable présence de l’enseignement du dessin dans une école d’ingénieurs : « Les trois comités réu­nis ont pen­sé que l’enseignement serait incom­plet dans l’École cen­trale si l’étude du dessin y était nég­ligée ; ils ont cru, avec rai­son, qu’à la manière d’instruire tenait presque tou­jours le suc­cès de l’instruction ; que la con­tin­u­a­tion du tra­vail n’était pos­si­ble qu’en vari­ant les travaux, et qu’à des occu­pa­tions “appli­quantes” et sévères devaient en suc­céder d’autres plus vives et moins attachantes ;

REPÈRES

En 1794, les décrets d’organisation prévoyaient déjà un enseignement du dessin. Il fut dès l’origine mis en œuvre par François-Marie Neveu, peintre de genre, de figures, de paysages et de portraits, et a perduré depuis. Cet enseignement s’est par la suite étendu à ceux de la peinture, de la gravure, de la sculpture et, plus récemment, à celui de l’infographie.

« Ils ont cru aus­si que l’art qui recherche les beautés de la nature, étudie la per­fec­tion des formes, et qui sert de base à tant d’arts dif­férents, devait entr­er dans l’éducation de l’ingénieur.

« En effet, aucune étude ne doit lui être étrangère ; tout ce qui peut épur­er son goût et l’agrandir doit lui être enseigné ; il faut qu’il marche sur les traces des artistes anciens, dont les con­struc­tions ne sont pas moins élé­gantes que solide­ment bâties, et qui bril­lent autant par la grandeur de l’ensemble que par la justesse des pro­por­tions et par le goût des ornements.

“ Le dessin de la figure est une étude indispensable ”

« Pour arriv­er à ce degré de tal­ent, le dessin de la fig­ure est une étude indis­pens­able ; de toutes les formes, celle de l’homme étant la plus pré­cise, c’est par elle que toutes les autres sont appré­ciées dans leur mesure comme dans leur per­fec­tion. Il était donc con­ven­able que le dessin de la fig­ure entrât dans l’éducation de l’ingénieur, non pour en faire des pein­tres pro­pre­ment dits, mais pour que cette étude en facil­itât d’autres, pour com­pléter l’enseignement de divers­es sci­ences qui leur sont néces­saires, pour associ­er le dessin aux autres travaux dont ils s’occupent, pour qu’il embel­lit par ses charmes d’autres études plus sévères et moins attrayantes. »

La mise en œuvre passe par l’observation.

Le raisonnement ne suffit pas

Aujourd’hui, la capac­ité d’analyse, le sens de la syn­thèse, la qual­ité du raison­nement et la vivac­ité d’esprit font par­tie des signes dis­tinc­tifs des élèves. Toute­fois, ces qual­ités sont au ser­vice d’une approche qua­si exclu­sive­ment asso­ciée aux sciences.

UNE OUVERTURE SUR LE MONDE

L’enseignement du dessin s’est étendu à ceux de la peinture, de la gravure, de la sculpture et, plus récemment, à celui de l’infographie. Ces enseignements ont conservé toute leur actualité. Ils offrent aux élèves une ouverture au monde et sur eux-mêmes, abordent la notion de beauté et de sa représentation et donnent la possibilité d’associer en conscience la part dévolue à l’intelligence et à la connaissance à celle de l’émotion et de la sensibilité.
Par extension, ils permettent l’articulation positive entre l’univers professionnel et la vie personnelle. La découverte des ateliers d’arts plastiques est bien souvent une réelle surprise pour les nouveaux élèves. Leur cursus scientifique n’a pas nécessairement laissé la place à l’approche d’univers d’une autre nature. Le choix, ou plus sûrement l’absence de choix, s’est produit de lui-même.

L’intention artis­tique se nour­rit d’une part dif­férente de l’individu. Même s’il est indis­pens­able, le raison­nement ne peut se suf­fire à lui-même. Il n’est qu’une par­tie incluse dans un ensem­ble plus riche et plus com­plet, qu’un élé­ment de l’approche. Le phénomène opère en deux temps : le ressen­ti, puis les choix de la mise en forme des perceptions.

La com­plex­ité tient au fait que la sen­si­bil­ité indis­pens­able à la réal­i­sa­tion de toute œuvre, fût-elle en devenir, doive se posi­tion­ner au ser­vice de l’expression. En ce sens, la part sen­si­ble qui com­pose l’individu doit être « domp­tée » pour que l’émotion per­son­nelle n’interfère pas de manière par­a­sitaire dans la mise en scène de l’émotion artistique.

Être sen­si­ble à tel ou tel sujet est indis­pens­able, mais cela n’implique en aucune manière que sa tran­scrip­tion saura naturelle­ment restituer le sen­ti­ment pre­mier. Il y a néces­sité de faire des choix plas­tiques pour qu’elle puisse s’exprimer.

Restituer les sentiments

La mise en œuvre passe par l’observation. Elle est la garante de l’imprégnation néces­saire à la resti­tu­tion des sen­ti­ments. La nature du sujet – por­trait, mod­èle, paysage ou objet – sera invari­able­ment soumise à l’effet de la lumière, à ce qu’elle met­tra en exer­gue ou à ce qu’elle nim­bera d’un voile de silence.

Par cette approche, la forme n’a pas d’existence pro­pre. Elle par­ticipe à son envi­ron­nement qui l’absorbe pour par­tie ou l’exalte par ailleurs. Le regard sur le sujet et la tran­scrip­tion qui suiv­ra traduiront imman­quable­ment une part de la per­son­nal­ité de l’auteur.

Il com­man­dera à la main qui traduira les inten­sités, les nuances, les inflex­ions et, par là même, par­ticipera à l’évocation de sa sen­si­bil­ité, et à sa prise de conscience.

Cours de dessin à l'Ecole polytechnique
Faire remon­ter des émo­tions en état d’hibernation.

RÉVEILLER LA PARTIE SENSIBLE

Les matières artistiques suscitent dans un premier temps la curiosité, mais elles ont également la vertu de réveiller la partie sensible des êtres. Elles apparaissent lors des premiers apprentissages scolaires et sont souvent laissées sous silence ensuite.
Aborder une pratique artistique revient à faire remonter à la surface des émotions « en état d’hibernation ». De fait, une fois passé les inquiétudes initiales liées le plus souvent au temps écoulé sans pratique, la qualité des travaux et les progrès effectués par les polytechniciens durant un séminaire sont toujours saisissants.

Techniques classiques et pratiques numériques

L’École poly­tech­nique pro­pose des sémi­naires de dessin, de pein­ture, de gravure, de sculp­ture et d’infographie. Le dessin abor­de l’univers vis­i­ble par l’observation, par le choix qu’un indi­vidu opère avant sa tran­scrip­tion, par l’utilisation de dif­férents out­ils et la mise en œuvre de nom­breuses techniques.

Impression manuelle à l'Ecole polytechnique
Don­ner vie à des pratiques.

Il est recom­mandé de choisir un sémi­naire de dessin avant d’en abor­der d’autres pour lesquels la tech­nique, indis­pens­able, néces­site l’acquisition de bases graphiques de représentation.

Le sémi­naire de pein­ture explore la couleur, la lumière et la matière par le pinceau, la brosse et le couteau, celui de la gravure vis­ite l’ensemble des tech­niques de taille-douce. La sculp­ture débute par le mod­e­lage de la terre avant la trans­po­si­tion du sujet en taille directe sur la pierre, tan­dis que le sémi­naire d’infographie asso­cie les moyens numériques à l’expression graphique.

Les ate­liers et le matériel mis à dis­po­si­tion par l’École per­me­t­tent de don­ner vie à ces pra­tiques qui recueil­lent un suc­cès pérenne d’année en année. Les élèves désireux de pour­suiv­re une pra­tique artis­tique au-delà des horaires prévus dans le cur­sus se sont organ­isés en asso­ci­a­tion (le binet Bozar).

Cer­tains y pro­lon­gent d’une manière plus per­son­nelle et plus affir­mée ce qui a été abor­dé dans les sémi­naires tan­dis que d’autres préfèrent laiss­er libre cours à leur imagination.

Leurs travaux et recherch­es sont encadrés par un enseignant d’une façon indi­vid­u­al­isée, au plus près des envies et des aspi­ra­tions de chacun.

Associer sciences et pratiques artistiques

Les cours des sémi­naires artis­tiques sont dis­pen­sés par sept enseignants qui exer­cent tous une activ­ité artis­tique pro­fes­sion­nelle. Pour­tant, il est rare que les élèves aient con­nais­sance de leur travail.

“ Développer l’observation ou laisser libre cours à l’imagination ”

De fait, l’équipe péd­a­gogique a souhaité que la pro­duc­tion artis­tique de chaque enseignant des arts plas­tiques puisse être décou­verte par les élèves et par les per­son­nels de l’École, au même titre que sont acces­si­bles les paru­tions des enseignants des matières sci­en­tifiques ou littéraires.

Nous avons ain­si organ­isé une grande expo­si­tion en mai dernier. Le suc­cès de cette man­i­fes­ta­tion nous a touchés dans un pre­mier temps, mais nous a égale­ment con­fortés dans le sen­ti­ment que la réson­nance de ces pra­tiques dépas­sait très large­ment le cadre pure­ment scolaire.

L’École poly­tech­nique a tou­jours présen­té la par­tic­u­lar­ité unique d’associer aux sci­ences la décou­verte et l’exploration des pra­tiques artis­tiques. La per­ma­nence de ces enseigne­ments démon­tre de manière écla­tante le bien-fondé de l’apport de l’enseignement des arts dans l’histoire et dans l’actualité polytechnicienne.

Commentaire

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car­ri­errépondre
25 octobre 2016 à 8 h 55 min

pose mod­e­les vivantes
bon­jour

voila je recherche a pose comme mod­e­les vivantes deja pose comme mod­e­les vivantes tres envie ces de pose
comme mod­e­les vivantes 0631927402 philippe 1m79 pour 80 kilos mer­ci a tout 

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