Timbres émis suite à la destruction du Moskva - navire amiral de la flotte russe en mer Noire.

La guerre entre la Russie et l’Ukraine : une expérience vécue

Dossier : ExpressionsMagazine N°785 Mai 2023
Par Ignace HAERTLÉ (X00)

Ignace Haertlé (X00), un poly­tech­ni­cien entre­pre­neur en Ukraine et dans plusieurs pays lim­itro­phes, a vécu au pre­mier plan les événe­ments ayant abouti à la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Aujourd’hui instal­lé en Ital­ie, il demeure en con­tact per­ma­nent avec l’Ukraine où ses entre­pris­es ont pu repren­dre leurs activ­ités. Il livre ici un témoignage sur la vie en Ukraine depuis 2010, la guerre du Don­bass, le déclenche­ment du con­flit et l’expérience de ter­rain qu’il en a.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie occupe depuis févri­er 2022 une par­tie impor­tante de notre champ médi­a­tique. S’y côtoient – et c’est un élé­ment rel­a­tive­ment inédit – des réc­its con­cur­rents sur cet événe­ment en cours. Con­cur­rents ? Ce mot serait même faible puisque sou­vent ces ver­sions sont incom­pat­i­bles entre elles et ne peu­vent exis­ter con­comi­ta­m­ment ! Alors, com­ment dis­cern­er le vrai de l’approximatif, et l’approximatif du faux ? Comme dans bien des cas, avoir de l’information issue du ter­rain per­met d’y voir un peu plus clair.

Un point de vue éclairé

J’ai vécu à Kyiv (forme ukraini­enne de Kiev) de 2008 à 2020. Ma femme est russe et nos enfants sont nés en Ukraine. J’y ai créé en 2009 une entre­prise d’ingénierie et de con­struc­tion : Ertle Ltd. La dynamique entre­pre­neuri­ale a été telle que nous avons dû ouvrir des fil­iales dans les pays lim­itro­phes : la Russie, la Biélorussie, la Pologne. Autrement dit, une géo­gra­phie d’affaires de rêve aujourd’hui ! Je me déplaçais donc beau­coup dans la zone et mon secteur d’activité – la con­struc­tion – me met­tait en rap­port réguli­er avec un spec­tre social très large. Depuis 2020, ma famille et moi avons démé­nagé en Ital­ie, à Rome d’où je con­tin­ue à gér­er mes entreprises.

Le Donbass d’avant

L’« avant » en Ukraine, c’est la péri­ode avant 2014. Ianoukovitch était prési­dent, il avait été élu en 2010 – démoc­ra­tique­ment. Il venait du Don­bass et était, ain­si que son équipe, un klep­to­crate. À l’époque, la langue ukraini­enne côtoy­ait sans con­flit par­ti­c­uli­er la langue russe, la société était partagée entre ceux qui pen­saient que l’avenir de l’Ukraine était en Europe et ceux qui con­sid­éraient que l’Ukraine apparte­nait au monde russe – sans débats enflam­més, ni batailles rangées – et per­son­ne ne soute­nait que les deux ten­dances étaient incom­pat­i­bles. Ce Don­bass, dont on par­le tant main­tenant, était une région ukraini­enne comme les autres – sans par­tic­u­lar­ité remar­quable – sauf aux yeux de ses pro­pres habi­tants, comme un peu partout. Loin d’être opprimé ou délais­sé, le Don­bass dom­i­nait au con­traire le pays, car l’écrasante majorité des dirigeants nationaux en étaient issus.

Les manifestations populaires de novembre 2013

Tout a com­mencé en novem­bre 2013. Ianoukovitch a, à la sur­prise générale, refusé de sign­er le traité d’association avec l’Union européenne. Un traité qui était annon­cé depuis longtemps et sur lequel un cer­tain nom­bre d’espoirs étaient fondés. Une ren­con­tre avec Pou­tine à Moscou, lors de laque­lle Ianoukovitch s’est vu accorder un prêt d’État de 3 mil­liards, avait eu lieu quelques jours aupar­a­vant. Ce prêt a fort prob­a­ble­ment été détourné par ce dernier. Ces deux événe­ments ont par la suite été ressen­tis comme liés. Tou­jours est-il que ce refus a forte­ment dépité l’opinion publique ukraini­enne, déjà échaudée par les nom­breux scan­dales de cor­rup­tion. Des étu­di­ants sont allés man­i­fester et ont plan­té des tentes sur Maï­dan. Au bout de quelques jours, les berkuts – la police anti-émeutes – les ont délogés bru­tale­ment. Et c’est passé aux infor­ma­tions… Peut-être est-ce à cet instant que tout s’est joué… La vue de ces jeunes gens et jeunes filles bat­tus jusqu’au sang et en larmes a révul­sé la pop­u­la­tion. Le same­di suiv­ant une man­i­fes­ta­tion mon­stre a com­mencé – plus de 500 000 per­son­nes se sont rassem­blées sur Khreshchatyk pour dénon­cer le régime. Ici et là, on entend par­ler d’« ingérence étrangère » et on a essayé de don­ner un car­ac­tère arti­fi­ciel à ces man­i­fes­ta­tions, mais ce n’est pas com­pat­i­ble avec leur car­ac­tère mas­sif et spontané.

La fuite de Ianoukovitch

Ces man­i­fes­ta­tions se pour­suiv­aient les week-ends, per­dant un peu leur inten­sité, s’essoufflant même, jusqu’à la bêtise poli­tique suiv­ante de Ianoukovitch, qui arrivait mal­gré lui à les relancer. Et puis, à par­tir de mi-févri­er, il a décidé ou a été poussé à dur­cir la répres­sion. Je me sou­viens très bien de ces jours de parox­ysme. Je suis en train de pren­dre l’avion pour Moscou, j’apprends que la route de l’aéroport a été blo­quée. Sur Maï­dan, les tirs com­men­cent, des gens meurent. Une cen­taine de per­son­nes mour­ront en deux jours. Le métro est arrêté. Ma femme m’appelle pour me dire que les ponts ont été blo­qués – Kyiv est tra­ver­sé par le Dniepr et il y a trois grands ponts. Ma femme est rive gauche, mes enfants rive droite, moi à Moscou igno­rant si les vols de retour seront ou non sus­pendus. On apprend qu’un rég­i­ment arrive de Dniepropetro­vsk vers Kyiv… Et puis quelque chose craque dans le sys­tème. Les ponts rou­vrent, le métro repart, toutes les routes se déblo­quent. Quelqu’un, on ne sait pas trop qui, a refusé d’obéir, entraî­nant les autres comme des domi­nos. Ianoukovitch fuira deux jours plus tard. Cet événe­ment est par­fois qual­i­fié de « coup d’État », mais après les morts de Maï­dan, après que sa pro­pre équipe eut refusé de lui obéir, rester au pou­voir était pour lui totale­ment inimag­in­able et, vu d’Ukraine, une autre option que son départ sem­blait impensable.

Le coup d’État en Crimée

Quelques jours plus tard – et c’est assez peu con­nu –, des hommes armés entrent au par­lement de Crimée, for­cent les députés à dépos­er le Pre­mier min­istre de Crimée (la Crimée était une république autonome et avait un Pre­mier min­istre) et font nom­mer Ser­gueï Axionov. Ici, un vrai coup d’État – by the book ! Axionov n’était pas très con­nu avant févri­er 2014, il dirigeait un par­ti ouverte­ment prorusse, qui avait obtenu 4 % des voix aux élec­tions par­lemen­taires de Crimée d’octobre 2012. Dans la foulée, les Russ­es ont annexé la péninsule.

La rébellion de Donetsk et de Lougansk

Dans les semaines qui ont suivi, les trois régions ori­en­tales ont égale­ment con­nu des ten­sions, qui ont été rapi­de­ment matées à Kharkiv, mais qui se sont aggravées jusqu’au con­flit armé pour les régions de Donet­sk et de Lougan­sk. « On va nous inter­dire de par­ler russe et des nazis vont venir de Kyiv nous égorg­er » – telle sem­blait être la rai­son der­rière la rébel­lion. Vu de Kyiv – où l’on par­lait majori­taire­ment russe – et pour ceux qui avaient été dans le Don­bass aupar­a­vant, cela parais­sait incom­préhen­si­ble et sem­blait avoir été créé ex nihi­lo. Ces régions ont som­bré dans le chaos. La soci­olo­gie fut un incroy­able allié de cir­con­stance des Russ­es. Les habi­tants qui pou­vaient se per­me­t­tre de par­tir le firent – nous en rece­vions d’ailleurs sou­vent en entre­tien d’embauche à l’époque à Kyiv, plus rarement à Moscou, où nous avions aus­si une entre­prise. Tan­dis que les class­es plus mod­estes pre­naient par­fois fait et cause pour cette rébel­lion – quand vous recevez un automa­tique, d’un coup vous prenez telle­ment d’importance… – peu importe, après tout, que les raisons du con­flit aient été fondées ou logiques !

Le mythe de la junte néonazie

Entre-temps à Kyiv, la cam­pagne prési­den­tielle s’est mise en place. Les jeux étaient très ouverts. Porochenko a fait alliance avec Klitschko. Ce dernier a rem­porté la mairie de Kyiv et Porochenko est devenu prési­dent avec une vic­toire écras­ante. Fait intéres­sant, Pou­tine l’a félic­ité pour sa vic­toire. L’extrême droite, dont on entendait telle­ment par­ler dans la presse russe, a fait, pris ensem­ble, autour de 2 %. Je pen­sais que la presse russe arrêterait de par­ler de « régime de Kiev » ou de « junte néon­azie » après ça, car c’est très inex­act et franche­ment far­felu, mais elle a con­tin­ué et le moin­dre tatouage runique pho­tographié à Kyiv était présen­té comme un hard­fact, d’un pays qui avait glis­sé dans une sorte d’apocalypse fasciste ! 

La tentative légitime de reprendre le contrôle

Porochenko a pour­suivi des ten­ta­tives pour repren­dre le con­trôle du Don­bass – com­mencées avant son élec­tion. Il a répon­du à la force par la force. Ici et là, on entend qu’il aurait dû faire autrement… Il était cepen­dant très soutenu et cela appa­rais­sait comme une évi­dence de ne pas laiss­er plus de villes et vil­lages pass­er sous con­trôle des rebelles. Et effec­tive­ment, sans doute, valait-il mieux rester « en Ukraine » que dans la DNR (république pop­u­laire de Donet­sk) ou LNR (république pop­u­laire de Lougan­sk). Aus­si, la con­séquence d’une atti­tude con­ciliante vis-à-vis des Russ­es aurait sans doute con­duit à des pertes ter­ri­to­ri­ales bien plus importantes. 

La guerre du Donbass

La guerre du Don­bass se pour­suit donc. À l’été 2014, on ne savait pas encore si elle resterait con­tenue au Don­bass ou si elle allait débor­der dans toute l’Ukraine. Tout le monde avait peur d’une attaque ouverte de la Russie. À Kyiv sont apparues des flèch­es rouges indi­quant la local­i­sa­tion des abris anti­aériens les plus proches – il y a en avait depuis l’Union sovié­tique, ils ont été rafraîchis pour l’occasion, mais finale­ment n’ont pas servi… tout du moins en 2014. On nav­iguait un peu à vue. Et puis l’Ukraine a com­mencé à repren­dre du ter­rain : elle a repris Slo­vian­sk, Kram­a­torsk, Mar­i­oupol – est ren­trée dans Lougan­sk. Et puis un lin­er malaisien a été abat­tu par un équipage de DCA russe. Je cite cet événe­ment car il a pu jouer un rôle dans la rup­ture de la dynamique russe et a pu peser dans la prise de déci­sion d’« y aller ou pas ». Cet événe­ment meur­tri­er a énor­mé­ment trau­ma­tisé en Ukraine. Dans ces tristes cir­con­stances, on a pu observ­er les jour­nal­istes russ­es fonc­tion­ner en mode « c’est pas nous, c’est quelqu’un d’autre » (d’ailleurs c’est fréquem­ment leur mode de fonc­tion­nement…) avec presque autant de ver­sions qu’il y avait de jour­nal­istes (ver­sions toutes incom­pat­i­bles entre elles…). 

L’intervention des Russes et l’Accord de Minsk

Les Russ­es ont envoyé des corps expédi­tion­naires con­tenir les Ukrainiens. Ceux-ci con­nurent plusieurs défaites qui mar­quèrent les esprits. Ils ont été repoussés de Lougan­sk, ont été défaits à Ilo­vaïsk, puis à Debalt­seve et dans l’aéroport de Donet­sk. À la fin de 2014, le front s’est à peu près sta­bil­isé et, en 2015, il y eu une ren­con­tre en Biélorussie qui a débouché sur l’Accord de Min­sk. Celui-ci ain­si que son con­tenu ont été très mécon­nus en Ukraine. L’écrasante majorité du pays aurait été inca­pable d’expliquer vague­ment de quoi l’Accord par­lait. Tout le monde le pre­nait pour ce qu’il était réelle­ment : juste un accord de cessez-le-feu. Les Russ­es aus­si d’ailleurs le voy­aient de la même manière dans le fond – même si selon les cir­con­stances ils en par­laient comme d’accord de paix non respecté. 

Une réussite démocratique

Les années suiv­antes ont été rel­a­tive­ment pais­i­bles, l’économie s’est relevée, surtout à par­tir de fin 2016. En 2019, Porochenko a per­du l’élection con­tre Volodymyr Zelen­sky. Celui-ci était un comique très con­nu avant le début de sa prési­dence. À titre per­son­nel, d’ailleurs, je le trou­vais très rigo­lo. Élé­ment intéres­sant : ses sketchs étaient en langue russe… Mal­gré de nom­breux défauts et prob­lèmes, l’Ukraine a eu une réus­site ; c’est une démoc­ra­tie : les Ukrainiens choi­sis­sent leur prési­dent ; c’est entré dans leurs mœurs et habi­tudes – et ils en sont fiers.

“L’Ukraine a eu une réussite ; c’est une démocratie.”

Le tour de chauffe russe de 2020

En 2020, c’est l’année de la Covid, comme partout – les Ukrainiens ont bril­lé par leur peu de dis­ci­pline dans la dis­tan­ci­a­tion et puis aus­si dans la vac­ci­na­tion. Mais c’est aus­si une année impor­tante pour la suite. En effet c’est l’année (vers novem­bre) du pre­mier build-up russe à la fron­tière – env­i­ron 200 000 sol­dats déployés avec tout leur matériel, y com­pris en Biélorussie. Cela a duré deux ou trois mois et puis les troupes se sont retirées… c’était claire­ment un tour de chauffe – on le com­prend aujourd’hui. Avec le recul, mon avis per­son­nel, c’est que la déci­sion d’envahir l’Ukraine a été prise cette année-là – à la suite des man­i­fes­ta­tions en Biélorussie. Loukachenko est passé très près d’être sor­ti de l’arène poli­tique – lui qui avait pour­tant (et qui a tou­jours) un appareil répres­sif per­for­mant. Ce « même en Biélorussie » était la poussée démoc­ra­tique de trop. Et donc, après avoir repêché Loukachenko, Pou­tine pour­rait avoir com­mencé à pré­par­er l’attaque de l’Ukraine.

L’agression russe

Fin 2021, la Russie a recom­mencé à amass­er des troupes et des équipements à la fron­tière, avec le résul­tat que l’on con­naît main­tenant. Jusqu’au dernier moment, leurs inten­tions n’était pas claires. Voulaient-ils négoci­er quelque chose, allaient-ils envahir seule­ment le Don­bass ? La quan­tité de mil­i­taires autour de l’Ukraine sem­blait incom­pat­i­ble avec une inva­sion totale… Les Améri­cains et les Anglais ont fait un tra­vail remar­quable de détri­co­tage des ten­ta­tives de false-flag oper­a­tions des Russ­es. Le 24 févri­er tout s’arrêta net. Dès 5 heures du matin, des explo­sions ont reten­ti partout dans le pays. Tous mes chantiers et con­trats en cours sont sus­pendus et mes employés fuient Kyiv vers l’ouest ou descen­dent dans les abris. Les Russ­es envahissent mas­sive­ment les pays. Ils avan­cent sur Soumy, Tch­ernigov, occu­pent la ban­lieue nord de Kyiv. Une péri­ode ter­ri­ble­ment lourde com­mence. Ils finis­sent par décider d’évacuer le Nord le 25 mars. J’habite alors en Ital­ie – un lieu de vil­lé­gia­ture pour les Ukrainiens. Je prends la déci­sion de revenir à Kyiv mi-avril – un sens basique du lead­er­ship impo­sait de venir en personne.

Scènes de guerre… 

Le voy­age est long, le bus de Varso­vie passe par des routes sec­ondaires en arrivant à prox­im­ité de Kyiv, car les routes prin­ci­pales sont par­tielle­ment imprat­i­ca­bles. Je décou­vre une ville lugubre : bar­ri­cades, sacs de sable, éclairage noc­turne éteint pour ne pas guider les avions, cou­vre-feu à 21 heures, mag­a­sins fer­més, vit­res calfeu­trées… La tem­pête d’informations décousues que j’avais eues depuis un mois est mise en per­spec­tive par les témoignages de mes col­lègues. Les pre­miers jours et semaines, les Russ­es étaient partout : para­chutés au nord de la ville, à Vas­sylkiv, au sud de la ville et même dans Kyiv ; des tirs reten­tis­saient partout – la police s’était jointe à l’armée, mais égale­ment les civils qui pos­sé­daient des armes. Il sem­ble que les Russ­es étaient telle­ment per­suadés que les Ukrainiens les attendaient avec des fleurs qu’ils ont envoyé en pro­fondeur de manière extrême­ment exposée leurs para­chutistes – leurs troupes d’élite – et les ont per­dus. Mes employés sont égale­ment trau­ma­tisés par les événe­ments de Boutcha, qui venait d’être libérée. 30 % à 40 % d’entre eux habitent dans ces ban­lieues de Kyiv que sont Boutcha-Irpin-Hos­tomel. Tous ont leur his­toire, de vio­lence ou de pil­lage – y com­pris de curiosités comme des cab­ines de douche ou des sous-vête­ments féminins… Pen­dant mon séjour, le Mosk­va est coulé… le lende­main un mis­sile s’abat sur l’usine où étaient fab­riqués les fameux « Nep­tune » qui l’ont atteint ; un de nos chantiers, situé sur la par­celle voi­sine, est souf­flé. Plus de vit­res sur nos engins de chantier… Après quelques mois, nous avons réparé nos engins et repris les travaux.

Une puissance russe démythifiée

Beau­coup de mes ouvri­ers sont par­tis au front, cer­tains sont blessés, d’autres ont été tués… L’état d’esprit de la pop­u­la­tion est de sor­tir les Russ­es du ter­ri­toire – il n’y aucun com­pro­mis pos­si­ble. Si le sujet de la Crimée dans les pre­miers mois était un peu incer­tain – au regard des ambi­tions de recon­quête ukraini­ennes, aujourd’hui elle y fig­ure. La men­ace que représente la Russie est com­plète­ment démythi­fiée ! La cam­pagne russe pour faire s’effondrer le sys­tème énergé­tique ukrainien à la suite de l’attaque du pont de Crimée, si elle a eu quelques effets au début, appar­tient désor­mais au passé. Il n’y a pas eu de coupure d’électricité à Kyiv depuis un mois. Les attaques de mis­siles s’espacent et les alertes sont sou­vent ignorées par la pop­u­la­tion. La cap­i­tale est com­plète­ment rouverte.

Construire l’avenir !

Aujourd’hui, le scé­nario de fin de con­flit est incer­tain, ain­si que sa durée. Un sem­blant de nor­mal­ité de vie est revenu dans la zone éloignée de la ligne de front et la capac­ité de nui­sance de la Russie y est désor­mais faible. Et il appa­raît très peu prob­a­ble qu’elle puisse encore avancer de manière sub­stantielle. Il est donc temps de s’intéresser à l’Ukraine comme hori­zon d’investissement. Dans la recon­struc­tion qui arrive, les con­séquences d’être arrivé un peu tôt seront bien moins impor­tantes que les con­séquences d’être arrivé un peu trop tard.

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Jaquard Philipperépondre
11 mai 2023 à 15 h 38 min

Mer­ci de ce bref arti­cle qui résume si lucide­ment ce qui se passe à nos portes depuis quelques années… On ne s’en est ren­du compte que tardivement..
Tu as, en plus de tal­ents d’en­tre­pre­neurs dont je ne doute pas, celui d’être un excel­lent his­to­rien jour­nal­iste. Ton arti­cle devrait aller au-delà de notre revue polytechnicienne.
Ta con­clu­sion, pleine d’op­ti­misme est géniale.
Je t’ adresse un immense mer­ci pour ce témoignage et souhaite pour toi et pour tous tes col­lab­o­ra­teurs con­fron­tés à cette sit­u­a­tion si par­ti­c­ulière, plein suc­cès à l’ entre­prise que tu as créée.

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