La certification, attestation de qualité et de performance

Dossier : ImmobilierMagazine N°643 Mars 2009Par Patrick NOSSENT

La Démarche HQE, portée par l’As­so­ci­a­tion HQE depuis plus de dix ans, a pour objet de pro­pos­er une liste de 14 items, 14 cibles, per­me­t­tant de pro­gram­mer, con­cevoir et réalis­er un bâti­ment plus sain, plus con­fort­able, plus respectueux de l’en­vi­ron­nement qu’un bâti­ment de même génération.

Ces 14 objec­tifs ne fai­saient pas référence à des niveaux de per­for­mance. Ils devaient être fixés par le maître d’ou­vrage, le respect de la régle­men­ta­tion étant à con­sid­ér­er comme un minimum.

Très rapi­de­ment, les acteurs de la con­struc­tion ont souhaité voir se met­tre en place des indi­ca­teurs de valeur sur cha­cune de ces cibles, per­me­t­tant ain­si de quan­ti­fi­er, qual­i­fi­er les per­for­mances sur la base de règles du jeu partagées par l’ensem­ble des acteurs.

Une approche multicritère

De là sont nés les cer­ti­fi­ca­tions NF asso­ciées à la démarche HQE, et leurs référen­tiels tech­niques asso­ciés qui détail­lent pour cha­cune des cibles les niveaux de per­for­mance en les clas­sant en trois niveaux : base (pra­tique courante-régle­men­ta­tion), per­for­mant (bonne pra­tique), très per­for­mant (meilleure pratique).

Ces out­ils per­me­t­tent aux acteurs de partager un lan­gage com­mun, de se dif­férenci­er, de val­oris­er les per­for­mances et solu­tions qu’ils enten­dent met­tre en œuvre sur leurs opéra­tions au tra­vers d’au­dits indépen­dants menés par Cerqual pour le loge­ment col­lec­tif et indi­vidu­el groupé, Cequa­mi pour les maisons indi­vidu­elles dif­fus­es et Certivéa pour les bâti­ments non résidentiels.

Ces trois organ­ismes sont en effet man­datés par AFNOR Cer­ti­fi­ca­tion et par l’As­so­ci­a­tion HQE pour délivr­er les cer­ti­fi­ca­tions ” NF Démarche HQE® “.

La cer­ti­fi­ca­tion s’ap­puie sur un référen­tiel tech­nique établi à par­tir de la démarche HQE qui per­met une approche envi­ron­nemen­tale mul­ti­critère (éco­con­struc­tion, éco­ges­tion, san­té, confort).

Cette approche mul­ti­critère con­duit le maître d’ou­vrage à définir et à jus­ti­fi­er son objec­tif de qual­ité envi­ron­nemen­tale qui se traduit par un pro­fil de per­for­mances envi­ron­nemen­tales. Les objec­tifs de l’opéra­tion sont fixés dans le SMO (Sys­tème de man­age­ment de l’opéra­tion). Le SMO est à met­tre en place pour chaque opéra­tion. Il fonc­tionne comme un out­il de pilotage de pro­jet (analyse de site, attentes et besoins des par­ties intéressées, fix­a­tion des objec­tifs, éval­u­a­tions, réactions…).

Des objectifs partagés

Cha­cun tra­vaille donc autour d’un référen­tiel con­nu de tous qui sert de repère con­stant. Ce référen­tiel con­stitue un élé­ment indis­pens­able pour mieux iden­ti­fi­er les objec­tifs envi­ron­nemen­taux, hiérar­chis­er les pri­or­ités et for­muler les per­for­mances à atteindre.

Cette approche sup­pose naturelle­ment que tous les acteurs du pro­jet se mobilisent, se for­ment et s’in­for­ment. D’où cette amélio­ra­tion induite des procé­dures autour d’ob­jec­tifs partagés.

Une preuve indépendante

Au-delà de ces béné­fices ” internes “, la cer­ti­fi­ca­tion per­met de prou­ver par des audits indépen­dants les per­for­mances envi­ron­nemen­tales et énergé­tiques d’une opéra­tion de con­struc­tion ou de réha­bil­i­ta­tion lourde ; de béné­fici­er d’ac­cès priv­ilégiés au fonci­er et à des finance­ments exclusifs : les col­lec­tiv­ités, amé­nageurs, assureurs, ban­ques utilisent désor­mais la cer­ti­fi­ca­tion comme mode de preuve du respect de la qual­ité envi­ron­nemen­tale pour attribuer fonci­er, finance­ments ” verts ” ou ” éthiques “, con­di­tions préféren­tielles, etc.

La performance énergétique

Le Grenelle de l’En­vi­ron­nement place la per­for­mance énergé­tique des bâti­ments au cœur des objectifs.

Con­stru­ire pour répon­dre aux besoins du présent tout en préser­vant la capac­ité des généra­tions futures à répon­dre aux leurs

Ces derniers sont en effet respon­s­ables de 43 % de la con­som­ma­tion d’én­ergie et 25 % des gaz à effet de serre. Aus­si, lorsque la France s’en­gage en sig­nant le pro­to­cole de Kyoto à divis­er par 4 ses émis­sions de gaz à effet de serre, le monde de la con­struc­tion doit se mobilis­er. Il le fait d’au­tant mieux que les objec­tifs à attein­dre sont claire­ment fixés. Le décret du 3 mai 2007 définit cinq niveaux de hautes per­for­mances énergé­tiques (HPE, HPE ENR, HPE, THPE ENR et BBC), dont le plus per­for­mant con­cerne un ” bâti­ment basse con­som­ma­tion “. Ce dernier niveau de per­for­mance est celui visé par le Grenelle de l’En­vi­ron­nement pour la régle­men­ta­tion ther­mique 2012. Il est iden­ti­fié avec la mar­que Effin­ergie en référence au col­lec­tif du même nom qui s’est don­né pour mis­sion de pro­mou­voir les bâti­ments basse con­som­ma­tion en France.

Les ini­tia­tives se focalisent donc main­tenant autour de deux courants de pen­sée. Le pre­mier appréhende la prob­lé­ma­tique glob­ale­ment dans une approche envi­ron­nemen­tale mul­ti­critère (éco­con­struc­tion, éco­ges­tion, san­té, con­fort), représen­tée par la démarche HQE.

Atteindre les objectifs de réduction d’émission

Le sec­ond courant, dit ” énergé­tique “, cen­tre les enjeux du développe­ment durable autour des ques­tions liées à l’én­ergie, con­sid­érée comme la prin­ci­pale vari­able pour attein­dre les objec­tifs de réduc­tion d’émis­sion de gaz à effet de serre. Dans ce con­texte, nous avons inté­gré la délivrance des labels de per­for­mance énergé­tique dans les cer­ti­fi­ca­tions d’ouvrage.

Aider à sortir de la crise

Beau­coup se deman­dent si la con­jonc­ture est favor­able ou non à ces démarches.

Le chemin par­cou­ru ne dépend pas de la crise. Il vient de l’en­gage­ment de pro­fes­sion­nels prêts à relever un des plus grands défis de notre temps : con­stru­ire pour répon­dre aux besoins du présent tout en préser­vant la capac­ité des généra­tions futures à répon­dre aux leurs.

Cette con­tri­bu­tion peut aus­si avoir un effet favor­able pour sor­tir de la crise. La con­cep­tion, la réal­i­sa­tion et la réno­va­tion d’un bâti­ment respec­tant la démarche de Haute qual­ité envi­ron­nemen­tale et très per­for­mant énergé­tique­ment mobilisent des com­pé­tences et des emplois nou­veaux et non délo­cal­is­ables. Son exploita­tion est plus économe en énergie, en eau, en ges­tion des déchets. Les risques san­i­taires sont mieux maîtrisés. Sa valeur pat­ri­mo­ni­ale sera plus durable car le bâti­ment répond déjà aux critères qui seront oblig­a­toires demain.

Certivéa est l’or­gan­isme de cer­ti­fi­ca­tion des acteurs et des 6 ouvrages de con­struc­tion du groupe CSTB. Cequa­mi est l’or­gan­isme de cer­ti­fi­ca­tion des maisons indi­vidu­elles, fil­iale du CSTB et de l’As­so­ci­a­tion Quali­tel. Afo­cert est l’as­so­ci­a­tion représen­ta­tive des organ­ismes de cer­ti­fi­ca­tion du secteur de la construction.

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