Kinéis IOT

Kinéis, un partenariat entre la terre et l’espace

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°776 Juin 2022
Par Alexandre TISSERANT (X99)

Kinéis est née à l’ère de l’avènement du New­Space et de l’IoT (Inter­net des Objets). Le CNES (Agence Spa­tiale Française) et CLS (Col­lecte, Local­i­sa­tion, Satel­lites) ont créé Kinéis pour démoc­ra­tis­er la tech­nolo­gie Argos la con­nec­tiv­ité satel­li­taire bas-débit et basse con­som­ma­tion, et l’étendre à l’ensemble du marché de l’IoT. Dans cet arti­cle, Alexan­dre Tis­ser­ant (X02), prési­dent de Kinéis, nous en dit davan­tage sur les activ­ités de son entre­prise qui œuvre dans la con­struc­tion de nanosatel­lites dédiés à l’Internet des Objets.

Le monde des objets connectés a connu une très forte augmentation avec des centaines de millions d’objets connectés dans le monde entier. Qu’avez-vous pu observer à votre niveau ?

En effet, nous obser­vons un fort développe­ment en matière d’objets con­nec­tés. Cela fait près de trois ans que l’IoT s’invite partout. D’ailleurs, même nos clients sont de plus en plus au courant des solu­tions d’IoT ter­restre qui exis­tent sur le marché. Nous vivons désor­mais dans un monde con­nec­té. Mais, l’IoT satel­li­taire est un autre domaine, qui va égale­ment sûre­ment explos­er les années à venir de par ses avantages.

Justement, vous vous positionnez sur le marché de l’IoT spatial. En quoi consistent vos activités ?

Nous sommes les télé­coms de l’espace. Nous lançons des satel­lites pour récolter de la don­née que nous ven­dons sous forme d’abonnement. Héri­tiers du sys­tème ARGOS, nous allions le meilleur du New­Space et de l’IoT. Nous avons la con­vic­tion que don­ner accès facile­ment et partout à des don­nées satel­li­taires utiles va sim­pli­fi­er et mul­ti­pli­er les usages des pro­fes­sion­nels et des par­ti­c­uliers. Con­crète­ment, notre équipe d’ingénieurs réalise les designs de nanosatel­lites que nous faisons fab­ri­quer par des sous-trai­tants. Les nanosatel­lites sont des satel­lites de petite taille, mesurant quelques dizaines de cen­timètres de côté. Ces derniers per­me­t­tent à plusieurs mil­lions d’objets d’être con­nec­tés où qu’ils se situent sur la sur­face du globe. Aujourd’hui, les réseaux ter­restres, qu’ils soient télé­coms, stan­dards, 3G, 4G ou autre, cou­vrent unique­ment 15 % de la sur­face du globe. Nous avons l’avantage de cou­vrir l’intégralité de la sur­face ter­restre. Nous sommes même en mesure de suiv­re les ours polaires au pôle Nord, des bateaux de pêch­es au milieu de l’océan Paci­fique, ou encore des camions de la Croix-Rouge au milieu du désert africain. Con­traire­ment aux autres équipements, les nôtres fonc­tion­nent partout. 

Kinéis se posi­tionne donc comme un parte­naire des opéra­teurs ter­restres. Ain­si, tous les objets mobiles à l’échelle inter­na­tionale tra­ver­sant des zones non cou­vertes par les réseaux ter­restres pour­ront être con­nec­tés grâce à une con­nec­tiv­ité hybride entre réseau satel­lite et réseau terrestre.

Quels sont les principaux secteurs que qui ont besoin de votre connectivité globale ?

Pra­tique­ment tous les secteurs d’activité ! Nos équipements sont très utiles pour observ­er et étudi­er la Terre, l’environnement et la bio­di­ver­sité ou encore suiv­re le tra­vail human­i­taire, qui sou­vent se déroule dans des zones peu équipées y com­pris en réseaux de télé­com­mu­ni­ca­tion terrestre. 

Par ailleurs, avec tous les échanges qui exis­tent aujourd’hui à tra­vers la planète, les moyens de trans­port se mul­ti­plient, ce qui com­plex­i­fie la tâche des logis­ti­ciens. Nos solu­tions per­me­t­tent de suiv­re toute la chaîne logis­tique, même en dehors des réseaux de con­nec­tiv­ité ter­restre. Enfin, nous avons aus­si dévelop­pé une petite balise pour les indi­vidus qui souhait­ent faire de la ran­don­née dans des zones de mon­tagnes ou de déserts où il n’y a pas de réseau ter­restre. Notre con­nec­tiv­ité satel­li­taire leur per­met d’envoyer des mes­sages pour don­ner leur posi­tion ou encore d’activer un sys­tème d’alerte et de sec­ours con­nec­té à un réseau d’assistance de la sécu­rité civile.

Votre actualité est marquée par la signature du contrat relatif au lancement de votre constellation de nanosatellites IoT de Kinéis qui décollera avec Rocket Lab. Qu’en est-il ?

En effet, nous venons récem­ment de sign­er avec ce four­nisseur de ser­vices de lance­ments et de sys­tèmes spa­ti­aux de pre­mier plan basé aux États-Unis, le lance­ment de nos 25 nanosatel­lites. Prévus dès le sec­ond trimestre 2023, ces 5 lance­ments suc­ces­sifs, qui se fer­ont par tirs (5 satel­lites par tir), vont per­me­t­tre à Kinéis de démul­ti­pli­er les per­for­mances de sa con­nec­tiv­ité IoT actuelle. Le con­trat mul­ti-lance­ments prévoit le déploiement des 25 satel­lites sur une orbite ter­restre basse à 650 km d’altitude par le véhicule de lance­ment Elec­tron de Rock­et Lab, depuis leurs instal­la­tions en Nou­velle-Zélande. Ces nanosatel­lites (16U, 30 kg, d’une durée de vie de 8 ans) vien­dront con­necter des mil­lions d’objets sup­plé­men­taires dans des domaines aus­si var­iés que l’agriculture, la logis­tique, les trans­ports ou l’énergie. Aujourd’hui les lanceurs stan­dards, que ce soient les Ari­ane, les SpaceX ou même les petits lanceurs européens sont beau­coup trop sur­di­men­sion­nés par rap­port à notre besoin. 

Les micro-lanceurs, qui exis­tent aujourd’hui, sont plus petits, plus agiles et moins chers, ce qui répond par­faite­ment à nos attentes.

Kinéis satellites

Avez-vous d’autres actualités ?

Nous venons d’obtenir les autori­sa­tions néces­saires aux États-Unis pour pou­voir opér­er sur le marché améri­cain. Nous sommes donc actuelle­ment en train d’ouvrir une fil­iale à Washington.

Par ailleurs, nous venons aus­si d’être à nou­veau choisi par­mi les 40 start-up du Next40, représen­tant les entre­pris­es inno­vantes français­es. Des opéra­teurs tels Orange, Deutsche Telekom et UnaBiz à Sin­gapour s’appuient sur notre exper­tise et notre expéri­ence pour dévelop­per leurs straté­gies de con­nec­tiv­ité satel­li­taire globale. 

Côté développe­ment, Kinéis a passé des étapes majeures de la fab­ri­ca­tion des 25 nanosatel­lites qui seront mis en orbite par le lanceur néo-zélandais Rock­et Lab dans 18 mois, et com­mencé à déploy­er ses infra­struc­tures au sol. Kinéis con­tin­ue d’émuler la fil­ière nanosatel­lites indus­triels français en par­tic­i­pant à des pro­jets de recherche comme le RF Space Lab avec Loft Orbital et Tern­waves ain­si qu’au pro­gramme Eurostars au niveau Européen. Enfin, d’un point de vue tech­nique, nous allons com­mencer à pro­duire des nanosatel­lites avec nos parte­naires. Par­al­lèle­ment, nous déployons un réseau de sta­tions sols tout autour du monde, per­me­t­tant de capter les sig­naux des satel­lites en deux sens.

Aus­si, nous venons d’être sélec­tion­nés dans le pro­gramme French Next40 pour la sec­onde année con­séc­u­tive. Ce pro­gramme est réservé aux 40 start-up inno­vantes français­es les plus promet­teuses et nous en sommes très fiers. Depuis notre pre­mière sélec­tion l’an dernier, de nom­breux opéra­teurs ter­restres tels Orange, Deutsche Telekom et UnaBiz à Sin­gapour ont choisi notre con­nec­tiv­ité pour dévelop­per leur stratégie de cou­ver­ture globale.

La vis­i­bil­ité sur les lance­ments par Rock­et Lab l’année prochaine mar­que aus­si une nou­velle étape dans la fab­ri­ca­tion de nos satel­lites, qui ne sont désor­mais plus que des designs sur ordi­na­teurs mais bien réels dans les salles blanch­es des tech­ni­ciens. Et bien sûr, toute l’infrastructure au sol pour récupér­er les don­nées col­lec­tées par les satel­lites, comme les paraboles répar­ties autour du globe, com­mence, elle aus­si à pren­dre corps. 

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