Jean-Louis Basdevant, grand maître de la physique quantique
Jean-Louis Basdevant fut un professeur d’exception qui a profondément marqué des générations de polytechniciens. Merveilleux communicateur, il savait faire vivre les grandes avancées de la physique en les replaçant dans l’extraordinaire aventure intellectuelle et humaine dont nous sommes les héritiers. Jean-Louis nous a quittés le 6 avril 2025.
Né le 18 septembre 1939 à Bucarest où son père faisait partie du corps diplomatique, il a connu une enfance marquée par la guerre et une jeunesse très internationale. Il poursuivit ses études scientifiques à l’ENS (promotion 1958), tout en ayant été admis au Conservatoire national de Paris comme pianiste. Durant toute sa vie, il a d’ailleurs continué à pratiquer la musique à haut niveau et a su partager cette passion avec ses élèves et collègues à l’occasion de diverses cérémonies.
Jean-Louis entre au CNRS en 1963, séjourne au Lawrence Berkeley National Laboratory de 1964 à 1965, obtient un doctorat d’État à l’université de Strasbourg en 1966, puis occupe une fonction de chercheur au Cern de 1970 à 1972. Il est recruté à l’École polytechnique comme maître de conférences en 1969.
La passion d’enseigner
Jean-Louis Basdevant commence à jouer un rôle central dans l’enseignement à l’École en 1977 après le décès brutal de Bernard Grégory (X38), dont il devient l’héritier naturel après l’avoir secondé pour le cours de mécanique quantique pendant les années précédentes. Il est nommé professeur de physique à l’École en 1979, fonction dans laquelle il s’investit sans compter jusqu’à sa retraite en 2004 ; il est alors nommé professeur honoraire, en même temps que ses collègues Édouard Brézin (X58) et Jean Salençon (X59).
Jean-Louis a témoigné une vraie passion pour l’enseignement et pour ses élèves, pour lesquels il a su se rendre infiniment disponible. Ses cours, menés avec un brio incomparable, ont toujours mis en avant la dimension humaine de toute l’activité scientifique. Il y décrivait les intuitions, les traits de génie, mais aussi les doutes des découvreurs. Autant qu’une leçon de physique, un cours de Jean-Louis a également constitué une leçon de vie pour ses élèves.
L’ensemble du corps enseignant de l’École lui a fait confiance pour le représenter au Conseil d’administration durant plus de vingt ans. Dans cette fonction aussi bien que dans la présidence du département de physique (1992-2004), il détient le record de longévité. Jean-Louis a été architecte et chef d’orchestre de l’enseignement de la physique à l’École. Il a joué un rôle moteur dans la modernisation de l’enseignement lors de la profonde réforme dite « X 2000 », qui a abouti à des parcours plus individualisés et ouvert la voie à une présence accrue à l’international.
Un chercheur renommé
Le renom de chercheur de Jean-Louis Basdevant se fonde sur ses travaux théoriques portant sur le problème à trois corps, les particules élémentaires et la physique quantique. Spécialiste de physique des hautes énergies et d’astrophysique nucléaire, il a été auteur prolifique d’ouvrages didactiques, tout particulièrement sur la physique quantique, les principes variationnels et la physique nucléaire, ainsi que de vulgarisation, dans lesquels on voit luire en arrière-plan l’immense culture d’un homme qui fut tout à la fois professeur, chercheur, écrivain et artiste.
Beaucoup d’anciens conservent de Jean-Louis le fort souvenir d’un professeur charismatique et reconnaissent qu’il a véritablement marqué leurs vies. À l’occasion de ses quatre-vingts ans, il avait d’ailleurs reçu, dans un article publié dans La Jaune et la Rouge (n° 747), de forts témoignages de reconnaissance et d’admiration qui l’avaient beaucoup touché. Son empreinte s’étend bien au-delà de sa discipline : il a façonné des esprits, suscité des vocations et été un repère pour beaucoup de ses élèves, dans une phase déterminante de leur vie.
Lire aussi : Hommage à Jean-Louis Basdevant
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