ITS Integra : le cloud souverain à taille humaine

ITS Integra : le cloud souverain à taille humaine

Dossier : Vie des entreprises - Transformation numérique et intelligence artificielleMagazine N°805 Mai 2025
Par Geoffroy de LAVENNE

Spé­cia­liste fran­çais du cloud et de l’infogérance, ITS Inte­gra place la sécu­ri­té, la proxi­mi­té et l’adaptabilité au cœur de sa stra­té­gie. Dans un pay­sage numé­rique en pleine recom­po­si­tion, l’entreprise, filiale d’ITS Group, vise la qua­li­fi­ca­tion Sec­Num­Cloud et entend bien affir­mer sa vision : un cloud robuste, flexible, mais avant tout humain. Entre­tien croi­sé avec Geof­froy de Lavenne, direc­teur géné­ral.

Quelles sont les spécificités d’ITS Integra dans un secteur fortement concurrentiel ?

Notre entre­prise est née en 1999, et compte aujourd’hui envi­ron 180 col­la­bo­ra­teurs répar­tis sur deux sites – Bou­logne-Billan­court et Mont­pel­lier – sans recours à la délé­ga­tion de per­son­nel. Nous opé­rons nos propres data­cen­ters, ce qui nous donne un contrôle total sur la qua­li­té et la sécu­ri­té. Nous pro­po­sons aus­si des ser­vices via les hyper­sca­lers (AWS, Azure, OVH…), avec un modèle mul­ti­cloud prag­ma­tique. Ce qui fait notre dif­fé­rence, c’est la proxi­mi­té avec nos clients, en par­ti­cu­lier les PME, ETI et orga­nismes publics. Nous ne délé­guons pas la rela­tion client. Cette fidé­li­té humaine est ancrée : cer­tains par­te­naires sont avec nous depuis plus de dix ans, ce qui reste rare dans le cloud.

Votre approche « humaine » est-elle compatible avec les exigences de performance et d’innovation ?

On pour­rait croire que le numé­rique pousse à la déshu­ma­ni­sa­tion, mais c’est jus­te­ment l’inverse qui se pro­duit quand on veut faire bien. L’automatisation, voire l’intelligence arti­fi­cielle, per­met de déles­ter les équipes des tâches répé­ti­tives, mais le lien humain reste clé. Dans l’infogérance, un seul faux pas peut alté­rer la rela­tion. D’où l’importance de l’écoute, de la sta­bi­li­té des inter­lo­cu­teurs et du sui­vi per­son­na­li­sé. Notre modèle favo­rise des rela­tions longues, qui vont bien au-delà du simple contrat. Ce métier est exi­geant : les clients veulent de la réac­ti­vi­té, mais aus­si une pré­sence de confiance. L’IA ne rem­place pas l’expérience par­ta­gée sur le terrain.

“Notre modèle favorise des relations longues, qui vont bien au-delà du simple contrat. ”

Comment adressez-vous la diversité de vos clients : secteur public, santé, éditeurs ?

Nous avons struc­tu­ré notre orga­ni­sa­tion selon trois ver­ti­cales : mar­chés publics, san­té et édi­teurs. Pour le sec­teur public, nous avons une cel­lule dédiée à la réponse aux appels d’offres. Pour la san­té, nous sommes cer­ti­fiés HDS, ce qui est une exi­gence régle­men­taire. Enfin, pour les édi­teurs de logi­ciels, nous déve­lop­pons des offres sur mesure, y com­pris en pre­nant des risques com­mer­ciaux ini­tiaux avec eux. Nous les accom­pa­gnons vers des modèles SaaS, en leur appor­tant l’expertise cloud et l’infrastructure. Accom­pa­gner un édi­teur dans sa crois­sance, c’est aus­si croire en son modèle éco­no­mique. On construit une rela­tion de confiance sur le long terme.

Quelles innovations techniques vous paraissent structurantes aujourd’hui ?

Nous avons une cel­lule R&D interne qui explore de nou­velles tech­no­lo­gies. L’innovation n’est pas une fin en soi, elle doit être utile. Nous nous concen­trons sur deux axes : amé­lio­rer la per­for­mance de nos ser­vices mana­gés et ren­for­cer la cyber­sé­cu­ri­té. En tant que MSSP (Mana­ged Secure Ser­vice Pro­vi­der), nous inté­grons dès la concep­tion des briques de sécu­ri­té dans toutes nos offres. Cela passe par des outils de super­vi­sion, de détec­tion d’anomalies, de ges­tion des iden­ti­tés ou encore de ges­tion des vul­né­ra­bi­li­tés. L’innovation, pour nous, c’est faire le tri entre les effets de mode et les besoins réels du ter­rain. Ce qui compte, c’est ce que nos clients peuvent concrè­te­ment déployer comme solutions.

Pourquoi avoir engagé une démarche vers la qualification SecNumCloud ?

C’est une déci­sion stra­té­gique. Il y a quatre ans, nous avions esti­mé que le coût de cette qua­li­fi­ca­tion n’était pas jus­ti­fié car nos clients n’étaient pas OIV (Orga­nismes d’Importance Vitale). Mais le contexte a chan­gé. La demande de sou­ve­rai­ne­té s’est élar­gie, notam­ment dans la san­té et les ser­vices publics. Cette qua­li­fi­ca­tion exige près de deux ans de tra­vaux, avec des inves­tis­se­ments lourds, notam­ment en sécu­ri­té péri­mé­trique. C’est un signal fort : nos clients savent que nous met­tons tout en œuvre pour atteindre le plus haut niveau de pro­tec­tion des don­nées en France. »

Est-ce que cela va rendre vos services plus chers pour les clients ?

Oui, une infra­struc­ture qua­li­fiée Sec­Num­Cloud est plus coû­teuse qu’une infra­struc­ture stan­dard. Mais tout ne doit pas être sou­ve­rain. Notre rôle, c’est d’aider les DSI à car­to­gra­phier leurs don­nées : cer­taines méritent un héber­ge­ment sou­ve­rain, d’autres peuvent res­ter sur des hyper­sca­lers. C’est pour cela que nous croyons au mul­ti­cloud : offrir à chaque don­née le bon niveau de sécu­ri­té, au bon coût. Ce n’est pas un choix binaire entre cloud sou­ve­rain et hyper­sca­ler, c’est un équi­libre intel­li­gent entre cri­ti­ci­té, régle­men­ta­tion et budget. »

Comment anticipez-vous l’évolution du cadre réglementaire européen sur le cloud ?

Le débat autour de l’EUCS (Euro­pean Cyber­se­cu­ri­ty Cer­ti­fi­ca­tion Scheme for Cloud Ser­vices) est cen­tral. La France pousse pour que ce réfé­ren­tiel reprenne les prin­cipes du Sec­Num­Cloud, notam­ment sur la sou­ve­rai­ne­té, mais d’autres pays comme l’Allemagne s’y opposent. Cette absence d’harmonisation crée une incer­ti­tude pour les pres­ta­taires. Pour nous, il est cru­cial que l’Europe adopte une ligne claire et cohé­rente. L’Europe doit tran­cher : vou­lons-nous gar­der la main sur nos don­nées cri­tiques ou dépendre de géants non euro­péens ? Il faut un stan­dard fort et sou­ve­rain, à l’échelle du continent. 

Et l’intelligence artificielle dans tout ça ?

Nous explo­rons l’IA sur deux fronts : en interne, pour opti­mi­ser nos ser­vices et auto­ma­ti­ser cer­taines tâches tech­niques ; et pour nos clients, afin de pro­po­ser des offres IA sécu­ri­sées. Beau­coup d’entreprises uti­lisent des outils comme ChatGPT sans maî­tri­ser les risques de fuite de don­nées. À terme, nous pour­rions pro­po­ser des LLM internes, sou­ve­rains, pour cer­tains usages métiers. L’IA, c’est un champ d’exploration. Mais comme tou­jours, il faut ali­gner la tech­no­lo­gie avec les besoins, la sécu­ri­té et la valeur ajoutée. 

Enfin, quelles sont vos ambitions à court et moyen terme ?

Nous vou­lons conso­li­der notre posi­tion sur la sécu­ri­té et le cloud sou­ve­rain, accom­pa­gner nos clients dans leurs tran­si­tions tech­no­lo­giques et pour­suivre notre crois­sance, y com­pris via des acqui­si­tions ciblées. Notre groupe a une culture de la crois­sance externe – 25 acqui­si­tions en 27 ans – et nous conti­nuons dans cette voie pour enri­chir nos exper­tises. Nous vou­lons res­ter fidèles à notre ADN : une entre­prise solide, à taille humaine, qui mise sur la confiance, la sécu­ri­té et la proximité. 

“Nous voulons rester fidèles à notre ADN : une entreprise solide, à taille humaine, qui mise sur la confiance, la sécurité et la proximité.”


Pour en savoir plus : https://www.itsintegra.com/

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