Israël : l’attrait de la high-tech

Dossier : IsraëlMagazine N°537 Septembre 1998
Par Henri TRIEBEL (73)

En jan­vi­er 1998, je pre­nais la prési­dence du groupe Générale Élec­tron­ique Mesure SA que je dirigeais depuis un an. Ce Groupe créé fin 1994 s’é­tait don­né comme mis­sion d’of­frir une alter­na­tive dans le domaine de l’in­stru­men­ta­tion de test et de mesure élec­trique et élec­tron­ique. Il s’est con­sti­tué par acqui­si­tions suc­ces­sives de PME européennes et améri­caines et regroupe actuelle­ment les sociétés suivantes :

  • SEFRAM Instru­ments et Sys­tèmes SA, basée à Saint-Éti­enne (ex-divi­sion Instru­ments et Mesures de Schlum­berg­er), spé­cial­isée dans le domaine des enreg­istreurs oscil­lo­graphiques, des mesureurs de champs et des généra­teurs d’im­pul­sions et de fonctions.
  • ELDITEST Elec­tron­ics GmbH, basée à Magde­burg (RFA) et fab­ri­quant des son­des oscilloscopiques.
  • Müller & Weigert (ex-ITT Instru­ments) pro­duisant à Nurem­berg (RFA) des appareils de tableaux.
  • METRIX Elec­tron­ics Plc, basée à Wat­ford (GB) com­mer­cial­isant des pro­duits d’in­stru­men­ta­tion générale.
  • BOONTON Elec­tron­ics Corp. fab­ri­quant à Par­sip­pa­ny NJ (USA) des mesureurs de puis­sance de crête, des wattmètres, des volt­mètres, des capacimètres pour les appli­ca­tions hautes fréquences.
  • B & K Pre­ci­sion Corp. basée à Pla­cen­tia CA (USA), spé­cial­isée dans le domaine des oscil­lo­scopes, des généra­teurs de fonc­tion, ali­men­ta­tions, analy­seurs de spec­tres et multimètres.
     

Le Groupe dis­pose de ses pro­pres cen­tres de recherche à Saint-Éti­enne, Nurem­berg, Magde­burg et Par­sip­pa­ny. À cette liste s’a­joute la société israéli­enne OR‑X dans laque­lle Générale Élec­tron­ique Mesure a pris une par­tic­i­pa­tion majori­taire en jan­vi­er 1998.

Cette société a démar­ré en 1984 comme prestataire de ser­vices de recherche en instru­men­ta­tion de mesure pour le compte de multi­na­tionales telles que Tek­tron­ix, Grundig ou Rohde und Schwarz. Au fil des ans, elle a dévelop­pé un savoir-faire unique dans le domaine des généra­teurs d’im­pul­sions, des généra­teurs de forme arbi­traire, des généra­teurs de fonc­tions synthétisées.

Forte de ses suc­cès en recherche, OR‑X s’est mise à pro­duire et com­mer­cialis­er ses pro­pres pro­duits. Le marché israélien étant lim­ité, la société se devait de ven­dre en Europe. Ce qu’elle a fait en essayant de dévelop­per sa mar­que. Or dans ce domaine comme dans d’autres, les investisse­ments en mar­ket­ing pour se faire un nom sont très lourds. De plus pour ven­dre ces pro­duits spé­cial­isés, il est néces­saire d’of­frir une gamme plus large afin d’in­téress­er des réseaux de distribution.

La baisse des pro­grammes de recherche des grands groupes dans les années 1990, les charges induites par la con­struc­tion d’une unité de fab­ri­ca­tion sans que l’ef­fet de vol­ume soit au ren­dez-vous ont forte­ment grevé le résul­tat aupar­a­vant bril­lant de OR‑X. Ceci a con­duit les action­naires à chang­er de stratégie et à rechercher une alliance avec un groupe sus­cep­ti­ble d’ap­porter des mar­ques bien implan­tées locale­ment ain­si qu’une offre plus large de pro­duits d’in­stru­men­ta­tion générale.

En dis­posant de mar­ques aux États-Unis et en Europe, dont la durée d’ex­is­tence est tou­jours supérieure à cinquante ans, et en offrant des pro­duits com­plé­men­taires d’OR‑X, le groupe Générale Élec­tron­ique Mesure répondait aux souhaits des action­naires de la société israéli­enne. Inverse­ment les généra­teurs fab­riqués par le groupe tant par B & K Pre­ci­sion Corp. dans le New Jer­sey que SEFRAM en France n’é­taient plus au goût du jour, les recherch­es dans ce domaine ayant été arrêtées depuis plusieurs années. OR‑X appor­tait ain­si au groupe la pos­si­bil­ité de trans­fér­er de la tech­nolo­gie vers les États-Unis et la France.

Les négo­ci­a­tions démar­rées en jan­vi­er 1997 furent assez mou­ve­men­tées, chaque par­tie souhai­tant bien évidem­ment obtenir le con­trôle majori­taire. Ce qui finale­ment enclen­cha l’ac­cord entre les deux par­ties fut en novem­bre dernier l’ap­pel d’of­fres que rem­por­ta notre fil­iale anglaise pour la livrai­son de plus de 7 MF de généra­teurs d’im­pul­sions à l’ar­mée bri­tan­nique. Un pro­to­cole d’ac­cord était alors signé pour le con­trôle d’OR‑X à hau­teur de 51 %.

L’ac­qui­si­tion d’OR‑X est assez révéla­trice de l’in­térêt que peut présen­ter la coopéra­tion avec une société israéli­enne. D’un côté des sociétés établies depuis longtemps sur les prin­ci­paux marchés de la planète (Europe, États-Unis) et avides de nou­veautés tech­nologiques, de l’autre une société de high-tech avec un niveau de recherche de pointe, mais qui souf­fre de son isole­ment géo­graphique. Ajou­tons que l’in­térêt de ce lien est ren­for­cé dans le cas des États-Unis par la présence d’ac­cords bipar­tites offrant des avan­tages fis­caux aux sociétés améri­caines pour sous-traiter une par­tie de leur recherche en Israël.

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