« Inscrire la Devise dans le XXIe siècle »

Dossier : ExpressionsMagazine N°687 Septembre 2013
Par Jacques N. BIOT (71)

« L’École jouit de points d’ancrage très solides mais fait face à des défis impor­tants pour l’avenir. « Grâce à mes prédécesseurs, notam­ment Yan­nick d’Escatha et Mar­i­on Guil­lou dans la péri­ode récente, la sit­u­a­tion de départ est saine :

  • sou­tien explicite et durable du min­istère de la Défense,
  • main­tien de l’École à la pre­mière place des classe­ments français d’écoles d’ingénieurs,
  • recon­nais­sance de la qual­ité indi­vidu­elle des élèves et étu­di­ants, dans toute leur diver­sité, chez les employeurs de toute taille, nationaux et inter­na­tionaux, dans les sphères académique, sci­en­tifique, indus­trielle ou financière.

Des points d’ancrage très solides mais des défis impor­tants pour l’avenir

L’École béné­fi­cie égale­ment d’un sou­tien act­if de la part de la com­mu­nauté des anciens.

« En revanche, cha­cun recon­naît que le ray­on­nement inter­na­tion­al de l’École peut s’améliorer. La diver­si­fi­ca­tion des recrute­ments, certes engagée, mérite atten­tion. L’entrepreneuriat est encore dans les limbes mal­gré des réus­sites individuelles.

Si le corps pro­fes­so­ral et sci­en­tifique actuel est pas­sion­né et haute­ment qual­i­fié, l’École pour­rait ren­con­tr­er à l’avenir des dif­fi­cultés pour recruter et fidélis­er des enseignants chercheurs au plus haut niveau international.

Enfin, j’ai décou­vert l’existence d’une forte pres­sion urban­is­tique sur notre site, qui pour­rait com­pro­met­tre son attrac­tiv­ité future pour d’autres grandes implan­ta­tions sci­en­tifiques ou universitaires. »

Mettre en place la nouvelle gouvernance

« La nou­velle gou­ver­nance était très atten­due. Une semaine après mon arrivée, j’ai mis en place un fonc­tion­nement d’équipe à trois avec le directeur général Yves Demay (77) et avec Frank Pac­ard (84), nom­mé au poste de directeur de l’enseignement et de la recherche (DER), me rap­por­tant directement.

Jacques Biot (71), 61 ans, est ingénieur des Mines.
Après avoir été con­seiller tech­nique du Pre­mier Min­istre, il a mené l’essentiel de sa car­rière dans le domaine des sci­ences de la vie, avec une forte com­posante entrepreneuriale.
Il a par ailleurs active­ment par­ticipé à la créa­tion de l’Institut Mines Telecom.

Je les remer­cie tous deux, ain­si que Patrick Le Quéré (74), qui con­serve auprès du DER la coor­di­na­tion de la recherche, de leur col­lab­o­ra­tion pour la mise en œuvre rapi­de et con­struc­tive de cette évo­lu­tion prévue par le décret du 21 mars 2013.

« Au quo­ti­di­en, cette nou­velle con­fig­u­ra­tion ren­force les liens entre la for­ma­tion humaine, l’enseignement et la recherche au béné­fice des élèves.

De manière plus stratégique, en vue du ren­force­ment de notre présence sur Paris-Saclay, elle nous per­met de con­cert­er très étroite­ment le man­dat de négo­ci­a­tion con­féré au représen­tant de l’École au sein de la com­mu­nauté d’établissements.

Enfin, elle vise à mieux associ­er les enseignants chercheurs à la déf­i­ni­tion de la poli­tique inter­na­tionale de l’École.

« Au-delà de l’aspect insti­tu­tion­nel, j’ai souhaité ren­con­tr­er, dès le pre­mier mois, les prin­ci­paux inter­locu­teurs à l’intérieur et à l’extérieur de l’École. En interne, ma pri­or­ité est allée vers les respon­s­ables de départe­ments et vers les directeurs d’unités de recherche, et vers l’Intersyndicale qui m’avait saisi en urgence de prob­lèmes statutaires.

Enfin, j’ai eu à cœur d’assister aux répéti­tions du défilé du 14 Juil­let et je me suis réjoui de l’excellente image qu’a don­née la pro­mo­tion 2011 sur les Champs-Élysées cette année. »

Progresser dans les alliances stratégiques

« À l’extérieur, j’ai très rapi­de­ment jeté les bases de la col­lab­o­ra­tion avec le prési­dent de la Fon­da­tion de coopéra­tion sci­en­tifique de Paris-Saclay, avec le prési­dent de l’Université Paris-Sud, avec le directeur général d’HEC, et bien sûr avec l’équipe de l’ENSTA, notre voi­sine très proche géo­graphique­ment, insti­tu­tion­nelle­ment et intellectuellement.

« Dans ce con­texte, je porte depuis le pre­mier jour une atten­tion par­ti­c­ulière à notre stratégie d’implantation immo­bil­ière, avec la préoc­cu­pa­tion de con­serv­er à notre site une voca­tion uni­ver­si­taire et sci­en­tifique qui est le gage de la réus­site du pro­jet de Paris-Saclay. Il importe que l’École con­serve les réserves fon­cières per­me­t­tant d’accueillir des activ­ités économiques et sci­en­tifiques d’avenir. »

« La struc­tura­tion des alliances inter­na­tionales se pour­suiv­ra, en ren­forçant la cohérence des accords insti­tu­tion­nels avec les pri­or­ités de notre recherche et de nos enseignements. »

Le frontonde l'Ecole polytechnique, avec sa devise

Favoriser l’innovation et l’esprit d’entreprise

« La réno­va­tion du cur­sus est en cours. Des change­ments vont porter sur la for­ma­tion par la recherche, l’innovation, l’entrepreneuriat et l’international. Nous devrons égale­ment faire évoluer l’école graduée (mas­ters et doc­tor­ats) pour l’adapter à la mon­tée en puis­sance de Paris-Saclay.

L’une des mis­sions de l’École est de con­tribuer à la régénéra­tion de l’économie française

« La place de la recherche dans le cur­sus va être ren­for­cée. Dans le cadre de la réforme, les élèves auront accès dès la pre­mière année à des cycles de con­férences sci­en­tifiques et de vis­ites de lab­o­ra­toires. En deux­ième année, la place du pro­jet sci­en­tifique col­lec­tif, qui per­met aux élèves de se con­sacr­er à un tra­vail en com­mun de longue durée, sera ren­for­cée. En troisième année, le stage de recherche dans l’un des lab­o­ra­toires de l’École sera allongé.

« Qu’ils sor­tent dans les Corps de l’État, dans de grandes entre­pris­es, dans des entre­pris­es de taille inter­mé­di­aire ou dans des jeunes pouss­es, nos ingénieurs doivent com­pren­dre et aimer la recherche et l’innovation, qui con­stituent un moteur du redresse­ment pro­duc­tif du pays, et dont ils doivent con­naître les ressorts intel­lectuels, déci­sion­nels et financiers.

« Dans le pro­longe­ment de cette évo­lu­tion, je compte struc­tur­er la démarche en faveur de l’entrepreneuriat, en exploitant l’expérience que j’ai pu acquérir dans le domaine des sci­ences de la vie, exem­plaire à cet égard. L’une des mis­sions de l’École, en ces temps de guerre économique, est de con­tribuer à la régénéra­tion de l’économie française. Elle doit être recon­nue comme acteur act­if et attrac­t­if de la créa­tion d’entreprises et du développe­ment managérial.

« Cela passera par la mise en place de proces­sus for­mal­isés d’incubation, par un ren­force­ment de la rela­tion avec les investis­seurs en fonds pro­pres, par l’introduction de matières juridiques dans le cur­sus. Du côté des lab­o­ra­toires je souhaite accélér­er une prise de con­science de l’importance de la pro­priété intel­lectuelle, qui doit devenir un act­if incor­porel sig­ni­fi­catif et val­oris­able de l’École.

« Par­al­lèle­ment, l’effort sera pour­suivi pour le développe­ment de l’expérience inter­na­tionale des élèves et étu­di­ants, qui inter­vien­dra plus tôt dans le cur­sus et de manière obligatoire. »

S’appuyer sur la communauté polytechnicienne

« Je compte m’appuyer forte­ment sur la com­mu­nauté des anciens, qui m’a d’emblée témoigné son sou­tien. Dès la pre­mière semaine, je suis venu à leur ren­con­tre pour expos­er le pro­jet de l’École dans le cadre du Con­seil de l’AX.

Défilé des élèves de l'Ecole polytechnique
L’École reste en tête des meilleurs classe­ments. © JÉRÉMY BARANDE

« La Com­mis­sion aval réalise un tra­vail remar­quable sous la prési­dence de Xavier Huil­lard (73) en nous appor­tant le regard du marché de l’emploi.

« La com­mu­nauté des anciens nous aide égale­ment puis­sam­ment par la cam­pagne de lev­ée de fonds, et je remer­cie Claude Bébéar (55) pour sa forte impli­ca­tion en tant que prési­dent dans la col­lecte 2008–2012, et Olivi­er Mit­ter­rand (62) qui se mobilise d’ores et déjà en tant que prési­dent de la prochaine campagne.

« Le développe­ment du finance­ment pro­pre de l’École dans une per­spec­tive de long terme con­stitue un enjeu essen­tiel dans le con­texte de réduc­tion des dépens­es publiques. Notre rôle, à l’École, est d’apporter à la Fon­da­tion de l’X une image pos­i­tive de l’institution et une stratégie claire et attrac­tive pour les donateurs. »

Pro­pos recueil­lis par
Saman­tha Gaudfrin

2 Commentaires

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Anonymerépondre
15 septembre 2013 à 6 h 49 min

il me sem­ble qu’une place

il me sem­ble qu’une place réelle devrait être lais­sée au ”droit d’in­ven­taire”( je dirai même au ”devoir” ). Sans cela il n’y a pas de tac­tique con­duisant au suc­cès de la stratégie

Françoisrépondre
16 septembre 2013 à 8 h 50 min

Image inter­na­tionale :

Image inter­na­tionale : com­ment pré­ten­dre à un rang de pre­mier plan alors que le diplôme final est décerné en fin de ” 4e année ” par un autre étab­lisse­ment français ou étranger ?

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