Innover pour mieux soigner les cancers du sang avec Priothera

Florent Gros, Cofondateur et Président de Priothera, nous dévoile les ambitions de son entreprise spécialisée dans le traitement des hémopathies malignes, notamment la leucémie myéloïde aiguë (LMA). Entre innovation thérapeutique et défis d’une biotech en pleine croissance, il nous partage sa vision pour transformer les traitements et améliorer la survie des patients atteints de cancers du sang.
Quelles sont les origines et le contexte de la création de Priothera ?
Priothera a été créée en 2020, en pleine pandémie de Covid, par une équipe d’experts chevronnés de l’industrie biopharmaceutique. Pour des raisons stratégiques, Novartis avait mis fin au développement d’une molécule dans le traitement d’un effet indésirable des greffes pratiquées chez les patients leucémiques (Maladie du Greffon contre l’Hôte ou GvHD). Par la suite, les résultats de l’étude clinique précoce ont révélé une augmentation de 40 % de la survie chez les patients greffés. Priothera a décidé d’exploiter le potentiel anti-cancéreux de la molécule et de la développer pour un nouveau standard de soins dans les cancers hématologiques, en association avec les thérapies cellulaires.
Quelle est la mission principale de Priothera et en quoi votre approche thérapeutique se distingue-t-elle dans votre secteur ?
Chaque année, plus de 20 000 patients atteints de LMA sont traités en Europe et 12 000 environ bénéficient d’une greffe de cellules hématopoïetiques. Chez Priothera, nous voulons optimiser le traitement des leucémies et limiter les pathologies et effets secondaires graves liés à la transplantation,
grâce à notre produit mocravimod, un agoniste des récepteurs S1P (sphingosine-1-phosphate), mécanisme clé dans la régulation de la fonction immunitaire. Grâce à sa double action unique, plus efficace et plus sûre, notre molécule réduit les effets secondaires de la maladie du greffon contre l’hôte (GvHD) tout en préservant l’effet anticancer du greffon (GvL). Habituellement, les traitements de la GvHD reposent sur des immunosuppresseurs qui diminuent l’inflammation mais affaiblissent l’action anticancer du greffon, augmentant ainsi le risque de récidive. Mocravimod pourrait aussi être associé à des thérapies cellulaires CAR‑T, réduisant les inflammations graves et améliorant potentiellement les taux de survie. Cette double action positionne Priothera dans une aire thérapeutique où le besoin médical reste considérable.
Quels ont été vos grands défis et quelles sont les étapes majeures à venir ?
L’un des principaux défis a été de démarrer l’entreprise en pleine pandémie. Lever 30 millions d’euros durant cette période s’est révélé complexe, mais possible, grâce à nos investisseurs et partenaires publics et privés (Fountain Healthcare Partners, abrdn, EarlyBird Venture Capital, ainsi que par la Banque européenne d’investissement et Bpifrance Grand Est). Par la suite, nous avons dû faire face à un écosystème hospitalier sous forte pression en raison du Covid, ce qui a retardé nos plans initiaux. Nous avons surmonté ces obstacles grâce à nos partenariats stratégiques, et nous avons lancé en 2023 une étude clinique internationale MO-TRANS de phase III (États-Unis, Europe dont la France, Brésil, Asie) avec plus de 100 sites.
À mi-parcours, les résultats préliminaires sont très encourageants. Notre priorité est de finaliser cette étude pivot, de démontrer l’efficacité clinique de mocravimod et de préparer les soumissions réglementaires pour obtenir les autorisations de mise sur le marché aux États-Unis, en Europe et au Japon. Pour atteindre nos objectifs, une levée de fonds est en cours à hauteur de 60 M euros. Elle nous permettra également d’explorer d’autres applications thérapeutiques avec mocravimod.
Quelles sont vos ambitions à long terme pour l’entreprise ?
In fine, notre ambition est de positionner Priothera comme un acteur majeur des thérapies innovantes et efficaces pour les maladies hématologiques et améliorer la vie des patients.