InBrain Pharma révolutionne le traitement de la maladie de Parkinson en stade avancé

Véronique Foutel, CEO de InBrain Pharma, nous présente cette BioTech au stade clinique qui vient révolutionner le traitement de la maladie de Parkinson avec sa thérapie assistée par dispositif qui permet d’administrer au niveau cérébral de la dopamine en anaérobie (A‑dopamine). Explications sur ses contributions au développement de la Biotech.
InBrain Pharma, société biopharmaceutique spécialisée dans les maladies neurodégénératives. Pouvez-vous nous en dire plus sur son positionnement dans le monde de la santé ?
En 2018, InBrain Pharma a été cofondée par le docteur Matthieu Fisichella et les professeurs David Devos, un neurologue et pharmacologue, et Caroline Moreau Devos, neurologue, praticiens au CHU de Lille et affiliés Inserm et Université de Lille dans le cadre d’un transfert technologique basé sur les travaux des deux hospitalo-universitaires.
Aujourd’hui, InBrain Pharma est une BioTech en stade clinique. Notre premier programme, la dopamine en anaérobie (A‑dopamine), est un médicament-candidat qui est administré par perfusion intracérébrale circadienne continue aux patients en stade avancé de la maladie de Parkinson.
Vous avez pris la présidence d’InBrain Pharma il y a tout juste un an. Dans ce cadre, quelles sont les grandes lignes de votre feuille de route ?
Docteur en pharmacie, ancienne interne des Hôpitaux de Paris, j’ai une expérience de plus de 30 ans dans le domaine de la valorisation de l’innovation aussi bien dans la sphère publique que privée, au sein de grands groupes innovants, comme F. Hoffmann-La Roche AG. Il y a un peu plus d’un an, j’ai rejoint InBrain Pharma à un moment charnière de son développement, l’obtention des résultats finaux de l’essai clinique de phase I/II commencé en 2020. Ces résultats publiés dans la revue Nature Medicine ont permis de déterminer la dose thérapeutique de dopamine à introduire dans le cerveau pour avoir une réduction de la symptomatologie motrice et valider ainsi le concept de supplémentation personnalisée de ce neuromédiateur chez l’homme atteint de la maladie de Parkinson.
Aujourd’hui, il s’agit donc de passer en phase III de développement clinique pour confirmer la magnitude de cet effet thérapeutique.
Dans cette continuité, mon principal chantier est d’industrialiser le projet, c’est-à-dire de confirmer la preuve clinique dans le cadre d’un essai international multicentrique de phase III menant à l’enregistrement et au remboursement de notre médicament, et d’assurer sa production à plus grande échelle selon les standards de qualité de l’industrie
pharmaceutique. À cet effet, nous sommes mobilisés par une levée de fonds de 52 millions pour pérenniser le financement de ce changement d’échelle, et constituer l’équipe et l’écosystème autour d’inBrain Pharma.
InBrain Pharma travaille donc sur la maladie de Parkinson. Dites-nous en plus.
En 2000, le prix Nobel de Médecine a récompensé les travaux établissant, entre autres choses, le lien entre la maladie de Parkinson et la disparition de la dopamine, un neuromédiateur, particulièrement riche dans une zone du cerveau contrôlant la motricité autonome et un certain nombre de fonctions exécutives et cognitives. L’appauvrissement de la zone en dopamine entraîne une motricité anormale et une symptomatologie non motrice.
Cependant comme la dopamine a la caractéristique de ne passer ni la barrière digestive si avalée, ni la barrière hémato-encéphalique, si injectée à travers la peau ou directement dans la circulation sanguine, elle n’arrive pas au niveau cérébral. Ainsi, depuis près de 60 ans, pour traiter la maladie de Parkinson, on utilise des médicaments à base du précurseur appelé lévodopa. Aujourd’hui, on utilise aussi des dérivés synthétiques qui sont prescrits à tous les patients qui commencent à souffrir des troubles de la maladie de Parkinson.
« InBrain Pharma offre une thérapie assistée par dispositif à base de dopamine, permettant de délivrer à proximité de la zone déficitaire le neuromédiateur par perfusion cérébrale continue circadienne en contournant la barrière hémato-encéphalique. »
Au stade léger de la maladie, les patients reçoivent le médicament per os, c’est-à-dire par voie orale. La lévodopa, lors de son passage au niveau cérébral, est transformée en dopamine pour agir dans la voie dopaminergique qui s’appauvrit en dopamine. Si la lévodopa par sa transformation au niveau cérébral règle les troubles de la motricité, elle induit néanmoins des mouvements anormaux appelés dyskinésies. Quand l’administration per os de lévodopa ou médicaments équivalents (agonistes dopaminergiques) ne suffit plus, deux options s’offrent aux patients, en dehors de celle consistant à les laisser sous un traitement oral inadapté souvent à leur demande :
- Soit passer à des thérapies médicamenteuses assistées par dispositif à base de lévodopa ou de médicaments apparentés, permettant une administration continue du médicament soit par voie sous-cutanée, soit par voie entérale, au prix d’une gastrostomie entraînant des problèmes de tolérance et entravant la qualité de vie des patients.
- Soit avoir recours à une thérapie assistée par dispositif sans médicament, telle que des électrodes pour stimuler électriquement les neurones.
Aujourd’hui, InBrain Pharma offre une troisième alternative : une thérapie assistée par dispositif à base de dopamine, permettant de délivrer à proximité de la zone déficitaire le neuromédiateur par perfusion cérébrale continue circadienne en contournant la barrière hémato-encéphalique. Ce contournement a été rendu possible grâce à un fin cathéter placé par un acte neurochirurgical relié à une pompe de dosage de précision implanté au niveau abdominal sous la peau du patient. Placée dans le réservoir de cette pompe, la dopamine est stable pendant 7 à 15 jours et est délivrée directement au niveau cérébral à une dose personnalisée aux besoins du malade. Le remplissage du réservoir de la pompe se fait à l’aide d’une seringue au travers de la peau du malade.
Quelle est la valeur ajoutée de l’alternative innovante proposée par InBrain Pharma ?
Elle est double ! Tout d’abord, nous avons réussi à stabiliser la dopamine qui a la caractéristique de s’oxyder naturellement. En parallèle, nous l’amenons sous cette forme stabilisée, en anaérobie, au niveau cérébral où elle est administrée en « goutte à goutte » de manière très précise au bon endroit et sans dispersion.
InBrain Pharma est ainsi un pionnier du traitement des troubles neurologiques par l’administration en intracérébral de médicament en adaptant la posologie à chaque patient. Aujourd’hui, InBrain Pharma contribue donc à inventer et à développer la médecine de précision en neurologie au XXIe siècle.
Les résultats de notre essai clinique ont, par ailleurs, montré une réduction absolument remarquable du temps de contrôle imparfait de la symptomatologie motrice des patients ce qui permet à un stade avancé de la pathologie d’améliorer leur autonomie, leur qualité de vie, mais également celle de leur entourage.
“InBrain Pharma est un pionnier du traitement des troubles neurologiques par l’administration en intracérébral de médicament en adaptant la posologie à chaque patient.”
En parallèle, l’augmentation de la dose thérapeutique de dopamine dans le cerveau permet de diminuer la quantité de médicaments per os prescrits en combinaison. Contrairement à la lévodopa, notre thérapie assistée par dispositif à base de dopamine est très bien tolérée et n’induit pas de mouvements anormaux. En plus, elle contribue à diminuer considérablement la part du cocktail de médicaments par voie orale à base de lévodopa ou médicament apparenté pourvoyeurs de mouvements anormaux dans le traitement (réduction de près de 60 %).
Avec plus de 4 ans de recul, InBrain Pharma a montré la faisabilité de son approche, confirmé sa capacité à doser un neuromédiateur au niveau cérébral, et validé ce concept de perfusion cérébrale continue médicamenteuse dans une maladie cérébrale.

Pour cette découverte, les professeurs Devos et Moreau ont été finalistes du Prix de l’Inventeur Européen 2024 de l’Office Européen des Brevets dans la catégorie « Recherche » pour l’avancée thérapeutique qu’elle représente dans la maladie de Parkinson. Dites-nous en plus.
C’est une consécration majeure pour nos deux scientifiques dont l’invention a été sélectionnée parmi 558 dossiers sourcés dans le monde entier. Ce prix vient reconnaître la pertinence de cette approche de rupture appelée à bouleverser les dogmes actuels de prise en charge médicamenteuse de la maladie de Parkinson. Enfin, le fait d’accéder à cette cour des grands innovants telle que définie par l’Office Européen des Brevets souligne aussi la solidité de la protection de la propriété intellectuelle dont bénéficient notre candidat-médicament et sa méthode d’administration originale.