L’Application HOPE® de self-check mammaire mensuel IA-assisté sur Smartphone, avec MAMMOPE®, son dispositif médical intelligent à ultrasons avec IA embarquée.

Hope Valley AI réinvente la prévention numérique et le dépistage du cancer du sein

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°804 Avril 2025
Par Hakima BERDOUZ

Por­tée par l’intelligence arti­fi­cielle et grâce à une tech­no­lo­gie de détec­tion pré­coce des signaux faibles d’événements rares, ins­pi­rée des méthodes et pra­tiques indus­trielles en termes de sûre­té nucléaire, Haki­ma Ber­douz, fon­da­trice de la start-up, ambi­tionne de révo­lu­tion­ner la pré­ven­tion numé­rique en matière de san­té mam­maire. Avec des par­te­na­riats stra­té­giques et une vision inter­na­tio­nale, Hope Val­ley AI s’impose comme un acteur clé de l’onconumérique.

Quelles sont les origines de Hope Valley AI et pourquoi lancer ce projet ?

L’origine de Hope Val­ley AI repose sur une ambi­tion stra­té­gique forte : celle de créer une start-up d’intelligence arti­fi­cielle à dimen­sion inter­na­tio­nale. Contrai­re­ment aux sché­mas tra­di­tion­nels où les start-up se déve­loppent d’abord au niveau local ou natio­nal, nous avons fait le choix d’une approche inver­sée. Notre cible prin­ci­pale est le mar­ché amé­ri­cain, qui est aujourd’hui l’un des plus dyna­miques en matière d’innovations en san­té numérique.

Le choix du nom « Hope Val­ley AI » est éga­le­ment signi­fi­ca­tif. Le mot « Hope » (espoir) incarne la mis­sion même de l’entreprise : appor­ter un espoir nou­veau aux patients, notam­ment pour les can­cers. Mon entou­rage fami­lial a été tou­ché par cette mala­die et cette expé­rience m’a moti­vée à mettre mon exper­tise d’ingénieure, acquise notam­ment dans le sec­teur du nucléaire, au ser­vice d’une cause pro­fon­dé­ment humaine. Au sein du CEA, j’avais déve­lop­pé des approches inté­grées de détec­tion pré­coce des signaux faibles d’événements rares redou­tés, uti­li­sées pour la sûre­té des réac­teurs. Ces méthodes se sont révé­lées par­fai­te­ment adap­tées à la pré­dic­tion et à la détec­tion pré­coce des tumeurs. Hope Val­ley AI trouve ain­si ses racines dans une double ins­pi­ra­tion : la haute tech­no­lo­gie issue du nucléaire et l’engagement sin­cère d’améliorer la pré­ven­tion et le dépis­tage du cancer.

Comment fonctionne Hope Valley AI et en quoi votre technologie est-elle différente des autres solutions d’intelligence artificielle du secteur de la santé ?

Notre mis­sion est d’améliorer la pré­ven­tion numérique, le dépis­tage et la télé­sur­veillance pré­dic­tive et thé­ra­peu­tique des mala­dies, avec un accent ini­tial sur le can­cer du sein. Nous avons conçu une « cli­nique numé­rique intel­li­gente » en trois modules : un module de pré­ven­tion numé­rique et d’auto-examen gra­tuit, un module de télé­sur­veillance pré­dic­tive et pré­ven­tive finan­cé par des mutuelles ou des employeurs, et un module de télé­sur­veillance médi­cale ren­for­cée pres­crit par un pro­fes­sion­nel de san­té et pris en charge par l’Assurance Mala­die. Cette struc­ture garan­tit un accès équi­table aux soins pré­ven­tifs tout en assu­rant un modèle éco­no­mique durable.

Notre tech­no­lo­gie se dis­tingue par plu­sieurs points clés. D’abord, nous adop­tons une approche « Cyber­se­cu­ri­ty by desi­gn » : les don­nées patientes sont ano­ny­mi­sées, sto­ckées sur des infra­struc­tures sou­ve­raines, et la cyber­sé­cu­ri­té est inté­grée dès la concep­tion. Ensuite, nous avons déve­lop­pé des tech­niques d’IA inter­pré­tables, ins­pi­rées de mes tra­vaux au CEA, per­met­tant de repé­rer, cap­tu­rer et carac­té­ri­ser les signaux faibles de manière précoce.

Le développement de l’intelligence artificielle dans le secteur de la santé comporte des défis majeurs, notamment en matière de réglementation et de protection des données. Quels obstacles avez-vous rencontrés et comment les avez-vous surmontés ?

L’évolution régle­men­taire a pro­fon­dé­ment modi­fié le contexte. Avant la pan­dé­mie, le par­cours clas­sique consis­tait à obte­nir d’abord le mar­quage CE en Europe, puis l’approbation de la FDA aux États-Unis. Aujourd’hui, l’Europe a ren­for­cé ses exi­gences, ral­lon­geant l’accès au mar­ché, tan­dis que les États-Unis ont mis en place des pro­cé­dures « fast track » plus flexibles. Pour nous adap­ter, nous avons choi­si d’inverser la stra­té­gie et de viser en prio­ri­té le mar­ché amé­ri­cain, afin d’obtenir l’agrément de la FDA avant même le mar­quage CE.

Cette approche accé­lère notre mise sur le mar­ché et séduit davan­tage les inves­tis­seurs, plus enclins à sou­te­nir des pro­jets vali­dés rapi­de­ment. Par ailleurs, notre expé­rience dans le nucléaire, un sec­teur régi par des normes de sûre­té extrê­me­ment strictes, nous a per­mis d’intégrer très tôt les contraintes régle­men­taires et nor­ma­tives du domaine de la san­té. Aujourd’hui, nous allons déjà au-delà des stan­dards régle­men­taires, garan­tis­sant ain­si une IA de confiance, essen­tielle pour gagner l’adhésion, l’adoption et l’engagement des patientes, des méde­cins et des institutions.

L’Application HOPE® de self-check mammaire mensuel IA-assisté sur Smartphone, avec MAMMOPE®, son dispositif médical intelligent à ultrasons avec IA embarquée.
L’Application HOPE® de self-check mam­maire men­suel IA-assis­té sur Smart­phone, avec MAMMOPE®, son dis­po­si­tif médi­cal intel­li­gent à ultra­sons avec IA embarquée.

Quels partenariats stratégiques avec des acteurs de la santé ou de la technologie avez-vous noués pour accélérer votre développement ?

Les par­te­na­riats sont au cœur de notre stra­té­gie. Dès la pre­mière phase du pro­jet, bap­ti­sée « Simone » en hom­mage à Simone Veil, nous avons col­la­bo­ré avec l’AP-HP, notam­ment la Pitié-Sal­pê­trière, grâce à notre incu­ba­tion à l’Inria Star­tup Stu­dio. Nous avons béné­fi­cié du sou­tien de l’Université Paris-Saclay, qui a finan­cé un 1er POC et per­mis le recru­te­ment d’un data scien­tist. L’Université Sor­bonne, via son centre IA, fait éga­le­ment par­tie de notre écosystème.

En nous orien­tant vers le can­cer du sein, nous avons col­la­bo­ré étroi­te­ment avec l’Institut Gus­tave Rous­sy et le Paris Saclay Can­cer Clus­ter, et béné­fi­cié d’une incu­ba­tion d’un an afin de ren­for­cer notre exper­tise en onco­nu­mé­rique. Sur le plan régio­nal, notre implan­ta­tion à La Rochelle a faci­li­té l’accès à des centres hos­pi­ta­liers de renom, comme le CHU de Tours, pion­nier dans les ultra­sons, ain­si que le CHU de Poi­tiers et celui de Limoges et de La Rochelle.

À l’échelle euro­péenne, nous ciblons en prio­ri­té l’Allemagne, où nous tra­vaillons avec la TUM (Uni­ver­si­té Tech­nique de Munich) dans un cadre régle­men­taire favo­rable. Enfin, à l’international, le sou­tien du MIT, notre pré­sence dans des labo­ra­toires amé­ri­cains, ain­si que nos liens avec la French Tech de Bos­ton et les éco­sys­tèmes cana­diens (Mont­réal, Qué­bec City) élar­gissent consi­dé­ra­ble­ment notre réseau. Ces par­te­na­riats, tant sur le plan médi­cal que tech­no­lo­gique, sont essen­tiels pour vali­der nos solu­tions, atti­rer des finan­ce­ments et ren­for­cer notre posi­tion­ne­ment auprès des pra­ti­ciens et des investisseurs.

Quelles sont les prochaines étapes pour Hope Valley AI ?

Notre prio­ri­té est de lan­cer notre appli­ca­tion de pré­ven­tion numé­rique et de pré­dic­tion du risque du can­cer du sein dès octobre 2025, avec un accès anti­ci­pé en février-mars 2025, pour les ear­ly adop­ters. Ce lan­ce­ment mar­que­ra une étape déci­sive dans la mise à dis­po­si­tion d’un outil com­plé­men­taire à la mam­mo­gra­phie, per­met­tant aux femmes de réa­li­ser un sui­vi pré­ven­tif régu­lier, notam­ment entre deux exa­mens, et de détec­ter plus tôt d’éventuelles tumeurs pas­sées entre les mailles du dépis­tage tra­di­tion­nel, notam­ment le can­cer d’intervalle qui repré­sente près de 20 % des can­cers du sein en France selon le Pro­gramme Inter­cep­tion de Gus­tave Roussy. 

Nous pré­voyons éga­le­ment de pour­suivre nos inves­ti­ga­tions cli­niques mul­ti­cen­triques, d’élargir nos par­te­na­riats hos­pi­ta­liers, de ren­for­cer notre pro­prié­té intel­lec­tuelle, et de pré­pa­rer l’extension de notre tech­no­lo­gie à d’autres patho­lo­gies. À terme, nous pré­voyons de pro­po­ser nos API, bre­vets et tech­no­lo­gies sous licence, afin de maxi­mi­ser la por­tée de nos inno­va­tions. Nous visons un déploie­ment simul­ta­né sur plu­sieurs mar­chés pour tou­cher le plus grand nombre de patientes et contri­buer à sau­ver des vies grâce à la pré­dic­tion du risque à 5 ans et la détec­tion pré­coce des signaux faibles pré­cur­seurs d’anomalies mammaires.

Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes entrepreneurs et aux femmes qui souhaitent se lancer dans la deeptech ou l’intelligence artificielle ?

Je les inci­te­rais à ne pas attendre et à se lan­cer dès lors qu’ils ou elles sentent que leur pro­jet les pas­sionne et qu’il a une réelle por­tée, qu’il soit à impact ou non. Aujourd’hui, les tech­no­lo­gies, les incu­ba­teurs, les dis­po­si­tifs d’aide et les éco­sys­tèmes de sou­tien sont plus acces­sibles que jamais. Grâce à l’IA, il est aus­si pos­sible de tes­ter rapi­de­ment une idée, d’itérer et d’affiner une solu­tion au plus près de ses uti­li­sa­teurs. Il est éga­le­ment cru­cial de res­ter fidèle à sa mis­sion, quitte à refu­ser cer­tains par­te­na­riats ou finan­ce­ments qui ne cor­res­pondent pas à ses valeurs. 

Il est rare, dans la deep­tech, d’avoir des équipes majo­ri­tai­re­ment fémi­nines comme la nôtre, et c’est une grande fier­té. Cela montre qu’il est pos­sible d’innover, de révo­lu­tion­ner le domaine de la san­té et de por­ter un pro­jet ambi­tieux tout en res­tant ancré dans des convic­tions pro­fon­dé­ment huma­nistes. À celles et ceux qui hésitent, je dirais : osez. L’entrepreneuriat est exi­geant, mais riche de sens, de valeurs et d’apprentissages. 

www.hopevalley.ai

Poster un commentaire