Halte aux éoliennes

Dossier : ExpressionsMagazine N°634 Avril 2008
Par Christian GERONDEAU (57)

L’Ouest amé­ri­cain était autre­fois par­cou­ru de chas­seurs de primes. C’est désor­mais notre pays qui est sillon­né de chas­seurs d’un tout autre genre. Ceux-ci ne font pas métier de la pour­suite de ban­dits, mais de signa­tures. Le jeu consiste à obte­nir de la part des 36 000 maires que compte notre pays l’au­to­ri­sa­tion de construire des éoliennes sur leur ter­ri­toire. La recherche est sans aucun risque, le pro­fit est garan­ti par l’É­tat et payé par EDF, et la récom­pense d’une ampleur à laquelle n’au­raient jamais osé rêver les des­pe­ra­dos du Far West. 

EDF a l’obligation de payer le double du prix de revient

Selon France Éner­gie Éolienne, » Le coût moyen de l’élec­tri­ci­té d’o­ri­gine éolienne est pas­sé à envi­ron 4,4 cen­times d’eu­ro par kilo­watt­heure pour une machine de 2 méga­watts. » Quelles pres­sions a‑t-il fal­lu pour qu’un arrê­té minis­té­riel du 26 juillet 2006 garan­tisse aux pro­mo­teurs d’éo­liennes pen­dant quinze ans un prix d’a­chat de 8,2 cen­times d’eu­ros, c’est-à-dire presque le double du prix de revient. EDF a l’o­bli­ga­tion d’ac­qué­rir le cou­rant à ce prix. Chaque éolienne de 2 méga­watts garan­tit donc à son pro­mo­teur 360 000 euros de reve­nu annuel pour un temps de fonc­tion­ne­ment moyen annuel de 2 200 heures. 

» La recherche est sans aucun risque, le pro­fit est garan­ti par l’É­tat et payé par EDF » 

Les objec­tifs offi­ciels fixés par l’ar­rê­té du 7 juillet 2006 étaient d’une puis­sance ins­tal­lée de 17 500 méga­watts en 2015. Les tra­vaux du » Gre­nelle de l’en­vi­ron­ne­ment » les ont por­tés à 25 000 méga­watts. Quant à l’Eu­rope, elle vient de fixer à la France l’ob­jec­tif de por­ter de 10,3 % à 23 % de sa consom­ma­tion totale d’éner­gie la part des éner­gies renou­ve­lables, ce qui impo­se­ra sans doute de por­ter à 35 000 MW la puis­sance éolienne ins­tal­lée sur notre ter­ri­toire. Les coûts d’a­chat cor­res­pon­dants par EDF sont faciles à éva­luer. Sur une base de 2 200 heures de fonc­tion­ne­ment par an et d’un prix garan­ti de 8,2 cen­times d’eu­ros, ils s’é­lèvent à 3,15 mil­liards d’eu­ros annuel­le­ment pour 17 500 MW ins­tal­lés, à 4,15 mil­liards pour 25 000, et à 6,30 pour 35 000, soit le coût de la construc­tion d’un à deux réac­teurs nucléaires chaque année. 

Un coût inutile de 100 à 200 euros par foyer

Les éco­no­mies cor­res­pon­dantes seront minimes, puisque l’élec­tri­ci­té d’o­ri­gine éolienne se sub­sti­tue­ra, à de rares excep­tions près, à de l’élec­tri­ci­té d’o­ri­gine nucléaire dont le coût de revient mar­gi­nal est très faible. En sup­po­sant que l’é­co­no­mie atteigne 20 % des chiffres cités ci-des­sus, la dépense inutile pour le consom­ma­teur, c’est-à-dire la ponc­tion sur son pou­voir d’a­chat, sera donc de l’ordre de 2,5 mil­liards d’eu­ros par an dans la pre­mière hypo­thèse, de 3,3 mil­liards dans la seconde, et de 5 mil­liards dans l’hy­po­thèse » euro­péenne « . Autre­ment dit, de 100 euros par foyer et par an dans l’hy­po­thèse la plus basse et de 200 dans la plus éle­vée. Les éco­lo­gistes ne se doutent cer­tai­ne­ment pas qu’en pro­mou­vant les éoliennes, ils font la for­tune de pro­mo­teurs peu scrupuleux. 

Arrêter le plus tôt possible

Face à de telles pers­pec­tives, la conclu­sion s’im­pose : il faut arrê­ter tout lan­ce­ment de nou­velles éoliennes, et le plus tôt sera le mieux. Pour y par­ve­nir, deux moda­li­tés sont pos­sibles, qui ne sont pas exclu­sives l’une de l’autre. Puisque ce sont les pré­fets qui délivrent les per­mis de construire, il suf­fi­rait en pre­mier lieu qu’ils reçoivent ins­truc­tion de geler toute auto­ri­sa­tion nou­velle jus­qu’à plus ample infor­ma­tion pour que tout s’ar­rête immé­dia­te­ment. Il existe une seconde solu­tion, qui repo­se­rait sur la révi­sion du tarif d’a­chat de l’élec­tri­ci­té pro­duite par les éoliennes. C’est ain­si qu’a pro­cé­dé le Dane­mark. Déci­dé il y a deux ans, l’a­bais­se­ment mas­sif du tarif d’a­chat de l’élec­tri­ci­té d’o­ri­gine éolienne s’est tra­duit par le résul­tat qu’on pou­vait attendre, c’est-à-dire pra­ti­que­ment l’ar­rêt de toute ins­tal­la­tion nou­velle. L’in­dus­trie danoise de fabri­ca­tion des éoliennes fonc­tionne doré­na­vant uni­que­ment à l’ex­por­ta­tion, à des­ti­na­tion notam­ment de la France. Ne répon­dant à aucune néces­si­té, les éoliennes sont une arnaque sans pré­cé­dent dont sont vic­times tous nos conci­toyens, à l’ex­cep­tion de ceux qui ont su pro­fi­ter jus­qu’à pré­sent de l’al­liance de l’i­déo­lo­gie des éco­lo­gistes et du poids des lobbys.

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