Michelin : Mobilité hydrogène

Groupe Michelin : plus de 20 ans d’engagement en faveur de la mobilité hydrogène

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°780 Décembre 2022
Par Yves FAURISSON

Le groupe Miche­lin n’a pas atten­du l’engouement actuel pour l’hydrogène afin de se pen­cher sur cette tech­no­lo­gie qui est non seule­ment essen­tielle à la réus­site de la tran­si­tion éner­gé­tique, mais éga­le­ment indis­pen­sable pour décar­bo­ner la mobi­li­té et les trans­ports. Le point avec Yves Fau­ris­son, res­pon­sable des acti­vi­tés hydro­gène au sein du groupe Michelin.

Michelin s’intéresse à l’hydrogène depuis déjà plus de 20 ans. Pourquoi ?

Cet inté­rêt pour l’hydrogène est une illus­tra­tion directe de l’engagement de notre Groupe en faveur du déve­lop­pe­ment des nou­velles tech­no­lo­gies qui vont per­mettre l’émergence d’une mobi­li­té durable. C’est un enga­ge­ment sin­cère qui est ancré dans l’ADN de notre Groupe. Au-delà des pre­miers tra­vaux que nous avions menés sur la réduc­tion de la résis­tance au rou­le­ment des pneu­ma­tiques pour contri­buer à la baisse des émis­sions de CO2 de la mobi­li­té, nous avons explo­ré d’autres pistes pour iden­ti­fier ces nou­velles tech­no­lo­gies qui per­met­traient de réduire, voire d’éliminer ces émis­sions. C’est dans cette démarche que nous nous sommes inté­res­sés à la tech­no­lo­gie de la pile à hydro­gène. Depuis 20 ans, des équipes Miche­lin dédiées se sont mobi­li­sées pour déve­lop­per cette tech­no­lo­gie très pro­met­teuse. Lorsque la direc­tion du Groupe décide de créer, avec For­via / Fau­re­cia, la JV Sym­bio, les équipes Miche­lin en étaient déjà à la 4e géné­ra­tion de leur tech­no­lo­gie de pile à hydro­gène ! 

Il faut éga­le­ment sou­li­gner la convic­tion du Pré­sident de Miche­lin, Florent Mene­gaux, qui est un sup­por­ter de la pre­mière heure de l’hydrogène et qui a tou­jours pen­sé que la mobi­li­té hydro­gène sera non seule­ment com­plé­men­taire à la bat­te­rie élec­trique, mais éga­le­ment une des com­po­santes essen­tielles de la mobi­li­té propre. C’est véri­ta­ble­ment un enga­ge­ment his­to­rique du Groupe qui est por­té au plus haut niveau de l’entreprise.  

Comment appréhendez-vous le développement de la filière hydrogène et sur quel maillon de sa chaîne de valeur vous positionnez-vous ? 

C’est aujourd’hui une filière qui se déve­loppe extrê­me­ment vite avec des plans de sou­tien à l’échelle fran­çaise et euro­péenne qui donnent une nou­velle dyna­mique à cette filière en pleine struc­tu­ra­tion. Aujourd’hui, le groupe Miche­lin couvre de nom­breux maillons de la chaîne de valeur de l’hydrogène : 

  • Au tra­vers de Sym­bio, notre ambi­tion est de deve­nir un lea­der mon­dial des sys­tèmes de pile hydro­gène : l’enjeu est de conce­voir, déve­lop­per, indus­tria­li­ser et com­mer­cia­li­ser ces sys­tèmes à un coût com­pa­tible avec des exi­gences de l’industrie automobile ;
  • Au tra­vers d’HYmpulsion, nous accom­pa­gnons le déve­lop­pe­ment de la mobi­li­té hydro­gène à l’échelle d’une région (Auvergne-Rhône-Alpes) en y déployant simul­ta­né­ment les véhi­cules et les infra­struc­tures. L’absence d’infrastructures dédiées étant l’un des prin­ci­paux freins au déve­lop­pe­ment de la mobi­li­té hydro­gène, Miche­lin s’engage donc avec des par­te­naires pri­vés et publics pour déve­lop­per cette infra­struc­ture, non pas à l’échelle d’un entre­pôt ou une ville, mais d’une région ;
  • Au tra­vers de Watèa-by-Miche­lin, nous allons pro­po­ser début 2023 éga­le­ment une solu­tion de mobi­li­té hydro­gène tout-en-un pour les flottes de véhi­cules uti­li­taires qui per­met de rendre la tran­si­tion éner­gé­tique acces­sible à tous ;
  • Miche­lin est aus­si très volon­taire afin de démon­trer que ces tech­no­lo­gies sont per­for­mantes et fonc­tion­nelles en les trans­po­sant dans la com­pé­ti­tion auto­mo­bile. Dans ce cadre, nous avons un par­te­na­riat avec l’Automobile Club de l’Ouest et les 24 Heures du Mans ;
  • Nous sommes actifs dans l’ensemble des actions et ini­tia­tives autour du déve­lop­pe­ment de l’hydrogène et sommes notam­ment membres de l’Hydrogen Coun­cil, Hydro­gen Europe ou encore France Hydrogène ;
  • Enfin, nous conti­nue­rons à inno­ver et explo­rons à ce titre des pistes com­plé­men­taires notam­ment dans le domaine des maté­riaux de haute tech­no­lo­gie au ser­vice de la pile hydro­gène et des élec­tro­ly­seurs (qui pro­duisent de l’hydrogène).  

Pouvez-vous nous en dire plus sur les principaux projets en cours et vos partenaires dans ce cadre ? 

Avec For­via, nous sié­geons au conseil d’administration de la socié­té Sym­bio que j’ai pré­cé­dem­ment men­tion­née. Nous sou­te­nons son déve­lop­pe­ment et celui de ses équipes. Aujourd’hui, nous pou­vons appré­cier les pre­miers résul­tats de Sym­bio dont les piles à hydro­gène ont été notam­ment choi­sies pour équi­per les véhi­cules com­mer­ciaux à hydro­gène du construc­teur Stel­lan­tis. Sym­bio fait, par ailleurs, par­tie des pro­jets sélec­tion­nés par la France dans le cadre du pro­gramme Impor­tant Pro­jects of Com­mon Euro­pean Inter­est (IPCEI) de la Com­mis­sion euro­péenne. En 2022, nous avons démar­ré la construc­tion de l’usine Sym­bio à Saint-Fons, avec l’objectif de lan­cer la pro­duc­tion dès 2023. 

Avec la région Auvergne-Rhône-Alpes, Engie, la Banque des Ter­ri­toires et le Cré­dit Agri­cole, nous avons créé la socié­té HYm­pul­sion pour déve­lop­per dans la région des infra­struc­tures dédiées à la mobi­li­té hydro­gène. Cette coopé­ra­tion vise la mise en place d’une ving­taine de sta­tions à hydro­gène vert pour ali­men­ter des véhi­cules, des uti­li­taires et des taxis, et pro­chai­ne­ment la mobi­li­té lourde (bus, camions…) et ain­si contri­buer à la décar­bo­na­tion des trans­ports. 

Dans cette démarche, quels sont vos principaux enjeux ? 

À hori­zon 2030, l’objectif du groupe Miche­lin est de réa­li­ser une part signi­fi­ca­tive de son chiffre d’affaires (20 à 30 %) sur des acti­vi­tés autres que les pneu­ma­tiques. L’hydrogène est un des sujets que nous déve­lop­pons afin d’atteindre cet objec­tif. Au-delà, l’hydrogène est aus­si un levier impor­tant au ser­vice de la lutte contre les émis­sions de CO2 et de la réduc­tion de la pol­lu­tion de l’air. Au regard de sa flexi­bi­li­té de pro­duc­tion et d’utilisation, l’hydrogène s’impose comme une des clés de voûte de la tran­si­tion éner­gé­tique. Ce sta­tut le place donc natu­rel­le­ment au cœur de nos préoccupations.

Pour renforcer votre positionnement dans la filière hydrogène, quelles sont les compétences que vous recherchez ?  

Pour ren­for­cer nos équipes de R&D, nous recher­chons des pro­fils pas­sion­nés qui sou­haitent s’engager dans la trans­for­ma­tion « Tout Durable » du Groupe1. Les com­pé­tences sou­hai­tées adressent les domaines tech­niques de la chi­mie des maté­riaux (la syn­thèse, le pro­cé­dé et la mise en forme), de la com­pré­hen­sion des méca­nismes phy­si­co-chi­miques, élec­tro­chi­miques et/ou méca­niques, de la carac­té­ri­sa­tion des maté­riaux et des pro­duits finis. Qu’ils soient ingé­nieurs spé­cia­li­sés ou géné­ra­listes (mana­gers trans­verses, pilotes de pro­jets…), au-delà de solides connais­sances tech­niques, nous accor­dons une grande impor­tance au sens du col­lec­tif, à la capa­ci­té d’écoute, à la prise de recul sur les sujets. Un axe fort du groupe est de pou­voir pro­po­ser des par­cours de car­rière per­son­na­li­sés et variés, dans le res­pect de l’équilibre vie pri­vée et pro­fes­sion­nelle. 

Et pour conclure, comment vous projetez-vous sur ce segment alors que la structuration de la filière s’accélère dans le monde entier ?  

Nous sommes aux pre­mières loges pour appré­cier l’accélération de cette filière à laquelle nous nous inté­res­sons depuis déjà plus de 20 ans. Pour le groupe Miche­lin, c’est une véri­table oppor­tu­ni­té pour ren­for­cer son posi­tion­ne­ment sur la chaîne de valeur et pour élar­gir ses domaines d’activité. 

C’est aus­si la pos­si­bi­li­té d’être un acteur enga­gé au ser­vice de la décar­bo­na­tion. Au niveau du Groupe, c’est une démarche que nous avons enta­mée depuis plu­sieurs années. Par exemple, sur notre site de Vannes, nous rem­pla­çons l’hydrogène gris par sa ver­sion bas car­bone, l’hydrogène renou­ve­lable, grâce au recours à un élec­tro­ly­seur. 

Dans un de nos entre­pôts logis­tiques, nous uti­li­sons des cha­riots élé­va­teurs à hydro­gène. Nous pré­voyons de tes­ter aus­si des camions à hydro­gène pour relier nos dif­fé­rents sites indus­triels et notre sup­ply chain est for­te­ment mobi­li­sée pour uti­li­ser l’hydrogène comme un des leviers pour le trans­port de nos mar­chan­dises. Nos pro­jets couvrent tous les hori­zons tem­po­rels et ont des impacts locaux, régio­naux et glo­baux afin de déve­lop­per la mobi­li­té décar­bo­née de demain.  

1 Pour en savoir plus : https://recrutement.michelin.fr

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