GREENGO l’alternative française et écoresponsable à Booking et Airbnb

GreenGo, l’alternative française et écoresponsable à Booking et Airbnb

Dossier : TrajectoiresMagazine N°785 Mai 2023
Par Hervé KABLA (84)

En 2021, Guil­laume Jouf­fre (X12) a cofondé Green­Go, qui pro­pose une solu­tion con­crète pour réc­on­cili­er voy­age et envi­ron­nement. La société sélec­tionne des héberge­ments de qual­ité, de l’authenticité, du charme, chez des hôtes respon­s­ables qui font atten­tion à leur impact. Le tout à un prix équitable.

Quelle est l’activité de GreenGo ? 

Green­Go est une alter­na­tive française et éco-respon­s­able à Book­ing et Airbnb. Nous sélection­nons des loge­ments sym­pas en France, chez des hôtes engagés dans une démarche de dura­bil­ité, pour don­ner envie de voy­ager plus local. Nous avons aus­si un mod­èle de com­mis­sion équitable, pour une juste rémunéra­tion des hôtes et un juste prix voyageur. Notre rai­son d’être, plus générale­ment, est de con­stru­ire un tourisme plus durable ; nous sommes d’ailleurs une entre­prise à mis­sion. Au-delà de l’hébergement, l’ambition à cinq ans est de con­stru­ire le leader du voy­age bas car­bone en France puis en Europe.

En 2021, Guillaume Jouffre (X12) a cofondé GreenGo, qui propose une solution concrète pour réconcilier voyage et environnement.
En 2021, Guil­laume Jouf­fre (X12) a cofondé Green­Go, qui pro­pose une solu­tion con­crète pour réc­on­cili­er voy­age et environnement.


Vis­itez le site Inter­net de Green­Go : https://www.greengo.voyage/


Quel est le parcours des fondateurs ? 

Nous sommes qua­tre fon­da­teurs, dont 3 X de la pro­mo­tion 2012, Félix, Antoine et moi-même, et un pro­fil com­mer­cial, Math­ieu. Des par­cours très dif­férents ! À la suite de l’X, Félix est resté qua­tre ans chez Theo­do, en tant que développeur full stack et lead archi­tect. Antoine, quant à lui, a appris le développe­ment sur le tard, en mon­tant une boîte de fri­gos con­nec­tés, tout ça après Sci­ences Po et un doc­tor­at en macro-économie. Atyp­ique ! Quant à moi, j’ai fait qua­tre ans de con­seil en stratégie sur des thé­ma­tiques plutôt busi­ness. Nous nous sommes tous réu­nis en 2020 pour lancer Green­Go, ani­més par la même envie de con­tribuer pos­i­tive­ment à notre bien commun. 

Comment t’est venue l’idée ?

Tout est par­ti d’une prise de con­science cli­ma­tique : rap­ports du GIEC, Jan­covi­ci, etc. Comme un sen­ti­ment d’urgence qui appelle à l’action, afin de garder le con­trôle de notre avenir. On est par­ti du CO2, on a étudié les impacts de divers­es indus­tries, en se deman­dant ce que l’on pou­vait tran­si­tion­ner rapi­de­ment. Le tourisme nous a tout de suite frap­pés : 8 % de l’empreinte car­bone mon­di­ale, dont les 3/4 liés au trans­port. Des impacts uni­taires assez fous sur l’aviation notam­ment, dont on n’a pas for­cé­ment con­science. On s’est dit que c’était dom­mage d’aller au bout du monde con­stam­ment, avec tant d’impact, mal­gré tant de tré­sors si proches, acces­si­bles à une si faible empreinte car­bone. On s’est demandé ce que l’on pou­vait faire dans cette thé­ma­tique du « voy­ager moins loin et mieux ». C’est vrai­ment par­ti d’une rai­son d’être et d’une mis­sion, en fait. Et on en est arrivé à Green­Go de fil en aigu­ille, en cher­chant le con­cept et le mod­èle économique. 

Qui sont les concurrents ? 

Les gross­es plate­formes de réser­va­tion bien sûr, comme Book­ing, Airbnb, Abri­tel… Il y a aus­si de plus petits acteurs, moins con­nus du grand pub­lic. Pour l’instant nous ne faisons que de l’hébergement, mais nous allons dévelop­per des fonc­tion­nal­ités plus larges autour des trans­ports, dans les prochains mois. 

Quelles ont été les étapes clés depuis la création ? 

Pre­mière­ment la réflex­ion, con­stituer l’équipe fon­da­trice, le con­cept… S’est ensuivi un dur tra­vail pour dévelop­per un « pro­duit min­i­mum » et le lancer, en févri­er 2021. Nous avons ensuite dévelop­pé un peu le volet com­mer­cial et grossi notre offre de loge­ments, con­tin­uelle­ment amélioré notre pro­duit. Nous avons sécurisé une lev­ée de fonds de 1,5 M€ il y a quelques mois ; l’agenda est désor­mais au pas­sage à l’échelle, mais aus­si à l’innovation, pour aller plus loin dans notre démarche de tourisme bas carbone. 

Le tourisme durable, quand il s’agit de tourisme de masse, n’est-ce pas un oxymore ? 

Oui et non ! 95 % des touristes se ren­dent sur moins de 5 % de la planète aujourd’hui. C’est déli­rant ! Le pre­mier enjeu con­siste à ori­en­ter le flux de la « masse » de manière beau­coup plus dif­fuse sur les ter­ri­toires. C’est un des gros sujets du tourisme durable. Mais l’enjeu du tourisme durable est aus­si d’éduquer et d’inciter l’ensemble des voyageurs à des voy­ages plus locaux, avec des modes de trans­port moins car­bonés, dans des endroits plus respectueux de l’environnement, avec des pra­tiques moins impac­tantes sur place. Se can­ton­ner à une niche n’aurait qu’un impact lim­ité dans l’ensemble sur tous ces aspects ; il est néces­saire d’entraîner l’ensemble des voyageurs pour un impact sig­ni­fi­catif au glob­al. Il s’agit aus­si de réin­ven­ter les imag­i­naires, de mon point de vue, autour du voy­age local, du temps plus long, de la simplicité…

Avoir une approche locale, cela signifie-t-il tourner le dos à l’international ?

Pas for­cé­ment. Pour amorcer la tran­si­tion du secteur, il est surtout néces­saire d’intégrer les exter­nal­ités néga­tives, notam­ment l’empreinte car­bone, dans le choix des voyageurs. Cela étant dit, voy­ager bas car­bone depuis Paris peut men­er à d’innombrables des­ti­na­tions grâce au réseau fer­ré européen, aujourd’hui : Espagne, Ital­ie, Écosse, Europe de l’Est… Des des­ti­na­tions acces­si­bles à seule­ment quelques kilos de CO2, con­tre plusieurs tonnes pour du voy­age loin­tain en avion. Donc l’international est com­pat­i­ble, mais pas n’importe où, car les moyens de trans­port type avion res­teront encore forte­ment car­bonés dans les prochaines années, avec une rup­ture tech­nologique « bas car­bone » peu prob­a­ble à ce stade, d’après les experts. 

La crise Covid, finalement, a dû être un accélérateur plus qu’un frein pour ton activité ? 

Un accéléra­teur cer­taine­ment, car la crise a eu au moins deux effets posi­tifs en rap­port avec le tourisme durable. Pre­mière­ment, une prise de con­science écologique qui a été catalysée durant cette péri­ode, où beau­coup d’entre nous ont eu le temps de pren­dre du recul et de s’éveiller sur ces sujets. Deux­ième­ment, les voy­ages locaux étant « for­cés » avec la fer­me­ture des fron­tières, beau­coup de voyageurs se sont ren­du compte que l’on pou­vait pass­er d’excellentes vacances pas loin, sans aller au bout du monde. Cela a éveil­lé les esprits, con­cer­nant le type d’offres que l’on peut pro­pos­er chez Green­Go typiquement. 

Plus que Booking ou Airbnb, votre concurrent n’est-il pas Leboncoin ? 

La con­cur­rence est pro­téi­forme ; on peut aus­si citer Gîtes de France par exem­ple, même si je vois ce type de réseau comme des parte­naires plutôt que comme des con­cur­rents à moyen terme. Mais la con­cur­rence que j’ai envie d’avoir et les parts de marché que nous souhaitons grap­piller sont surtout chez Book­ing et Airbnb. Car, au-delà du volet écologique, le volet sou­veraineté est très impor­tant pour nous. Nous sommes le pre­mier pays touris­tique au monde, le tourisme représente 8 % du PIB en France. Et la majeure par­tie des flux économiques tran­si­tent via des acteurs améri­cains, notam­ment… C’est un enjeu de sou­veraineté majeur. Nous devons récupér­er des parts de marché avec des acteurs français et surtout européens. 

Et n’y aurait-il pas de la place pour un Rocket internet à la signature plus verte ? 

Un Rock­et Inter­net ? pourquoi pas ? mais plus large­ment ; il faut un plan d’investissement mas­sif. Un plan Mar­shall pour le cli­mat et la dura­bil­ité plus glob­ale­ment, pour dévelop­per une économie sobre, durable et sou­veraine. C’est d’ailleurs ce que recom­mandait notre cama­rade Alain Grand­jean (X75) dans son livre Agir sans atten­dre. Aujourd’hui, quand on est une start-up à impact, une « vraie », pilotée à l’impact et à la mis­sion, l’accès au finance­ment est (trop) dif­fi­cile. Il y a d’innombrables bar­rières, bien plus que pour des start-up tra­di­tion­nelles pilotées unique­ment à la rentabil­ité finan­cière. L’impact posi­tif n’est que trop peu val­orisé par les investis­seurs tra­di­tion­nels de type ven­ture cap­i­tal, de mon expéri­ence. Il est urgent de créer un écosys­tème vertueux avec un mod­èle sain, de long terme, dans lequel nous investis­sons massivement. 

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