Gilles Elalouf

Gilles Elalouf (X85) entrepreneur humaniste

Dossier : TrajectoiresMagazine N°805 Mai 2025Par Daniel ELALOUF (X83)

Décé­dé le 9 juin 2024, Gilles Ela­louf a mené une car­rière éclec­tique, pas­sant avec agi­li­té du conseil à l’entrepreneuriat, dans la san­té et le luxe. Tou­jours prêt à aider d’autres entre­pre­neurs, il s’était aus­si inves­ti pour sou­te­nir de jeunes créateurs.

Gilles Ela­louf est né le 30 novembre 1965 à Fon­te­nay-sous-Bois, de parents juifs maro­cains inves­tis dans le sec­teur édu­ca­tif et le social. Notre père Edmond, dis­pa­ru le 4 jan­vier 2025, avait fon­dé à son arri­vée en France le Centre com­mu­nau­taire de Paris, deve­nu l’ECUJE, et l’avait diri­gé pen­dant 55 ans. Second d’une fra­trie de trois enfants, mon frère était un pur pro­duit de l’école publique. Après le lycée à Mon­trouge, il suit rapi­de­ment mes traces : pré­pa scien­ti­fique à Louis-le-Grand (où il for­ge­ra de très solides ami­tiés), puis l’X deux ans après moi. 

Il sort dans le Corps des Télé­coms et rejoint France Télé­com pour son pre­mier poste. Sou­cieux d’acquérir une culture plus large du mana­ge­ment et de l’entreprise, il part aux États-Unis suivre le MBA de Har­vard Busi­ness School, ce qui le conduit à rejoindre le Bos­ton Consul­ting Group dès son retour. En 2000, il rejoint le groupe Publi­cis, pour don­ner une impul­sion numé­rique à ce géant de la com­mu­ni­ca­tion, au sein duquel il res­te­ra une dizaine d’années.

Un entrepreneur dans l’âme

Mais en 2010 sa car­rière prend un nou­veau virage. Sti­mu­lé par l’idée de se lan­cer dans l’entrepreneuriat, il crée Second Stage Phar­ma (SSP), un labo­ra­toire phar­ma­ceu­tique axé sur la revi­ta­li­sa­tion de pro­duits déjà éta­blis, mais pas­sés au second plan. SSP innove grâce à une approche mar­ke­ting asso­ciant la com­mu­ni­ca­tion numé­rique et la data pour déve­lop­per les ventes des pro­duits confiés par les grands labo­ra­toires. En paral­lèle, il accom­pagne, comme action­naire et admi­nis­tra­teur, une entre­pre­neuse bor­de­laise dans le déve­lop­pe­ment de sa socié­té de logi­ciels spé­cia­li­sée dans le sec­teur de la san­té ; puis négo­cie sa ces­sion à un groupe alle­mand opé­rant dans le secteur.

Pas­sion­né de créa­tion, il s’associe avec le défunt desi­gner Yohan Ser­fa­ty, pour créer Y/Project, assu­mant le rôle de pré­sident de la socié­té. Y/Project est une marque de haute cou­ture femmes et hommes, défi­lant à Paris au cours des fashion weeks. Après le décès pré­ma­tu­ré de Yohan Ser­fa­ty, Gilles Ela­louf décide de pour­suivre l’aventure et de nom­mer le jeune créa­teur belge Glenn Mar­tens en tant que direc­teur créa­tif, en 2013. Y/Project connaît alors une crois­sance rapide et une recon­nais­sance inter­na­tio­nale grâce à ses desi­gns inno­vants et avant-gar­distes. La marque rem­porte le Grand Prix de l’ANDAM en 2017 (l’Oscar de la mode pari­sienne) et séduit des stars inter­na­tio­nales comme Rihanna.

À la tête d’Ezra Venture

Mais Gilles Ela­louf ne se contente pas de son acti­vi­té de diri­geant de PME. Tou­jours prêt à don­ner d’excellents conseils, il crée et pré­side Ezra Ven­ture, une asso­cia­tion visant à pro­mou­voir l’entrepreneuriat social, selon le modèle amé­ri­cain du phi­lan­thro­pic ven­ture. Cette asso­cia­tion accom­pagne des pro­jets inno­vants dans le domaine de l’action sociale ou de la culture juive, en pro­di­guant finan­ce­ment et coa­ching stra­té­gique et opérationnel.

Gilles était pas­sion­né d’arts vivants, du théâtre au bal­let en pas­sant par l’opéra et les concerts sym­pho­niques. Exi­geant, il n’hésitait pas à quit­ter le spec­tacle à l’entracte si celui-ci ne cor­res­pon­dait pas à ses attentes. Il était aus­si grand connais­seur d’art moderne : son der­nier voyage, six mois avant son décès, fut orga­ni­sé autour de la visite des grands musées de Los Angeles.

Huma­niste, curieux de tout et de tous, doté d’une mémoire et d’une culture extra­or­di­naires, ce qui lui per­met­tait de pas­ser d’un sujet à l’autre avec une aisance peu com­mune, pour le plus grand plai­sir de ceux qui avaient la chance de par­ta­ger quelques ins­tants en sa com­pa­gnie, Gilles laisse un vide immense au sein de sa famille, de ses six neveux et de ses nom­breux amis.

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