George Gershwin : Rhapsody in Blue Leonard Bernstein : Sur les quais, Trois danses de On the Town, Ouverture de Candide

George Gershwin : Rhapsody in Blue ; Leonard Bernstein : Sur les quais, Trois danses de On the Town, Ouverture de Candide

Dossier : Arts, lettres et sciences | Magazine N°808 Octobre 2025
Par Marc DARMON (X83)

Les concerts en plein air qui clôturent traditionnellement la saison du Philharmonique de Berlin à la Walbühne, lieu de concert en plein air, sont toujours un grand succès populaire où les Berlinois viennent en famille se retrouver à plus de vingt mille chaque année. Ce jour-là, c’est une soirée américaine avec le tube de Gershwin et trois œuvres passionnantes de Leonard Bernstein.

Wayne Marshall, grand pianiste de jazz, fait là ses débuts comme chef d’orchestre avec l’Orchestre philharmonique de Berlin, et pour la célèbre Rhapsody in Blue il dirige du piano, comme le faisait par exemple Leonard Bernstein. Il y ajoute d’ailleurs, comme Bernstein, beaucoup d’improvisation. Naturellement, voir le Philharmonique de Berlin, un des tous meilleurs orchestres au monde, mais aussi un des plus institutionnels, dans des musiques de Broadway inspirées par le jazz est passionnant. C’est une formidable expérience. Par exemple regardez ces clarinette et cuivre jazzy, c’est hilarant.

Gershwin est le père du jazz symphonique, il a composé à la fois revues, comédies musicales, opérettes, concertos et un opéra. Sa musique est influencée par les mélodies juives klezmer (les frères George et Ira Gershwin sont nés Jacob et Israël Gershowitz à Brooklyn, d’une famille juive originaire de Saint-Pétersbourg), les mélodies et styles du jazz noir américain, et les compositeurs classiques qu’il a côtoyés (Ravel, Stravinski…). Gershwin aurait été ravi d’un tel concert en plein air, lui qui jouait parfois sa musique devant près de 20 000 spectateurs dans un stade à New York.

On the Town est un des premiers spectacles de Bernstein pour Broadway (1943). C’est une très bonne comédie musicale, pétillante et pleine d’humour. Les trois danses que Bernstein en extrait en 1945 pour l’orchestre seul sont une synthèse des mélodies du Musical.

En 1953 Leonard Bernstein accepte de composer sa seule musique de film, pour Sur les quais (On the Waterfront) d’Elia Kazan avec un jeune Marlon Brando dont Bernstein disait qu’il l’avait séduit. Kazan admirait profondément les talents de chef d’orchestre, de compositeur, de pianiste et de professeur de Leonard Bernstein. Dans son autobiographie, Bernstein écrit : « J’ai pensé que c’était un chef-d’œuvre de mise en scène ; et Marlon Brando m’a semblé donner la plus grande interprétation que je lui aie jamais vue… et j’ai accepté la commande d’écrire la partition, bien que j’aie résisté à toutes ces offres au motif que c’est une expérience musicalement insatisfaisante pour un compositeur d’écrire une partition dont le principal mérite devrait être sa discrétion. »

Le Candide de Bernstein est encore plus ironique que celui de Voltaire vis-à-vis de la philosophie de Leibniz (caricaturée par Voltaire en un « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles »). Bernstein y mélange les styles et les musiques pour en faire une œuvre -complète, facile d’accès mais résolument moderne. Une œuvre d’un haut niveau musical tout en étant désopilante et fidèle au conte de Voltaire. L’ouverture reprend en avance les mélodies les plus importantes de l’œuvre, dont le duo d’amour de Candide et Cunégonde à la mélodie inoubliable.

Joué en juin 2021, avec les contraintes de la Covid-19 que l’on connaît, ce concert est interprété devant une jauge réduite, avec auditoire dispersé de quelques dizaines de spectateurs au lieu des vingt mille spectateurs habituels. Mais c’est aussi pour le direct à la télévision et pour notre plaisir sur les différents moyens multimédias HD que le concert a été monté. L’image et le son sont excellents (piano, bois, cordes).

Ce concert est disponible sur la plateforme du Philharmonique de Berlin,
digitalconcerthall.com, ou bien dans le cadre du coffret « Waldbühne – 20 Blu-ray » très conseillé, qui rassemble les concerts de 1998 à 2022 avec l’Orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de chefs tels que Daniel Barenboïm, Simon Rattle, Gustavo Dudamel et Kirill Petrenko, ainsi qu’avec des solistes tels que Lang Lang, Renée Fleming, Katia et Marielle Labèque, Kirill Gerstein, et ce soir-là Wayne Marshall. 


Orchestre Philharmonique de Berlin

Direction et piano : Wayne Marshall

Un DVD Euroarts et sur Digitalconcerthall.com

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