Géopolitique : le risk manager, boussole stratégique dans un monde fragmenté

À l’heure où les tensions internationales redéfinissent les équilibres économiques, le risk manager devient un acteur central de la résilience et de la souveraineté stratégique de l’entreprise. Climat, IA, ressources critiques, instabilités politiques : il ne s’agit plus de gérer des risques, mais de piloter l’incertitude.
La géopolitique n’est plus un bruit de fond diplomatique. Elle s’est installée au cœur des comités exécutifs, transformant les enjeux de gouvernance, de stratégie et de responsabilité. Conflits armés, sanctions, cybersécurité, instabilités politiques, tensions sur les ressources : les entreprises sont directement exposées à une chaîne complexe de vulnérabilités. Dans ce contexte, le risk manager devient l’architecte d’une résilience systémique.
“Le risk manager devient l’architecte d’une résilience systémique, éclairant
les choix structurants dans un monde où les crises ne sont plus des événements ponctuels mais constituent la toile de fond.”
Du gestionnaire au stratège de l’incertitude
Dans ce contexte d’incertitude permanente, les crises ne sont plus des événements ponctuels mais constituent la toile de fond. Il ne s’agit plus de réagir, mais d’anticiper, de cartographier les interconnexions, de modéliser les ruptures. Le découpage classique par « risque pays » devient obsolète : une instabilité locale peut avoir des répercussions globales, immédiates et imprévues. Le risk manager doit prendre en compte l’impact des relations internationales et des chocs politiques sur le modèle d’affaires de l’entreprise. Le risk manager devient un éclaireur stratégique, en lien étroit avec les opérations et fonctions supports de l’entreprise (achats, juridique, cybersécurité, RSE…). Ce positionnement transverse lui confère un rôle clé dans des arbitrages de l’entreprise. Il ne pilote plus seulement les risques : il éclaire les choix structurants.
Des outils nouveaux pour une gouvernance augmentée
Face à cette complexité, les entreprises se dotent de dispositifs innovants : cartographies dynamiques, équipes hybrides mêlant géopoliticiens, analystes OSINT, experts cybersécurité et juristes internationaux. L’intelligence artificielle vient renforcer ces capacités, en croisant des bases de données hétérogènes, en détectant des signaux faibles, en simulant des scénarios et trajectoires d’événements.
Mais ces outils ne suffisent pas. Le risk manager doit aussi porter une vision culturelle du risque : comprendre que l’incertitude n’est pas une anomalie, mais une donnée structurelle. Il devient un acteur de la transformation managériale, capable d’aligner les pratiques internes avec les réalités externes, de faire émerger une gouvernance plus agile, plus résiliente.
Le récit stratégique comme levier d’influence et d’opportunités
Dans un monde saturé de narratifs concurrents, le risk manager contribue aussi à la construction d’un récit stratégique cohérent. La réputation ne se joue plus uniquement dans les rapports RSE, mais dans la capacité à démontrer une légitimité à opérer dans des environnements mouvants. Le risk manager aide l’entreprise à se positionner sans s’aligner, à affirmer ses valeurs dans un cadre politique complexe.
Cette posture est délicate, mais essentielle. Elle permet à l’entreprise de préserver son autonomie stratégique, tout en répondant aux attentes sociétales et géopolitiques. Elle transforme la gestion du risque en levier d’influence et d’opportunités.
Une démarche robuste d’analyse des dynamiques géopolitiques recèle en effet bien des avantages pour l’entreprise : entrer ou sortir d’un marché ou d’une activité en avance de phase, identifier les nouveaux flux commerciaux ou encore les pays les plus porteurs pour certains types d’investissement. Autant d’éléments qui pourront lui conférer un avantage compétitif.
« Vous n’êtes peut-être pas intéressés par la géopolitique, mais la géopolitique s’intéresse à vous. »
Ne plus dépendre mais anticiper, ne plus subir mais prévoir, c’est un impératif pour une meilleure résilience et une meilleure performance de l’entreprise et c’est désormais le cap à suivre pour le risk manager en cette période de fortes tensions.




