3e édition du CHU HealthTech Connexion Day - table-ronde : Impacts et enjeux de l’innovation dans les établissements de santé.

France Biotech fédère, accompagne et booste la HealthTech française

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°804 Avril 2025
Par Frédéric GIRARD

Fré­dé­ric Girard, pré­sident de France Bio­tech, nous pré­sente cette asso­cia­tion qui fédère plus de 750 entre­prises fran­çaises dans le monde de la Heal­th­Tech. Il nous en dit plus sur les évo­lu­tions connues par l’association, ses mis­sions, les grands évé­ne­ments qu’elle orga­nise et revient éga­le­ment sur les enjeux qui mobi­lisent l’écosystème fran­çais et européen.

France Biotech fédère les acteurs de la Biotech, de la Medtech et de la santé digitale depuis près de 3 décennies. Comment l’association a‑t-elle évolué au cours des dernières décennies ?

Créée en 1997, France Bio­tech est une asso­cia­tion indé­pen­dante qui fédère les entre­pre­neurs de l’innovation dans la san­té et leurs par­te­naires experts. France Bio­tech contri­bue à rele­ver les défis du sec­teur Heal­th­Tech et à pro­po­ser des solu­tions concrètes pour amé­lio­rer la com­pé­ti­ti­vi­té et l’attractivité des entre­prises inno­vantes en san­té. Pour ce faire, France Bio­tech accom­pagne les start-up, les PME et les ETI de cette filière afin de les aider à deve­nir des entre­prises inter­na­tio­nales per­for­mantes et capables de conce­voir et déve­lop­per rapi­de­ment de nou­velles inno­va­tions afin de les rendre acces­sibles in fine aux patients.

En près de 30 ans, l’association s’est beau­coup déve­lop­pée. Au cours des 5 der­nières années, nous avons gagné une cen­taine d’adhérents chaque année et avons même enre­gis­tré une accé­lé­ra­tion en 2024 avec 150 nou­veaux membres ! Aujourd’hui, France Bio­tech regroupe ain­si plus de 750 adhé­rents. Par­mi ces entre­prises, 31 % évo­luent dans la san­té numé­rique, 22 % dans la Med­Tech et 47 % dans la Bio­tech. En France, on recense envi­ron 2 700 entre­prises fran­çaises de la Heal­th­Tech. Au cours des 20 der­nières années, nous avons pu obser­ver une matu­ri­té crois­sante de cet éco­sys­tème éga­le­ment mar­qué par une forte dyna­mique de créa­tion. Le nombre de socié­tés de bio­tech­no­lo­gie a été mul­ti­plié par 6 au cours des 20 der­nières années. En 2024, les Heal­th­Tech fran­çaises ont levé plus de 2,6 mil­liards d’euros.

“France Biotech regroupe plus de 750 adhérents, dont 31 % dans la santé numérique, 22 % dans la MedTech et 47 % dans la Biotech.”

C’est aus­si un éco­sys­tème riche, por­teur et diver­si­fié. Envi­ron 2 300 pro­duits sont en cours de déve­lop­pe­ment par des entre­prises de bio­tech­no­lo­gie et 34 des socié­tés du numé­rique en san­té sont en phase de com­mer­cia­li­sa­tion. Cet éco­sys­tème est éga­le­ment très ambi­tieux puisque 23 des entre­prises adressent des mar­chés inter­na­tio­naux alors que 14 des Heal­th­Tech ont des filiales à l’étranger.

Grâce à ce tis­su très dyna­mique, la France est très bien pla­cée en Europe et dans le monde. Elle est, d’ailleurs, 2e en Europe après le Royaume-Uni en termes de levées de fonds en capi­tal-risque et refi­nan­ce­ments cumu­lés depuis 2022.

La struc­ture et l’organisation de l’association ont aus­si évo­lué. Aujourd’hui, France Bio­tech, c’est aus­si une dou­zaine de com­mis­sions et une tren­taine de groupes d’expertises qui vont inter­agir avec des com­pé­tences et des par­ties pre­nantes exté­rieures afin de faire des pro­po­si­tions aux pou­voirs publics sur des thèmes d’actualité, comme l’organisation de la filière de méde­cine nucléaire, la digi­ta­li­sa­tion de l’anatomopathologie. Ces com­mis­sions et ces groupes d’expertises sont tous pilo­tés par des adhé­rents de France Biotech.

Vous avez pris la présidence de l’association il y a moins d’un an. Quelles sont les grandes lignes de votre feuille de route et votre ambition dans le cadre de ce mandat ?

Pré­sent au bureau de France Bio­tech depuis plus de 6 ans, j’ai eu la chance d’accompagner mon pré­dé­ces­seur, Franck Mou­thon au cours de ses dif­fé­rents man­dats. J’ai notam­ment beau­coup tra­vaillé sur les sujets liés à l’accès au mar­ché, l’enregistrement et la cer­ti­fi­ca­tion des pro­duits, le prix, le rem­bour­se­ment en France et à l’étranger. Plus par­ti­cu­liè­re­ment, j’ai pilo­té les dis­cus­sions autour de tous les PLFSS…

Au regard de la très belle crois­sance de l’association, lors de ma prise de fonc­tion, j’ai sou­hai­té que cha­cun des vice-pré­si­dents se voit attri­buer un man­dat par­ti­cu­lier en lien avec un domaine majeur pour France Biotech.

“En 2024, les HealthTech françaises ont levé plus de 2,6 milliards d’euros, plaçant la France au 2e rang européen.”

Aujourd’hui, ma mis­sion est bien évi­dem­ment d’accompagner nos adhé­rents dans le déve­lop­pe­ment de leur entre­prise qui crée de l’emploi et contri­bue à ren­for­cer notre sou­ve­rai­ne­té sanitaire.

Pour ce faire, nous nous concen­trons notam­ment sur 6 axes qui sont aus­si les prin­ci­pales mis­sions de l’association :

  • Faci­li­ter l’accès aux infor­ma­tions clés pour le déve­lop­pe­ment des Heal­th­Techs, à tous les niveaux d’expertise ;
  • Sou­te­nir le finan­ce­ment de l’innovation ;
  • Ins­pi­rer et accom­pa­gner les grandes révo­lu­tions régle­men­taires en France et en Europe ;
  • Favo­ri­ser en France le déve­lop­pe­ment pré­cli­nique, cli­nique et indus­triel des innovations ;
  • Créer un envi­ron­ne­ment favo­rable à l’accès et à l’utilisation de l’ensemble des don­nées patient (patient cen­tric) dans le res­pect de la vie privée ;
  • Ren­for­cer l’attractivité de la filière Heal­th­Tech pour les talents.

Quelles sont les principales actions et initiatives portées par France Biotech ?

Au quo­ti­dien, nous nous assu­rons que nos adhé­rents puissent accé­der à toutes les infor­ma­tions dont ils ont besoin. France Bio­tech est aus­si un espace pri­vi­lé­gié pour échan­ger et tra­vailler ensemble notam­ment sur les pro­po­si­tions des­ti­nées aux pou­voirs publics et qui ont voca­tion à aider à struc­tu­rer l’écosystème, à rendre plus lisible le mode de fonc­tion­ne­ment et de rai­son­ne­ment des agences régle­men­taires et dédiées à l’évaluation.

Nous orga­ni­sons aus­si de nom­breux évé­ne­ments. Le 12 février der­nier, nous avons pré­sen­té notre pano­ra­ma de l’écosystème Heal­th­Tech. Le 31 mars pro­chain se tien­dra la remise des tro­phées de la Heal­th­Tech qui récom­pensent les Heal­th­Techs les plus pro­met­teuses. En décembre 2025 à Bor­deaux se tien­dra éga­le­ment la 4e édi­tion du CHU Heal­th­Tech Connexion Day que nous orga­ni­sons depuis déjà 3 ans avec la Confé­rence des direc­teurs géné­raux des CHU. C’est un par­te­na­riat qui fait par­ti­cu­liè­re­ment sens alors que la majo­ri­té des inno­va­tions déve­lop­pées par nos entre­prises est issue de la recherche aca­dé­mique. Au-delà, les pre­miers uti­li­sa­teurs de ces inno­va­tions sont les CHU. L’édition de 2024 a réuni en décembre à Lille plus de 500 repré­sen­tants des Heal­th­Tech et 500 repré­sen­tants des CHU avec des plé­nières sur des sujets d’actualité, des ate­liers très pra­ti­co-pra­tiques sur la col­la­bo­ra­tion entre les CHU et l’écosystème de la HealthTech.

3e édition du CHU HealthTech Connexion Day – partie exposition. 
3e édi­tion du CHU Heal­th­Tech Connexion Day – par­tie exposition. 

En paral­lèle, deux fois par an, nous réunis­sons les direc­teurs admi­nis­tra­tifs et finan­ciers des Heal­th­Techs pour un ren­dez-vous dédié aux enjeux en matière de finan­ce­ment. Nous avons aus­si une jour­née dédiée au déve­lop­pe­ment pré­cli­nique et cli­nique des pro­duits de san­té. Nous allons orga­ni­ser pour la pre­mière fois une jour­née sur le déve­lop­pe­ment industriel. 

En 2024, avec l’Agence de l’innovation en san­té, la Mis­sion « Tibi » et la Direc­tion géné­rale du Tré­sor, nous avons créé une for­ma­tion inti­tu­lée « Inves­tir dans la Heal­th­Tech » à des­ti­na­tion notam­ment des inves­tis­seurs ins­ti­tu­tion­nels de haut rang ou Limi­ted Part­ners (LPs) et opé­rée par l’École poly­tech­nique Exe­cu­tive Edu­ca­tion. Cette année, nous avons recon­duit ce pro­gramme avec un nou­veau par­te­naire France Deep­Tech afin de pro­po­ser au même public la for­ma­tion « Inves­tir dans la Deep­tech et la HealthTech ». 

Alors que le déploiement de l’IA s’accélère, comment se positionne l’écosystème français dans le paysage européen et mondial ? Comment contribuez-vous à son rayonnement et son développement ?

Tout d’abord, nous avons la chance en France d’avoir des cher­cheurs en sciences, des mathé­ma­ti­ciens, des phy­si­ciens, des ingé­nieurs et des cli­ni­ciens d’une grande qua­li­té, ce qui contri­bue for­te­ment au déve­lop­pe­ment de l’IA appli­quée à la san­té. Au cours des der­nières années, nous avons vu un cer­tain nombre d’entreprises se déve­lop­per avec des appli­ca­tions diverses de l’IA à la san­té comme la décou­verte et le desi­gn de molé­cules, l’accélération de la recherche pré­cli­nique et cli­nique, l’amélioration de la per­ti­nence des soins, le déve­lop­pe­ment de jumeaux numé­riques pour accom­pa­gner et aider le chi­rur­gien lors d’intervention et, in fine, réduire le risque de com­pli­ca­tions, ou encore pour faci­li­ter la lec­ture de l’imagerie et des bilans bio­lo­giques pour amé­lio­rer la per­ti­nence des prescriptions.

“Notre mission est d’accompagner nos adhérents dans le développement de leur entreprise qui crée de l’emploi et contribue à renforcer notre souveraineté sanitaire.”

Pour accom­pa­gner le déve­lop­pe­ment de ces appli­ca­tions, le pre­mier enjeu concerne la dis­po­ni­bi­li­té des don­nées. Si, en France, nous avons la chance de dis­po­ser de bases de don­nées d’une très grande richesse, il per­siste néan­moins une pro­blé­ma­tique en matière d’accès à cette don­née, d’interopérabilité des sys­tèmes et de sto­ckage sécurisé. 

Au-delà, il y a éga­le­ment un enjeu de finan­ce­ment. Il est essen­tiel de s’assurer que du bon flé­chage des sub­ven­tions publiques afin de pou­voir mener l’ensemble de ces déve­lop­pe­ments qui ont voca­tion à ren­for­cer la sou­ve­rai­ne­té sani­taire du pays. 

Enfin, il y a un enjeu humain. Il y a un très fort besoin de talents pour mener à bien l’ensemble de ces chan­tiers et conti­nuer à inno­ver en matière d’IA appli­quée à la santé. 

Quels sont les freins qu’il faut encore lever ?

Au-delà de la ques­tion de la sim­pli­fi­ca­tion des pro­cé­dures, il faut encore lever de nom­breux freins en matière de finan­ce­ments euro­péens. Ces der­niers ne per­mettent pas d’accompagner de manière effi­ciente la mise sur le mar­ché de tech­no­lo­gies fran­çaises et euro­péennes. Une réflexion à l’échelle natio­nale et euro­péenne est néces­saire pour favo­ri­ser le sub­ven­tion­ne­ment public des bonnes tech­no­lo­gies fran­çaises et euro­péennes ain­si que l’accès à des dis­po­si­tifs fis­caux attractifs. 

Au-delà, ces entre­prises qui ont besoin de lever des fonds pour pour­suivre leur déve­lop­pe­ment doivent pou­voir s’appuyer sur une cer­taine pré­vi­si­bi­li­té et lisi­bi­li­té en matière d’accès au marché. 

En paral­lèle, il nous faut aus­si garan­tir que toutes les tech­no­lo­gies qui arrivent sur le mar­ché aient un ratio « béné­fice-risque » favo­rable pour les patients, les méde­cins, les aidants ou les orga­ni­sa­tions de soins.

Cérémonie des Trophées de la HealthTech.
Céré­mo­nie des Tro­phées de la HealthTech.

Vous contribuez aussi aux différents plans nationaux et gouvernementaux comme le Plan Innovation Santé 2030. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

France Bio­tech a bien évi­dem­ment pris part au Plan Inno­va­tion San­té France 2030 et a été force de pro­po­si­tion sur plu­sieurs sujets. Mal­gré des PLFSS moins ambi­tieux ces der­nières années, nous pou­vons nous féli­ci­ter du fait que les prin­ci­pales mesures de ce plan ont été mises en place. Nous regret­tons néan­moins que des éco­no­mies soient faites au détri­ment de dis­po­si­tifs de sou­tien essen­tiels au déve­lop­pe­ment des inno­va­tions fran­çaises comme le Cré­dit Impôt Recherche. Ceci dit, pour les dif­fé­rentes par­ties pre­nantes impli­quées dans l’ingénierie de ce plan, la pro­chaine étape est de com­men­cer à réflé­chir aux futurs méca­nismes et actions pour sou­te­nir l’innovation en san­té. À ce titre, France Bio­tech tra­vaille d’ores et déjà sur un cer­tain nombre de pro­po­si­tions que nous ren­drons public durant le second semestre 2025. 

En paral­lèle, France Bio­tech est régu­liè­re­ment consul­tée sur des enjeux stra­té­giques pour la san­té comme la ques­tion de la robo­tique chi­rur­gi­cale, des neu­ros­ciences et du digi­tal… Nous avons aus­si fait des recom­man­da­tions dans le cadre du 4e plan natio­nal des mala­dies rares qui vient d’être annoncé. 

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