France Biotech fédère, accompagne et booste la HealthTech française

Frédéric Girard, président de France Biotech, nous présente cette association qui fédère plus de 750 entreprises françaises dans le monde de la HealthTech. Il nous en dit plus sur les évolutions connues par l’association, ses missions, les grands événements qu’elle organise et revient également sur les enjeux qui mobilisent l’écosystème français et européen.
France Biotech fédère les acteurs de la Biotech, de la Medtech et de la santé digitale depuis près de 3 décennies. Comment l’association a‑t-elle évolué au cours des dernières décennies ?
Créée en 1997, France Biotech est une association indépendante qui fédère les entrepreneurs de l’innovation dans la santé et leurs partenaires experts. France Biotech contribue à relever les défis du secteur HealthTech et à proposer des solutions concrètes pour améliorer la compétitivité et l’attractivité des entreprises innovantes en santé. Pour ce faire, France Biotech accompagne les start-up, les PME et les ETI de cette filière afin de les aider à devenir des entreprises internationales performantes et capables de concevoir et développer rapidement de nouvelles innovations afin de les rendre accessibles in fine aux patients.
En près de 30 ans, l’association s’est beaucoup développée. Au cours des 5 dernières années, nous avons gagné une centaine d’adhérents chaque année et avons même enregistré une accélération en 2024 avec 150 nouveaux membres ! Aujourd’hui, France Biotech regroupe ainsi plus de 750 adhérents. Parmi ces entreprises, 31 % évoluent dans la santé numérique, 22 % dans la MedTech et 47 % dans la Biotech. En France, on recense environ 2 700 entreprises françaises de la HealthTech. Au cours des 20 dernières années, nous avons pu observer une maturité croissante de cet écosystème également marqué par une forte dynamique de création. Le nombre de sociétés de biotechnologie a été multiplié par 6 au cours des 20 dernières années. En 2024, les HealthTech françaises ont levé plus de 2,6 milliards d’euros.
“France Biotech regroupe plus de 750 adhérents, dont 31 % dans la santé numérique, 22 % dans la MedTech et 47 % dans la Biotech.”
C’est aussi un écosystème riche, porteur et diversifié. Environ 2 300 produits sont en cours de développement par des entreprises de biotechnologie et 3⁄4 des sociétés du numérique en santé sont en phase de commercialisation. Cet écosystème est également très ambitieux puisque 2⁄3 des entreprises adressent des marchés internationaux alors que 1⁄4 des HealthTech ont des filiales à l’étranger.
Grâce à ce tissu très dynamique, la France est très bien placée en Europe et dans le monde. Elle est, d’ailleurs, 2e en Europe après le Royaume-Uni en termes de levées de fonds en capital-risque et refinancements cumulés depuis 2022.
La structure et l’organisation de l’association ont aussi évolué. Aujourd’hui, France Biotech, c’est aussi une douzaine de commissions et une trentaine de groupes d’expertises qui vont interagir avec des compétences et des parties prenantes extérieures afin de faire des propositions aux pouvoirs publics sur des thèmes d’actualité, comme l’organisation de la filière de médecine nucléaire, la digitalisation de l’anatomopathologie. Ces commissions et ces groupes d’expertises sont tous pilotés par des adhérents de France Biotech.
Vous avez pris la présidence de l’association il y a moins d’un an. Quelles sont les grandes lignes de votre feuille de route et votre ambition dans le cadre de ce mandat ?
Présent au bureau de France Biotech depuis plus de 6 ans, j’ai eu la chance d’accompagner mon prédécesseur, Franck Mouthon au cours de ses différents mandats. J’ai notamment beaucoup travaillé sur les sujets liés à l’accès au marché, l’enregistrement et la certification des produits, le prix, le remboursement en France et à l’étranger. Plus particulièrement, j’ai piloté les discussions autour de tous les PLFSS…
Au regard de la très belle croissance de l’association, lors de ma prise de fonction, j’ai souhaité que chacun des vice-présidents se voit attribuer un mandat particulier en lien avec un domaine majeur pour France Biotech.
“En 2024, les HealthTech françaises ont levé plus de 2,6 milliards d’euros, plaçant la France au 2e rang européen.”
Aujourd’hui, ma mission est bien évidemment d’accompagner nos adhérents dans le développement de leur entreprise qui crée de l’emploi et contribue à renforcer notre souveraineté sanitaire.
Pour ce faire, nous nous concentrons notamment sur 6 axes qui sont aussi les principales missions de l’association :
- Faciliter l’accès aux informations clés pour le développement des HealthTechs, à tous les niveaux d’expertise ;
- Soutenir le financement de l’innovation ;
- Inspirer et accompagner les grandes révolutions réglementaires en France et en Europe ;
- Favoriser en France le développement préclinique, clinique et industriel des innovations ;
- Créer un environnement favorable à l’accès et à l’utilisation de l’ensemble des données patient (patient centric) dans le respect de la vie privée ;
- Renforcer l’attractivité de la filière HealthTech pour les talents.
Quelles sont les principales actions et initiatives portées par France Biotech ?
Au quotidien, nous nous assurons que nos adhérents puissent accéder à toutes les informations dont ils ont besoin. France Biotech est aussi un espace privilégié pour échanger et travailler ensemble notamment sur les propositions destinées aux pouvoirs publics et qui ont vocation à aider à structurer l’écosystème, à rendre plus lisible le mode de fonctionnement et de raisonnement des agences réglementaires et dédiées à l’évaluation.
Nous organisons aussi de nombreux événements. Le 12 février dernier, nous avons présenté notre panorama de l’écosystème HealthTech. Le 31 mars prochain se tiendra la remise des trophées de la HealthTech qui récompensent les HealthTechs les plus prometteuses. En décembre 2025 à Bordeaux se tiendra également la 4e édition du CHU HealthTech Connexion Day que nous organisons depuis déjà 3 ans avec la Conférence des directeurs généraux des CHU. C’est un partenariat qui fait particulièrement sens alors que la majorité des innovations développées par nos entreprises est issue de la recherche académique. Au-delà, les premiers utilisateurs de ces innovations sont les CHU. L’édition de 2024 a réuni en décembre à Lille plus de 500 représentants des HealthTech et 500 représentants des CHU avec des plénières sur des sujets d’actualité, des ateliers très pratico-pratiques sur la collaboration entre les CHU et l’écosystème de la HealthTech.

En parallèle, deux fois par an, nous réunissons les directeurs administratifs et financiers des HealthTechs pour un rendez-vous dédié aux enjeux en matière de financement. Nous avons aussi une journée dédiée au développement préclinique et clinique des produits de santé. Nous allons organiser pour la première fois une journée sur le développement industriel.
En 2024, avec l’Agence de l’innovation en santé, la Mission « Tibi » et la Direction générale du Trésor, nous avons créé une formation intitulée « Investir dans la HealthTech » à destination notamment des investisseurs institutionnels de haut rang ou Limited Partners (LPs) et opérée par l’École polytechnique Executive Education. Cette année, nous avons reconduit ce programme avec un nouveau partenaire France DeepTech afin de proposer au même public la formation « Investir dans la Deeptech et la HealthTech ».
Alors que le déploiement de l’IA s’accélère, comment se positionne l’écosystème français dans le paysage européen et mondial ? Comment contribuez-vous à son rayonnement et son développement ?
Tout d’abord, nous avons la chance en France d’avoir des chercheurs en sciences, des mathématiciens, des physiciens, des ingénieurs et des cliniciens d’une grande qualité, ce qui contribue fortement au développement de l’IA appliquée à la santé. Au cours des dernières années, nous avons vu un certain nombre d’entreprises se développer avec des applications diverses de l’IA à la santé comme la découverte et le design de molécules, l’accélération de la recherche préclinique et clinique, l’amélioration de la pertinence des soins, le développement de jumeaux numériques pour accompagner et aider le chirurgien lors d’intervention et, in fine, réduire le risque de complications, ou encore pour faciliter la lecture de l’imagerie et des bilans biologiques pour améliorer la pertinence des prescriptions.
“Notre mission est d’accompagner nos adhérents dans le développement de leur entreprise qui crée de l’emploi et contribue à renforcer notre souveraineté sanitaire.”
Pour accompagner le développement de ces applications, le premier enjeu concerne la disponibilité des données. Si, en France, nous avons la chance de disposer de bases de données d’une très grande richesse, il persiste néanmoins une problématique en matière d’accès à cette donnée, d’interopérabilité des systèmes et de stockage sécurisé.
Au-delà, il y a également un enjeu de financement. Il est essentiel de s’assurer que du bon fléchage des subventions publiques afin de pouvoir mener l’ensemble de ces développements qui ont vocation à renforcer la souveraineté sanitaire du pays.
Enfin, il y a un enjeu humain. Il y a un très fort besoin de talents pour mener à bien l’ensemble de ces chantiers et continuer à innover en matière d’IA appliquée à la santé.
Quels sont les freins qu’il faut encore lever ?
Au-delà de la question de la simplification des procédures, il faut encore lever de nombreux freins en matière de financements européens. Ces derniers ne permettent pas d’accompagner de manière efficiente la mise sur le marché de technologies françaises et européennes. Une réflexion à l’échelle nationale et européenne est nécessaire pour favoriser le subventionnement public des bonnes technologies françaises et européennes ainsi que l’accès à des dispositifs fiscaux attractifs.
Au-delà, ces entreprises qui ont besoin de lever des fonds pour poursuivre leur développement doivent pouvoir s’appuyer sur une certaine prévisibilité et lisibilité en matière d’accès au marché.
En parallèle, il nous faut aussi garantir que toutes les technologies qui arrivent sur le marché aient un ratio « bénéfice-risque » favorable pour les patients, les médecins, les aidants ou les organisations de soins.

Vous contribuez aussi aux différents plans nationaux et gouvernementaux comme le Plan Innovation Santé 2030. Pouvez-vous nous en dire plus ?
France Biotech a bien évidemment pris part au Plan Innovation Santé France 2030 et a été force de proposition sur plusieurs sujets. Malgré des PLFSS moins ambitieux ces dernières années, nous pouvons nous féliciter du fait que les principales mesures de ce plan ont été mises en place. Nous regrettons néanmoins que des économies soient faites au détriment de dispositifs de soutien essentiels au développement des innovations françaises comme le Crédit Impôt Recherche. Ceci dit, pour les différentes parties prenantes impliquées dans l’ingénierie de ce plan, la prochaine étape est de commencer à réfléchir aux futurs mécanismes et actions pour soutenir l’innovation en santé. À ce titre, France Biotech travaille d’ores et déjà sur un certain nombre de propositions que nous rendrons public durant le second semestre 2025.
En parallèle, France Biotech est régulièrement consultée sur des enjeux stratégiques pour la santé comme la question de la robotique chirurgicale, des neurosciences et du digital… Nous avons aussi fait des recommandations dans le cadre du 4e plan national des maladies rares qui vient d’être annoncé.