Former, transmettre, engager : les défis du digital learning

Acteurs de la gestion et de la transmission des connaissances en entreprise, Ferréol Mayoly (X98), Président de TAKOMA, et Samuel Dedieu, spécialiste de la formation pour adultes et manager d’équipe, nous parlent de Knowledge Management, de formation professionnelle et des défis du digital learning. De la réalité virtuelle à l’intelligence artificielle, comment allier ingénierie pédagogique et innovation, pour concevoir des solutions sur mesure adaptées aux enjeux stratégiques des organisations et des grandes entreprises ?
Pouvez-vous nous présenter TAKOMA en quelques mots ?
Chez TAKOMA, nous sommes des ingénieurs de la connaissance depuis février 2000 et nous sommes spécialistes du recueil, de la gestion et de la transmission des connaissances des organisations de nos clients. Ainsi, nous combinons activités de documentation, de communication, de formation, et d’outsourcing d’ingénieurs. Nous comptons 250 collaborateurs en France répartis sur plusieurs sites : Rueil-Malmaison et Plaisir en région parisienne, ainsi que Nantes, Bordeaux, Aix-en-Provence et Reims.
Nous sommes une entreprise indépendante, avec un actionnariat mixte : fonds d’investissement français, fondateurs historiques et managers associés. Un modèle qui nous assure stabilité, agilité et capacité d’investissement.
À qui s’adressent principalement vos services ?
Nos clients sont majoritairement des grandes entreprises et des ETI. Historiquement ancrés dans les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique, notre champ d’action est aujourd’hui bien plus large. Nous accompagnons avec la même exigence des acteurs de l’industrie, du luxe, de la banque et de l’assurance, de l’agroalimentaire, du retail, du service public… Nos compétences en ingénierie pédagogique sont transverses, et nous sommes, par exemple, capables d’intervenir sur tout le cycle de vie d’un produit industriel, de sa conception à son entretien, en formant vendeurs, techniciens ou utilisateurs en présentiel et/ou distanciel et à l’international.
En quoi le digital learning change-t-il la donne dans la formation ?
Le digital learning est une modalité de formation. Il est constitué de l’ensemble des composantes pédagogiques, technologiques et organisationnelles permettant de concevoir, diffuser et animer des dispositifs de formation numériques. Le digital learning ne s’oppose pas au présentiel, et peut souvent le compléter. Il élargit les possibilités en formation, et nous permet de réaliser des dispositifs distanciels, présentiels ou hybrides adaptés aux besoins des apprenants. Il s’agit alors de trouver la bonne combinaison selon le contexte et les enjeux identifiés avec nos clients.
Quel est son atout principal ?
Il permet de former rapidement et efficacement, à grande échelle, à des coûts raisonnables. Ce n’est toutefois pas « le » remède miracle. L’efficacité d’une formation réside en amont, dès la phase d’ingénierie pédagogique. C’est la première étape, à laquelle nous prêtons toujours beaucoup d’attention chez TAKOMA. Il s’agit de bien définir l’objectif de la formation et de choisir ensuite la modalité la plus pertinente pour y parvenir. Le digital est une modalité (parmi d’autres), mais pas une fin en soi.
Quels sont les principaux défis lors de la digitalisation d’un parcours de formation ?
Chaque étape d’un parcours de formation, quelle que soit la modalité, doit toujours être pensée pour maintenir l’attention de l’apprenant, créer du lien avec lui, et le guider de façon progressive et engageante. Dans le cas précis d’un module digital, l’un des enjeux majeurs est le dosage : adapter l’approche pédagogique au digital, le ton, les exemples, et ne pas surcharger un module au risque de décourager l’apprenant, seul face à son écran. Il est primordial de veiller à l’équilibre du parcours et d’adapter le choix des modalités aux objectifs de la formation : module e‑learning, micro-learning, serious game, réalité virtuelle…
Comment la réalité virtuelle transforme-t-elle l’expérience d’apprentissage ?
La réalité virtuelle, tout comme la réalité augmentée ou mixte (englobées dans un terme plus large de Réalité étendue, ou XR), permet des formations à fort potentiel immersif. Nous pouvons ainsi simuler, sans risque, des situations pourtant risquées dans la réalité, en augmentant donc la motivation et la confiance des apprenants. Ils peuvent, par exemple, expérimenter en situation et simuler un geste technique autant de fois que nécessaire. La Réalité étendue permet ainsi de renforcer la mémorisation par l’action. Cette approche est immersive, engageante et souvent plus économique à long terme.
Au-delà des cas techniques, ces outils ouvrent des perspectives en « soft skills » : relation clients, gestion de conflits, leadership… Ils révolutionnent la manière de former et d’évaluer les collaborateurs. L’apprenant apprend par essais, sans conséquences réelles, dans des environnements très proches de la réalité.
Tous les collaborateurs sont-ils concernés par ces modalités innovantes ?
Oui, ces modalités peuvent être utilisées par tous types de profils d’apprenants, tant que l’environnement le permet. Par exemple, ils permettent de former un technicien à un geste métier ou d’entraîner un manager à un entretien annuel via la réalité mixte. L’important est de s’adapter aux besoins de montée en compétences. L’adaptation et la personnalisation des formations sont aujourd’hui les principaux enjeux de la formation digitale. Ces technologies, tout comme l’IA, permettent de personnaliser les formations ce qui était difficilement envisageable avec les formats classiques.
Justement, comment intégrez-vous l’intelligence artificielle dans vos solutions ?
Loin d’être un concurrent, l’IA s’impose comme un véritable accélérateur de notre processus de création. Elle permet à nos équipes d’innover et d’enrichir l’expérience de l’apprenant. Par exemple, lors de la création d’agents conversationnels ou de parcours adaptatifs et intelligents, capables d’analyser les comportements de l’apprenant, elle permet d’affiner les contenus pour mieux répondre aux besoins de chacun. Sous la supervision d’un concepteur pédagogique, l’IA est très utile pour générer rapidement des scénarios, des scripts ou encore transformer un quiz en une mise en situation réaliste, capable de mener une conversation avec des objectifs précis. Cette utilisation de l’IA, dite conversationnelle, offre un cadre d’entraînement sécurisé et idéal pour renforcer l’efficacité opérationnelle.
Vous travaillez sur des outils comme votre LCMS (Learning Content Management System) Bilim. En quoi ces solutions améliorent-elles l’expérience ?
Le LCMS Bilim est un outil auteur permettant de créer des contenus pédagogiques au standard des plateformes LMS (Learning Management System). Sa force réside dans l’adoption des codes du Web : fini les parcours à clics, place au « scrolling », plus naturel et intuitif, en phase avec les habitudes actuelles des utilisateurs.
L’objectif ? Fluidifier l’expérience de formation, la rendre plus lisible, plus esthétique, plus proche des usages quotidiens. Ce qui fait la différence, c’est la capacité à maintenir l’engagement de l’apprenant. Et pour cela, chaque élément à son importance : une interface soignée, une navigation sans friction, des contenus modulables… Bilim mise sur une expérience intuitive et immersive, au service de la pédagogie, et de la montée en compétences. Nous avons fait le choix de ne pas commercialiser Bilim ; de réserver son usage à nos équipes et donc son bénéfice à nos propres clients.
Comment adaptez-vous vos formations aux différents secteurs d’activité ?
Nous rencontrons deux cas de figure : soit il s’agit d’une problématique transverse, par exemple l’adoption de l’IA dans une équipe ou le renforcement de la cybersécurité, où accompagnés des experts client, nos équipes pédagogues construisent et produisent les solutions de formation ; soit le sujet est plus technique ou spécifique (industrie, automobile, aéronautique, luxe…) et, dans ce cas, nous comptons parmi nos équipes des profils ayant une connaissance approfondie du secteur d’activité, des enjeux et problématiques qui lui sont liés. Cette approche évite les temps d’acculturation, et nos clients apprécient d’échanger avec des interlocuteurs qui comprennent leurs enjeux, leurs spécificités, leurs process, etc. Cette expertise complémentaire « pédagogie métier » est particulièrement adaptée à la transmission des sujets complexes et stratégiques, et permet à TAKOMA de créer des dispositifs sur mesure.
Vous avez évoqué l’international. Comment gérez-vous cette dimension ?
Près de 70 % de nos projets ont une portée internationale et sont donc multilingues. Outre la traduction des textes, cette dimension nécessite d’adapter les contenus à une culture : humour, modalités d’apprentissage, références visuelles…
Les attentes pédagogiques varient fortement selon les pays. Au Japon, par exemple, le jeu est rarement perçu comme un levier d’apprentissage, là où d’autres cultures y sont plus réceptives. Dans les pays arabophones, il convient d’adapter le sens de lecture de droite à gauche, et dans les pays où la conduite est à gauche, il faut ajuster les visuels aux usages locaux. Cette sensibilité interculturelle est essentielle pour assurer l’impact des formations. Former à l’international, c’est faire preuve de curiosité, de rigueur, de respect et de précision.
Pour garantir la pertinence et la cohérence des contenus, nous travaillons avec des traducteurs natifs, des mémoires de traduction, afin de rester fidèles à la langue et à la culture du client. Comme tous les secteurs impactés par l’IA, les métiers de la traduction évoluent rapidement, et bien sûr TAKOMA s’adapte pour répondre aux besoins de ses clients.
En bref
Le Digital Learning n’est pas une fin en soi, mais un levier stratégique au service du Knowledge Management.
Passionnés d’ingénierie pédagogique et d’innovation, TAKOMA accompagne ses clients et crée des solutions adaptées à leurs besoins spécifiques, grâce à l’exploitation de technologies avancées pour proposer des dispositifs de formations efficaces et pleinement engageants.