Former, transmettre, engager : les défis du digital learning

Former, transmettre, engager : les défis du digital learning

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°806 Juin 2025
Par Ferréol MAYOLY (X98)

Acteurs de la ges­tion et de la trans­mis­sion des connais­sances en entre­prise, Fer­réol Mayo­ly (X98), Pré­sident de TAKOMA, et Samuel Dedieu, spé­cia­liste de la for­ma­tion pour adultes et mana­ger d’équipe, nous parlent de Know­ledge Mana­ge­ment, de for­ma­tion pro­fes­sion­nelle et des défis du digi­tal lear­ning. De la réa­li­té vir­tuelle à l’intelligence arti­fi­cielle, com­ment allier ingé­nie­rie péda­go­gique et inno­va­tion, pour conce­voir des solu­tions sur mesure adap­tées aux enjeux stra­té­giques des orga­ni­sa­tions et des grandes entreprises ?

Pouvez-vous nous présenter TAKOMA en quelques mots ?

Chez TAKOMA, nous sommes des ingé­nieurs de la connais­sance depuis février 2000 et nous sommes spé­cia­listes du recueil, de la ges­tion et de la trans­mis­sion des connais­sances des orga­ni­sa­tions de nos clients. Ain­si, nous com­bi­nons acti­vi­tés de docu­men­ta­tion, de com­mu­ni­ca­tion, de for­ma­tion, et d’outsourcing d’ingénieurs. Nous comp­tons 250 col­la­bo­ra­teurs en France répar­tis sur plu­sieurs sites : Rueil-Mal­mai­son et Plai­sir en région pari­sienne, ain­si que Nantes, Bor­deaux, Aix-en-Pro­vence et Reims.

Nous sommes une entre­prise indé­pen­dante, avec un action­na­riat mixte : fonds d’investissement fran­çais, fon­da­teurs his­to­riques et mana­gers asso­ciés. Un modèle qui nous assure sta­bi­li­té, agi­li­té et capa­ci­té d’investissement.

À qui s’adressent principalement vos services ?

Nos clients sont majo­ri­tai­re­ment des grandes entre­prises et des ETI. His­to­ri­que­ment ancrés dans les sec­teurs de l’automobile et de l’aéronautique, notre champ d’action est aujourd’hui bien plus large. Nous accom­pa­gnons avec la même exi­gence des acteurs de l’industrie, du luxe, de la banque et de l’assurance, de l’agroalimentaire, du retail, du ser­vice public… Nos com­pé­tences en ingé­nie­rie péda­go­gique sont trans­verses, et nous sommes, par exemple, capables d’intervenir sur tout le cycle de vie d’un pro­duit indus­triel, de sa concep­tion à son entre­tien, en for­mant ven­deurs, tech­ni­ciens ou uti­li­sa­teurs en pré­sen­tiel et/ou dis­tan­ciel et à l’international.

En quoi le digital learning change-t-il la donne dans la formation ? 

Le digi­tal lear­ning est une moda­li­té de for­ma­tion. Il est consti­tué de l’ensemble des com­po­santes péda­go­giques, tech­no­lo­giques et orga­ni­sa­tion­nelles per­met­tant de conce­voir, dif­fu­ser et ani­mer des dis­po­si­tifs de for­ma­tion numé­riques. Le digi­tal lear­ning ne s’oppose pas au pré­sen­tiel, et peut sou­vent le com­plé­ter. Il élar­git les pos­si­bi­li­tés en for­ma­tion, et nous per­met de réa­li­ser des dis­po­si­tifs dis­tan­ciels, pré­sen­tiels ou hybrides adap­tés aux besoins des appre­nants. Il s’agit alors de trou­ver la bonne com­bi­nai­son selon le contexte et les enjeux iden­ti­fiés avec nos clients.

Quel est son atout principal ? 

Il per­met de for­mer rapi­de­ment et effi­ca­ce­ment, à grande échelle, à des coûts rai­son­nables. Ce n’est tou­te­fois pas « le » remède miracle. L’efficacité d’une for­ma­tion réside en amont, dès la phase d’ingénierie péda­go­gique. C’est la pre­mière étape, à laquelle nous prê­tons tou­jours beau­coup d’attention chez TAKOMA. Il s’agit de bien défi­nir l’objectif de la for­ma­tion et de choi­sir ensuite la moda­li­té la plus per­ti­nente pour y par­ve­nir. Le digi­tal est une moda­li­té (par­mi d’autres), mais pas une fin en soi.

Quels sont les principaux défis lors de la digitalisation d’un parcours de formation ?

Chaque étape d’un par­cours de for­ma­tion, quelle que soit la moda­li­té, doit tou­jours être pen­sée pour main­te­nir l’attention de l’apprenant, créer du lien avec lui, et le gui­der de façon pro­gres­sive et enga­geante. Dans le cas pré­cis d’un module digi­tal, l’un des enjeux majeurs est le dosage : adap­ter l’approche péda­go­gique au digi­tal, le ton, les exemples, et ne pas sur­char­ger un module au risque de décou­ra­ger l’apprenant, seul face à son écran. Il est pri­mor­dial de veiller à l’équilibre du par­cours et d’adapter le choix des moda­li­tés aux objec­tifs de la for­ma­tion : module e‑learning, micro-lear­ning, serious game, réa­li­té virtuelle…

Comment la réalité virtuelle transforme-t-elle l’expérience d’apprentissage ?

La réa­li­té vir­tuelle, tout comme la réa­li­té aug­men­tée ou mixte (englo­bées dans un terme plus large de Réa­li­té éten­due, ou XR), per­met des for­ma­tions à fort poten­tiel immer­sif. Nous pou­vons ain­si simu­ler, sans risque, des situa­tions pour­tant ris­quées dans la réa­li­té, en aug­men­tant donc la moti­va­tion et la confiance des appre­nants. Ils peuvent, par exemple, expé­ri­men­ter en situa­tion et simu­ler un geste tech­nique autant de fois que néces­saire. La Réa­li­té éten­due per­met ain­si de ren­for­cer la mémo­ri­sa­tion par l’action. Cette approche est immer­sive, enga­geante et sou­vent plus éco­no­mique à long terme.

Au-delà des cas tech­niques, ces outils ouvrent des pers­pec­tives en « soft skills » : rela­tion clients, ges­tion de conflits, lea­der­ship… Ils révo­lu­tionnent la manière de for­mer et d’évaluer les col­la­bo­ra­teurs. L’apprenant apprend par essais, sans consé­quences réelles, dans des envi­ron­ne­ments très proches de la réalité.

Tous les collaborateurs sont-ils concernés par ces modalités innovantes ?

Oui, ces moda­li­tés peuvent être uti­li­sées par tous types de pro­fils d’apprenants, tant que l’environnement le per­met. Par exemple, ils per­mettent de for­mer un tech­ni­cien à un geste métier ou d’entraîner un mana­ger à un entre­tien annuel via la réa­li­té mixte. L’important est de s’adapter aux besoins de mon­tée en com­pé­tences. L’adaptation et la per­son­na­li­sa­tion des for­ma­tions sont aujourd’hui les prin­ci­paux enjeux de la for­ma­tion digi­tale. Ces tech­no­lo­gies, tout comme l’IA, per­mettent de per­son­na­li­ser les for­ma­tions ce qui était dif­fi­ci­le­ment envi­sa­geable avec les for­mats classiques.

Justement, comment intégrez-vous l’intelligence artificielle dans vos solutions ?

Loin d’être un concur­rent, l’IA s’impose comme un véri­table accé­lé­ra­teur de notre pro­ces­sus de créa­tion. Elle per­met à nos équipes d’innover et d’enrichir l’expérience de l’apprenant. Par exemple, lors de la créa­tion d’agents conver­sa­tion­nels ou de par­cours adap­ta­tifs et intel­li­gents, capables d’analyser les com­por­te­ments de l’apprenant, elle per­met d’affiner les conte­nus pour mieux répondre aux besoins de cha­cun. Sous la super­vi­sion d’un concep­teur péda­go­gique, l’IA est très utile pour géné­rer rapi­de­ment des scé­na­rios, des scripts ou encore trans­for­mer un quiz en une mise en situa­tion réa­liste, capable de mener une conver­sa­tion avec des objec­tifs pré­cis. Cette uti­li­sa­tion de l’IA, dite conver­sa­tion­nelle, offre un cadre d’entraînement sécu­ri­sé et idéal pour ren­for­cer l’efficacité opérationnelle.

Vous travaillez sur des outils comme votre LCMS (Learning Content Management System) Bilim. En quoi ces solutions améliorent-elles l’expérience ?

Le LCMS Bilim est un outil auteur per­met­tant de créer des conte­nus péda­go­giques au stan­dard des pla­te­formes LMS (Lear­ning Mana­ge­ment Sys­tem). Sa force réside dans l’adoption des codes du Web : fini les par­cours à clics, place au « scrol­ling », plus natu­rel et intui­tif, en phase avec les habi­tudes actuelles des utilisateurs.

L’objectif ? Flui­di­fier l’expérience de for­ma­tion, la rendre plus lisible, plus esthé­tique, plus proche des usages quo­ti­diens. Ce qui fait la dif­fé­rence, c’est la capa­ci­té à main­te­nir l’engagement de l’apprenant. Et pour cela, chaque élé­ment à son impor­tance : une inter­face soi­gnée, une navi­ga­tion sans fric­tion, des conte­nus modu­lables… Bilim mise sur une expé­rience intui­tive et immer­sive, au ser­vice de la péda­go­gie, et de la mon­tée en com­pé­tences. Nous avons fait le choix de ne pas com­mer­cia­li­ser Bilim ; de réser­ver son usage à nos équipes et donc son béné­fice à nos propres clients.

Comment adaptez-vous vos formations aux différents secteurs d’activité ?

Nous ren­con­trons deux cas de figure : soit il s’agit d’une pro­blé­ma­tique trans­verse, par exemple l’adoption de l’IA dans une équipe ou le ren­for­ce­ment de la cyber­sé­cu­ri­té, où accom­pa­gnés des experts client, nos équipes péda­gogues construisent et pro­duisent les solu­tions de for­ma­tion ; soit le sujet est plus tech­nique ou spé­ci­fique (indus­trie, auto­mo­bile, aéro­nau­tique, luxe…) et, dans ce cas, nous comp­tons par­mi nos équipes des pro­fils ayant une connais­sance appro­fon­die du sec­teur d’activité, des enjeux et pro­blé­ma­tiques qui lui sont liés. Cette approche évite les temps d’acculturation, et nos clients appré­cient d’échanger avec des inter­lo­cu­teurs qui com­prennent leurs enjeux, leurs spé­ci­fi­ci­tés, leurs pro­cess, etc. Cette exper­tise com­plé­men­taire « péda­go­gie métier » est par­ti­cu­liè­re­ment adap­tée à la trans­mis­sion des sujets com­plexes et stra­té­giques, et per­met à TAKOMA de créer des dis­po­si­tifs sur mesure.

Vous avez évoqué l’international. Comment gérez-vous cette dimension ?

Près de 70 % de nos pro­jets ont une por­tée inter­na­tio­nale et sont donc mul­ti­lingues. Outre la tra­duc­tion des textes, cette dimen­sion néces­site d’adapter les conte­nus à une culture : humour, moda­li­tés d’apprentissage, réfé­rences visuelles…

Les attentes péda­go­giques varient for­te­ment selon les pays. Au Japon, par exemple, le jeu est rare­ment per­çu comme un levier d’apprentissage, là où d’autres cultures y sont plus récep­tives. Dans les pays ara­bo­phones, il convient d’adapter le sens de lec­ture de droite à gauche, et dans les pays où la conduite est à gauche, il faut ajus­ter les visuels aux usages locaux. Cette sen­si­bi­li­té inter­cul­tu­relle est essen­tielle pour assu­rer l’impact des for­ma­tions. For­mer à l’international, c’est faire preuve de curio­si­té, de rigueur, de res­pect et de précision.

Pour garan­tir la per­ti­nence et la cohé­rence des conte­nus, nous tra­vaillons avec des tra­duc­teurs natifs, des mémoires de tra­duc­tion, afin de res­ter fidèles à la langue et à la culture du client. Comme tous les sec­teurs impac­tés par l’IA, les métiers de la tra­duc­tion évo­luent rapi­de­ment, et bien sûr TAKOMA s’adapte pour répondre aux besoins de ses clients. 


En bref

Le Digi­tal Lear­ning n’est pas une fin en soi, mais un levier stra­té­gique au ser­vice du Know­ledge Management.

Pas­sion­nés d’ingénierie péda­go­gique et d’innovation, TAKOMA accom­pagne ses clients et crée des solu­tions adap­tées à leurs besoins spé­ci­fiques, grâce à l’exploitation de tech­no­lo­gies avan­cées pour pro­po­ser des dis­po­si­tifs de for­ma­tions effi­caces et plei­ne­ment engageants.

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